ITEM 192 Déficit neurologique récent
ITEM 301 Déficit moteur et/ou sensitif des membres
OBJECTIFS
• Devant un déficit moteur ou sensitif des membres, argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents.
NB : ce chapitre traite de l’orientation diagnostique et de la conduite à tenir devant tout déficit neurologique, qu’il s’agisse d’un déficit sensitivomoteur des membres ou de tout autre déficit. C’est pourquoi il comprend à la fois l’ et l’.
LIENS TRANSVERSAUX
Sujets tombés aux concours de l’internat : 2000, 2003
• 2003 : Femme de 28 ans : confusion fébrile + syndrome méningé + aphasie + hallucinations auditives.
Voir également les dossiers indiqués au début de l’ « Sclérose en plaques ».
I. PHYSIOLOGIE
A. Voies de la motricité
1. Faisceau pyramidal (fig. 192/301-1)
Le premier neurone naît de la circonvolution frontale ascendante, selon la représentation somatotopique de l’« homonculus de Penfield ». Le corps cellulaire se situe au niveau du cortex (aire motrice primaire, au niveau de la circonvolution frontale ascendante, en avant immédiat de la scissure de Rolando) (fig. 192/301-2, page 180). Son axone chemine ensuite dans le centre semi-ovale, la capsule interne et la partie antérieure du tronc cérébral :
– il assure l’innervation motrice des nerfs crâniens, en croisant la ligne médiane au niveau de chaque noyau de chaque nerf crânien moteur (III, IV, V, VI, VII, IX, X, XI, XII) ;
Le deuxième neurone moteur, ou motoneurone, naît de la corne antérieure de la moelle (où se situe son corps cellulaire) et en sort par la racine antérieure de la moelle pour assurer l’innervation motrice des muscles squelettiques.
Fig. 192/301-1. Schéma des voies sensitives et motrices.
Source : Anatomie générale, par J.-P. Chevrel, Masson, 2000.
Fig. 192/301-2. Représentation corticale motrice (homonculus moteur) d’après W. Penfield et Rasmussen.
Source : Anatomie humaine, par H. Rouvière, A. Delmas, Masson, 15e édition, 2002.
2. Système extrapyramidal
Il met en jeu le locus niger situé dans le mésencéphale, ainsi que le striatum (noyau caudé et putamen). Il existe également des boucles cortico-sous-corticales, permettant une régulation entre le cortex et ces structures dites « sous-corticales ».
3. Système cérébelleux
Il met en jeu le cervelet et ses boucles fonctionnelles avec les noyaux rouges et les thalamus. Il est utile pour permettre coordination et harmonie du mouvement.
Une atteinte à son niveau entraîne :
– un syndrome cérébelleux statique en cas d’atteinte vermienne (ataxie à la marche avec élargissement du polygone de sustentation, danse des tendons, marche pseudo-ébrieuse) ;
B. Voies de la sensibilité
1. Voie lemniscale ou cordonale postérieure (fig. 192/301-1)
Suite à un stimulus distal cutanéo/articulaire, le premier neurone de cette voie lemniscale est activé au niveau des récepteurs périphériques, sa dendrite cheminant dans le nerf périphérique, son corps cellulaire étant situé dans le ganglion rachidien. Le stimulus gagne alors l’axone dans la racine postérieure de la moelle, chemine dans le cordon postérieur de la moelle sans croiser la ligne médiane, et fait relais avec le second neurone dans le tronc cérébral au niveau du bulbe.
Le deuxième neurone naît au niveau du bulbe, décusse à la partie basse du bulbe, chemine dans le lemnisque médian, puis fait relais au niveau du thalamus (noyau ventral postéro-latéral).
Le troisième neurone naît du thalamus et gagne le cortex pariétal dans la zone correspondant au récepteur périphérique initial (cortex primaire sensitif, au niveau de la circonvolution pariétale ascendante, en arrière immédiat de la scissure de Rolando) : la distribution somatotopique de la sensibilité est proche de celle de la motricité, représentée par l’« homonculus de Penfield » (fig. 192/301-2, page 180).
2. Voie extralemniscale ou spino-thalamique (fig. 192/301-1)
Suite à un stimulus périphérique cutané, le premier neurone de cette voie extralemniscale est activé au niveau des récepteurs. Cette dendrite véhicule le stimulus de façon centripète via le nerf périphérique, jusqu’au corps cellulaire qui est situé dans le ganglion rachidien postérieur. Après décussation des fibres extralemniscales au même niveau que son point d’entrée dans la moelle, le stimulus gagne ensuite le cordon antéro-latéral de la moelle.
Le deuxième neurone de cette voie sensitive se trouve dans le thalamus et relaie les signaux de façons multiples (pariétale ascendante, mais aussi hypothalamus, système limbique).
II. INTERROGATOIRE
Nature de la plainte, anamnèse et contexte :
– déficit moteur : sensation de faiblesse, d’engourdissement, modification des traits du visage, troubles de la marche ;
– déficit sensitif : brûlures, fourmillements (paresthésies), exagération de la sensibilité (hyperesthésie), douleurs lors de stimulations banales (allodynie), hypoesthésie, anesthésie… ;