2 Intoxications aux anesthésiques locaux et complications
Complications locales
Les complications locales sont souvent en rapport avec la technique d’injection. Les complications immédiates peuvent être une douleur, des ecchymoses, la formation d’un hématome, des réactions cutanées locales (dermatites) et des lésions nerveuses. Les complications plus tardives peuvent être des infections, des hématomes compliqués et des complications neurologiques.
Les irritations tissulaires dues aux anesthésiques locaux sont souvent en relation avec leur acidité. Il existe des moyens de prévenir ces inconvénients ; ils seront abordés plus loin.
Ecchymoses et hématomes sont la conséquence d’effractions vasculaires cutanées ou sous-cutanées. Cela peut avoir des répercussions chez les patients ayant des anomalies de l’hémostase (génétiques ou acquises par prise de médicaments : aspirine, clopidogrel ou autres anticoagulants). En cas d’ecchymoses, le malade peut simplement être rassuré. Un hématome plus important peut nécessiter un drainage ou une compression, mais c’est une complication extrêmement rare.
L’EMLA® et d’autres anesthésiques topiques peuvent provoquer démangeaisons, brûlures, douleurs, pâleur, érythème, œdème et purpura. Dermatites, allergies de contact et urticaires peuvent également survenir.
Des lésions nerveuses peuvent survenir par lacération due à l’aiguille ou par contusion liée à une injection intraneurale. C’est cependant plus fréquent en cas d’anesthésie locorégionale par bloc que lors des infiltrations locales. Les signes évoquant une lésion neurologique sont : paresthésies, sensation de choc électrique et de douleur excessive lors de l’insertion de l’aiguille, de sa progression ou de l’injection de l’anesthésique. Dans ce cas, il faut retirer l’aiguille et la repositionner. La plupart des signes de neurapraxie se résolvent en quelques jours à quelques semaines.
Les lésions nerveuses peuvent être le résultat de l’utilisation d’une trop forte concentration en anesthésiques locaux. Pour cette raison, les faibles concentrations sont privilégiées (bupivacaïne 0,5 % ou inférieure, ropivacaïne 0,5 % ou inférieure, lidocaïne 2 % ou inférieure).
Une toxicité musculaire aiguë a aussi été décrite mais uniquement en cas de bloc nerveux périphérique continu.
Toute injection peut potentiellement se compliquer d’infection. Elle est le plus souvent la complication d’un hématome. Il faut donc travailler le plus possible de façon stérile, et assurer l’évacuation et le traitement des hématomes. Plusieurs études ont montré que les procédures de ponction n’étaient pas toujours vraiment stériles, mais doivent être faites de la manière la plus propre possible. Une vigilance accrue doit être observée chez les patients immunodéprimés.