18 La main — seul élément de l’appareil locomoteur qualifié d’organe, au même titre que les grands organes internes — est l’élément terminal, la « raison d’être » du membre supérieur. Sa mobilité et sa sensibilité sont assurées par les nerfs périphériques. Son orientation spatiale est possible par la coordination des mouvements de l’épaule, du coude et du poignet. Elle constitue un instrument essentiel de la vie de tous les jours : ouvrier, artisan, employé de bureau, concertiste ou sportif — chacun et à tout âge peut se trouver confronté à un handicap fonctionnel touchant sa main. Un tiers des urgences concerne la main et le poignet ; les malformations de la main touchent 1 naissance sur 500 ; la fracture du radius distal est la plus fréquente de toutes les fractures ; l’opération du tunnel carpien est la plus pratiquée de toutes les interventions chirurgicales ; une personne sur 30 est affectée d’une compression nerveuse périphérique. Au carrefour de plusieurs spécialités, la chirurgie de la main a pour objectif de restaurer à la main ses fonctions d’outil et de communication. Elle exige des connaissances en chirurgie orthopédique (ostéosynthèses, prothèses), plastique et reconstructrice (microchirurgie, lambeaux) et vasculaire (réimplantation). Le traitement des lésions ne conduit pas toujours à une intervention chirurgicale : des traitements médicaux orientés (orthèses, physiothérapie, infiltrations, médicaments) permettent souvent l’amélioration ou la guérison. La chirurgie de la main traite de nombreuses pathologies comme les malformations congénitales, les maladies dégénératives (maladie de Dupuytren), l’arthrose et les rhumatismes inflammatoires (polyarthrite rhumatoïde), les lésions osseuses (fractures, entorses, tumeurs) ou ligamentaires, les lésions des parties molles (tendons, peau, nerfs périphériques, muscles), le remplacement des articulations (prothèses de poignet, main, doigts), les pathologies d’hyperutilisation (épicondylalgie, tendinites), les lésions du coude et du poignet (fractures, lésions ligamentaires et leurs séquelles), ou la main du sportif ou du musicien. La prise en charge peut apparaître parfois routinière et à la portée de n’importe quel chirurgien ; elle n’est jamais banale pourtant et, de la première appréciation clinique aux derniers gestes de réhabilitation, se joue aussi bien un avenir individuel qu’un poids économique et sociétal dont le degré va dépendre de la qualité du traitement de chacun des intervenants. En effet, les coûts de traitement, même au prix de compétences élevées et de techniques sophistiquées, restent faibles en comparaison des coûts indirects liés aux pertes de gain et de productivité et à ceux induits par l’invalidité. Optimiser la qualité de la prise en charge à chacune de ces étapes constitue la meilleure stratégie de contrôle de ces coûts. aspect cutané : coloration des téguments, érythème localisé, acrocyanose, hématomes ou ecchymoses, marques de travail, degré de sécheresse cutanée, diminution du relief cutané (œdème), cicatrices, dyschromies et tumeurs cutanées ; tuméfaction : localisation, taille, aspect, variation dans le temps et le cas échéant, nombre des tuméfactions visibles ; déformations : localisation, bilatéralité, nombre, importance ; trophicité musculaire : hypo ou amyotrophie des masses musculaires (thénar, hypothénar, muscles interosseux). Mobilité articulaire : mesures au goniomètre des secteurs de mobilité passive et active des différentes articulations, par la méthode du zéro-neutre de référence (à comparer au côté opposé). Poignet : flexion/extension, inclinaison radiale/inclinaison ulnaire, pronation/supination. Doigts longs : flexion/extension (MCP, IPP, IPD [métacarpophalangienne, interphalangiennes proximale et distale]), abduction, adduction. Pouce : flexion/extension (MCP, IP), abduction (angle entre le 1er et le 2e rayon dans le plan de la paume), antépulsion (idem dans le plan perpendiculaire), opposition (indiquer jusqu’où peut atteindre la pulpe du pouce selon la méthode de Kapandji — normalement : base de l’auriculaire ; figure 18.1). Figure 18.1 Cotation de l’opposition du pouce selon Kapandji. Stabilité : évaluée par des manœuvres passives : présence ou non d’une laxité constitutionnelle. Signes d’instabilité du poignet (cf. page 460). La stabilité des articulations digitales est appréciée par les manœuvres de tiroir antéropostérieur et de déviation latérale. Les radiographies standards de la main (face et oblique) et du poignet (face et profil stricts) constituent la base de l’évaluation (figure 18.2). Figure 18.2 Incidences standards du poignet. Vues spécifiques : incidences du scaphoïde, de la base du pouce, du pisiforme, du tunnel carpien, du processus unciforme de l’hamatum et fonctionnelles dans les instabilités du poignet. Complément en fonction de l’examen clinique par : • CT-scanner (pour les structures osseuses), éventuellement associé à l’arthrographie (pour les surfaces articulaires ou les lésions ligamentaires) dans les lésions du poignet ; • échographie pour l’évaluation des lésions tendineuses et musculaires. Écho-Doppler couleur pour apprécier le réseau vasculaire ; • IRM avec ou sans arthrographie pour l’évaluation des tissus mous, fractures occultes, lésions ligamentaires et ostéonécroses ; • angiographie. Numérisée ou non, elle est indiquée dans les thromboses artérielles (syndrome du marteau), les malformations (anévrysmes, fistules) et tumeurs (hémangiomes) vasculaires et l’évaluation des syndromes vibratoires et syndromes occlusifs distaux (maladie de Raynaud, collagénoses), ainsi que celle du syndrome du défilé thoracique. Essentielle dans l’évaluation des compressions et lésions des nerfs périphériques (valeur médico-légale). Informations sur le niveau, le degré et la chronicité des lésions. Oriente la décision thérapeutique. Utile également pour suivre l’évolution de la régénérescence nerveuse après décompression ou réparation. En post-traumatique ou postopératoire, œdème et hématome doivent être limités au maximum afin de réduire l’inflammation, la douleur et permettre la mobilisation et la réhabilitation fonctionnelle précoce (prévention des adhérences et raideurs). • surélévation (maintenir activement la main au-dessus du niveau du cœur, éviter les écharpes, surélévation nocturne également) ; • immobilisation du segment lésé/opéré ; • mobilisation régulière de toutes les parties non immobilisées du membre supérieur (doigts, poignet, coude, épaule) ; • AINS à dose thérapeutique et antalgie adaptée à l’importance du traumatisme. L’exigence de protection stérile est évidente. La fonction de drainage du pansement est particulièrement importante en chirurgie de la main (drains aspiratifs pas toujours possibles) : des compresses longues et dépliées appliquées sur une couche de tulle gras ou équivalent assurent le drainage direct par capillarité (éviter les sutures trop hermétiques), la main étant surélevée. Afin d’assurer le confort, le pansement doit être ajusté sans serrer et permettre la mobilisation des parties non lésées. Il doit aussi être assez solide et stable pour résister jusqu’à sa réfection. Son ablation doit être aisée et la plus indolore possible. Le pansement doit être soigné, car il est associé à la qualité du travail réalisé (représentation). N’immobiliser que les segments concernés : laisser libres les articulations au-dessus et au-dessous. Stimuler la mobilisation des segments laissés libres. Appliquer et respecter dans toute la mesure du possible la position d’immobilisation dite « de protection intrinsèque » (figure 18.3) qui évite les raideurs secondaires. Changer rapidement et sans hésiter tout plâtre ou appareil de contention mal supporté. Immobiliser le moins longtemps possible. Les matériaux utilisés (plâtre, résines, attelles conformables) sont moins importants que leur application correcte. La réhabilitation ne « rattrape » pas la chirurgie, elle l’accompagne et la prolonge. Son but principal est de redonner au patient son indépendance fonctionnelle lorsqu’il n’est pas en mesure de la recouvrer lui-même : la réhabilitation avec l’aide d’un thérapeute de la main doit être ciblée et orientée en fonction des pathologies et des besoins spécifiques de chaque patient, elle ne remplace pas les exercices d’automobilisation de celui-ci, lesquels suffisent dans de nombreux cas. Une réhabilitation stricte et planifiée est en revanche indispensable par exemple après chirurgie des tendons fléchisseurs. L’étroite collaboration entre chirurgien, patient et thérapeute est fondamentale. La réhabilitation de la main comprend les modalités de traitement suivantes : • contrôle de l’œdème : surélévation, activation de la pompe musculaire par exercices actifs, massages rétrogrades, drainage lymphatique, bandages compressifs, bains alternés chaud/froid stimulant les mécanismes de vasodilatation/vasoconstriction ; • mobilisations : exercices actifs, actifs assistés, mobilisation passive manuelle ou sur machine, globale ou segmentaire, exercices contre résistance et de la force ; • attelles : statiques de repos ou de correction positionnelle, dynamiques de facilitation du mouvement ou de substitution temporaire afin d’éviter adhérences/raideurs. Outils essentiels de la réhabilitation, grande variété de matériaux utilisables ; • traitement de cicatrice : la grande densité d’innervation de la main favorise les cicatrices douloureuses. Traitements essentiellement empiriques par massages, hydrothérapie, ultrasons, patchs siliconés et de pression, stimulation électrique pulsée, désensibilisation ; • désensibilisation. Souvent associée aux traitements de cicatrice dans les cas d’hypersensibilité d’origine neurogène, elle vise à réduire progressivement la réactivité aux stimuli externes par différents moyens incluant : traitements locaux par vibrations/percussions/matériaux texturés, chaud/froid, stimulation électrique transcutanée (TENS), onguents anesthésiques, etc. ; • traitement de la douleur : en fonction de son origine (souvent multifactorielle), tous les moyens ci-dessus peuvent être employés ; • réhabilitation sensorielle : application de différents programmes basés sur des notions de neurophysiologie visant à faciliter/améliorer la réinnervation périphérique et/ou la perception somatosensorielle après lésion nerveuse ; • accompagnement et soutien psychologique : le thérapeute est souvent celui qui voit le plus régulièrement le patient, lui permettant aussi de s’exprimer plus librement et ouvertement qu’avec le chirurgien. Il joue ainsi un rôle important d’intermédiaire et de soutien. les désaxations axiales du semi-lunaire : • en bascule dorsale ou DISI (Dorsal Intercalated Segment Instability) des Anglo-Saxons, conséquence de lésions ligamentaires scapholunaires (SL). Au stade chronique il faut distinguer : – les dissociations SL chroniques dynamiques (intégrité du ligament RSL [radioscapholunaire]), – les dissociations SL chroniques statiques, d’évolution rapidement arthrogène, d’abord radiocarpienne puis médiocarpienne (concept du SLAC : Scapho-Lunate Advanced Collapse – figure 18.4), • en bascule palmaire du semi-lunaire ou VISI (Volar Intercalated Segment Instability), conséquence de lésions ligamentaires lunotriquétrales ; le carpe adaptatif qui correspond à une perte de l’alignement entre la 1re et la 2e rangée du carpe : • conséquence de toute déformation osseuse au niveau des os du carpe avec une perte de hauteur, comme une fracture ou une pseudarthrose du scaphoïde, une maladie de Kienböck, un cal vicieux du radius ou une arthrose STT (scaphotrapézotrapézoïdienne). • ce ne sont pas de vraies instabilités du carpe puisque les ligaments sont intacts. • toute pseudarthrose du scaphoïde non traitée va entraîner une désorganisation spatiale progressive des os du carpe à l’origine d’arthrose : concept du SNAC (Scaphoid Nonunion Advanced Collapse). Stade 1 : arthrose stylo-scaphoïdienne ; stade 2 : arthrose scapho-capitate ; stade 3 : arthrose luno-capitate. La plus fréquente des instabilités du carpe. Douleur mécanique au niveau SL, instabilité (impression de claquement et de ressaut à la mobilisation), manque de force. Manœuvre de Watson : ressaut prononcé, généralement douloureux. La manœuvre de Watson permet de mettre en évidence l’instabilité : lors du passage de l’inclinaison ulnaire à l’inclinaison radiale du poignet, le scaphoïde s’horizontalise et le tubercule du scaphoïde saille en avant. En pressant avec son index le tubercule du scaphoïde, l’examinateur l’empêche de s’horizontaliser. Son pouce perçoit en arrière la saillie du pôle proximal du scaphoïde, accompagnée d’un ressaut douloureux. Manœuvre du ballottement scapholunaire : le poignet en légère flexion, on imprime des mouvements de translation sagittaux opposés entre le scaphoïde et le lunatum. Au stade d’arthrose, à la douleur s’associe une diminution de la mobilité articulaire. La vitesse d’évolution est très variable (de quelques mois à plusieurs années). Parfois, la découverte se fait au stade d’arthrose après un traumatisme bénin posant le problème de la reconnaissance en accident (diagnostic différentiel : diastasis SL au cours des arthrites microcristallines ou secondaire à arthrose STT). Radiographie de face : élargissement pathologique de l’interligne SL (> 3 mm), pour les dissociations statiques. Au stade de collapsus carpien (SLAC), trois stades d’arthrose ont été décrits par Watson. La radiographie peut être normale en cas de dissociation chronique dynamique. Radiographie du poignet de profil strict : bascule dorsale du lunatum (déformation en DISI). Radiographies dynamiques en « stress » (poing fermé en supination) : mise en évidence d’une dissociation SL dynamique (ouverture de l’espace SL alors qu’il est normal sur les clichés standards). Arthro-CT ou arthro-IRM : permet d’authentifier la lésion ligamentaire et d’évaluer les lésions cartilagineuses (figure 18.5). Arthroscopie : examen le plus fiable pour confirmer les lésions ligamentaires en cas de doute diagnostique. Au stade chronique, les modalités du traitement chirurgical sont controversées. Dissociation SL dynamique : après échec du traitement médical, dénervation chirurgicale des os du carpe ou capsulodèse dorsale limitée. Dissociation SL statique : en fonction de la présence ou non d’arthrose au niveau de l’extrémité inférieure du radius et/ou de la tête du capitatum et de la réductibilité du scaphoïde et du semi-lunaire. Sans arthrose : l’objectif est de corriger la déformation du scaphoïde et du semi-lunaire et de rétablir leur synergie fonctionnelle. • vaste arsenal thérapeutique : absence de consensus. Il faut distinguer : – les opérations sur les parties molles qui peuvent être associées entre elles (ligamentoplastie scapholunaire, capsulodèse, greffe os – ligament – os) ; – les arthrodèses partielles du carpe (scapholunaire, scapho-capitatum, STT). La fixation peut se faire par broches, agrafes, plaque. • lorsque l’arthrose est limitée (SLAC stade 1), ces types d’opération restent possibles, en associant une résection de la styloïde radiale. • SLAC stade 2 : une arthrodèse des 4 os associée à une scaphoïdectomie est le traitement le plus classique (figure 18.6). L’alternative est une résection de la première rangée des os du carpe ; • SLAC stade 3 : le choix se fera entre l’arthrodèse totale du poignet et la prothèse totale de poignet en fonction du terrain ; • à ces différents stades, la dénervation des os du carpe peut être une alternative thérapeutique ; elle permet de gérer la douleur sans empêcher l’évolution arthrogène. Au stade d’arthrose, la restauration de la force, celles de la mobilité du poignet et de l’indolence sont rarement obtenues ensemble. Il faudra choisir les options thérapeutiques privilégiant l’un des trois critères en fonction du type d’activité. Pour le travailleur manuel, le reclassement professionnel doit être envisagé précocement. Peut faire suite à une lésion isolée du ligament lunotriquétral ou être la conséquence d’une luxation périlunaire du carpe. Les lésions associées de la partie ulnaire du poignet sont fréquentes (TFCC, styloïde ulnaire). Les motifs de consultation sont une gêne fonctionnelle avec une sensation d’instabilité (ressaut en pronation et inclinaison ou en pronosupination). Il n’y a pas de risque d’arthrose à long terme. Au stade chronique, outre les facteurs favorisant comme un ulna long, les radiographies standards peuvent mettre en évidence une bascule palmaire du lunatum (VISI), un décrochement lunotriquétral (rupture de l’arc de Gilula) – parfois seulement sur les clichés dynamiques. Arthroscanner ou arthroscopie sont utiles au diagnostic (déchirure et lésions associées). Au stade chronique les traitements possibles sont variés : suture ou réinsertion du ligament par des ancres ou à travers des tunnels transosseux, ligamentoplastie avec le fléchisseur ou l’extenseur ulnaire du carpe, arthrodèse lunotriquétrale (pseudarthrose fréquente), arthrodèse des quatre os (plus rarement). L’accourcissement de l’ulna en cas d’ulna long ou la réparation du TFCC peuvent être associés. Lésions souvent bien supportées décelées au hasard d’une imagerie ou d’une complication (tunnel carpien, rupture tendineuse). Lorsque les lésions dégénératives sont installées (au-delà de 3 mois), une sanction chirurgicale radicale peut être proposée : résection de la première rangée du carpe, arthrodèse, chirurgie prothétique ou dénervation en fonction de la symptomatologie. Au stade de SNAC 1, les traitements proposés pour les pseudarthroses du scaphoïde sans arthrose peuvent être appliqués en associant une résection de la styloïde radiale (cf. infra Pseudarthroses du scaphoïde). En cas d’arthrose radio-scaphoïdienne (SNAC stade 2), l’indication thérapeutique dépend essentiellement de la gêne fonctionnelle du patient. Le stade de la chirurgie conservatrice est dépassé. Les opérations disponibles sont les mêmes que pour les SLAC 2. L’analyse des conditions de travail, l’âge du patient, la gêne occasionnée dans les sports de loisir, l’effet des traitements médicaux antalgiques et anti-inflammatoires, tout devra être pris en compte avant de décider d’une éventuelle chirurgie. Elle comporte systématiquement l’ablation de tout ou partie du scaphoïde : • restauration de la hauteur du carpe : arthrodèse luno-capitate ou arthrodèse des quatre os internes, plus facile à consolider. L’inconvénient de ces interventions est la nécessité d’une immobilisation prolongée, enraidissant encore ces poignets souvent peu mobiles. La force est partiellement conservée ; • résection proximale du scaphoïde et mise en place d’un implant en pyrocarbone (bon effet antalgique mais ne restaure pas la hauteur du carpe) ; • résection de la première rangée des os du carpe. Celle-ci est en principe contre-indiquée lorsque l’interligne médiocarpien a commencé à souffrir, ce qui est souvent le cas. Limite la perte de mobilité mais diminue la force. En cas de SNAC stade 3, les solutions thérapeutiques sont identiques aux SLAC 3. En cas de carpe adaptatif secondaire à un cal vicieux et bascule dorsale du radius distal, traitement par ostéotomie de correction de l’épiphyse distale du radius. L’arthrodèse totale du poignet demeure la solution ultime en cas d’échec des interventions précédentes. Elle ne garantit pas l’indolence. Douleur à l’effort (pince, prise larges), parfois au repos (surtout en cas d’arthrose). Impotence fonctionnelle et manque de force, tuméfaction. Douleur à la palpation du ligament lésé (inconstante), déviation axiale visible au repos, ligament localement épaissi. L’articulation MCP du pouce est normalement stable en extension. Une laxité constitutionnelle < 30° peut être normale, un battement supérieur est généralement pathologique s’il n’est pas bilatéral (toujours comparer). Dans les lésions du LCR, discrète subluxation palmaire de P1 possible (rupture associée fréquente de la capsule dorsale). Radiographies de face et de profil strictes centrées sur la MCP. Rechercher : • déviation radiale ou ulnaire de P1 ; • avulsion d’une insertion ligamentaire ; • subluxation palmaire de P1 (lésion LCR + capsule dorsale) ; Les radiographies en stress ne sont pas plus sensibles qu’un bon examen clinique. Échographie et IRM peuvent aider à établir la présence d’éventuels restes ligamentaires, peu utiles au diagnostic d’instabilité. Les ligaments latéraux MP sont tendus (stables) en flexion et détendus en extension (laxité latérale physiologique). La stabilité dans le plan antéropostérieur est assurée par la plaque palmaire. Combinaison de déviation latérale forcée en abduction ou adduction avec une composante de flexion, généralement sur chute ou impact interdigital. Arrachement osseux (base de P1) assez fréquent. Potentiel élevé de guérison spontanée pour les lésions partielles. Les lésions initialement non reconnues ou traitées peuvent ou non évoluer favorablement. Les lésions symptomatiques se manifestent par des douleurs à la prise en force, lors des poignées de main. Elles affectent indifféremment tous les doigts, aussi bien du côté radial qu’ulnaire pour les doigts centraux, plus volontiers le LCR de l’index et de l’auriculaire. Douleur élective sur le trajet ou à l’insertion du ligament lésé. Tuméfaction locale discrète, visible au niveau de la commissure dorsale. Battement latéral (absence d’arrêt dur), douloureux ou non, l’articulation MCP étant maintenue en flexion et déviée : suffit normalement à confirmer le diagnostic. Une infiltration de corticoïdes suivie de mobilisation en syndactylie avec le doigt adjacent peut être proposée si les exigences fonctionnelles ne sont pas trop élevées. Dans les autres cas ou en cas d’échec du traitement conservateur, le traitement chirurgical est indiqué : • fixation d’un fragment osseux par vissage si sa taille le permet ou excision du fragment et réinsertion sur ancre transosseuse si le fragment est trop petit. Préférer un abord palmaire qui donne un meilleur accès ; • en l’absence de fragment osseux, exploration par voie dorsale et suture ou réinsertion du ligament détaché généralement possible. Plastie tendineuse par petit palmaire exceptionnelle. Autant les entorses de ces articulations sont fréquentes (sports de balle), autant rares sont les instabilités chroniques qui en résultent. Le potentiel de guérison spontanée des ligaments collatéraux des doigts est donc élevé et on peut le considérer dans l’évaluation et le traitement de ces lésions. Les instabilités chroniques sont la conséquence d’entorses répétées et non ou sous-traitées — elles se rencontrent exceptionnellement, chez les joueurs de basket-ball en particulier, et sont alors souvent accompagnées de lésions cartilagineuses péjorant le pronostic. Leur diagnostic est habituellement évident : battement latéral marqué, l’IPP étant maintenue en extension. Les options thérapeutiques sont limitées (plastie ligamentaire, prothèse ou arthrodèse) et toutes grevées d’une limitation plus ou moins importante de la mobilité articulaire. Leur indication doit être bien pesée et discutée avec le patient. Les reconstructions après lésions négligées ou mal traitées de l’appareil extenseur ou fléchisseur sont difficiles, avec de moins bons résultats qu’en cas de réparation primaire. Il faut donc insister sur l’importance d’un traitement approprié en urgence. On parle de lésion secondaire au-delà de la 3e semaine après le traumatisme. L’interruption à différents niveaux du tendon extenseur conduit à une déformation progressive du doigt qui peut le rendre gênant. L’appareil extenseur, constitué de la réunion des systèmes extrinsèque et intrinsèque, est complexe et toute lésion sur son trajet peut entraîner un dysfonctionnement de l’équilibre entre les deux systèmes. Selon le site de la lésion initiale, les conséquences sont variables (figure 18.7) : Figure 18.7 Déformations potentielles des doigts selon le niveau lésionnel de l’appareil extenseur. Le col-de-cygne après doigt en maillet non ou mal traité se traduit par une flexion de l’IPD avec une hyperextension de l’IPP. Le doigt apparaît inflammatoire sur la face dorsale de l’IPD avec une peau fréquemment luisante. La recherche de cols-de-cygne physiologiques sur les autres doigts doit être systématique. La boutonnière se traduit à l’inverse par une flexion de l’IPP avec hyperextension de l’IPD. Plusieurs stades existent qui dépendent de la souplesse de l’articulation IPD, de l’articulation IPP ou de l’existence d’arthrose. La gêne fonctionnelle est le motif le plus fréquent de consultation. L’instabilité du tendon extenseur au dos de la MCP se traduit par une luxation de celui-ci dans la commissure lors des mouvements d’enroulement du doigt (flexion MCP). • l’abstention thérapeutique peut être raisonnablement préférée devant une déformation peu marquée et une gêne fonctionnelle modérée, a fortiori s’il existe un enraidissement articulaire associé ; • le traitement chirurgical en cas de doigt en maillet vieilli va de la réparation secondaire de l’appareil extenseur, de la ténodermodèse jusqu’à l’arthrodèse IPD. En cas de col-de-cygne, le traitement peut associer des procédés de raccourcissement des éléments palmaires au niveau de l’IPP, des ténotomies ou des reconstructions de l’appareil extenseur utilisant des procédés de ténodèse passive de l’appareil extenseur ou des greffes de petit palmaire (ténodèse active ou SORL : Spiral Oblique Retinacular Ligament). En cas de boutonnière enraidie même plusieurs mois après la blessure, la rééducation associant attelles dynamiques d’extension pour l’IPP et mobilisation active et passive de l’IPD doit être proposée. Lorsque l’extension passive complète de l’IPP est obtenue, il est nécessaire de poursuivre les attelles dynamiques pour 6 à 12 semaines. Pour redonner l’extension active plusieurs procédés ont été décrits incluant des ténotomies, plasties tendineuses, transferts tendineux. En cas d’instabilité de l’extenseur au dos de la MCP (rarement post-traumatique, plus souvent dans le cadre d’une polyarthrite rhumatoïde), il existe des procédés de stabilisation qui permettent de recentrer l’appareil extenseur au dos de l’articulation. Une lésion d’un tendon fléchisseur vue secondairement peut faire suite à une plaie négligée ou à une rupture après réparation. Le taux de rupture est de 3 à 7 % principalement en zones I et II et peut survenir à tout moment durant la période de cicatrisation tendineuse (entre 8 et 12 semaines) mais surtout lors des 3 premières semaines postopératoires. Le traitement est avant tout préventif par une suture tendineuse initiale qui doit être suffisamment solide pour autoriser un glissement tendineux efficace, limitant les adhérences cicatricielles péritendineuses sources de raideur. Il s’agit le plus souvent d’un claquement brutal suivi immédiatement d’un défaut de flexion active du doigt (au cours de rééducation, d’une activité manuelle volontaire ou non). Dans tous les cas il y a un excès de contraction musculaire volontaire, incontrôlé ou réflexe. La rupture est moins évidente lorsqu’elle survient sur un cal tendineux d’allongement : celui-ci induit progressivement une inefficacité tendineuse puis le tendon se rompt ; parallèlement des adhérences péritendineuses se développent. Le caractère brutal de la rupture est moins évident, voire absent. Se pose le problème du diagnostic différentiel avec une inefficacité tendineuse liée à des adhérences. Type de suture tendineuse (résistance mécanique du fil, lâchage du nœud, mauvais ancrage tendineux, etc.). Expérience du chirurgien : chirurgie spécialisée (grossissement optique, manipulation atraumatique des extrémités tendineuses, respect des poulies et des vinculae, affrontement strict des extrémités tendineuses sans télescopage, enfouissement des nœuds de suture, etc.). Rééducation postopératoire : la mobilisation précoce postopératoire adaptée et bien suivie diminue de façon significative le taux de rupture tendineuse par rapport à une immobilisation simple. Surveillance régulière clinique. Risque plus élevé de rupture en zone II ou pour le long fléchisseur du pouce. Rétraction tendineuse initiale (compromet la vascularisation). Profil du patient (rupture liée à ablation de l’attelle de protection, utilisation de la force, etc.). Instabilité ou précarité sociale ou psychique (contre-indications aux méthodes de rééducation active).
Chirurgie du poignet et de la main
Généralités
Définition, épidémiologie, importance économique
Examen clinique de la main
Inspection
Examen fonctionnel et mesures
0 : face externe de la phalange proximale de l’index, « adduction pure » ; 1 : phalange moyenne de l’index ; 2 : face latérale de la phalange distale de l’index ; 3 : pulpe de l’index, opposition terminoterminale ; 4 : pulpe du médius ; 5 : pulpe de l’annulaire ; 6 : pulpe de l’auriculaire ; 7 : pli de flexion de l’IPD de l’auriculaire ; 8 : pli de flexion de l’IPP de l’auriculaire ; 9 : pli de flexion digitopalmaire de l’auriculaire ; 10 : pli palmaire distal.
Examens complémentaires
Imagerie
A. Face postéroantérieure : épaule en abduction 90°, pronation, médius dans l’axe de l’avant-bras, rayonnement centré sur le semi-lunaire. B. Pour un vrai profil dégageant l’interligne radiocarpien, le poignet doit être surélevé de 3 cm (10°) avec un rayon perpendiculaire.
Électroneuromyographie
Principes de traitement
Prévention de l’œdème et de la douleur
Pansement
Immobilisation
Réhabilitation fonctionnelle
Traumatologie différée et séquelles
Lésions ligamentaires et instabilités du carpe
Définition, classification
Instabilité scapholunaire chronique
Examen clinique
Instabilité scapholunaire sans arthrose
Instabilité scapholunaire avec arthrose
Examens complémentaires
Traitement
Traitement chirurgical
Implications professionnelles
Instabilité lunotriquétrale chronique
Formes vieillies de luxations périlunaires du carpe
Carpe adaptatif
Lésions ligamentaires chroniques des doigts et du pouce
Instabilité chronique de la MCP du pouce
Clinique
Examens complémentaires
Traitement
Instabilité chronique des MCP des doigts
Mécanisme lésionnel
Clinique
Traitement conservateur/chirurgical
Instabilité chronique des IPP des doigts
Réparation secondaire des tendons extenseurs et fléchisseurs
Tendons extenseurs
Mécanisme et physiopathologie
A. Déformation en col-de-cygne après interruption de l’appareil extenseur au dos de l’IPD. 1 : ligament rétinaculaire oblique ; 2 : bandelette latérale ; 3 : ligament rétinaculaire transverse ; 4 : bandelette médiane ; 5 : fléchisseur commun profond ; 6 : gaine du fléchisseur profond. B. Déformation en boutonnière du doigt après lésion de la bandelette médiane : les bandelettes latérales se palmérisent entraînant une hyperextension IPD et une flexion de l’IPP.
Clinique
Traitement
Tendons fléchisseurs
Mécanisme et physiopathologie
Diagnostic d’une rupture tendineuse
Facteurs étiologiques d’une rupture tendineuse
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