Chapitre 18 Les systèmes de reproduction
La capacité de se reproduire est l’une des propriétés distinguant la matière vivante de celle non vivante. Plus l’animal est primitif, plus son processus de reproduction est simple. Chez les êtres humains, ce processus est celui de la reproduction sexuée, dans lequel les organes génitaux masculins et féminins diffèrent anatomiquement et physiologiquement. Le nouvel individu se développe à partir de la fusion de deux cellules sexuées différentes.
Les hommes et les femmes produisent des cellules germinales spécialisées appelées gamètes. Les gamètes masculins sont appelés spermatozoïdes, les gamètes féminins sont appelés ovules. Ils contiennent le matériel génétique ou gènes, présents sur des chromosomes, qui transmettent les caractères héréditaires à la génération suivante. Les autres cellules corporelles possèdent 46 chromosomes disposés en 23 paires, mais dans les gamètes il n’y a qu’un seul représentant de chacune des paires, soit 23 chromosomes. Les gamètes sont formés par méiose (p. 458). La cellule qui résulte de la fertilisation – la fusion de l’ovule et du spermatozoïde – s’appelle le zygote, et possède maintenant l’ensemble des 46 chromosomes.
Le zygote s’implante dans la paroi de l’utérus, où il croît et se développe pendant les 40 semaines de la période de gestation précédant la naissance.
Les fonctions du système de reproduction féminin sont :
Les fonctions du système de reproduction masculin sont :
Les dernières sections de ce chapitre décrivent les troubles des systèmes de la reproduction.
Système de reproduction féminin
Après avoir étudié ce paragraphe, vous devriez être capable :
Les organes féminins de la reproduction, ou appareil génital féminin, comprennent des organes génitaux externes et des organes génitaux internes (Fig. 18.1).
Organes génitaux externes (vulve)
Les organes génitaux externes (Fig. 18.2) sont appelés collectivement vulve ; ils comprennent les grandes lèvres et les petites lèvres, le clitoris, l’orifice vaginal, le vestibule, l’hymen et les glandes vestibulaires (glandes de Bartholin).
Grandes lèvres
Il s’agit de deux grands replis, formant les limites de la vulve. Ils sont composés de peau, de tissu fibreux et de graisse ; ils contiennent un grand nombre de glandes sébacées. En avant, les replis se rejoignent devant la symphyse pubienne ; en arrière, ils fusionnent avec la peau du périnée. À la puberté, des poils poussent sur le mont du pubis et sur la face latérale des grandes lèvres.
Petites lèvres
Il s’agit de deux replis cutanés plus petits, situés entre les grandes lèvres, contenant de nombreuses glandes sébacées.
Le vestibule est la fente entre les petites lèvres. Le vagin, l’urètre et les canaux excréteurs des glandes vestibulaires s’ouvrent dans le vestibule.
Clitoris
Le clitoris est l’homologue féminin du pénis masculin ; il contient des terminaisons nerveuses et du tissu érectile, mais il n’a pas de rôle dans la reproduction.
Hymen
L’hymen est une fine membrane muqueuse qui ferme partiellement l’orifice du vagin. Il est normalement incomplet, permettant le passage du flux menstruel.
Glandes vestibulaires
Les glandes vestibulaires (glandes de Bartholin) sont situées chacune d’un côté, près de l’orifice vaginal. Elles ont à peu près la taille d’un petit pois, et leur canal s’ouvre dans le vestibule, immédiatement latéralement à l’attache de l’hymen. Elles sécrètent du mucus, qui garde humide la vulve.
Vascularisation sanguine, drainage lymphatique et innervation
Apport de sang artériel
Il se fait par des branches des artères pudendales (honteuses) internes, issues des artères iliaques internes, et par les artères pudendales externes, issues des artères fémorales.
Drainage veineux
Il forme un grand plexus, dont le sang se draine finalement dans les veines iliaques internes.
Organes génitaux internes
Les organes internes du système de reproduction féminin (Fig. 18.3 et 18.4) siègent dans la cavité pelvienne ; il s’agit du vagin, de l’utérus, des deux trompes utérines et des deux ovaires.
Figure 18.4 Vue latérale des organes féminins de reproduction dans le pelvis, et les structures en rapport.
Vagin
Le vagin est un conduit fibromusculaire bordé par un épithélium pavimenteux stratifié (Fig. 3.14, p. 37), reliant les organes de reproduction externes et internes. Il se dirige obliquement en haut et en arrière, selon un angle d’environ 45°, entre la vessie en avant et l’anus en arrière. Chez l’adulte, sa paroi antérieure est longue d’environ 7,5 cm, et sa paroi postérieure d’environ 9 cm. Cette différence est due à l’angle d’insertion du col utérin dans le vagin.
Structure du vagin
Le vagin possède trois couches : une externe de tissu aréolaire, une moyenne de muscle lisse, et une interne d’épithélium pavimenteux stratifié, formant des replis ou crêtes. Il n’a pas de glandes sécrétoires, mais sa surface reste humide grâce aux sécrétions du col utérin. Entre la puberté et la ménopause, Lactobacillus acidophilus est normalement présent ; cette bactérie sécrète de l’acide lactique, qui maintient le pH entre 4,9 et 3,5. Cette acidité inhibe la croissance de la plupart des autres micro-organismes susceptibles d’entrer dans le vagin depuis le périnée.
Vascularisation sanguine, drainage lymphatique et innervation
Apport de sang artériel
Un plexus artériel est formé autour du vagin, provenant des artères utérines et vaginales, branches des artères iliaques internes.
Drainage veineux
Un plexus veineux situé dans la paroi musculaire se draine dans les veines iliaques internes.
Utérus
L’utérus est un organe musculaire creux en forme de poire, aplati d’avant en arrière. Il siège dans la cavité pelvienne, entre la vessie et le rectum (Fig. 18.4).
Chez la plupart des femmes, il est incliné en avant (antéversion) et incurvé en avant (antéflexion), presque à angle droit avec le vagin, si bien que sa paroi antérieure repose en partie sur la vessie au-dessous, délimitant avec elle le cul-de-sac vésico-utérin.
Quand la personne est debout, l’utérus est en position presque horizontale. Il est long d’environ 7,5 cm et large d’environ 5 cm, avec une paroi d’environ 2,5 cm d’épaisseur. Il pèse de 30 à 40 g. Les parties de l’utérus sont le fond, le corps et le col (Fig. 18.3).
Structure de l’utérus
La paroi utérine est faite de trois couches tissulaires : le périmètre, le myomètre et l’endomètre (Fig. 18.4).
Périmètre
Il s’agit du péritoine, distribué différemment sur les diverses surfaces de l’utérus (Fig. 18.5).
En avant, il est situé sur le fond et le corps, où il se réfléchit sur la face supérieure de la vessie. Ce repli péritonéal forme le cul-de-sac vésico-utérin.
En arrière, le péritoine recouvre le fond, le corps et le col, puis il se replie sur le rectum pour former le cul-de-sac recto-utérin (de Douglas).
Latéralement, seul le fond est recouvert car le péritoine forme un double repli dont le bord libre est occupé de chaque côté par le tube utérin (NdT : trompe utérine). Ce double repli est le ligament large qui, par son extrémité latérale, rattache l’utérus à la paroi pelvienne homolatérale.
Myomètre
C’est une épaisse couche musculaire dans la paroi utérine. Il s’agit d’une masse de fibres musculaires lisses entrelacées, séparées par du tissu conjonctif, contenant des vaisseaux sanguins et des nerfs.
Endomètre
Il s’agit d’un épithélium cylindrique contenant un grand nombre de glandes tubulaires sécrétant du mucus. Il est fonctionnellement divisé en deux couches.
Vascularisation sanguine, drainage lymphatique et innervation
Apport de sang artériel
Il se fait par les artères utérines, branches des artères iliaques internes. Chaque artère longe la face latérale de l’utérus entre les deux feuillets péritonéaux du ligament large. Elle vascularise l’utérus et la trompe utérine du même côté, et, avec l’artère ovarique homolatérale, elle vascularise l’ovaire.
Structures de soutien
L’utérus est soutenu dans la cavité pelvienne par des organes voisins, les muscles du plancher pelvien, et par des ligaments qui le suspendent aux parois du pelvis (Fig. 18.6).
Ligament large
Il est constitué par un double repli péritonéal de chaque côté de l’utérus. Il descend de la trompe utérine comme un drapé, et son extrémité latérale s’attache à la paroi latérale du pelvis. Le tube utérin est enveloppé par le bord libre du ligament et, près de son extrémité latérale, il traverse le feuillet péritonéal postérieur du ligament large, et il s’ouvre dans la cavité péritonéale. L’ovaire est rattaché à l’utérus par le ligament propre de l’ovaire, et à la trompe homolatérale par le ligament large. Des vaisseaux sanguins et lymphatiques, ainsi que des nerfs, atteignent l’utérus et la trompe en passant entre les feuillets du ligament large.
Ligament rond
Il s’agit d’une bande de tissu fibreux entre les deux feuillets du ligament large, de chaque côté de l’utérus. Il atteint la paroi pelvienne, puis traverse le canal inguinal et se termine en fusionnant avec la grande lèvre homolatérale.
Ligament utérosacral
Né de chaque côté de la paroi postérieure du col et du vagin, il se dirige vers l’arrière sur le côté du rectum, et se fixe sur le sacrum.
Ligament cervical transverse (ligament cardinal)
De chaque côté, il va du col et du vagin à la paroi latérale du pelvis.
Fonctions de l’utérus
Après la puberté, l’endomètre utérin suit un cycle régulier de modifications, le cycle menstruel, contrôlé par des hormones de l’hypothalamus et du lobe antérieur de la glande pituitaire (voir Ch. 9). Le cycle menstruel prépare l’utérus à recevoir, nourrir et protéger un ovule fertilisé. Le cycle est habituellement régulier, durant entre 26 et 30 jours. Si l’ovule n’est pas fertilisé, un nouveau cycle se produit, débutant par une courte période de saignement (menstruation).
Si l’ovule est fertilisé, le zygote s’implante lui-même dans la paroi utérine. Le muscle utérin grandit pour s’accommoder au bébé qui se développe, appelé embryon durant les 8 premières semaines, et fœtus pendant le reste de la grossesse. Des sécrétions utérines nourrissent l’ovule avant son implantation dans l’endomètre ; après l’implantation, la boule de cellules en expansion rapide est nourrie par les cellules de l’endomètre elles-mêmes. Cela n’est suffisant que pendant les quelques premières semaines, et le placenta est l’organe qui prend le relais (voir Ch. 5). Le placenta, rattaché au fœtus par le cordon ombilical, est aussi fermement fixé à la paroi utérine, et il permet au bébé qui grandit de recevoir de l’oxygène et des nutriments, tandis qu’il le débarrasse de ses déchets. Pendant la grossesse, qui dure normalement 40 semaines environ, la paroi musculaire de l’utérus ne se contracte pas et n’expulse pas le bébé grâce à de hauts niveaux de progestérone, hormone sécrétée par le placenta. À la fin de la grossesse (terme), les estrogènes, qui accroissent la contractilité utérine, deviennent les hormones sexuelles prédominantes du sang. En outre, l’ocytocine est sécrétée par le lobe postérieur de la glande pituitaire, hormone qui stimule aussi la contraction du muscle utérin. Le contrôle de la sécrétion d’ocytocine se fait par un mécanisme de rétroaction positive (voir aussi Fig. 9.5, p. 229). Pendant le travail, l’utérus expulse de force le bébé par des contractions rythmiques puissantes.
Trompes utérines
Les trompes utérines (Fig. 18.3), longues d’environ 10 cm, s’implantent chacune d’un côté de l’utérus, entre le corps et le fond. Chaque trompe siège dans le bord supérieur libre du ligament large homolatéral, et son extrémité latérale en forme de trompe traverse le feuillet péritonéal postérieur du ligament large, s’ouvrant ainsi dans la cavité péritonéale près de l’ovaire. L’extrémité de chaque trompe a des projections en forme de doigts appelées franges. La plus longue d’entre elles est la frange ovarique, étroitement associée à l’ovaire.
Fonction des trompes utérines
Les trompes utérines conduisent l’ovule de l’ovaire à l’utérus par péristaltisme et mouvement ciliaire. Le mucus sécrété par la muqueuse fournit les conditions idéales pour le déplacement de l’ovule et du spermatozoïde. La fertilisation de l’ovule se produit habituellement dans la trompe utérine, et le zygote est propulsé dans l’utérus, où il s’implante.
Ovaires
Les ovaires (Fig. 18.3) sont les gonades féminines (glandes produisant les hormones sexuelles et les ovules) ; ils siègent chacun dans une fosse peu profonde, sur la paroi latérale du pelvis. Ils ont 2,5 à 3,5 cm de long, 2 cm de large et 1 cm d’épaisseur. Chacun est attaché à la partie supérieure de l’utérus par le ligament ovarien, et à l’arrière du ligament large par une large bande de tissu, le mésovarium. Des vaisseaux sanguins et des nerfs atteignent l’ovaire par le mésovarium (Fig. 18.7).
Structure des ovaires
Les ovaires ont deux couches tissulaires.
Médullaire
Elle est au centre de l’ovaire ; elle est faite de tissu fibreux, de vaisseaux sanguins et de nerfs.
Cortex
Il entoure la médullaire. Il a une charpente de tissu conjonctif ou stroma, recouverte par un épithélium germinal. Il contient des follicules ovariques à divers stades de maturation, qui entourent chacun un ovule. Avant la puberté, l’ovaire est inactif, mais le stroma contient des follicules immatures (primordiaux) présents dès la naissance. Pendant les années de fertilité, environ tous les 28 jours, un follicule ovarique (follicule de De Graaf) devient mature, se rompt, et libère son ovule dans la trompe utérine. Cela est appelé ovulation, qui survient dans la plupart des cycles menstruels (Fig. 18.7 et 18.8). Après l’ovulation, le follicule rompu se développe dans le corps jaune (corpus luteum) qui, à son tour, va laisser une petite cicatrice permanente de tissu fibreux appelée corps blanc (corpus albicans) à la surface de l’ovaire.
Vascularisation sanguine, drainage lymphatique et innervation
Apport de sang artériel
Il se fait de chaque côté par l’artère ovarique, branche de l’aorte abdominale née juste au-dessus de l’artère rénale homolatérale.
Drainage veineux
Il se fait par un plexus veineux derrière l’utérus, d’où partent les veines ovariques. La veine ovarique droite se jette dans la veine cave inférieure, la gauche dans la veine rénale gauche.
Fonctions des ovaires
L’ovaire est l’organe dans lequel sont stockés les gamètes féminins, et il se développe avant l’ovulation. Sa maturation est contrôlée par l’hypothalamus et l’antéhypophyse, qui sécrète des godanotrophines (hormone stimulant le follicule, ou follicle stimulating hormone [FSH] et hormone lutéinisante [LH]), toutes deux agissant sur l’ovaire. De plus, l’ovaire a des fonctions endocriniennes, et sécrète des hormones essentielles aux modifications physiologiques durant le cycle de la reproduction. La source de ces hormones, estrogène et progestérone, est le follicule lui-même. Pendant la première partie du cycle, tandis que l’ovule se développe à l’intérieur du follicule, ce dernier sécrète des taux accrus d’estrogène. Cependant, après l’ovulation, le corps jaune sécrète principalement de la progestérone, avec une petite quantité d’estrogène (Fig. 18.9). La signification de ce processus est abordée plus loin dans la paragraphe « Cycle de la reproduction ».
Puberté féminine
La puberté est la période de la vie lors de laquelle les organes internes de reproduction deviennent matures. Elle se produit habituellement entre l’âge de 12 et 14 ans. L’apparition des premières règles est appelée ménarche, et elle marque le début de la période de fertilité (NdT : encore que les premières règles soient souvent sans ovulation). Les ovaires sont stimulés par les gonadotrophines antéhypophysaires : l’hormone folliculostimulante (FSH) et l’hormone lutéinisante (LH).
Un certain nombre de modifications physiques et psychiques se produisent durant la puberté :