19: Le jeu pathologique : aspects cliniques et diagnostiques

Chapitre 19 Le jeu pathologique : aspects cliniques et diagnostiques



La pratique des jeux de hasard et d’argent (JHA) peut donner lieu à des dépendances comportementales partageant avec les addictions classiques nombre de points communs. Le jeu s’exerce maintenant en « réel » et aussi sur internet (Gorse et Lejoyeux, 2011).



La définition du jeu pathologique


La définition du jeu pathologique, telle qu’elle a été reprise dans les classifications diagnostiques récentes, est fondée sur les trois éléments suivants :



Le jeu pathologique est ainsi défini comme un comportement répété et persistant des JHA exposant à des conséquences sociales, professionnelles et individuelles négatives. Les conséquences du jeu renforcent le comportement de jeu : le joueur pathologique joue pour payer ses dettes ; l’importance du risque ajoute à la griserie. Rien n’arrête le joueur qui abandonne, au profit du jeu, son équilibre financier, sa famille, son emploi. Dans les situations extrêmes, le joueur verse dans la délinquance financière (faux, escroqueries) ou se ruine complètement.


Griffiths (2007) définit le jeu pathologique comme une tendance à risquer de l’argent ou des valeurs financières dans l’attente de gagner davantage d’argent en peu de temps, le gain ou la perte dépendant du hasard ou de la chance.


Dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (APA, 1994), le jeu pathologique est rangé parmi les troubles du contrôle des impulsions. La liste des critères diagnostiques est présentée dans le chapitre suivant.



Le parcours du joueur pathologique


Le jeu pathologique évolue classiquement selon quatre phases.



La phase de gain


Les premières expériences de jeu, le plus souvent à l’adolescence, permettent parfois, de façon aléatoire, de gagner des sommes d’importance variable. Parfois, le sujet gagne de manière répétée de petites sommes d’argent. Dans d’autres cas, la dépendance s’installe après un gain très important, un « big win », qui procure euphorie et exaltation et renforce certaines distorsions cognitives concernant les possibilités de contrôler l’issue du jeu. La fréquence de jeu augmente, et le joueur pense développer une technique de jeu qu’il considère comme infaillible. Il fait l’expérience de l’acquisition d’un statut social et même parfois d’une certaine richesse, sans effort autre que celui de la confrontation au hasard. Il se croit protégé ou soutenu par la chance, le destin, le hasard. L’adhésion à des superstitions, des martingales ou des stratégies de jeu vient renforcer l’impression de maîtrise du sort. Durant cette phase initiale, les gains et les pertes alternent. Le joueur tend à surestimer l’importance de ses gains, en les attribuant à son habileté, et à minimiser ses pertes, rendant impossible l’estimation du bilan financier réel. Il peut présenter, lors des gains, de brefs épisodes dissociatifs, suivis de trous noirs. Ces « transes » sont plus fréquentes chez les joueurs pathologiques que chez les joueurs sociaux. Une véritable dépendance vis-à-vis du jeu s’installe. Le jeu devient une habitude contraignante utilisée comme un remède et une consolation contre les affects dysphoriques. La tristesse, l’ennui, le ressentiment ou l’anxiété sont des incitations à jouer.


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May 23, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 19: Le jeu pathologique : aspects cliniques et diagnostiques

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