2: Dos

Chapitre 2 Dos






Vue globale




FONCTIONS






ÉLÉMENTS ANATOMIQUES



Os


Le dos comporte 33 vertèbres (figure 2.5). Le nombre et les caractéristiques de ces vertèbres varient avec leur position le long de la colonne vertébrale. On compte sept vertèbres cervicales, douze vertèbres thoraciques, cinq vertèbres lombales, cinq sacrales et trois ou quatre vertèbres coccygiennes. Les vertèbres sacrales sont fusionnées pour ne constituer qu’un seul bloc osseux, le sacrum. Les vertèbres coccygiennes, au nombre de trois ou quatre, ont une structure rudimentaire et sont le plus souvent fusionnées pour ne constituer qu’un seul os, le coccyx.




Vertèbre type


Une vertèbre est composée d’un corps vertébral et d’un arc vertébral (figure 2.6).



Le corps vertébral occupe la partie antérieure de la vertèbre et supporte l’essentiel des contraintes mécaniques de la vertèbre. La taille du corps vertébral augmente de CI à LV Les disques intervertébraux, de nature fibrocartilagineuse, séparent les corps vertébraux des vertèbres adjacentes.


L’arc vertébral est solidement relié à la face postérieure du corps vertébral par les deux pédicules vertébraux. Les pédicules constituent les piliers latéraux de l’arc vertébral. Le toit de l’arc vertébral est formé par les deux lames (droite et gauche) qui s’unissent sur la ligne médiane.


Les arcs vertébraux des vertèbres sont empilés pour former les murs latéraux et postérieur du canal vertébral qui s’étend de la première vertèbre cervicale (CI) à la dernière vertèbre sacrale (vertèbre sacrale V). Ce canal osseux contient la moelle spinale et ses enveloppes protectrices, les vaisseaux sanguins irriguant la moelle, le tissu fibreux, la graisse et le segment proximal des nerfs spinaux (nerfs rachidiens).


L’arc vertébral d’une vertèbre présente des caractéristiques anatomiques communes à toutes les vertèbres :



Partant du toit de l’arc vertébral, le processus épineux se projette généralement vers l’arrière et vers le bas.


De part et d’autre de l’arc vertébral, à l’endroit où la lame et le pédicule se rencontrent, un processus transverse est développé latéralement. Du même endroit naissent le processus articulaire supérieur et le processus articulaire inférieur qui s’articulent en haut et en bas avec les processus articulaires correspondant des vertèbres adjacentes.


Chaque vertèbre comporte également des éléments provenant des côtes. Dans la région thoracique, ces éléments costaux constituant la partie naissante des côtes sont importants et s’articulent avec le corps vertébral et les processus transverses. Dans les autres régions de la colonne vertébrale (cervicale, lombale), ces éléments sont de petite taille et font partie intégrante du processus transverse. Parfois, dans les régions lombale haute et cervicale basse, ces éléments costaux peuvent donner une côte complète (elle est alors dite surnuméraire).






RAPPORTS AVEC LES AUTRES RÉGIONS




Thorax, abdomen et pelvis


Les différentes régions de la colonne vertébrale participent à l’architecture squelettique du thorax, de l’abdomen et du pelvis (figure 2.10). En plus de ce rôle de charpente osseuse, les vertèbres sont les supports d’insertion des muscles et des fascias musculaires, et s’articulent enfin avec d’autres os. Les rameaux antérieurs des nerfs spinaux proviennent du dos et rejoignent, selon leur affectation, le thorax, l’abdomen ou le pelvis.




POINTS CLES






Anatomie régionale



ARCHITECTURE SQUELETTIQUE


Les structures squelettiques du dos comprennent essentiellement les vertèbres et les disques intervertébraux. Le crâne, la scapula, les os du pelvis et les côtes font également partie de l’édifice squelettique du dos et reçoivent de nombreuses insertions musculaires.



Vertèbres


Le squelette du dos comporte approximativement 33 vertèbres, regroupées en cinq groupes selon leur morphologie et leur localisation (figure 2.14) :







Dans le développement de l’embryon, les vertèbres se constituent à partir de cellules appelées sclérotomes, provenant des somites adjacents (figure 2.18). Ainsi, chaque vertèbre est formée par la réunion de la portion crâniale des deux somites sous-jacents (un de chaque côté) et de la portion caudale des deux somites sus-jacents (un de chaque côté). Les nerfs spinaux apparaissent selon une distribution segmentaire et passent entre les vertèbres en cours de développement.




Vertèbre typique


Une vertèbre typique est constituée d’un corps vertébral et d’un arc vertébral postérieur (figure 2.19). De cet arc vertébral se développent des processus qui reçoivent des attaches musculaires et s’articulent avec les pièces osseuses adjacentes.


Le corps vertébral est la partie de la vertèbre qui supporte le poids du corps. Ce corps vertébral est relié aux vertèbres adjacentes par des disques intervertébraux et des ligaments. La taille du corps vertébral augmente progressivement pour les vertèbres inférieures alors que le poids du corps à supporter va croissant.


L’arc vertébral forme les parties latérales et postérieure du foramen vertébral.


La superposition des foramens vertébraux (ou trous vertébraux) constitue le canal vertébral qui contient et protège la moelle spinale. À son extrémité supérieure, le canal vertébral est en continuité avec la cavité crânienne au travers du foramen magnum.


L’arc vertébral de chaque vertèbre est constitué des pédicules et des lames (figure 2.19) :



Le processus épineux, depuis sa naissance à la réunion des deux lames, se projette vers l’arrière et vers le bas. Il est le siège d’insertions musculaires et ligamentaires.


Le processus transverse, depuis sa naissance à la réunion du pédicule et de la lame homolatérale, se projette latéralement et vers l’arrière. Au niveau les vertèbres thoraciques, il s’articule avec les côtes adjacentes.


Les processus articulaires inférieurs et supérieurs naissent également de la zone de réunion du pédicule et de la lame (figure 2.19). Ces processus s’articulent respectivement avec les processus articulaires supérieur et inférieur des vertèbres adjacentes.


Dans la zone de la vertèbre comprise entre le corps vertébral et la naissance du processus articulaire, chaque pédicule présente une échancrure concave sur son bord supérieur et inférieur, appelée incisure. Ces incisures vertébrales supérieure et inférieure délimitent les foramens intervertébraux.




Vertèbre cervicale


Les sept vertèbres cervicales sont caractérisées par leur petite taille et par la présence d’un foramen perforant chacun des processus transverses. Une vertèbre cervicale typique présente les éléments suivants (figure 2.20A) :




La première et la deuxième vertèbres cervicales – l’atlas et l’axis – ont une forme particulière leur permettant d’assurer les mouvements de la tête.



Atlas et axis

La vertèbre CI (l’atlas) s’articule avec la tête (figure 2.21). Sa principale caractéristique est qu’elle ne comporte pas de corps vertébral (figure 2.20B). En effet, le corps vertébral de CI fusionne avec le corps de CII pendant la période embryonnaire et devient le processus odontoïde de CII. En conséquence, il n’existe pas de disque entre CI et CII. Vu par sa face supérieure, l’atlas a une forme d’anneau et se compose de deux masses latérales reliées par un arc antérieur et un arc postérieur.



Chacune des masses latérales est articulée au-dessus avec un condyle occipital du crâne et au-dessous avec le processus articulaire supérieur de la vertèbre CII (l’axis). Les surfaces articulaires supérieures (foveæ articulaires crâniales) ont une forme de haricot, concaves vers le haut, alors que les surfaces articulaires inférieures (foveœ articulaires caudales) sont plates et presque circulaires.


L’articulation atlanto-occipitale permet à la tête d’avoir un mouvement de bascule vers l’avant et l’arrière par rapport à l’axe de la colonne vertébrale.


La surface postérieure de l’arc antérieur de l’atlas présente une surface articulaire pour la dent de l’axis qui provient du corps vertébral de l’axis. La position de la dent de l’axis est maintenue par le solide ligament transverse de l’atlas. Ce ligament passe en arrière de la dent de l’axis et s’étend entre les facettes articulaires ovales situées à la face médiale des masses latérales de l’atlas.


La dent de l’axis joue le rôle de pivot, permettant à l’atlas et à la tête les mouvements de rotation autour de l’axis.


Les processus transverses de l’atlas sont larges et plus développés latéralement par rapport aux processus transverses des autres vertèbres cervicales. Ils agissent comme des leviers pour les muscles, en particulier pour les muscles mobilisant la tête au niveau des articulations atlanto-axoïdiennes.


L’axis est caractérisé par la dent de l’axis (apophyse odontoïde), qui naît du corps vertébral et se développe vers le haut (figure 2.20B et figure 2.21). La face antérieure de la dent de l’axis présente une facette articulaire ovale s’articulant avec l’arc antérieur de l’atlas.


Les deux surfaces articulaires supérolatérales de la dent de l’axis présentent des empreintes circulaires recevant les attaches des ligaments alaires (ligaments occipito-odontoïdiens latéraux). Ces ligaments relient la dent de l’axis aux surfaces articulaires médiales des condyles occipitaux. Les ligaments alaires empêchent la rotation excessive de la tête et de l’atlas autour de l’axis.




Vertèbres lombales


Les cinq vertèbres lombales se distinguent des vertèbres des autres régions par leur grande taille (figure 2.20D). Elles ne présentent pas de surfaces articulaires pour les côtes. Leurs processus transverses sont habituellement minces et longs, à l’exception de ceux de la vertèbre LV En effet, les processus transverses de LV sont massifs, en forme de cône, recevant les insertions des ligaments iliolombaux qui relient ces processus aux os du bassin.


Le corps vertébral d’une vertèbre lombale typique est cylindrique ; le foramen vertébral est triangulaire et plus grand que dans la région thoracique.




Coccyx


Le coccyx est un petit os triangulaire composé de trois à quatre vertèbres coccygiennes et qui s’articule avec l’extrémité inférieure du sacrum (figure 2.20F). Il est caractérisé par sa petite taille et l’absence d’arc vertébral sur les pièces qui le composent ; ainsi, il ne comporte pas de canal vertébral.




Espaces situés entre les arcs vertébraux


Habituellement, les lames et les processus épineux des vertèbres adjacentes se superposent partiellement pour constituer un mur osseux postérieur presque continu protégeant le canal vertébral. Néanmoins, dans la région lombale, des interstices persistent entre les structures postérieures des arcs vertébraux adjacents (figure 2.23). Ces espaces entre lames et processus épineux s’élargissent progressivement de la vertèbre LI à la vertèbre LV. Ces espaces s’agrandissent encore lors de la flexion de la colonne. Ces espaces permettent un accès aisé au canal vertébral lors de gestes thérapeutiques.






En clinique



Vertébroplastie


La vertébroplastie est une nouvelle technique qui permet d’introduire du ciment au sein du corps vertébral (le plus souvent de type méthyl-méthacrylate). Les indications de cette technique regroupent les tassements corporéaux et les douleurs vertébrales qui peuvent résulter d’une infiltration tumorale. Cette procédure est plus communément employée pour le traitement des fractures ostéoporotiques en coin, qui sont source de morbidité et de douleurs importantes chez les patients âgés. Le soulagement rapide de ces douleurs est un élément essentiel, améliorant la reprise d’activités quotidiennes des patients mais également leur survie.


Les fractures ostéoporotiques surviennent préférentiellement dans la région thoracolombale, et la voie d’abord est originale et relativement directe. La procédure est réalisée sous sédation ou anesthésie générale courte. Le pédicule fait l’objet d’un repérage radiographique de profil. Un trocart métallique est placé dans le corps vertébral en passant au travers du pédicule. Il peut être nécessaire de cathétériser les deux pédicules pour le traitement d’une fracture tassement.


Le ciment, initialement liquide, est introduit au travers du trocart et va remplir progressivement le corps de la vertèbre. Le rôle du ciment est double. Premièrement, il va renforcer le corps vertébral et empêcher la survenue d’une perte de hauteur supplémentaire. Ensuite, la chaleur dégagée par la polymérisation du ciment possède une action antalgique en agissant sur les récepteurs nerveux de la douleur.



En clinique



Scoliose


Une scoliose est une incurvation latérale anormale de la colonne vertébrale (figure 2.25).



Une véritable scoliose comporte, en plus de l’incurvation rachidienne, une rotation des vertèbres les unes par rapport aux autres.


La majorité des scolioses rencontrées en pratique clinique sont celles pour lesquelles la cause et le mode d’apparition restent inconnus ; on les appelle les scolioses idiopathiques. Ces scolioses ne sont jamais présentes à la naissance et se développent au cours des périodes infantile, juvénile ou de l’adolescence. Les corps vertébraux ainsi que les éléments postérieurs (pédicules et lames) sont normaux dans ces scolioses.


Lorsqu’une scoliose est présente à la naissance (scoliose congénitale), elle est souvent associée à d’autres anomalies. On retrouve notamment une forte association entre la scoliose et des anomalies (malformations) de la paroi thoracique, du tractus génito-urinaire ou de l’appareil cardiaque. Un bilan pluridisciplinaire est nécessaire chez ces patients.


La scoliose peut également être le reflet et la conséquence d’une pathologie neurologique centrale ou périphérique (scoliose neurologique) ; il en est ainsi chez les enfants atteints d’infirmité motrice cérébrale ou de poliomyélite.


Une entité rare mais importante de scoliose est celle regroupant les scolioses liées à une pathologie musculaire. La dystrophie musculaire en est le meilleur exemple. Les muscles pathologiques ne soutiennent pas la colonne et des courbures se constituent. Leur diagnostic repose sur la biopsie musculaire.


Enfin, d’autres pathologies telles que les tumeurs osseuses, les tumeurs de la moelle spinale ainsi que les protrusions discales peuvent donner une scoliose.




May 23, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 2: Dos

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