19: Tumeurs et pseudo-tumeurs du squelette

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Tumeurs et pseudo-tumeurs du squelette






Manifestations cliniques




image L’examen clinique d’une lésion osseuse est habituellement pauvre mais sera systématique :



image L’âge d’un patient est un élément très important de l’anamnèse.


image Un antécédent évocateur sera recherché : cancer connu évoquant une métastase, exostose dans le cadre d’une maladie des exostoses multiples, etc.


image Une lésion osseuse se présente habituellement de quatre façons :



image Si une tuméfaction est ancienne et n’évolue pas ou peu, cela évoque une lésion bénigne ou une tumeur maligne de bas grade. Une croissance rapide est évocatrice d’une tumeur à activité biologique importante comme une tumeur bénigne (TB) agressive ou une tumeur maligne de haut grade.


image La douleur est souvent évocatrice d’une tumeur bénigne agressive ou d’une tumeur maligne. Elle peut être due à une fragilité mécanique conséquence de la destruction osseuse, à l’effet de masse intra-osseux, à une atteinte du périoste qui est très innervé, ou parfois à une réponse inflammatoire spécifique associée (ostéome ostéoïde).


image La fracture pathologique est évocatrice d’une destruction osseuse importante, que l’on voit habituellement dans les métastases osseuses, les tumeurs osseuses malignes primitives, et parfois, les TB agressives ; mais elle peut se voir pour un traumatisme minime sur une tumeur bénigne comme un kyste osseux essentiel.


image La découverte fortuite d’une lésion osseuse est très fréquente et le plus souvent c’est une tumeur bénigne latente qui sera mise en évidence. Néanmoins, il faut savoir ne pas laisser de côté une lésion active biologiquement, d’autant qu’elle peut être de nature maligne.



Imagerie





Radiographie




image Le but de la radiographie est de classer l’agressivité de la tumeur, et si possible de proposer un ou plusieurs diagnostics probables.



image Les réponses apportées permettront de classer la tumeur en fonction de son activité biologique : tumeur osseuse bénigne latente, tumeur osseuse bénigne active, tumeur osseuse bénigne agressive, tumeur osseuse maligne primitive de bas grade, et tumeur osseuse maligne primitive de haut grade.


image Pour les os longs, la localisation de la tumeur dans le plan axial et longitudinal apporte elle aussi une information diagnostique importante (tableau 19.1).



image Les épiphyses les plus actives sont le plus souvent atteintes par les tumeurs osseuses : près du genou et loin du coude.


image La présence de lésions multiples oriente le diagnostic et doit faire suspecter des métastases osseuses ou un myélome en premier lieu. D’autres tumeurs/lésions peuvent être évoquées (tableau 19.2).



image Une ostéolyse est souvent présente et devra être caractérisée : trabéculaire et/ou corticale :



• l’ostéolyse trabéculaire (tableau 19.3) peut être géographique, c’est-à-dire bien limitée comme dans le kyste osseux essentiel (figure 19.1), elle peut être perméative, c’est-à-dire mal limitée comme dans les tumeurs osseuses malignes primitives (figure 19.2), ou encore mitée comme dans une métastase (figure 19.3) ;






• l’ostéolyse corticale prend l’aspect d’érosions endostées comme dans les enchondromes (figure 19.4), les dysplasies fibreuses (figure 19.5) et les chondrosarcomes intra-osseux de bas grade (figure 19.6) ; ces érosions endostées forment des indentations à la face interne de la corticale, bien visibles sur les coupes axiales TDM/IRM. Dans les tumeurs malignes, le cortex peut disparaître entièrement.





image L’analyse de la réaction de l’os à la lésion donne une bonne idée de l’activité biologique (agressivité) de cette lésion (tableau 19.3). Cette réaction s’analyse au niveau de l’os trabéculaire et du périoste :



• au niveau de l’os trabéculaire il existe trois types de réaction :



– lésion bien limitée (réponse ostéoclastique compétente) et finement cerclée d’un liseré de sclérose (réponse ostéoblastique compétente), ex : kyste osseux essentiel (figure 19.1),


– lésion bien limitée (réponse ostéoclastique compétente) sans liseré de sclérose (réponse ostéoblastique dépassée), ex : tumeur à cellules géantes (figure 19.7) et kyste anévrysmal (figure 19.8),




– lésion mal limitée (réponse ostéoclastique dépassée) sans liseré de sclérose (réponse ostéoblastique dépassée), ex : sarcome d’Ewing (figure 19.9) et métastase (figure 19.3) ;



• au niveau du périoste, il existe quatre types de réactions traduisant une activité biologique de plus en plus importante :



– épaississement cortical : en réaction à une lésion ayant une composante inflammatoire et peu de pouvoir ostéolytique comme l’ostéome ostéoïde (figure 19.10),



– apposition périostée ordonnée : en réaction à une lésion associant des érosions corticales endomédullaires et une apposition d’os par le périoste de l’autre côté,


– néocortex : association d’une destruction corticale complète et l’apposition d’une fine couche d’os continu par le périoste (figure 19.7) sans pour autant que le périoste ait le temps de refaire un cortex épais,


– apposition périostée désordonnée ou dépassée : érosion corticale complète et périoste débordé ; le débordement du périoste peut prendre plusieurs formes : le triangle de Codman (périoste rompu), le feu d’herbe (aspect spiculé), et le bulbe d’oignon (aspect plurilamellaire, tumeur débordant le périoste qui essaie de contenir la progression tumorale en rajoutant couche sur couche mais dépassées par la progression tumorale) (figures 19.2 et 19.9).


image La présence d’une matrice dans la tumeur est d’une grande information diagnostique. Il existe trois types de matrices évocatrices :



image La présence d’une masse dans les parties molles est souvent le témoin du caractère agressif de la lésion osseuse et se voit dans les tumeurs malignes de haut et de bas grade (figures 19.2 et 19.9), mais parfois aussi dans les tumeurs bénignes agressives telles que les tumeurs à cellules géantes.


image À l’issue de l’examen clinique et radiographique, on doit classer la tumeur selon son activité biologique : tumeur osseuse bénigne latente, tumeur osseuse bénigne active, tumeur osseuse bénigne agressive, tumeur osseuse maligne primitive de bas grade, et tumeur osseuse maligne primitive de haut grade (tableau 19.4).







Biopsie osseuse




image La biopsie osseuse est, avec l’imagerie précédente, l’examen essentiel du diagnostic d’une lésion osseuse.


image Elle peut être source d’erreur avec des conséquences graves : on retrouve des erreurs majeures dans le diagnostic dans 16 % des cas, des modifications du traitement dans 19 % des cas, et des résultats diminués pour le patient dans 10 % des cas [4, 5].



image Les différents types de biopsie osseuse se comparent en termes de performance diagnostique d’un côté et de risque de contamination de l’autre.


image Il existe trois moyens à disposition pour faire une biopsie :



• la biopsie à l’aiguille, ou cytoponction, rarement utilisée pour le diagnostic des sarcomes en général et des lésions osseuses en particulier ;


• la microbiopsie ou biopsie percutanée, éventuellement réalisée avec guidage radiologique. Cette technique associe de bonnes performances diagnostiques avec une contamination minime : 77 % de diagnostics faits sur 1re microbiopsie et 94 % sur la 2e microbiopsie en cas d’échec de la 1re [8]. Elle doit être réalisée avec un trocart de gros calibre. Elle est la technique biopsique de choix pour les suspicions/confirmations de métastases et de myélome, voire de lymphome et tumeurs d’Ewing avec biopsie du contingent infiltrant les tissus mous. Elle permet aussi d’accéder avec précision (guidage par le scanner) à certains endroits difficiles tels que la face endopelvienne du bassin et le rachis par exemple ;


• la biopsie chirurgicale (figure 19.11), gold standard pour les tumeurs osseuses primitives hors tumeurs d’Ewing et lymphome, avec de préférence, biopsie du spongieux même en cas d’envahissement des parties molles : sa performance diagnostique est excellente, mais au prix d’une contamination des tissus mous qui ne pourra être négligée [1].



image Il existe des lésions qui ne nécessitent pas de confirmation histologique (Don’t touch lesions ; encadré 19.1) lorsqu’elles sont caractéristiques à l’imagerie.




Analyse de l’extension tumorale





Analyse de l’extension locale




image On doit à Enneking [2] et au travail de la MusculoSkeletal Tumor Society (MSTS) d’avoir proposé une représentation de l’extension locale d’un sarcome osseux ou des parties molles.


image Les sarcomes, par opposition aux carcinomes, sont le plus souvent peu infiltrants et ont tendance à repousser les tissus les entourant.


image En schématisant on peut représenter le sarcome comme une boule qui serait la tumeur avec ses cellules tumorales centrales, entourée d’une pseudo-capsule (encore appelée zone réactive) qui contient des cellules tumorales satellites et, autour de cette pseudo-capsule, les tissus repoussés où l’on est toujours susceptible de trouver quelques cellules tumorales qui ont « sauté » : ce sont des skips lésions (figure 19.12).



image Localement, les sarcomes sont intracompartimentaux ou extracompartimentaux. Le compartiment est théoriquement un espace clos par des structures anatomiques étanches au passage des cellules tumorales satellites et skips.


image Il existe quatre types de compartiments : intra-osseux, intrafascial, intra-articulaire, et superficiel. Un sarcome de l’extrémité distale du fémur sans envahissement des parties molles sera considéré comme intracompartimental.


image Un sarcome franchissant un compartiment sera considéré comme extracompartimental : c’est le cas d’un ostéosarcome du fémur distal avec envahissement de la loge antérieure de la cuisse par exemple.


image Certaines localisations ne présentent pas de barrière anatomique évidente et seront toujours considérées comme extracompartimentales :


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Jul 6, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 19: Tumeurs et pseudo-tumeurs du squelette

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