2: Introduction à la chimie de la vie

Chapitre 2 Introduction à la chimie de la vie



Comme les tissus vivants sont composés de blocs de construction chimiques, l’étude de l’anatomie et de la physiologie repose sur une certaine compréhension de la biochimie, la chimie de la vie. Ce chapitre présente des concepts chimiques fondamentaux qui étayeront les autres chapitres de ce livre.



Atomes, molécules et composés




L’atome est la plus petite unité d’un élément qui existe sous forme d’entité stable. Un élément est une substance qui ne contient qu’un type d’atomes ; par exemple le fer ne contient que des atomes de fer. Quand une substance contient deux différents types d’atomes, il s’agit d’un composé. Par exemple l’eau est un composé contenant à la fois des atomes d’hydrogène et d’oxygène.


Il y a 92 éléments naturels, mais la grande variété des composés qui forment les tissus vivants ne sont presque entièrement composés que de quatre éléments : le carbone, l’hydrogène, l’oxygène et l’azote. De petites quantités (environ 4 % du poids corporel) d’autres éléments sont présentes, dont le sodium, le potassium, le calcium et le phosphore.





Nombre atomique et poids atomique


Un élément est différent d’un autre par le nombre de protons du noyau de l’atome (Fig. 2.2). C’est ce qu’on appelle le nombre atomique, et chaque élément a son propre et unique nombre atomique. Par exemple, l’hydrogène n’a qu’un seul proton par noyau, l’oxygène en a huit et le sodium onze. Les nombres atomiques de l’hydrogène, de l’oxygène et du sodium sont par conséquent 1, 8 et 11, respectivement. Le poids atomique d’un élément est la somme de protons et de neutrons dans le noyau de l’atome.



Les électrons sont représentés dans la figure 2.1 comme décrivant une orbite sur des anneaux concentriques autour du noyau. Ceux-ci représentent schématiquement les différents niveaux d’énergie des électrons par rapport au noyau, et non leur position physique. Le premier niveau d’énergie ne peut porter que deux électrons, et il est rempli en premier. Le deuxième niveau d’énergie ne peut porter que huit électrons, et il est rempli ensuite. Le troisième niveau d’énergie et ceux qui suivent portent un nombre d’électrons allant croissant avec le rang du niveau, chacun contenant un plus grand nombre d’électrons que le précédent.


La configuration d’électrons indique la distribution des électrons de chaque élément ; par exemple celle du sodium est 2 8 1 (Fig. 2.2).


La chimie de la vie dépend de la capacité de réaction des atomes et de se combiner entre eux, afin de produire la grande variété de molécules requises pour la diversité biologique. Pour cela, les particules atomiques importantes sont les électrons de la couche superficielle. Un atome est réactif lorsqu’il ne comporte pas un nombre stable d’électrons dans sa couche externe, et peut donner, recevoir ou partager des électrons avec un atome ou plus afin de parvenir à la stabilité. Cela sera décrit plus complètement dans la section portant sur les molécules et les composés.




Molécules et composés


Il a été mentionné précédemment que les atomes de chaque élément ont un nombre spécifique d’électrons autour du noyau. Quand le nombre d’électrons de la couche externe est soit le nombre maximal (Fig. 2.1), soit une proportion stable de cette fraction, l’élément est dit inerte ou chimiquement non réactif, c’est-à-dire qu’il ne se combinera pas facilement à d’autres éléments pour former des composés. Ces éléments sont les gaz inertes : hélium, néon, argon, krypton, xénon et radon.


Les molécules sont la combinaison chimique de deux atomes ou plus. Les atomes peuvent être ceux d’un seul et même élément ; par exemple, une molécule d’oxygène atmosphérique (O2) contient deux atomes d’oxygène. La plupart des molécules, cependant, contiennent deux éléments distincts ou plus ; par exemple, une molécule d’eau (H2O) contient deux atomes d’hydrogène et un atome d’oxygène. Comme cela a été mentionné précédemment, quand deux éléments ou plus se combinent, la molécule qui en résulte peut être considérée aussi comme un composé.


Les composés contenant les éléments carbone et hydrogène sont dits organiques, et tous les autres sont dits inorganiques. Les tissus vivants sont formés de composés organiques, mais le corps a également besoin de composés inorganiques.



Liaisons covalentes et ioniques


Le vaste ensemble de processus chimiques sur lesquels le fonctionnement du corps repose dépend entièrement de la façon selon laquelle les atomes s’assemblent, se lient et se séparent. Par exemple, la simple molécule d’eau est un fondement crucial de toute vie sur Terre. Si l’eau était un composé moins stable, et si les atomes se séparaient facilement les uns des autres, la biologie humaine n’aurait jamais pu évoluer. Par ailleurs, l’organisme est dépendant de la rupture de diverses molécules (sucres, graisses, par exemple), scission qui libère de l’énergie utilisée par les activités cellulaires. Quand des atomes sont liés entre eux, ils forment une liaison chimique, généralement d’un des deux types suivants : covalent ou ionique.


Les liaisons covalentes sont celles où des atomes ont en commun des électrons. La plupart des molécules sont maintenues ensemble par ce type de liaison ; cela forme un lien fort et stable entre les atomes qui les constituent. Une molécule d’eau est construite en utilisant des liaisons covalentes. L’hydrogène a un électron sur sa couche externe, mais le nombre optimal d’électrons sur cette couche est de deux. L’oxygène a six électrons sur sa couche externe, mais le nombre optimal d’électrons pour cette couche est de huit. Par conséquent, un atome d’oxygène et deux atomes d’hydrogène se combinent, chaque atome d’hydrogène partageant son électron avec l’atome d’oxygène, ce qui donne à ce dernier huit électrons sur sa couche externe, qui le rendent stable. L’atome d’oxygène partage l’un de ses électrons avec chacun des atomes d’hydrogène, si bien que chaque atome d’hydrogène a deux électrons sur sa couche externe, faisant que les deux atomes d’hydrogène sont stables également (Fig. 2.4).



Les liaisons ioniques sont plus faibles que les liaisons covalentes ; elles sont formées par le transfert d’électrons d’un atome à l’autre. Par exemple, quand le sodium (Na) se combine avec le chlore (Cl) pour former du chlorure de sodium (NaCl), le seul électron situé sur la couche externe de l’atome de sodium est transféré sur la couche externe de l’atome de chlore (Fig. 2.5).



De ce fait, l’atome de sodium du composé a huit électrons sur sa couche externe (qui est la seconde couche), et il est donc stable. L’atome de chlore a aussi huit électrons sur sa couche externe qui, bien que ne remplissant pas cette couche (NdT : 3e couche, pouvant contenir 18 électrons), constituent un nombre d’électrons suffisant pour assurer la stabilité de l’atome. L’atome de sodium est maintenant chargé positivement parce qu’il a libéré un électron chargé négativement, et l’ion chlorure est maintenant chargé négativement parce qu’il a accepté un électron de sodium supplémentaire. Les deux atomes sont par conséquent liés entre eux car ils portent des charges opposées, mutuellement attractives.


Quand le chlorure de sodium est dissous dans l’eau, la liaison ionique se rompt et les deux atomes se séparent. Les atomes sont chargés parce qu’ils ont échangé des électrons ; on ne les appelle plus alors des atomes mais des ions. Le sodium, dont la charge est positive, est un cation, écrit Na+, tandis que le chlore, chargé négativement, est un anion, écrit Cl. Par convention, le nombre de charges électriques d’un ion est indiqué par un chiffre précédant le signe plus ou moins (NdT : sauf si l’ion ne porte qu’une charge, comme Na+ ou Cl ; ainsi, l’ion calcium est désigné par Ca2+).





Molarité


Le terme de molarité est le plus couramment utilisé pour exprimer la concentration de nombreuses substances présentes des liquides corporels.


La mole (mol) est le poids moléculaire en grammes d’une substance. Une mole d’une substance quelconque contient 6,023 × 1023 molécules ou atomes. Par exemple, 1 mole de bicarbonate de sodium (l’exemple ci-dessus) est de 84 g.


Dans une solution molaire 1 mole d’une substance est dissoute dans 1 litre de solvant (liquide dissolvant). Dans l’organisme humain, le solvant est habituellement l’eau. Une solution molaire de bicarbonate de sodium est par conséquent préparée en dissolvant 84 g de bicarbonate de sodium dans 1 litre de solvant.


La concentration molaire peut être utilisée pour mesurer la quantité d’électrolytes, de non-électrolytes, d’ions et d’atomes, pourvu que le poids moléculaire de la substance soit connu. Cela signifie qu’une solution molaire d’une substance contient exactement le même nombre de particules que tout autre solution molaire. Si le poids moléculaire d’une substance est inconnu, ou s’il y a plus d’une matière dans la solution, un autre système de mesure de la concentration doit être utilisé, comme les grammes par litre. Du fait des très petites quantités des nombreuses substances dissoutes dans les liquides corporels, les concentrations physiologiques sous souvent exprimées sous forme de fractions d’une mole : millimoles/litre (millièmes d’une mole) ou micromoles/litre (millionièmes d’une mole) (Tableau 2.2). Le tableau 2.3 fournit des exemples des taux plasmatiques normaux de certaines substances importantes, en concentrations molaires et en autres unités.


Tableau 2.2 Concentrations molaires
























Unités de soluté Quantité par litre de solvant
1 mole de molécules de chlorure de sodium (NaCl) 58,5 g
1 millimole de molécules de chlorure de sodium (NaCl) 0,0585 g (58,5 mg)
1 mole d’ions sodium 23 g
1 micromole d’ions sodium 0,000023 g (23 μg)
1 mole d’atomes de carbone 12 g
1 mole d’oxygène atmosphérique (O2) 32 g

Tableau 2.3 Taux plasmatique normal de certaines substances























Substance Taux en moles Taux en autres unités
Chlore 97–106 mmol/l 97–106 mEq/l*
Sodium 135–143 mmol/l 135–143 mEq/l
Glucose 3,5–5,5 mmol/l 60–100 mg/100 ml
Fer 14–35 mmol/l 90–96 mg/100 ml

Poids équivalent =poids atomique/nombre de charges électriques


La concentration est exprimée comme suit :


mEq/l = mg/l × nombre de charges électriques


poids atomique


* Milliéquivalents par litre (mEq/l)

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May 7, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 2: Introduction à la chimie de la vie

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