Chapitre 20 Reconstruction microchirurgicale du sein
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Introduction
La reconstruction mammaire microchirurgicale a pour objectif de restaurer le volume mammaire et l’enveloppe cutanée du sein par des tissus autologues prélevés sur des sites donneurs à distance du sein, en s’affranchissant de la contrainte de proximité.
Le développement des lambeaux perforants a apporté une réduction des séquelles du site donneur au simple prélèvement de la peau et de la graisse. Les lambeaux perforants épargnent, toutes les fois où cela est possible, le muscle sous-jacent, son aponévrose, sa vascularisation résiduelle et son innervation [1].
La région abdominale sous-ombilicale est une des principales zones donneuses de lambeaux.
Imagerie préopératoire
L’angiotomodensitométrie (TDM) est devenue incontournable dans la reconstruction par lambeau perforant [2,3]. Elle autorise un repérage précis des perforantes, le plus souvent à proximité de l’ombilic, et permet d’évaluer le diamètre de chaque perforante, son trajet intramusculaire, cutané, et l’éventuelle proximité d’autres perforantes (figure 20.1).
Le choix de la perforante, guidé par la TDM, devra trouver le juste équilibre entre :
• le bon diamètre de la perforante assurant une bonne perfusion du lambeau ;
• une bonne position de la perforante selon le volume du lambeau à prélever :
• un trajet intramusculaire des perforantes le moins tortueux possible, ne posant pas de risque lors de leur dissection.
L’imagerie par résonnance magnétique (IRM) commence à se développer dans le domaine des lambeaux perforants et pour le DIEAP (deep inferior epigastric artery perforator) en particulier. Au prix d’un examen plus long, l’angio-IRM semble donner des résultats convaincants, même si la reproductibilité et la précision de l’examen ne sont pas totalement acquises. La limite actuelle semble être la résolution insuffisante de l’examen [4].
Reconstruction mammaire autologue par lambeau libre abdominal
Lambeau de SIEA
Bases anatomiques
Le lambeau de SIEA ou superficial inferior epigastric artery flap est un lambeau abdominal basé sur le pédicule épigastrique inférieur superficiel. Il emporte un volume cutanéograisseux abdominal sous-ombilical sus-aponévrotique (figure 20.2).
La fiabilité vasculaire du lambeau dépend de la taille de son pédicule (artère et veine) et de son étendue. En effet, différents auteurs préconisent une limite de 1,5 mm de diamètre à l’origine de l’artère épigastrique superficielle à respecter pour pouvoir lever de manière fiable un lambeau de SIEA [5]. Par ailleurs, la vascularisation du lambeau de SIEA au-delà de la ligne médiane, en controlatéral au pédicule, est variable. Il semble prudent de respecter cette ligne médiane lors d’un prélèvement de SIEA [6] pour limiter les risques d’ischémie veineuse et artérielle secondaire.
Prélèvement du lambeau
Le prélèvement du lambeau de SIEA est plus aisé que celui d’un DIEAP ou d’un TRAM (transverse rectus abdominis muscle) libre. En effet, l’aponévrose musculaire est respectée et le plan de dissection est toujours sus-aponévrotique.
La fermeture de la paroi abdominale obéit aux règles de l’abdominoplastie.
Lambeau de DIEAP
Bases anatomiques (figure 20.3)
L’artère épigastrique inférieure profonde naît de l’artère iliaque externe au-dessus du ligament inguinal. Elle chemine dans un tissu cellulograisseux en arrière des muscles rectus abdominis qu’elle va aborder en postérolatéral, en avant du péritoine et de l’aponévrose postérieure des muscles. L’artère est accompagnée de deux veines comitantes. Le trajet de l’artère épigastrique inférieure profonde est variable. Elle peut pénétrer le muscle à différents niveaux. Elle se sépare le plus souvent en une branche latérale et une branche médiale. Ces deux branches sont ascendantes. Dans moins d’un tiers des cas, il n’y a qu’une seule branche en position centrale [7].
Le drainage du lambeau de DIEAP est assuré par les veines épigastriques superficielles (SIEV) et par les veines comitantes des perforantes [6].
Prélèvement du lambeau
La patiente est installée en décubitus dorsal, les bras le long du corps maintenus par des cale-bras avec le bord cubital des mains sous les fesses.
Le dessin opératoire a marqué les perforantes choisies.
Le lambeau adipocutané de DIEAP est ensuite levé de latéral en médial en commençant par le côté où se situe la perforante choisie. Tout en exerçant une tension vers le haut, le lambeau est progressivement levé (figure 20.5).
Une fois le lambeau totalement libéré de la paroi abdominale (figure 20.6), on peut procéder au clampage du pédicule épigastrique inférieur profond, et le début du temps d’ischémie est noté. Pour isoler le lambeau, il convient de lier ou de cliper le pédicule distalement de façon fiable. Le pédicule est glissé sous le muscle sans aucune traction et il est étalé sur la partie graisseuse du lambeau afin d’éviter toute torsion ou traction. La veine épigastrique profonde inférieure peut être marquée avec un feutre pour pouvoir être facilement identifiée lors de l’anastomose. Le lambeau est pesé avant d’être transféré sur le site de l’anastomose.