21: Anatomie fonctionnelle

Chapitre 21


Anatomie fonctionnelle


Le pied et la cheville sont constitués d’une mosaïque d’os qui réalise un ensemble anatomique complexe.


Cet ensemble doit assurer des fonctions parfois contradictoires, comme le port de charges et l’adaptation au terrain durant la marche ou la course, tout en fournissant des informations proprioceptives et extéroceptives qui conditionnent la posture.


Le pied est une réussite anatomique et architecturale ! Sa mécanique est merveilleuse. Elle lui permet notamment de supporter des contraintes de plusieurs fois le poids du corps.


Les 26 ou 28 os, si l’on compte le tibia et la fibula, les 114 ligaments, les 28 unités articulaires, formées par au moins 49 contacts osseux différents, ainsi que le réseau élaboré de vaisseaux sanguins et de nerfs du pied sont la cible de fréquents traumatismes.


Nous avons vu qu’avec la bipédie, tenter de se tenir harmonieusement toute une vie sur ses pieds est un défi aux lois de la pesanteur. Les adaptations et compensations corporelles sont très nombreuses.


Les pieds sont une mine de dysfonctions somatiques. Nous testons systématiquement avec beaucoup de minutie les pieds de nos patients, et bien rares sont ceux qui sont indemnes. Plus encore qu’ailleurs, les problèmes mécaniques du pied sont générateurs de grands déséquilibres généraux de l’organisme.


Quand on a vu les conséquences proprioceptives désastreuses d’une modeste fixation du pied, il est de notre devoir d’en connaître le mieux possible tous les rouages.



Rappels anatomiques (figure 21.1)




Os


Sur les 206 os du squelette, 52 sont localisés aux pieds, soit un peu plus du quart. Le squelette du pied est divisé en trois groupes : tarse, métatarse, phalanges.






Articulations



Articulation talocrurale (figure 21.2)


Intermédiaire entre l’axe vertical jambier et l’axe horizontal podal, elle supporte tout le poids du corps et doit contrôler l’arrière-pied quelle que soit la position du pied au sol. Elle est constituée de l’union souple entre le tibia et la fibula (anc. péroné) dans laquelle s’encastre le talus.



La capsule articulaire réunit les trois os. Elle est mince en avant et en arrière. Elle est renforcée latéralement par de puissants ligaments collatéraux.


Le ligament latéral de la cheville (figure 21.3) ou ligament collatéral fibulaire est composé de trois ligaments complètement séparés :




Le ligament médial de la cheville (figure 21.4), appelé aussi deltoïdien, se déploie en éventail pour s’insérer distalement sur le talus, le calcaneus et l’os naviculaire. Il est composé de quatre parties adjacentes, mais continues. D’avant en arrière, on trouve les parties :




Comme les ligaments de la talocrurale ne s’insèrent pas exclusivement sur le talus, mais aussi sur le calcanéus et sur le naviculaire, l’articulation talocrurale est liée mécaniquement à l’articulation subtalienne et à l’articulation transverse du tarse (anc. médiotarsienne).


Aucun muscle ne s’insérant sur l’astragale, la mobilisation de la tibiotalienne ne peut se faire que par l’intermédiaire des articulations soustalienne et médiotarsienne. La mobilisation tarsienne est réalisée par les muscles qui passent en pont autour de la tibiotarsienne.


Le plus gros problème de la cheville est de stabiliser le ballottement en varus/valgus dans la mortaise tibiofibulaire.



Articulation subtalienne (figure 21.5)


Anatomiquement, elle est composée de deux os à la fois juxtaposés et superposés : le talus et le calcanéus. Les surfaces sont constituées de la face caudale du corps du talus et de la face articulaire crâniale du calcanéus.



La capsule s’insère sur les bords des surfaces articulaires. Elle est renforcée par les ligaments :



Un ligament talocalcanéen interosseux réunit les deux os.


Fonctionnellement, de nombreux travaux considèrent de plus en plus cette articulation comme faisant partie d’un complexe avec l’articulation talo-calcanéo-naviculaire, car leur fonctionnement est commun. Cet ensemble est souvent désigné comme le complexe subtalaire, encore appelé bloc calcanéopédieux. Ce complexe subtalaire joue un rôle majeur dans les mouvements d’inversion/éversion du pied. Il est très important dans la marche, surtout pour l’adaptation du pied au sol. Nous en reparlerons dans le paragraphe relatif aux fonctions du pied.



Articulation transverse du tarse (Chopart)


Elle unit le tarse distal au tarse proximal, son interligne forme globalement un S. C’est une unité fonctionnelle constituée :









Principaux ligaments plantaires (figure 21.8)


Certains ligaments plantaires jouent un grand rôle dans le maintien de l’architecture podale. Voici les principaux ligaments de la face plantaire qui contribuent à cette fonction.








Fonctions et rôles du pied


Pour soigner utilement le pied, il est nécessaire de pouvoir articuler quelques données théoriques concernant son fonctionnement. La cinésiologie détaillée du pied est intéressante pour comprendre par le menu comment chaque articulation fonctionne. Cependant, il ne faut pas que l’arbre cache la forêt et que la connaissance du détail masque la complexité de l’ensemble.


Même si cet ouvrage n’a pas vocation à détailler la biomécanique et l’anatomie fonctionnelle, certaines considérations sur le fonctionnement du pied dans sa globalité nous sont apparues de la plus haute importance. Nous livrons ci-après quelques notions qui nous paraissent indispensables pour comprendre nos actions sur le pied.



Ubiquité du pied


Lorsque l’on considère globalement les fonctions du pied, on se rend compte que, pour assurer une fonction correcte, celui-ci doit pouvoir composer avec plusieurs couples d’impératifs souvent antagonistes. À bien des égards, le pied est ubiquitaire ; citons à titre d’exemple :



Jun 13, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 21: Anatomie fonctionnelle

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