Elle apparaît comme une discipline clinique dont l’histoire est relativement récente, notamment en France et en Europe. Comme précisé plus haut, le premier rapport sur cette discipline date de 1989 (Guillibert et al., 1990). Et la définition qui fait référence, et que nous retiendrons, ne date que de 1992. Elle définit la psychiatrie de liaison comme «la partie de la psychiatrie qui s’occupe des troubles psychiatriques se manifestant \chez des patients des autres disciplines médicales» ou plus précisément «le domaine de la psychiatrie clinique qui traite des aspects psychologiques de la maladie et de la pratique médicale dans un hôpital général» (Zumbrunnen, 1992).

Cette définition reste large et ouverte. Le rapport ministériel de 1992 sur la psychiatrie, s’il en donne les éléments essentiels, précise que la définition de la psychiatrie de liaison reste «imprécise et floue, mais peut-il en être autrement?» (Massé, 1992). «Véritable spécialité psychiatrique pour les uns, aspect essentiel de la psychiatrie à l’hôpital général pour les autres, la psychiatrie dite de liaison constitue un paradigme exemplaire des mutations subies par la discipline psychiatrique mais aussi par la médecine dite somatique tout entière» (Consoli, 1995). «Son développement indispensable» (Massé, 1994), s’inscrit dans un modèle évolutif commun à l’ensemble des services de psychiatrie.

La psychiatrie de liaison s’intéresse donc initialement à tous les troubles psychologiques et aux pathologies psychiatriques qui surviennent chez un sujet hospitalisé à l’hôpital général pour des raisons somatiques, en urgence ou non, ces troubles et ces pathologies étant liés directement ou non à la pathologie somatique (répercussions psychologiques de maladies somatiques graves, décompensation ou déclenchement d’une pathologie psychiatrique à l’occasion d’une maladie somatique, pathologie somatique chez un sujet psychiatrique, etc.).