2 Examen clinique
EXAMEN CLINIQUE GÉNÉRAL
ÉTAT GÉNÉRAL
Une hyperthermie peut être présente lors de leishmanioses, de certaines néoplasies malignes, de lupus érythémateux disséminé, de certaines toxidermies et de certaines pyodermites généralisées. À l’inverse, une démodécie ou une pyodermite, par exemple, peuvent se développer chez un animal débilité par une maladie interne.
EXAMEN DERMATOLOGIQUE
IDENTIFICATION DES LÉSIONS
Lésions primaires
Les lésions primaires (tableau 2.I) se développent spontanément et sont le reflet direct de la maladie. Elles traduisent, au plan morphologique, le processus lésionnel dont elles permettent de suspecter le mécanisme. Leur identification est d’une grande importance car elle oriente toujours la démarche, voire aboutit quelquefois au diagnostic. Certaines d’entre elles sont très fugaces, aussi, une observation répétée peut s’avérer nécessaire, imposant parfois l’hospitalisation de l’animal.
Tableau 2.I Les lésions primaires en dermatologie
Lésions primaires | |
---|---|
Modification de la couleur | Érythème Purpura Macule |
Lésions solides (œdème, infiltrat cellulaire ou surcharge en matériel amorphe) | Papule et plaque Nodule, tumeur et kyste Végétations et verrucosités |
Lésions remplies de liquide | Vésicule et bulle Pustule |
Érythème
L’érythème est la lésion dermatologique la plus courante. Il s’exprime par une rougeur congestive de la peau, localisée ou diffuse, qui s’efface à la vitropression (fig. 2.1). Il traduit une vasodilatation dermique superficielle. Il accompagne la majorité des dermatoses, dont il peut être le seul signe. Les érythèmes actifs, dus à une dilatation artériolaire, sont les seuls observés en médecine vétérinaire. On distingue les érythèmes localisés dont la topographie est généralement directement fonction de la cause et les érythèmes diffus observés, par exemple, lors d’allergie ou de toxidermie.
Purpura
Le purpura est une zone rouge sombre, plus ou moins étendue, qui ne s’efface pas à la vitropression. Il traduit une extravasation d’érythrocytes hors des vaisseaux dermiques. Il correspond, le plus souvent, à une pathologie interne. Le purpura plaquettaire est secondaire à une thrombopénie ou à une thrombopathie. Le purpura vasculaire, qui a, parfois, un caractère infiltré, peut s’observer lors de vascularite, d’infection, d’hypercorticisme ou de lupus érythémateux. Au niveau cutané, il s’agit de pétéchies en cas de lésions ponctiformes, d’ecchymoses en cas de lésions larges et diffuses (fig. 2.2). Les vibices, qui sont des traînées linéaires dans les plis de flexion, ne sont pas observées en médecine vétérinaire.
Macule – tache
La macule est une zone de changement de couleur de la peau, circonscrite, d’un diamètre inférieur à 1 centimètre, sans relief ni infiltration. Quand son diamètre dépasse 1 centimètre, on parle de tache. L’érythème et les purpuras se traduisent très souvent de façon maculaire. Les troubles de la pigmentation mélanique peuvent aussi donner naissance à des maculas hypopigmentées (vitiligo (fig. 2.3), dysendocrinie, cicatrice) ou hyperpigmentées (lentigines, dysendocrinie, alopécie cyclique des flancs, macules ou taches post-inflammatoires [fig. 2.4]).

Fig. 2.3 Nombreuses macules dépigmentées sur un Doberman atteint de vitiligo généralisé. © Debora Trenti.
Papule – plaque
La papule est une petite lésion, pleine et surélevée, d’un diamètre compris entre 1 et 3 millimètres (fig. 2.5). La plaque est de plus grande taille et résulte de la coalescence de plusieurs papules (fig. 2.6) ; la lésion élémentaire doit être recherchée en périphérie. Les papules peuvent être épidermiques, dermiques ou folliculaires. Les papules épidermiques sont causées par de la spongiose ou une hyperplasie de l’épiderme. Les papules dermiques représentent un épaississement circonscrit du derme. Lorsqu’elles sont dues à un œdème dermique, ce sont des papules ou des plaques urticariennes, également appelées plaques ortiées, à surface plane et sont érythémateuses et fugaces (fig. 2.7). Lorsque l’œdème s’étend à l’hypoderme, tissu beaucoup plus lâche, il diffuse et entraîne une tuméfaction régionale aux limites incertaines, c’est l’angio-œdème ou œdème de Quincke. Les papules dues à un infiltrat cellulaire inflammatoire sont fermes et souvent bien délimitées. Les papules dysmétaboliques sont dues à l’accumulation dermique d’une substance amorphe à la suite d’un trouble métabolique général ou local tel qu’une calcinose, une xanthomatose ou une mucinose cutanées. Les papules folliculaires sont dues à une folliculite bactérienne, fongique (dermatophytose) ou parasitaire (démodécie).
Nodule – tumeur – kyste
Le nodule est une masse ferme, enchâssée dans la peau, correspondant à un infiltrat de cellules inflammatoires ou néoplasiques, plus ou moins circonscrit, intéressant le derme profond, voire l’hypoderme et d’une taille variant de 1 à plusieurs centimètres (fig. 2.8). Les infiltrats du derme profond sont des lésions nodulaires très fermes, nettement plus volumineuses que les papules et pouvant former des nappes infiltrées. Ils peuvent exprimer cliniquement une néoplasie (par exemple un mycosis fongoïde), une mycobactériose ou une levurose. Les infiltrats hypodermiques apparaissent moins saillants. Les éléments nodulaires sont le plus souvent circonscrits, mais parfois diffus, en placards comme dans les panniculites.
Vésicule – bulle
La vésicule est une lésion en dôme, de petite taille, en général de 1 à 3 millimètres et ne dépassant pas 1 centimètre, et contenant une collection de liquide clair (fig. 2.9). La minceur de l’épiderme rend ces lésions fragiles et transitoires. La bulle est une vésicule dont le diamètre est supérieur à 1 centimètre. Les vésicules et les bulles sont situées dans le massif épidermique ou à la jonction dermo-épidermique. Les vésicules et les bulles épidermiques se forment par dissociation des kératinocytes par de la spongiose, comme dans les dermatites de contact, ou par l’action d’autoanticorps, comme dans les pemphigus, ou par nécrose des kératinocytes comme dans le lupus érythémateux, les toxidermies ou les viroses cutanées. Les vésicules et les bulles sous-épidermiques se forment par décollement dermo-épidermique dû, soit à l’accumulation de sérosité lors d’œdème dermique très intense dans certaines dermatites inflammatoires, soit à une lésion de la jonction dermo-épidermique elle-même, secondaire à l’action d’autoanticorps, comme dans la pemphigoïde, ou à une anomalie de la synthèse d’un de ses composants, comme dans les épidermolyses bulleuses héréditaires. Le terme impétigo bulleux désigne, en fait, une pyodermite caractérisée par des pustules, sous-cornées, de grande taille (fig. 2.10).
Pustule
C’est une collection liquidienne en relief, d’emblée purulente, dont la taille va de quelques millimètres à 1 centimètre. On distingue cliniquement les pustules non folliculaires, indépendantes des follicules pileux et rencontrées dans les impétigos et les pemphigus superficiels (fig. 2.11 et 2.12), et les pustules folliculaires, centrées sur les follicules pileux et qui correspondent à l’infection de l’appareil pilo-sébacé. Ces folliculites peuvent avoir une origine bactérienne (fig. 2.13), démodécique ou fongique. Elles peuvent évoluer vers la furonculose, par formation d’un microabcès intradermique, après éclatement du follicule (fig. 2.14). Malheureusement, les pustules sont souvent fugaces et s’expriment surtout par des lésions secondaires : collerettes épidermiques (fig. 2.15) et croûtes.

Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

Full access? Get Clinical Tree


