2: Pharmacologie orthopédique

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Pharmacologie orthopédique



Amené à prescrire certains médicaments, le chirurgien orthopédiste doit connaître d’une part les bases théoriques nécessaires à une bonne prescription, et d’autre part les caractéristiques pharmacologiques et les précautions d’emploi des produits constituant sa palette usuelle. Quand c’est nécessaire, il doit savoir recourir à des références détaillées, que ce chapitre ne se propose nullement de remplacer [4].



Analgésiques




image Des douleurs insuffisamment soulagées représentent une souffrance considérable pour le patient, ses proches, voire l’équipe soignante.


image Elles s’accompagnent d’un risque accru de complications (perte de mobilité, instabilité végétative, ulcère de stress, pneumonie nosocomiale, dépression, etc.) et donc d’augmentation de la durée de séjour pour les patients hospitalisés.


image Dans la majorité des cas, l’antalgie n’exige pas de connaissances sophistiquées. Il faut :





Principes généraux



Conduite du traitement antalgique




image Le schéma de prise en charge consiste en une boucle itérative : Évaluation – Traitement – Réévaluation – Adaptation du traitement.


image L’étiologie de la douleur doit être activement recherchée et spécifiquement traitée.


image L’objectif recherché doit être défini et quantifié et l’efficacité du traitement mesurée régulièrement.


image Toute douleur intense prévisible doit être prévenue.


image L’OMS résume ainsi les modalités de traitement indiquées dans un document dédié à la douleur cancéreuse, mais valable pour l’antalgie en général :



• par voie orale chaque fois que c’est possible (by the mouth). L’administration intraveineuse, surtout en bolus, est à éviter car elle est moins sûre (risque d’infection, inconfort du cathéter et effet de pic favorisant les effets indésirables et, chez les patients prédisposés, la dépendance) ;


• de manière régulière et continue afin d’assurer une couverture efficace (by the clock) ;


• selon l’intensité des douleurs en paliers (by the ladder) ;


• en commençant à petites doses et en les adaptant progressivement via l’utilisation de réserves (start low, go slow) ;


• de manière individualisée (for the individual) ;


• avec souci du détail (attention to detail).


• lorsque le traitement ne « marche pas », il faut savoir remettre rapidement en cause tous les éléments qui conditionnent son efficacité (notamment cause et type des douleurs, qualité de l’évaluation, choix de la molécule, posologie, adhérence thérapeutique, présence de facteurs pouvant augmenter le risque de douleurs réfractaires, etc.).



Évaluation de la douleur





Type de douleur



image Plusieurs types de douleur différents peuvent se rencontrer simultanément chez un même patient. Les identifier et les distinguer est important car différents types de douleur relèvent de traitements différents.


image On distinguera :



image En général, les douleurs liées à un cancer sont évolutives (nécessitant une adaptation régulière des modalités et de l’intensité du traitement) et grandement influencées par le contexte psychosocial (nécessitant un traitement multidisciplinaire et une attention à toutes les dimensions de la personne malade).




Choix du traitement




image Les douleurs par excès de nociception se traitent selon les trois paliers de l’OMS.


image Les douleurs neuropathiques, difficiles à traiter, nécessitent souvent un avis spécialisé.


image Les douleurs fonctionnelles ne seront pas traitées ici ; souvent chroniques et accompagnées d’un trouble psychiatrique, elles nécessitent également une prise en charge spécifique.


image Le choix du traitement prend en compte les caractéristiques de la ou des douleur(s) et celles du patient (âge, sexe, poids, fonction rénale, éventuellement fonction hépatique), l’efficacité et la sécurité attendues du traitement, les recommandations de la littérature et celles en vigueur dans la structure de soins où l’on travaille.


image Toujours s’interroger sur la possibilité d’approches non médicamenteuses (physiques, psychologiques, complémentaires et alternatives, spirituelles).



Considérations pratiques




image Au-delà du premier palier, le médecin est conduit à employer des médicaments moins familiers que le paracétamol et les anti-inflammatoires.


image La plupart des opioïdes font l’objet d’une surveillance particulière (carnet à souches en ambulatoire, tenue sous clé et comptage des stupéfiants à l’hôpital). De ce fait et comme il s’agit de médicaments à marge thérapeutique étroite, il convient d’exercer une vigilance toute particulière lors de la prescription.


image On s’assurera que la taille de l’emballage prescrit concorde avec la durée prévue du traitement, que la galénique et la concentration permettent une administration aisée de la posologie prévue, et que la personne gérant le traitement en a bien compris les modalités et les risques.


image Il faut prescrire en quantité et non en volume ; une prescription optimale détaille quantité, volume et concentration, par exemple « morphine 2 mg/mL, 12 mg = 6 mL toutes les 4 h ».


image Avec la galénique liquide, vérifier la méthode de prélèvement de la dose et donner les concordances entre quantité et volume sous la forme la plus pratique (mL ou gouttes ou unité doseuse).


image S’il peut être utile d’associer deux antalgiques ayant des mécanismes d’action différents, il est inutile et dangereux de prescrire plusieurs antalgiques agissant de la même manière (risque accru d’effets indésirables sans accroissement d’efficacité).


image Même si de nombreux antalgiques sont aujourd’hui à disposition, mieux vaut se familiariser avec l’emploi de quelques substances choisies qui permettront de traiter efficacement et en sécurité une majorité de patients.


image Toute prescription d’opioïdes doit s’accompagner d’un traitement laxatif énergique en raison de l’effet indésirable constant, durable et souvent majeur qu’est la constipation, qui peut elle-même entraîner des complications et des douleurs. L’objectif est une exonération quotidienne.



Douleurs par excès de nociception



Premier palier


Les analgésiques du premier palier, dits aussi « simples », ne sont pas faibles. Dans bien des cas et à condition d’être correctement employés, ils sont très efficaces. Dans les douleurs sévères, ils conservent leur intérêt en association avec les opioïdes.



Paracétamol (Dafalgan, Perfalgan)




Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

Ce sont des inhibiteurs de la synthèse des prostaglandines. L’ibuprofène est un premier choix car le plus sûr. En cas d’inefficacité ou d’intolérance, rotation possible vers d’autres AINS qui comportent toutefois un risque accru de toxicité digestive : diclofénac (Voltarène), acide méfénamique (Ponstan), kétorolac (Tora-Dol), etc.





Coxibs (célécoxib – Celebrex et étoricoxib – Arcoxia)



image Mécanisme : inhibiteurs sélectifs de la cyclo-oxygénase 2 (= inductible par opposition à la cyclo-oxygénase 1 = constitutive). Indiqués dans l’arthrose, la polyarthrite rhumatoïde et la spondylarthrite ankylosante (célécoxib) ; l’arthrose (étoricoxib). Voie orale uniquement.


image Pharmacocinétique : forte liaison aux protéines plasmatiques, métabolisé dans le foie (CYP 2C9, qui présente un polymorphisme génétique), demi-vie de 8–12 h (célécoxib). Métabolisme hépatique (CYP), élimination rénale des métabolites, demi-vie 22 h (étoricoxib).


image EI : troubles gastro-intestinaux relativement fréquents ; des ulcères ou hémorragies gastro-intestinales sont possibles. Bénéfice statistiquement démontré en termes de réduction de toxicité gastro-intestinale, souvent aboli en pratique par la fréquente prescription concomitante d’acide acétylsalicylique à titre cardioprotecteur. Éviter l’association avec l’acide acétylsalicylique et les AINS. À utiliser à la plus petite dose possible et le moins longtemps possible du fait d’une augmentation du risque cardiovasculaire.


image Posologie :




Deuxième palier


Il regroupe les opioïdes dits « faibles ». Introduit à l’origine par l’OMS en raison de l’indisponibilité dans certains pays des médicaments du 3e palier, son utilité est débattue (moins de puissance analgésique mais autant d’effets indésirables que les médicaments du 3e palier).



Codéine (en association avec le paracétamol : Co-Dafalgan)




Tramadol (Tramal)



image Mécanisme : activité essentiellement monoaminergique (peut être utile dans les douleurs neuropathiques). Métabolite actif 2–4 fois plus puissant sur les douleurs nociceptives par une action agoniste opioïde. Disponible sous forme de capsules, comprimés retard, solution, ampoules pour injection SC (sous-cutanée) (éviter IV), suppositoires.


image Pharmacocinétique : métabolisme hépatique avec implication des CYP 3A4, 2B6 et 2D6. Demi-vie du tramadol : 6 h, du métabolite actif : 8 h. Excrétion rénale du tramadol et des métabolites.


image EI : ne jamais prescrire en gouttes mais en mg. Ne pas confondre les deux formes liquides disponibles : gouttes en flacon de 10 mL (1 mL = 40 gouttes = 100 mg), et solution en flacon doseur de 50 mL (1 pression = 5 gouttes = 12,5 mg). Peu dépresseur respiratoire mais beaucoup moins puissant que la morphine et dose maximale rapidement atteinte. Coût supérieur. Risque de syndrome sérotoninergique en cas d’association aux inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine. Risque d’interactions via les CYP.


image Posologie : 100 mg de tramadol = 10 mg de morphine. Même posologie PO (per os) que SC. Commencer par 50 mg 3–4 fois/j chez l’adulte en bonne santé, titrer, dose maximale 400 mg/j (200 mg/j chez le sujet âgé polymorbide).



Buprénorphine (Temgésic, Transtec)



image Mécanisme : agoniste partiel. Disponible sous forme sublinguale (absorption par la muqueuse buccale, début d’action après 60–90 min), parentérale (préférer SC) et transdermique. Premier choix en cas d’insuffisance rénale.


image Pharmacocinétique : forte liaison aux protéines plasmatiques (96 %). Métabolisme hépatique par glucuroconjugaison et CYP 3A4, cycle entérohépatique des métabolites qui sont éliminés par voie rénale. Demi-vie 5 h.


image EI : cf. Troisième palier.


image Posologie : en sublingual : ne pas croquer ni avaler les comprimés. Commencer par 0,1–0,2 mg/6–8 h, titrer ; surveillance clinique accrue si plus de 4 mg/j. En SC : réduire de 25 à 50 % la dose sublinguale. En transdermique (timbres) : forme retard à n’utiliser que lors de douleurs bien contrôlées par posologie stable d’une forme brève ; s’assurer d’un bon état cutané pour une absorption efficace et se rappeler que toute augmentation de la température cutanée (fièvre) augmente l’absorption. Début d’action lent (plein effet après 24 h seulement, couvrir les douleurs par forme brève pendant ce temps). Remplacer le timbre au bout de 96 h. Longue demi-vie (30 h) après retrait du timbre. Modulation des doses possibles en coupant un timbre ou en en appliquant plusieurs à la fois ; attention à ne pas oublier de timbres en place et à faire une rotation des emplacements.



Troisième palier [5]




image Regroupe les opioïdes dits « forts ». Les opioïdes agonistes-antagonistes (pentazocine, nalbuphine, butorphanol) et ceux ayant des métabolites toxiques (péthidine, dextropropoxyfène) sont contre-indiqués. La morphine reste le premier choix en raison du long recul de son utilisation, de sa facilité d’emploi et de son faible coût.


image Il n’existe pas de dose efficace standard ; le traitement doit toujours être individualisé. On commence par une forme de brève durée d’action, prescrite à la fois d’office et sous forme de réserves. Les réserves sont à proposer jusqu’à 1 fois/h. La titration consiste soit à calculer chaque jour la quantité totale d’opioïde utilisée par le patient et à la répartir en un même nombre de prises d’office pour le jour suivant, en prescrivant à nouveau des réserves, etc., soit à augmenter la posologie journalière par paliers pouvant atteindre 30 % par jour. La quantité prescrite par réserve sera de 10 % environ de la dose journalière donnée d’office (à individualiser).


image En cas d’effets indésirables intolérables sous un opioïde, on changera de substance (rotation) en tenant compte des équivalences analgésiques et des éventuelles nouvelles voies de métabolisation. Les effets indésirables constants (pas de tolérance) sont le myosis (signe d’imprégnation aux opiacés mais pas forcément de surdosage) et la constipation citée plus haut. Les signes évocateurs de surdosage sont des myoclonies, une somnolence, un état confusionnel, une hypoventilation, une bradycardie. Enfin, on rappelle le risque de sevrage et la nécessité d’arrêter progressivement le traitement.



Morphine



image Mécanisme : agoniste des récepteurs aux endorphines, modulateurs physiologiques de la perception douloureuse. Disponible sous forme de solution orale, comprimés (Sevredol), solution pour administration parentérale ; formes standard ou retard (MST Continus) ; différentes concentrations des formes liquides.


image Pharmacocinétique : métabolisme hépatique sans intervention des CYP avec production entre autres de morphine-3-glucuronide (55 %) et de morphine-6-glucuronide (10 % ; métabolite actif 10 fois plus puissant que la morphine en termes d’effet antalgique mais aussi de dépression respiratoire). Demi-vie de la morphine 1–5 h ; élimination rénale de la morphine et des métabolites.


image EI : toujours prescrire en mg. Risque d’accumulation en cas d’insuffisance rénale : suivi clinique étroit ou buprénorphine d’emblée en cas de clairance de la créatinine < 30 mL/min, buprénorphine d’emblée si clairance de la créatinine < 10 mL/min.


image Posologie : dose initiale PO 10 mg/4 h (adulte en bonne santé), 5 mg/4 h (patient âgé en bon état général), 2,5 mg/4 h (patient âgé en mauvais état général). Pas de dose maximale théorique (à titrer individuellement : certains patients sont bien soulagés avec des doses journalières faibles, d’autres nécessiteront des doses journalières beaucoup plus élevées). Pour passer de la forme PO à la forme SC, diviser par 2 ; pour passer de la forme PO à la forme IV, diviser par 3.



Fentanyl (Sintenyl, Durogésic, Actiq, Abstral, Effentora)



image Mécanisme : agoniste opioïde complet. Diverses voies d’administration : transbuccale, sublinguale, parentérale, transdermique. Utile pour douleurs incidentes.


image Pharmacocinétique : métabolisme hépatique (CYP 3A4), métabolites inactifs. Élimination des métabolites par voie rénale. Forme transcutanée caractérisée par une absorption très retardée avec une importante inertie du développement des concentrations sanguines.


image EI : utilisation parentérale à réserver au spécialiste (palliatologue, anesthésiste) et aux structures de soins permettant une surveillance clinique adéquate. Forme transdermique plus sûre mais pouvant occasionner des variations d’exposition importantes. Élimination ralentie en cas d’insuffisance rénale mais pose rarement problème en dehors d’insuffisance rénale sévère ; suivi clinique étroit si clairance de la créatinine < 30 mL/min. Risque d’interactions médicamenteuses via les CYP.


image Posologie : beaucoup plus puissant que la morphine (100 μg de fentanyl = 10 mg de morphine). En transdermique (timbres) : forme retard transdermique à n’utiliser que lors de douleurs bien contrôlées par posologie stable d’une forme brève ; s’assurer d’un bon état cutané pour une absorption efficace et se rappeler que toute augmentation de la température cutanée (fièvre) augmente l’absorption. Début d’action 4–12 h après l’application, couvrir les douleurs par forme brève pendant ce temps. Remplacer le timbre/72 h. Longue demi-vie (20 h) après retrait du timbre. Attention à ne pas oublier de timbres en place et à faire une rotation des emplacements. En cas de dose > 300 μg/h, envisager un autre opioïde. Équivalence avec la morphine : dose de fentanyl en μg/h = dose de morphine par 24 h, en mg, divisée par 3,6.



Oxycodone (Oxynorm, Oxycontin)



image Mécanisme : agoniste opioïde complet. Disponible sous forme de gouttes (Oxynorm), capsules et comprimés retard (Oxycontin), pas de forme parentérale.


image Pharmacocinétique : absorption biphasique des comprimés retard Oxycontin (demi-vie initiale rapide 0,6 h, 2e phase plus lente 6,9 h). Métabolisme hépatique (CYP 3A4 et 2D6), avec métabolites actifs. Demi-vie de l’oxycodone 3–4 h. Élimination rénale de l’oxycodone et des métabolites.


image EI : ne pas confondre Oxynorm et Oxycontin. Ne jamais prescrire en gouttes, mais en mg (pas d’équivalence entre gouttes et mg ni gouttes et mL, prélèvement par pipette doseuse !) Risque d’accumulation en cas d’insuffisance rénale. Risque d’interactions via les CYP.


image Posologie : dose initiale 5 mg/4–6 h, à titrer. La forme retard se donne toutes les 12 h.




Méthadone



image Mécanisme : agoniste opioïde complet. À réserver pour les douleurs stables ; pourrait être un peu plus efficace sur la composante neurogène que d’autres opioïdes. Existe sous forme de gouttes, de comprimés et de solution pour injection.


image Pharmacocinétique : durée d’action après administration parentérale 4–6 h, après administration orale jusqu’à 22–48 h. Métabolisme hépatique passablement variable (CYP 2B6 et 3A4). Élimination biliaire et rénale des métabolites. Inhibiteur des CYP 2D6 et 3A4.


image EI : risque d’accumulation en raison de la longue demi-vie. Pour cette raison, peu maniable. Risque d’allongement du QT. Nombreuses interactions médicamenteuses via les CYP.


image Posologie : en dose unique, puissance comparable à celle de la morphine ; à doses répétées, la demi-vie étant longue, posologie journalière de 1/10e de celle de la morphine.




Coanalgésiques





Antiarthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL)


Définition pragmatique regroupant par des agents d’action prolongée (plusieurs semaines) et rémanente à l’arrêt, généralement bien tolérés. Les données probantes en faveur de leur efficacité sont faibles (sulfate de chondroïtine) à très faibles (acide hyaluronique et glucosamine) et la grandeur d’effet est faible, mais on peut les proposer sur des périodes tests et cela permet parfois de diminuer la dose d’autres médicaments chez les patients répondeurs. La glucosamine n’est pas enregistrée dans la liste des spécialités ; des données d’efficacité positive ne sont disponibles que pour le sulfate de glucosamine. On rappelle que la concentration et la pureté des préparations en vente libre, notamment sur Internet, sont aléatoires.





Acide zolédronique (Zometa)



image Mécanisme : biphosphonate, inhibe la résorption osseuse. Indiqué pour les douleurs lors de métastases osseuses. Administration IV.


image Pharmacocinétique : grande variabilité interindividuelle. Élimination sous forme inchangée par voie rénale, très lente à partir du tissu osseux (demi-vie 150 h et plus).


image EI : réaction pseudo-grippale et myoarthralgies le jour de l’administration. Risque d’ostéonécrose de la mâchoire : faire bilan dentaire et éventuels travaux avant toute administration. Risque de néphrotoxicité : adapter à la fonction rénale, assurer une hydratation optimale, surveiller les électrolytes. Contre-indiqué si clairance de la créatinine < 30 mL/min.


image Posologie : 4 mg (ampoule de 5 mL à diluer avec 100 mL de NaCl 0,9 % ou glucose 5 %), à perfuser lentement (sur 15 minutes au moins), toutes les 3 à 4 semaines. Prescrire 500 mg de calcium et 400 UI de vitamine D par jour par voie orale.



Calcitonine (Miacalcic)



image Mécanisme : hormone polypeptidique inhibant l’activité des ostéoclastes. Antalgique vraisemblablement par action directe au niveau du système nerveux central. Indiqué dans les douleurs liées aux fractures vertébrales ostéoporotiques, pour autant que le traitement débute dans les 10 jours ; maladie de Paget ; algodystrophie.


image Pharmacocinétique : Très peu de données. Le taux plasmatique ne prédit pas l’effet thérapeutique.


image EI : Risque d’allergie (rare). Fatigue et douleurs articulaires fréquentes. Interaction avec le lithium (diminution des concentrations plasmatiques de lithium). Inhibe les sécrétions gastriques et pancréatiques exocrines.


image Posologie : S’administre par voie nasale (200 UI/j) ou parentérale (SC ou IM [intramusculaire], à réserver aux patients intolérants au spray nasal) 100 UI/j, pendant 2–4 semaines.




Corticoïdes


Les corticoïdes représentent une arme puissante contre la composante inflammatoire des douleurs, par exemple en cas de compression tumorale ; ils ont comme effet intéressant d’apporter à court terme un regain d’énergie et d’appétit. Ces médicaments sont à double tranchant en raison de leurs nombreux effets indésirables systémiques et leur utilisation n’est en principe pas recommandée à long terme dans l’indication coanalgésique (à discuter selon le pronostic vital). Seules la prednisone et la dexaméthasone seront abordées ici.



Prednisone/prednisolone



image Mécanisme : action anti-inflammatoire, antiallergique et immunosuppressive via l’induction de la transcription de messagers cellulaires. L’effet prend donc plusieurs heures à se développer et dure 30–36 h. Puissance glucocorticoïde environ 4 fois plus élevée que le cortisol, effet minéralocorticoïde 0,6 fois celui du cortisol.


image Pharmacocinétique : métabolisme hépatique de la prednisone en prednisolone biologiquement active. Préférer la prednisolone en cas d’affection hépatique (effet thérapeutique équivalent). Métabolisme de la prednisolone dans différents tissus, dont le foie (CYP 3A4), en métabolites inactifs qui sont éliminés par voie rénale.


image EI : administration aiguë : risque de diabète, de rétention hydrosodée, d’ulcère digestif, d’infection, d’insomnie, d’agitation, de décompensation psychiatrique, d’état confusionnel. Administration chronique : comme en aigu + risque de myopathie (amyotrophie des quadriceps), d’ostéoporose, de modifications cutanées. Arrêter progressivement le traitement si administration sur plus de 10 jours.


image Posologie : à individualiser selon le patient et le type de maladie sous-jacente ; donner la plus faible dose efficace sur le plus court laps de temps possible. Administrer le matin.




Douleurs neuropathiques


Les antalgiques « simples » et les opiacés sont décevants (noter toutefois que le tramadol, décrit plus haut, peut être essayé). Un traitement de fond par médicaments neuromodulateurs s’impose : antiépileptiques ou antidépresseurs. Ces douleurs étant souvent impossibles à faire disparaître, un objectif crucial de la prise en charge est de renforcer la capacité du patient à « vivre avec ». Cela nécessite un cadre avec consultations régulières, un suivi par un « journal des douleurs » incluant les limitations d’activité, un soutien à l’adhérence thérapeutique. Une approche multimodale est indispensable ; elle peut inclure l’antalgie interventionnelle.



Antiépileptiques



Jul 6, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 2: Pharmacologie orthopédique

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