Chapitre 20 Les demandes de soutien familial
Les circonstances dans lesquelles une demande de soutien familial est formulée concernent pour l’essentiel des difficultés de couple ou des problèmes de scolarité et de comportement d’enfant. Ils peuvent aussi concerner un traumatisme familial, qu’il s’agisse d’un deuil ou de la découverte d’une maladie sérieuse ou grave. Dans la plupart des cas, la personne qui effectue la demande souffre à titre personnel et cherche à impliquer d’autres membres de la famille ; certains sont d’emblée désignés comme victime, agresseur ou responsable du problème.
Les interventions de soutien vis-à-vis d’une famille qui vont être abordées ici se situent dans un registre spécifique. Ce registre précède des thérapies de couple ou des thérapies de famille structurées. Il peut en être une phase préliminaire et apporter une résolution partielle des difficultés ou un apaisement des souffrances, permettant au système familial de reprendre ses processus habituels de résilience et un fonctionnement moins chaotique. Il peut aussi représenter une initiation qui dédramatise l’abord d’une thérapie plus spécialisée.
Quelle est la nature de la demande de soutien familial ? À l’évidence, la nature peut être très différente à l’intérieur d’un couple ou entre des parents et un enfant. Le niveau et la prise de conscience d’un ou de plusieurs problèmes s’avèrent très différents. Cette différence explique les besoins d’un temps de latence, de maturation, entre le moment où une demande d’entretien de famille est effectuée et sa réalisation. Cette latence se compose de résistances, de l’idée que des progrès peuvent être réalisés en dehors d’un tiers, de tentatives de résoudre les difficultés par les mécanismes familiaux habituellement utilisés et devenus inefficaces. Il faut préciser « Qu’est-ce qui est demandé ? » et, parfois de façon plus précise, « Qui demande quoi ? ».
Poser un problème dans un système familial
Le motif de la rencontre
Il faut toujours avoir à l’esprit que le motif de la rencontre comporte une complexité. Cette complexité peut naître de motifs non exprimés, non dits. Derrière des modifications de caractère ou de comportement se cachent un alcoolisme, une personne tierce dans l’existence, une infidélité. Derrière un fléchissement scolaire peuvent apparaître une consommation de cannabis, l’existence d’un racket. Une autre forme de problématique peut être comparée aux poupées russes, gigognes, chaque problème étant composé d’un problème sous-jacent lui-même dépendant d’une autre problématique.
Quels sont les systèmes familiaux en cause ?
Trois dimensions gouvernent les systèmes familiaux.
Le génogramme
Le génogramme définit la place et les hiérarchies familiales. Il reprend les composantes d’une famille : les différentes générations, les recompositions, les liens d’affection ou de conflictualité entre ces éléments. Dans ces génogrammes, l’existence d’un enfant décédé, d’un enfant de remplacement, d’une adoption, cachée ou révélée tardivement, exerce toujours des influences essentielles.
Les mythes et les croyances familiales
Chaque famille possède un ou plusieurs mythes internes : la réussite universitaire, les valeurs religieuses, l’autonomie ou la richesse. Ces mythes imprègnent tellement la dynamique familiale que leur évidence les rend transparents. Certaines familles restent nostalgiques d’une grandeur passée ou d’une figure familiale emblématique, d’autres cachent ou réduisent les émotions à des problèmes majeurs utilisant la devise britannique : « Never explain, never complain ». Ces mythes et ces croyances familiales se propagent dans les rites de passage – communion, célébration d’un examen réussi – ou dans des interactions familiales routinières – dîner du dimanche, loisir partagé.