2 Évaluation squelettique des fractures du fémur proximal
Bien que la plupart des fractures du fémur proximal soient facilement détectables sur des radiographies de routine, les fractures non déplacées de la hanche sont une réalité et un défi aussi bien pour les radiologues que pour les chirurgiens. Les fractures de hanche radio-occultes sont des fractures échappant à la détection d’une radiographie de routine. Un niveau élevé de suspicion est nécessaire pour ces patients avec une douleur extrême ou refusant de prendre appui. Quand la situation clinique ne correspond pas à une « radiographie normale », ces patients justifient des investigations supplémentaires. Les choix d’imagerie incluent la tomodensitométrie (TDM), l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et la scintigraphie osseuse. La scintigraphie osseuse a un intérêt historique mais n’est plus pratiquée actuellement. Le diagnostic rapide et le traitement précoce d’une fracture occulte sont dans le meilleur intérêt du patient car cette approche réduit les chances qu’une fracture non déplacée se déplace, une telle situation requérant une prise en charge plus invasive et augmentant la morbidité1.
Évaluation radiologique
La radiographie de routine utilisée pour évaluer les fractures de hanche inclut des incidences de face et de profil de la hanche (fig. 2-1). Les incidences en « grenouille » ne sont pas recommandées en aigu par crainte d’une luxation ou d’un déplacement des fragments. Une incidence de face du bassin est aussi recommandée car beaucoup de patients âgés avec une douleur de hanche et un appui impossible ont une fracture de la branche pubienne, qui peut être mieux visible sur la radiographie de bassin. Dans des cas suspects d’ostéonécrose avasculaire (ONA) de hanche, une incidence en « grenouille » peut être utile pour évaluer l’os subchondral de la tête fémorale (fig. 2-2).
Tomodensitométrie
La TDM est une modalité qui est souvent facilement accessible dans les services hospitaliers, en particulier la nuit. Le protocole de TDM a significativement changé ces dernières années. Les coupes de 0,6 mm d’épaisseur sont devenues fréquentes, alors que dans le passé des coupes bien plus épaisses étaient utilisées, jusqu’à 3 mm. Les coupes épaisses rendaient la détection des fractures plus difficile. La finesse des coupes d’aujourd’hui permet d’obtenir de superbes images reconstruites, détaillées, en incidences coronale et sagittale (fig. 2-3). Les images reconstruites, surtout en coupe coronale, sont recommandées et montrent souvent plus précisément les fractures du col du fémur (fig. 2-4). En théorie, l’utilisation unique de coupes axiales peut faire échouer la découverte de fractures qui sont parallèles au plan axial2.
La TDM peut être indispensable pour programmer une intervention en cas de fracture du fémur proximal. Cette technique d’imagerie permet une excellente évaluation des fragments osseux intra-articulaires, en particulier chez un patient avec des antécédents de luxation de hanche3 (fig. 2-5 et 2-6). Elle montre aussi certains détails osseux déformant l’articulation et pouvant être confondus avec des cas d’ONA.
Une étude a montré que l’IRM était plus précise que la TDM pour le diagnostic précoce des fractures de hanche occultes4 (fig. 2-7). L’épaisseur de la coupe d’imagerie dans cette étude était de 3,2 mm, bien plus épaisse que ce qui serait utilisé actuellement.
Imagerie par résonance magnétique
L’IRM est un excellent outil pour détecter les fractures occultes. Une étude a été réalisée sur 15 patients atteints d’ostéopénie avec des radiographies normales et une suspicion de fracture de hanche, ayant bénéficié d’une IRM. Dix des 15 patients avaient une fracture claire sur l’IRM, et ces patients ont ensuite subi une intervention fondée sur ces résultats. Les cinq autres patients qui n’avaient pas de fracture à l’IRM ont été traités avec succès sans chirurgie5. L’IRM peut aussi analyser les pathologies associées aux fractures, comme les infarctus ou les métastases, et les entités non chirurgicales comme les fractures de la branche pubienne (fig. 2-8), les bursites et les déchirures musculaires (fig. 2-9).