Chapitre 2. La toilette
Le temps de la toilette doit être vécu le plus possible comme un plaisir. Le soignant entre dans l’intimité de la personne et le contact ne va pas de soi surtout à la première rencontre. Ainsi, il est possible que, durant le temps de l’adaptation, la personne refuse toute aide.
Le soignant, pour instaurer une relation de confiance, doit respecter ce temps tout en proposant cependant chaque jour son aide afin que la relation s’instaure progressivement.
L’aide doit être la plus précoce possible, car plus l’accompagnement est mis en place tôt, moins la personne aura tendance à refuser l’aide ensuite.
Du fait de son anosognosie parfois présente, la personne a besoin d’être aidée plus qu’elle ne le pense.
Mme B. refuse toute aide, ne se lave pas seule et n’a pas conscience que son hygiène laisse à désirer. Elle vit à domicile et une aide-soignante lui propose la toilette, quotidiennement, sans succès.
Mme B. souffrant d’un talon, boîte à la marche et se plaint d’une douleur. L’aide-soignante propose alors de la masser pour la soulager. Mais, pour ce faire, elle doit lui laver les pieds.
Mme B. accepte : le soin quotidien du massage est alors instauré.
La relation de confiance qui s’installe permet, après quelques jours, que Mme B. fasse sa toilette complète, avec une aide.
1. La première aide à la toilette
Lors de la première toilette, pour connaître les capacités de la personne, le soignant l’accompagne en expliquant qu’il s’agit d’un temps d’observation.
A. Connaître l’histoire
• Comment cette personne se lave-t-elle habituellement : douche, baignoire, lavabo ?
• Quand la personne en général se lave-t-elle ? le matin avant de s’habiller, le soir avant le coucher… ?
• Combien de fois par semaine ?
• Y a-t-il des habitudes qui rendent la toilette plus agréable : les savons, les parfums ?
• Quelles sont les situations qui semblent provoquer la peur ? : l’eau au visage…
B. Considérer les capacités et besoins actuels
• Quelles sont les tâches que la personne peut faire ?
• Combien et quel type d’aide est nécessaire ?
Le soignant observe et ensuite remplit une fiche (annexe 3). À partir de cette fiche, la procédure peut être adaptée.
Il est cependant fréquent que, dès la première rencontre, le soignant soit obligé de s’adapter aux difficultés de la personne.
La procédure est la même que celle d’une toilette traditionnelle dont les points principaux sont rappelés :
• le soignant demande à la personne si elle préfère une toilette au lavabo ou une douche ;
• il demande à la personne de choisir ses vêtements ;
• il prépare au préalable tout le matériel nécessaire ou demande à la personne de le faire et complète si nécessaire ;
• il veille à la température et à la luminosité dans la salle de bains ;
• il propose à la personne de faire seule sa toilette et de l’aider pour les parties du corps plus difficiles d’accès : le dos, les pieds… ;
• il fait très attention à ce que la personne soit en sécurité. Si elle a des problèmes d’équilibre, il prévoit une chaise ;
• il aide la personne à couvrir les parties du corps lavées pour éviter qu’elle n’ait froid ou qu’elle se sente trop dénudée ;
• il termine en lui proposant de la maquiller ou de la parfumer si elle le souhaite.
2. Les principes de la toilette adaptée à la personne
Du fait des particularités de la maladie, la toilette doit systématiquement être adaptée.
A. Envisager des ajustements à la routine
• Laver les cheveux un autre jour ou au salon de coiffure.
• Utiliser un savon sans rinçage, du lait de toilette, des lingettes.
• Sécher au lieu de frotter.
B. Créer un environnement convivial
• Vérifier la température de l’eau et l’installation qui doit être confortable
• Réduire ou éliminer les bruits.
• Prévoir des décorations : rideaux de douche, serviettes de plage…
• repose-pieds, fauteuil confortable…
C. Préserver la dignité
• Fermer la porte et déshabiller la personne dans la salle de bains.
• Fermer les rideaux.
• Garder les parties du corps couvertes.
• Certaines personnes peuvent refuser de se déshabiller. Il est alors proposé, dans un premier temps, des toilettes avec les sous-vêtements.
D. Rassurer pour favoriser le confort et le sentiment de sécurité
• Ne pas commencer par le visage (engendre la peur).
• Demander à la personne comment elle se sent.
• Donner des signes d’encouragement et de soutien.
• Solliciter la participation de la personne et ne fournir que l’assistance nécessaire : par exemple guider les mains.
• Rester calme, sans se presser.
• Demander l’aide du psychomotricien ou de l’ergothérapeute.
• La personne aime se détendre sous l’eau : avec la paume de douche, faire progressivement des mouvements circulaires, comme des massages, en commençant de préférence par les pieds.
E. Donner des informations sur ce qui se fait et pourquoi
• Donner une raison à la toilette : pour être beau, pour aller faire des courses…
• Expliquer étape par étape ce qui est fait.
• Guider ceux qui sont incapables de répondre aux signaux verbaux : toucher puis exercer une pression derrière les genoux tout en demandant à la personne de s’asseoir.
• Laisser le choix à la personne : « Voulez-vous déboutonner votre chemise ou dois-je le faire ? »
F. Envisager des distractions qui peuvent réduire l’anxiété et faciliter la coopération
• Diffuser de la musique familière.
• Essayer de chanter la chanson préférée de la personne.
• Remémorer ses souvenirs familiaux.
• Avoir recours à l’aromathérapie, telle que les huiles de bain, parfums…
• Occuper la main de la personne avec un objet doux : un gant de toilette, une éponge…
G. Évaluer les progrès, les résultats et les transmettre
• Évaluer les méthodes utilisées : les points positifs, les difficultés, les échecs…
• Noter ces informations dans le dossier de soins afin que d’autres professionnels puissent en tirer profit.
3. La toilette en fonction des situations
A. Selon l’évolution de la maladie
La personne malade prend encore des initiatives pendant la toilette, mais elle peut présenter des agnosies visuelles et des troubles de mémoire rendant difficile la reconnaissance des objets et/ou leur utilisation.
Comment procéder en fonction de l’évolution de la maladie ?
1er temps : la personne a besoin qu’on lui simplifie la tâche en ne disposant que le bon objet à sa portée. Par exemple : ne laisser sur la tablette que la brosse à cheveux et enlever les autres brosses.