2: Les pathologies, les déficiences et leurs incidences sur l’individu

Chapitre 2


Les pathologies, les déficiences et leurs incidences sur l’individu



I


La santé



A La définition de la santé


La santé est un état de complet bien-être, physique, mental et social qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité1. La notion de santé est donc un état dynamique qui peut s’apprécier selon deux axes : la santé « résistance » et la santé « bien-être » dans un environnement.



B La santé : « équilibre instable »


La santé est donc un équilibre instable qui regroupe la satisfaction de plusieurs besoins fondamentaux : besoins biologiques, besoins psychologiques, besoins sociaux, culturels, intellectuels et besoins spirituels. L’homme doit donc sans cesse s’adapter à un environnement qui évolue autour de lui et toute influence négative fait basculer l’état de santé vers celui de maladie. Une altération de l’état de santé se traduit par « un ensemble de ruptures d’ordre physique, mental et/ou social et se manifeste par des symptômes objectifs et subjectifs ».


Divers facteurs peuvent concourir à modifier l’état de santé de la personne. Ils sont endogènes et/ou exogènes.




C La maladie : « altération de la santé »


Le Dictionnaire des soins infirmiers2 définit la maladie comme « l’altération de l’état de santé » caractérisée par « un ensemble de ruptures d’ordre physique, mental et/ou social et se manifeste par des symptômes objectifs et subjectifs ».


Il ajoute que « selon les ressources de chaque individu, cette altération peut être vécue comme une agression, une diminution de l’autonomie ou une expérience constructive ou destructive ».



D La classification des maladies


Les maladies sont classées, soit en fonction de leurs causes (étiologie), soit en fonction de leurs caractéristiques communes (typologie).





E La politique de santé publique


La politique de santé donne les orientations des actions de santé publique. La promotion de la santé et la prévention sont les axes principaux de la politique de santé.







II


Le normal et le pathologique



A Définitions du « normal » et du « pathologique »



1 L’homme normal


L’homme normal serait une personne bien adaptée à son environnement familial et social. L’homme anormal serait une personne inadaptée (ou désadaptée), en marge de la société. On remarque que le degré de tolérance de l’environnement joue un rôle majeur dans cette marginalisation.


Une personnalité bien portante est celle qui a une adaptation satisfaisante :



Le bien-portant, sur le plan psychologique, a des relations aux autres satisfaisantes avec un sentiment de bien-être et de sécurité, il a confiance en lui. Ces éléments permettent de s’adapter de façon correcte à la vie sociale.


À l’inverse, une personnalité perturbée sur le plan psychologique est atteinte dans son identité, pleine de doutes. Cela s’exprime, entre autres, par des difficultés d’adaptation au monde environnant.



2 Le malade mental


Sous l’angle pathologique, le malade mental est essentiellement un être en souffrance psychique. Il est atteint gravement dans ses relations avec les autres (ce qui gêne son adaptation sociale), mais il souffre aussi dans sa relation avec lui-même (ce qui favorise son isolement). Si cette personne est bien souvent rejetée et taxée d’« anormale » ou de « non conforme », c’est probablement parce qu’elle est la caricature de notre propre personnalité, parce que certains des traits qui nous dérangent chez elle existent chez nous a minima ; traits de caractère dénotant d’une « anormalité » que l’on refuserait de voir.


Par ailleurs, l’observation clinique nous indique que de nombreuses personnes normalement adaptées peuvent développer, à certains moments de leur existence, une pathologie psychiatrique (cf. « Les maladies mentales », p. 70).



B L’approche sociologique de « l’anormalité »


Le malade mental, selon une approche sociologique, pourrait être le représentant, le symptôme, voire la victime d’une collectivité elle-même défaillante, mais qui trouve son salut en désignant un de ses membres comme pathologique (ou anormal).


Ce courant de pensée a été à l’origine de « l’antipsychiatrie » qui avançait pour principe : « Puisque c’est la société qui rend le patient malade, réformons la société plutôt que de soigner le malade. »


Ce courant de pensée a également été à l’origine des « thérapies familiales » qui considèrent qu’un individu malade est le résultat d’un dysfonctionnement du système familial qu’il faut tenter de rééquilibrer.


Il est aujourd’hui prouvé qu’un malade mental, à l’aide d’une thérapie et d’un suivi appropriés, pourra accéder à des relations sociales équilibrées et qu’un travail auprès de sa famille pourra favoriser des relations plus harmonieuses.



III


Les déficiences et leurs étiologies



A Les notions de déficience, d’incapacité, d’inadaptation


La difficulté, ou l’impossibilité pour une personne de maîtriser une situation donnée relève le plus souvent d’une pathologie accompagnée d’un processus invalidant.


Pour une meilleure compréhension et une prise en charge plus efficaces des personnes, la classification et la définition des principaux handicaps ont été données par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’OMS propose le classement suivant : « déficience → incapacité → inadaptation ».





3 L’inadaptation


C’est la limitation ou l’interdiction d’accomplir un rôle social normal, en raison d’une déficience et d’une incapacité.




Situation


Clara (déficience motrice et déficience du langage)


Clara a 16 ans. Au moment de sa naissance, son cerveau a souffert, il a été privé d’oxygène à différents niveaux. Quelques années après, on diagnostiquait chez elle deux types de déficiences : une déficience motrice (absence de tonus de posture) et une déficience du langage et de la parole. Clara ne peut pas marcher, elle reste assise en permanence sur son fauteuil roulant, soutenue par un corset rigide. Elle ne peut pas coordonner ses gestes et articule difficilement les mots. Sa mère, avec une auxiliaire de vie sociale, l’aide pour la toilette et l’habillage. Clara ne peut pas aller au collège comme les autres, mais elle a quelques camarades de classe, car elle est inscrite dans un « centre spécialisé ». Elle a une excellente mémoire et l’ordinateur l’aide à poursuivre une scolarisation adaptée à son handicap.


Évaluons les aspects de cette double déficience, les incapacités et les désavantages qu’elle engendre (tableau 1.8).




B Les situations de handicaps


Les handicaps peuvent être classés en trois catégories : moteurs, mentaux et sensoriels. Chaque catégorie présente des caractéristiques particulières :




1 Le handicap moteur


Le handicap moteur engendre des déficiences aux origines très diverses.





Les déficiences motrices acquises


Elles sont constituées par les séquelles d’accidents ou de maladies ayant atteint la fonction motrice au cours de la vie.






3 Le handicap sensoriel


Il englobe les déficiences visuelles et auditives.




Les déficiences auditives


Le terme « déficience auditive » désigne une personne atteinte de surdité à des degrés divers. Les déficiences sont classées en fonction de la perte en décibels (dB) sur les fréquences de la voix humaine (tableau 1.11).






Les moyens de dépistage du handicap


Le dépistage des handicaps sensoriels doit être le plus précoce possible afin de faire bénéficier la personne des moyens de rééducation les plus adaptés à sa situation. Par exemple, il est indispensable de dépister très tôt la déficience visuelle et auditive chez l’enfant. Il pourra ainsi bénéficier très tôt des moyens de rééducation qui lui permettront d’avoir une vie plus autonome. Le dépistage est fait :





C Les conséquences du handicap


Le handicap a des conséquences importantes sur la vie personnelle, familiale, sociale et professionnelle de la personne. Toutes ces conséquences ne sont pas à dissocier les unes des autres ; leurs interactions sont très importantes.



1 Les conséquences sur la vie personnelle


Comme tout individu, la personne handicapée a droit au respect de sa liberté de choix et de son intimité. Cependant, les choix de vie, la projection dans l’avenir, les projets ne seront pas les mêmes pour une personne handicapée de naissance et pour celle victime d’un accident. Les différences seront encore plus importantes chez les personnes atteintes d’une pathologie évolutive, dont le pronostic est parfois très sévère.






2 Les conséquences sur la vie familiale


Les réactions d’une famille seront évidemment très différentes en fonction de l’âge de la personne handicapée et de l’origine de la déficience. Celle d’un enfant n’a pas les mêmes répercussions que celle d’un adulte ; la survenue d’une atteinte accidentelle ne sera jamais vécue de la même manière qu’un handicap de naissance.




Les rapports au sein du couple


Le handicap impose au couple une épreuve qui remet tout en question : il y a désormais un avant et un après.


Si la personne handicapée doit apprendre un autre corps, le conjoint valide doit lui aussi découvrir ce corps différent et parfois mutilé. La vie, les activités communes doivent être repensées en fonction du handicap.



Rôle de l’AMP


Les professionnels de service spécialisé peuvent être amenés à mettre en place le suivi au domicile d’un enfant atteint d’un handicap. La question de l’accompagnement de la mère et du père prend ici une dimension particulière. Il s’agit avant tout de favoriser la découverte de leur enfant, avec ses compétences, ses expressions, ses besoins spécifiques. Ainsi, progressivement, vont s’installer leurs capacités à décoder les manifestations de l’enfant, à communiquer avec lui par le regard et la parole, à prendre des initiatives pour satisfaire sa faim, son besoin de sommeil, mais aussi à organiser les courtes périodes d’éveil des premiers mois, etc. L’enfant est là, le handicap et les besoins qui en découlent pourront être envisagés jour après jour, au gré des questions des parents.


Quand les parents ont compris l’utilité et le sens des interventions du professionnel, ils se montrent en capacité de :



Le temps nécessaire aux parents pour parvenir à un niveau de confiance dans leurs capacités à faire face, seuls à leur domicile, est bien sûr très variable.



3 Les conséquences sur la vie sociale


L’intégration sociale est un aboutissement pour la personne handicapée, une façon de se faire reconnaître, hors de sa famille, comme un homme ou une femme capable de vivre, tout simplement.



Dans notre société, la place faite aux handicapés est encore trop marginale, et l’intégration sociale est rarement atteinte. Les mentalités sont encore rétrogrades.


Lors d’une première rencontre, avant même d’établir un dialogue, l’aspect physique est le guide de nos impressions sur autrui. Le handicapé, par son physique différent, engendre la gêne, le malaise ou la pitié. Il est considéré comme un malade, amoindri donc vulnérable ; les rapports peuvent en être faussés.



4 Les conséquences sur la vie professionnelle


L’intégration ou la réintégration professionnelle des personnes handicapées est une difficulté supplémentaire dans leur démarche vers l’insertion sociale, particulièrement en cas de crise économique et de chômage.


Quelle que soit l’importance de l’atteinte physique ou mentale, la vie de ces personnes doit être digne d’être vécue. Compenser le handicap, c’est leur offrir les moyens de cette dignité. C’est un devoir pour notre société qui doit reconnaître à tous le droit de vivre libre, sans ségrégation et dans des conditions décentes. La société doit permettre aux personnes handicapées de décider de leur vie, de choisir et non de subir. Les appareillages et aides techniques (cf. ci-dessous et chapitre 7) vont participer à la lutte pour l’autonomie des personnes handicapées.



D Les aides techniques



1 L’aide pour les personnes dépourvues de mobilité : le fauteuil roulant


Le choix du fauteuil roulant est fonction du handicap, de l’âge, des contraintes intérieures et extérieures (accessibilité du logement, du lieu de travail et déplacements). On trouve deux grands types de fauteuils roulants : le fauteuil mécanique à propulsion manuelle et le fauteuil électrique ou électronique.


Déplacer ou aider au déplacement d’une personne en fauteuil roulant doit se faire dans des conditions de confort et de sécurité.




2 Les aides techniques pour les handicaps sensoriels


Pour les personnes déficientes sur les plans visuel et auditif, il existe de nombreuses aides techniques qui complètent la rééducation.



La rééducation et le matériel adaptés aux déficients visuels


Citons quelques exemples.


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May 12, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 2: Les pathologies, les déficiences et leurs incidences sur l’individu

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