Item 211. Œdème de Quincke et anaphylaxie
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• Prise en charge immédiate (médicaments avec leur posologie)
ITEM 113 Allergies et hypersensibilités chez l’enfant et l’adulte : aspects épidémiologiques, diagnostiques et principes de traitement.
ITEM 114 Allergies cutanéomuqueuses chez l’enfant et l’adulte. Urticaire, dermatites atopiques et de contact.
ITEM 115 Allergies respiratoires chez l’enfant et chez l’adulte.
ITEM 200État de choc.
• Prévention du risque allergique peranesthésique – Recommandations pour la pratique clinique – SFAR, 2001 (www.sfar.org).
▪ L’anaphylaxie regroupe les manifestations cliniques les plus graves de la réaction d’hypersensibilité immédiate. L’urticaire (atteinte dermique) et l’œdème de Quincke ou angio-œdème (atteinte hypodermique) en sont les présentations les plus courantes, le choc anaphylactique en est la présentation la plus sévère.
▪ On estime le nombre de réactions anaphylactiques sévères à 50–100 par million d’habitants en France, avec un taux de mortalité de 0,5 %. Les médicaments constituent la première cause d’accident anaphylactique (les bêtalactamines étant la première cause hospitalière, les curares la première cause peropératoire) et les aliments la seconde. Dans 10 à 20 % des cas, aucune cause n’est retrouvée.
▪ L’éducation des personnes est une mesure préventive indispensable.
I. PHYSIOPATHOLOGIE ITEM 113
▪ L’anaphylaxie est liée à une réaction d’hypersensibilité immédiate (du type I de la classification de Gel et Coombs). Lors d’un premier contact avec l’allergène (contact préparant), des immunoglobulines de type E (IgE) sont synthétisées par les lymphocytes B et se fixent par leur fragment Fc à des récepteurs membranaires des polynucléaires basophiles circulants et des mastocytes tissulaires. Cette étape est cliniquement asymptomatique.
▪ Après un intervalle libre nécessaire à la production de ces IgE, une réexposition à l’allergène (contact déclenchant) produit une dégranulation basophile et mastocytaire avec libération de nombreux médiateurs, au premier rang desquels l’histamine, mais également des facteurs chimiotactiques, des neutrophiles et éosinophiles, de la tryptase et d’autres enzymes, des leucotriènes, des prostaglandines, des facteurs d’activation plaquettaire (PAF), du thromboxane…
▪ La stimulation des récepteurs H1 par l’histamine est responsable d’une bronchoconstriction, d’une vasodilatation et d’une augmentation de la perméabilité capillaire, responsable d’une extravasation du plasma vers l’interstitium. La plupart des autres médiateurs libérés participent directement ou non à ces 3 phénomènes.
▪ Il existe des manifestations anaphylactoïdes au cours desquelles il existe une activation des mastocytes et basophiles et une histaminolibération non spécifique, c’est-à-dire non médiée par les IgE, mais soit liée à une action toxique directe de la substance sur la membrane basomastocytaire, soit liée à une activation mastocytaire par des facteurs du complément. Dans ce cas, la sensibilisation préalable n’est pas nécessaire. La symptomatologie clinique est comparable, bien que généralement moins sévère du fait d’une dégranulation moins massive.
II. CAUSES
Dans 10 à 20 % des cas, aucune cause n’est retrouvée. Lorsque la cause est identifiée, elle est médicamenteuse dans 50 % des cas, alimentaire dans 25 % des cas, venimeuse dans 25 % des cas.
On distingue les allergènes protéiques, polysaccharidiques et les haptènes.
A. Allergènes protéiques
▪ Venins d’hyménoptères (abeilles, bourdons, guêpes, frelons).
▪ Nombreux aliments : arachides et autres fruits secs, moutarde, crustacés et poissons, lait, sésame, œufs, fruits (fraises, bananes, avocats, kiwis) et légumes.
▪ Certains vaccins (anatoxines et vaccins préparés sur œuf).
▪ Sérum d’origine animale.
▪ Pollens.
▪ Latex : il existe une sensibilisation croisée avec les bananes, les châtaignes, les avocats, les kiwis.
B. Allergènes polysaccharidiques
▪ Dextrans.
▪ Hydroxyéthylamidons.
C. Haptènes
Ce sont de petites molécules se liant à une protéine porteuse et la rendant immunogène:
▪ antibiotiques (bêtalactamines notamment, sulfamides) ;
▪ anti-inflammatoires non stéroïdiens ;
▪ anesthésiques généraux ;
▪ myorelaxants (responsables de 70 % des accidents anaphylactiques peropératoires) ;
▪ produits de contraste iodés ;
▪ vitamines (thiamine, acide folique) ;
▪ antiseptique (chlorhexidine).
L’effort est une cause d’anaphylaxie. Il s’agit en fait en fait d’une anaphylaxie alimentaire se manifestant lors d’un effort physique.
III. DIAGNOSTIC
A. Diagnostic clinique
La symptomatologie clinique est variable, des formes les plus bénignes (conjonctivite, rhinite, érythème isolés) aux formes les plus graves (œdème de Quincke, asthme aigu grave, choc anaphylactique). Les signes cutanéomuqueux sont les plus fréquents, et orientent souvent le diagnostic face aux autres manifestations (respiratoires, cardiovasculaires, gastro-intestinales), surtout lorsqu’ils apparaissent dans les suites immédiates d’une exposition à une substance. Les signes cutanéomuqueux peuvent manquer s’il existe d’emblée un état de choc et n’apparaîtront que secondairement lors de la restauration hémodynamique. 



1. Signes cutanéomuqueux ITEM 114
▪ Conjonctivite (hyperhémie conjonctivale, larmoiement).
▪ Rhinite (rhinorrhée, sensation d’obstruction nasale).
▪ Urticaire (atteinte dermique) : papules ou plaques érythémateuses, parfois plus claires en leur centre, prurigineuses, évoluant par poussées, d’apparition brutale et de résolution rapide, d’abord localisées à la face, au cou et à la région antérieure du thorax, secondairement généralisées.
▪ Œdème de Quincke (atteinte hypodermique) : tuméfaction non érythémateuse, non prurigineuse mais responsable d’une sensation de tension touchant essentiellement la face et ses muqueuses (lèvres, langue, palais, pharynx, épiglotte, larynx). L’œdème laryngé est alors responsable d’une dyspnée inspiratoire avec cornage et stridor.
2. Signes respiratoires ITEM 115
▪ Toux.
▪ Dyspnée inspiratoire en rapport avec un œdème laryngé. 

▪ Dyspnée expiratoire en rapport avec un bronchospasme pouvant réaliser un asthme aigu grave.
▪ Œdème pulmonaire lésionnel rare.
3. Signes cardiovasculaires ITEM 200
▪ État de choc lié à une hypovolémie relative (vasoplégie massive et brutale et extravasation du plasma vers l’interstitium). Il existe au départ une stimulation sympathique compensatrice avec effets inotrope et chronotrope positifs mais la pérennisation du choc est responsable d’une libération dans la circulation de substances inotropes négatives, transformant un choc initialement hyperkinétique (haut débit cardiaque) en choc hypokinétique (bas débit cardiaque). 

▪ Une atteinte myocardique directe de l’anaphylaxie est évoquée notamment au cours des accidents anesthésiques.
▪ Si l’état de choc n’est pas rapidement traité, un syndrome de défaillance multiviscérale s’installe. 

4. Signes gastro-intestinaux
▪ Nausées et vomissements.
▪ Douleurs abdominales.
▪ Diarrhée parfois hémorragique.
B. Examens complémentaires
1. Bilan biologique
Il dépend de la gravité du tableau clinique. Dans les tableaux les plus graves, il associe :
▪ ionogramme sanguin et urinaire, urée, créatinine ;
▪ bilan hépatique complet ;
▪ CPK et troponine Ic ;
▪ gaz du sang et lactatémie ;
▪ numération et formule sanguine ;
▪ bilan d’hémostase ;
▪ CRP ;
▪ hémocultures, examen cytobactériologique des urines ± autres prélèvements bactériologiques.
2. Autres examens complémentaires
▪ Radiographie thoracique.
▪ Électrocardiogramme.
3. Bilan allergologique
Le diagnostic du mécanisme de la réaction sera fondé sur un bilan allergologique immédiat ; le diagnostic de l’agent responsable sera porté à la suite d’un bilan aller- gologique secondaire.
a). Bilan allergologique immédiat

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