2: Évaluation squelettique des fractures du fémur proximal

2 Évaluation squelettique des fractures du fémur proximal




Traduction : Flore Delaunay


L’évaluation d’une hanche douloureuse est une réalité quotidienne dans la plupart des centres hospitaliers. Une hanche douloureuse est le plus couramment observée chez les patients âgés ostéoporotiques. Les radiographies standard sont les examens initiaux de choix pour évaluer ces patients.


Bien que la plupart des fractures du fémur proximal soient facilement détectables sur des radiographies de routine, les fractures non déplacées de la hanche sont une réalité et un défi aussi bien pour les radiologues que pour les chirurgiens. Les fractures de hanche radio-occultes sont des fractures échappant à la détection d’une radiographie de routine. Un niveau élevé de suspicion est nécessaire pour ces patients avec une douleur extrême ou refusant de prendre appui. Quand la situation clinique ne correspond pas à une « radiographie normale », ces patients justifient des investigations supplémentaires. Les choix d’imagerie incluent la tomodensitométrie (TDM), l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et la scintigraphie osseuse. La scintigraphie osseuse a un intérêt historique mais n’est plus pratiquée actuellement. Le diagnostic rapide et le traitement précoce d’une fracture occulte sont dans le meilleur intérêt du patient car cette approche réduit les chances qu’une fracture non déplacée se déplace, une telle situation requérant une prise en charge plus invasive et augmentant la morbidité1.



Évaluation radiologique


La radiographie de routine utilisée pour évaluer les fractures de hanche inclut des incidences de face et de profil de la hanche (fig. 2-1). Les incidences en « grenouille » ne sont pas recommandées en aigu par crainte d’une luxation ou d’un déplacement des fragments. Une incidence de face du bassin est aussi recommandée car beaucoup de patients âgés avec une douleur de hanche et un appui impossible ont une fracture de la branche pubienne, qui peut être mieux visible sur la radiographie de bassin. Dans des cas suspects d’ostéonécrose avasculaire (ONA) de hanche, une incidence en « grenouille » peut être utile pour évaluer l’os subchondral de la tête fémorale (fig. 2-2).




Le choix d’une TDM, d’une IRM ou d’une scintigraphie osseuse dépend en partie de ce qui est disponible pour le patient. Par exemple, certains centres ne possèdent pas de service de médecine nucléaire la nuit ou les week-ends. De plus, certaines technologies IRM sont accessibles seulement sur appel après plusieurs heures, et ce service est généralement réservé aux urgences comme des compressions médullaires. Certains établissements ont une TDM d’urgence 24 heures sur 24 et il est donc plus facile dans ces services d’urgences d’obtenir une TDM plutôt qu’une IRM. En conséquence, la TDM est souvent l’imagerie la plus utilisée après une radiographie équivoque ou normale dans certains établissements.



Tomodensitométrie


La TDM est une modalité qui est souvent facilement accessible dans les services hospitaliers, en particulier la nuit. Le protocole de TDM a significativement changé ces dernières années. Les coupes de 0,6 mm d’épaisseur sont devenues fréquentes, alors que dans le passé des coupes bien plus épaisses étaient utilisées, jusqu’à 3 mm. Les coupes épaisses rendaient la détection des fractures plus difficile. La finesse des coupes d’aujourd’hui permet d’obtenir de superbes images reconstruites, détaillées, en incidences coronale et sagittale (fig. 2-3). Les images reconstruites, surtout en coupe coronale, sont recommandées et montrent souvent plus précisément les fractures du col du fémur (fig. 2-4). En théorie, l’utilisation unique de coupes axiales peut faire échouer la découverte de fractures qui sont parallèles au plan axial2.




La TDM peut être indispensable pour programmer une intervention en cas de fracture du fémur proximal. Cette technique d’imagerie permet une excellente évaluation des fragments osseux intra-articulaires, en particulier chez un patient avec des antécédents de luxation de hanche3 (fig. 2-5 et 2-6). Elle montre aussi certains détails osseux déformant l’articulation et pouvant être confondus avec des cas d’ONA.




Une étude a montré que l’IRM était plus précise que la TDM pour le diagnostic précoce des fractures de hanche occultes4 (fig. 2-7). L’épaisseur de la coupe d’imagerie dans cette étude était de 3,2 mm, bien plus épaisse que ce qui serait utilisé actuellement.



Une TDM est réalisée en 5 minutes environ, bien que l’immobilité du patient puisse augmenter cette durée, compte tenu du temps passé à transférer le patient du brancard à la table de TDM. Le temps réel de numérisation étant d’environ 30 secondes, la TDM peut donc être préférée chez les patients qui sont incapables de rester immobiles. La TDM du bassin n’est pas modifiée par la respiration silencieuse, mais elle l’est par les patients ne pouvant rester en place 30 secondes, comme les patients déments ou très douloureux.



Imagerie par résonance magnétique


L’IRM est un excellent outil pour détecter les fractures occultes. Une étude a été réalisée sur 15 patients atteints d’ostéopénie avec des radiographies normales et une suspicion de fracture de hanche, ayant bénéficié d’une IRM. Dix des 15 patients avaient une fracture claire sur l’IRM, et ces patients ont ensuite subi une intervention fondée sur ces résultats. Les cinq autres patients qui n’avaient pas de fracture à l’IRM ont été traités avec succès sans chirurgie5. L’IRM peut aussi analyser les pathologies associées aux fractures, comme les infarctus ou les métastases, et les entités non chirurgicales comme les fractures de la branche pubienne (fig. 2-8), les bursites et les déchirures musculaires (fig. 2-9).



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Jul 2, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 2: Évaluation squelettique des fractures du fémur proximal

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