Chapitre 18
Dracunculose
La dracunculose est une nématodose tissulaire et sous-cutanée due à Dracunculus medinensis. De par l’originalité de son cycle conduisant à l’issue spontanée du ver à la peau, cette parasitose a de tout temps frappé l’esprit des populations et fait l’objet de nombreux récits et gravures. Citée par les Égyptiens au XVe siècle avant J.-C., puis dans la Bible, elle est décrite par le médecin perse Avicenne, ce qui vaut au parasite sa dénomination de « fil d’Avicenne ». Il est aussi dénommé « dragonneau », « ver de Guinée » ou « ver de Médine ». Jusqu’aux années soixante-dix, la maladie était très répandue en Afrique sahélienne, au Moyen-Orient et atteignait l’ouest de l’Inde. La « décennie de l’eau » instaurée par l’OMS entre 1980 et 1990 et visant à apporter l’eau potable aux populations a amorcé une décroissance spectaculaire de la parasitose dans le monde. En passant brutalement de 3,5 millions à 32 000 cas déclarés par an en 15 ans, l’éradication de la maladie est raisonnablement devenue envisageable. Après 1995 puis 2000, 2009 était l’année retenue pour atteindre ce but, en s’efforçant d’éliminer la maladie des derniers pays africains sahéliens où elle sévit encore (en particulier le Soudan). En 2013, l’éradication n’est pas totalement obtenue.
I Épidémiologie
A Agent pathogène
Les mâles ne dépassent jamais quelques centimètres de long. Les femelles, blanchâtres, peuvent atteindre 50 cm à 1 m de long sur 2 mm de diamètre (fig. 18.1). Les larves sont allongées, mesurent de 500 μm à 750 μm par 15 μm à 20 μm, possèdent une cuticule striée transversalement ; elles ne peuvent vivre que quelques jours dans l’eau.