Chapitre 22 Jeu pathologique et neurobiologie
Les neurotransmetteurs
Noradrénaline
La noradrénaline a été étudiée dans le jeu pathologique dès les années 1980. L’activation du système sympathique, marquée par une hausse de la fréquence cardiaque et des modifications d’autres indicateurs physiques, est présente chez les joueurs et apparaît plus prononcée chez les joueurs pathologiques (Meyer et al., 2004). Par ailleurs, des études retrouvent des concentrations de noradrénaline ou de ses métabolites plus élevées dans le sang, les urines et le liquide céphalo-rachidien chez des joueurs pathologiques par rapport à une population témoin (Roy et al., 1988). La noradrénaline semble donc avoir un rôle important dans la stimulation et l’excitation lors des situations de jeu.
La noradrénaline, en tant que neurotransmetteur cérébral, intervient en outre dans les comportements impulsifs et dans les circuits cérébraux de l’attention et de la concentration, comme par exemple le Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité et le jeu pathologique (Arnsten, 2006). Des médicaments influençant le système noradrénergique, capables d’influencer l’activité du cortex préfrontal pourraient modifier certains aspects du mécanisme de contrôle des impulsions. Ces médicaments auraient potentiellement un intérêt dans le traitement du jeu pathologique (Potenza, 2008).
Sérotonine
La sérotonine est aussi un neurotransmetteur impliqué dans le contrôle de l’impulsivité. Les joueurs pathologiques, comme d’autres patients souffrant de troubles du contrôle des impulsions, présentent une diminution de la concentration du métabolite de la sérotonine, l’acide 5 hydroxy-indolacétique, dans le liquide céphalo-rachidien (Nordin et Eklundh, 1999).
L’administration de méta-chlorophényl pipérazine (m-CPP), un agent agoniste sérotoninergique, entraîne un effet euphorisant chez les joueurs pathologiques. Cet effet est observé dans d’autres populations de patients atteints d’addiction, mais pas dans les populations témoins (Potenza et Hollander, 2002).