Chapitre 2 Avantages d’un traitement spécifique en implantologie
Introduction
La mise en place d’implants décrite selon des règles très précises a démontré la pertinence des résultats recherchés [1]. Plus récemment, des protocoles simplifiés relatifs au placement des implants n’ont établi aucune différence de résultats après comparaison avec les statistiques obtenues au cours des années allant de 1985 à 1995 qui relevaient de normes opératoires plus dogmatiques [2]. Les dernières évaluations font suite à une période d’ostéo-intégration de 6 mois après accomplissement des actes opératoires atraumatiques effectués dans un environnement stérile. En conséquence, toute incertitude concernant une éventuelle modification des protocoles opératoires est levée quand l’acte chirurgical respecte les principes de base qui aboutissent aux succès au long terme des implants (identification des facteurs de risque en implantologie, cadre adapté à la pratique des actes chirurgicaux, ostéo-intégration de l’implant) [3]. Il est donc légitime d’admettre que plusieurs alternatives de traitement aboutissent à l’ostéo-intégration d’un implant.
Les variations techniques de mise en place des implants sont associées à une évolution des instruments chirurgicaux, notamment les expanseurs et condenseurs osseux [7] (encadré 2.1) ou les ostéotomes [8] (encadré 2.2). Ces instruments contribuent à l’amélioration des interventions chirurgicales : celles-ci devenant dès lors moins traumatisantes. Néanmoins, lorsqu’un dispositif est performant
Encadré 2.1 Mise en place d’implants à l’aide de condenseurs et expanseurs osseux
Encadré 2.2 Emploi des ostéotomes pour la mise en place d’un implant
Fig. 2.6 A. Exposition du site osseux. B. Emploi des ostéotomes, instruments divisés en trois parties : manche adapté à un maillet qui assure sa progression dans l’os trabéculaire ; corps droit ou en baïonnette pour les régions molaires ; partie travaillante conique, cylindrique ou en gradin marquée par des graduations avec une tête convexe ou plane destinée à la condensation de lamelles osseuses en direction apicale et à la préparation du site implantaire.
Les différentes modalités de traitement pour la mise en place d’un implant ne se substituent pas au principe de base que constitue le passage des forets qui précède ou suit la préparation du site implantaire par une technique modifiée. Ce principe reste aujourd’hui le fondement d’une ostéo-intégration des implants réussie.
dans une indication très précise pour laquelle il a été conçu, le généraliser peut constituer une source d’erreurs émanant du praticien.
Influence de la longueur et du diamètre d’un implant
Différentes études rapportent l’influence de la longueur et du diamètre d’un implant sur la distribution du stress au niveau osseux péri-implantaire [9, 10] (encadré 2.3, figures 2.10 à 2.12). Ainsi, les cliniciens ont fréquemment rapproché l’augmentation de la longueur et du diamètre d’un implant à la réduction du stress transmis pendant la mastication. De nouvelles études (photoélasticimétrie, éléments finis) confirment cette péréquation [11–13] :
Anticiper l’avulsion d’une dent naturelle pour la remplacer par un implant
Décision clinique rationnelle
L’avulsion d’une dent naturelle dont le pronostic est défavorable à cours ou moyen terme fait fréquemment l’objet de controverses lors du bilan pré-implantaire. Un échange multidisciplinaire (parodontiste, endodontiste, etc.) est souvent indispensable pour décider d’une avulsion dentaire avec une mise en place immédiate ou différée d’un implant, la solution étant sous l’influence de différents facteurs [14] tels que :
Pour une décision clinique cohérente, préserver une dent ou la remplacer par un implant, la base de données MEDLINE interrogée sur une période de publications comprise entre 1966 et 2009 fournit les résultats présentés dans le tableau 2.1 [15].
Privilégier le maintien d’une dent problématique | Remplacer les dents par des implants |
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Réhabilitation complète d’une arcade dentaire pour répondre à la pérennité du traitement |
Changement de paradigme
Les considérations antérieures sont fondées sur le précepte selon lequel il n’existe aucune solution équivalente, en esthétique et en fonction, à une dent naturelle. Les progrès significatifs en ingénierie tissulaire (cf. chapitre 1) actualisent les indications précédentes.
Les résultats comparant les traitements endodontiques (sans chirurgie apicale) pour conserver la dent lésée ou son remplacement par un implant sont le plus souvent en faveur de la solution implantaire [16] (figure 2.13).
Dans le cas d’une parodontite chronique localisée au groupe incisivocanin (cas cliniques fréquemment rencontrés en pratique quotidienne), les dents peuvent être remplacées par deux, trois ou, plus rarement, quatre implants selon l’espace mésiodistal disponible. Ce traitement alternatif est fiable (figures 2.14 et 2.15).
Les hémisections radiculaires largement pratiquées sur les molaires mandibulaires, au vu des complications associées (déficit osseux au niveau de la résection radiculaire, moment de torsion sur la reconstruction prothétique, etc.), sont ordinairement substituées au bénéfice d’un traitement implantaire [17].
Pour prévoir des résultats effectifs face aux traumatismes dentaires de dents fracturées, aux lésions coronoradiculaires ou aux fractures verticales radiculaires, le recours aux implants est une option avérée [18] (figures 2.16 à 2.18).
Fig. 2.18 Étendue d’une fracture coronoradiculaire après reconstruction prothétique sur une dent naturelle.
Ces quelques exemples soulignent la primauté d’un traitement implantaire face à l’issue aléatoire qui consisterait à conserver une dent à faible pronostic [19].
Avancer l’examen tomodensitométrique
L’examen tomodensitométrique (scanner) et la tomographie volumique à faisceau conique (cone beam) [20] évaluent très précisément, avant l’avulsion dentaire, le volume osseux disponible et la région anatomique environnante pour devancer l’indication de l’implant (encadré 2.4, figures 2.19 à 2.21). Une radiographie péri-apicale ou panoramique est communément réalisée avant une avulsion dentaire. Ces examens ne renseignent pas sur les risques liés à la mise en place d’un implant (absence d’une paroi osseuse alvéolaire, rapport entre l’alvéole dentaire et le nerf alvéolaire inférieur, etc.). Cependant, ils empêchent le clinicien d’envisager toutes les alternatives de traitement. L’introduction d’une analyse radiographique tridimensionnelle améliore le pronostic du traitement et concourt au consentement du patient en devançant précisément l’ensemble des avantages et inconvénients attachés à l’avulsion d’une dent et à son remplacement par un implant.
Encadré 2.4