Partie 17 Urologie
INFECTIONS URINAIRES
CYSTITE – INFECTION URINAIRE BASSE
FICHE MALADIE
DÉFINITION
Il s’agit d’une infection bactérienne ou d’une mycose du bas appareil urinaire :
On distingue deux grandes entités :
• infection urinaire basse non compliquée : cystite aiguë simple de la femme entre 15 et 65 ans, sans antécédent urologique (lithiase, tumeur), sans diabète, sans immunosuppression, sans grossesse ;
• infection urinaire basse compliquée : chez l’homme, en postopératoire, chez la femme de plus de 65 ans, en présence d’une immunodépression, d’un diabète, chez la femme enceinte.
Un nombre de cystites ≥ 4/an définit la cystite récidivante.
CAUSES ET MÉCANISMES
DIAGNOSTIC
• Signes irritatifs : pollakiurie, impériosités mictionnelles.
• Brûlures mictionnelles, pesanteurs pelviennes, douleurs hypogastriques augmentant avec le besoin, urines troubles avec, parfois, hématurie.
• En cas de fièvre : il existe une atteinte parenchymateuse (prostate, rein) et il ne s’agit plus d’une infection urinaire basse.
Infection urinaire basse non compliquée
L’examen recherche une complication, un diagnostic différentiel.
TRAITEMENT
INFECTION URINAIRE BASSE NON COMPLIQUÉE
• Traitement antibiotique monodose (une dose unique) fosfomycine-trométamol (MONURIL, URIDOZ), ou fluoroquinolone (UNIFLOX, LOGI-FLOX). Un traitement antibiotique de 3 jours peut être proposé en alternative.
• Un ECBU de contrôle ne sera demandé que devant la persistance des signes urinaires, l’apparition de signes généraux, ou la récidive des troubles à l’arrêt du traitement.
• Mesures hygiéno-diététiques à rappeler (cf. Fiche infirmière p. 1607).
• Traitement de la phase aiguë (comme une infection urinaire basse compliquée), puis recherche d’une cause à traiter : anomalie anatomique, comportement à corriger (cf. Fiche infirmière p. 1607). Un traitement prophylactique peut être ensuite proposé : FURADANTINE ou BACTRIM 1 cp./j pendant 6 à 12 mois.
• Alternative au traitement antibiotique au long cours : extraits de canneberge (cranberries d’Amérique du Nord) en jus de fruits, ou CYNDELTA 1 gél./j pendant deux mois, renouvelable après une période d’arrêt.
• Chez les femmes ménopausées : un traitement hormonal substitutif est conseillé, ou un traitement hormonal local (COLPO- TROPHINE crème), visant à favoriser la trophicité vulvaire et à restaurer une flore vaginale.
Cystite à Schistosoma haematobium (bilharziose urinaire)
Praziquantel (BILTRICIDE). Puis suivi régulier à la recherche de complications (sténose, tumeur).
Infection urinaire basse à levures (dès 103 levures/mL)
Conseiller les mesures hygiéno-diététiques suivantes :
• Boissons abondantes (2 L/j), bien réparties sur 24 h.
• Mictions régulières toutes les 3 h (de qualité satisfaisante et confortable).
• Éviter de retenir la miction en cas d’envie.
• Uriner après les rapports sexuels.
• Après mictions : toilette d’avant en arrière, éviter les savons intimes irritants, éviter les toilettes intimes trop fréquentes.
• Favoriser les sous-vêtements en coton (éviter les sous-vêtements en nylon, les pantalons trop serrés).
PYÉLONÉPHRITE
FICHE MALADIE
DÉFINITION
La pyélonéphrite est une inflammation aiguë de l’épithélium urinaire et du parenchyme rénal.
PYÉLONÉPHRITE AIGUË COMPLIQUÉE
Homme ou femme de plus de 65 ans, enfant de moins de 15 ans, femme enceinte, en cas d’antécédent uro-néphrologique (reflux vésicourétéral, syndrome de la jonction pyélourétérale, autre anomalie anatomique, insuffisance rénale, rein unique, polykystose), contexte postopératoire, obstacle sur la voie excrétrice (calcul, tumeur : pyélonéphrite obstructive), pathologie associée (diabète, immunosuppression).
CAUSES ET MÉCANISMES
La pyélonéphrite aiguë concerne essentiellement la femme.
Elle est la conséquence de la présence d’urines infectées dans le haut appareil.
L’infection se fait en général par voie rétrograde ascendante.
DIAGNOSTIC
• NFS, VS, CRP : syndrome inflammatoire.
• Bandelette urinaire positive confirmée par un ECBU, hémocultures.
• Bilan préopératoire en cas de pyélonéphrite sur obstacle.
• Réalisation d’examens radiologiques dans le but d’éliminer une anomalie de la voie excrétrice : échographie rénale et vésicale, cliché d’abdomen sans préparation.
TRAITEMENT
EN CAS DE PYELONEPHRITE SUR OBSTACLE
• Obtention de l’apyrexie, diminution des douleurs, amélioration de l’état général.
• En cas de persistance de la fièvre après 3 jours de traitement antibiotique adapté : uro-scanner à la recherche d’un abcès, d’un obstacle.
• Un mois après : échographie, bilan biologique et bactériologique de contrôle.
PROSTATITE
FICHE MALADIE
DÉFINITION
La prostatite est une inflammation de la glande prostatique.
La prostatite aiguë est en rapport avec une infection bactérienne active.
CAUSES ET MÉCANISMES
La prostatite aiguë correspond à une infection bactérienne du parenchyme prostatique.
Les conséquences sont : augmentation du volume de la prostate, élévation du PSA, dysurie, fièvre.
DIAGNOSTIC
• Fièvre > 38,5 °C, parfois survenant après un syndrome pseudogrippal (frissons, céphalées, arthralgies).
• Dysurie, pollakiurie, impériosités, brûlures. L’examen clinique recherche un globe vésical, une orchi-épididymite associée, et doit comporter un toucher rectal, trouvant en général une prostate très douloureuse et augmentée de volume.
• ECBU : indispensable, il confirme en général l’infection urinaire.
• Hémocultures en cas de signes généraux marqués.
• Un syndrome inflammatoire est en général retrouvé à la NFS, VS, CRP.
• Le PSA est en général très élevé et ne doit pas être demandé en période aiguë.
• Le résidu post-mictionnel doit être apprécié par une échographie sus-pubienne.
• L’échographie post-mictionnelle permet la mesure du résidu (appareil échographique portatif de type BLADDERSCAN ou BARDSCAN).
TRAITEMENT
• Obtention de l’apyrexie, diminution des douleurs, amélioration de l’état général.
• En cas de persistance de la fièvre après 3 jours de traitement antibiotique adapté : uro-scanner à la recherche d’un abcès, d’un obstacle.
• Un mois après: échographie, bilan biologique et bactériologique de contrôle, débitmétrie (cf. Fiche technique, chapitre Hypertrophie bénigne de prostate p. 1629).
• Éviter l’exposition au soleil en cas de prescription de fluoroquinolones.
• Boissons : 2 L/j, répartis régulièrement sur la journée.
• Mictions régulières (toutes les 3 h).
• Conseils de gestion d’un cathéter suspubien mis en place pour rétention d’urine :
• Soins locaux toutes les 48 h ;
• Vérifier l’absence de coude au niveau du cathéter ;
ORCHITE, ÉPIDIDYMITE
FICHE MALADIE
DÉFINITION
On distingue l’orchite (infection aiguë du parenchyme testiculaire), l’épididymite (inflammation en général d’origine bactérienne de l’épididyme) et l’orchi-épididymite (orchite associée à une épididymite).
DIAGNOSTIC
TRAITEMENT
Une épididymectomie est à discuter.
• Obtention de l’apyrexie, diminution des douleurs, amélioration de l’état général.
• En cas de persistance de la fièvre après 3 jours de traitement antibiotique adapté : échographie scrotale à la recherche d’un abcès.
• Un mois après : échographie réno-vésicoprostatique et scrotale, bilan biologique et bactériologique de contrôle, débitmétrie (cf. Fiche technique, p. 1629).
• Éviter l’exposition au soleil en cas de prescription de fluoroquinolones.
• Boissons : 2 L/j, réparties régulièrement sur la journée.
• Mictions régulières (toutes les 3 h).
• Port d’un slip (éviter les caleçons lâches).
• Éviter les rapports sexuels durant la phase de traitement.
• Traitement du ou des partenaires en cas d’IST.
FICHE PHARMACOLOGIE
Effets secondaires
Nausées et vomissements fréquents.
Réactions immuno-allergiques générales, cutanées, pulmonaires.
Neuropathies optiques et périphériques.
Interactions médicamenteuses
Résorption limitée par les antiacides.
Antagonisme avec les quinolones.
COLIQUE NÉPHRÉTIQUE AIGUË
FICHE MALADIE
CAUSES ET MÉCANISMES
La dilatation n’a pas forcément le temps de se produire ce qui explique l’absence de dilatation échographique dans les premières heures de colique néphrétique aiguë.
DIAGNOSTIC
• Bandelette urinaire : pH urinaire, recherche d’une hématurie microscopique.
• ECBU (infection urinaire, cristaux).
• Créatininémie (fonction rénale).
• Échographie rénovésicale et radiographie d’abdomen sans préparation : elles permettent de déceler des calculs, de visualiser une dilatation, de déterminer le caractère radioopaque ou radiotransparent d’un calcul.
• Scanner spiralé sans injection ou uro-scanner injecté : en première intention à la place du couple échographie-radiographie d’abdomen sans préparation, ou en cas de non-visualisation de calcul sur les examens précédents.
• Urographie intraveineuse : elle a une place privilégiée pour le bilan morphologique, sans urgence.
• Colique néphrétique aiguë fébrile (pyélonéphrite sur obstacle).
• Insuffisance rénale aiguë obstructive (colique néphrétique sur rein unique).
• Colique néphrétique hyperalgique (résistant au traitement bien conduit de la crise).
• Terrain fragile : femmes enceintes (dilatation physiologique du côté droit), hématurie sur traitement par antivitamines K, patients âgés, rein unique fonctionnel.
TRAITEMENT
COLIQUE NÉPHRÉTIQUE NON COMPLIQUÉE
L’objectif principal est de soulager le patient.
La restriction hydrique n’est plus la règle.
Le traitement médical consiste en :
• anti-inflammatoires non stéroïdiens : PROFÉNID 100 mg 3 fois/j, IV ou en suppositoire ;
• antispasmodique : SPASFON 6 amp. IV par jour, ou 6 dragées per os par jour ; avec SPASFON LYOC si besoin ;
On parle de crise hyperalgique en cas de résistance à l’association anti-inflammatoire/ morphinique.
COLIQUE NÉPHRÉTIQUE COMPLIQUÉE
Insuffisance rénale obstructive
Urgence : drainage chirurgical des urines par pose d’une sonde urétérale.
Toutes les mictions doivent être recueillies dans un bassin ou dans un pistolet puis versées dans des flacons transparents de grande contenance dont l’ouverture est recouverte par une compresse maintenue tendue par un élastique ou un sparadrap. Les urines sont ainsi comptabilisées et un éventuel calcul recueilli sur la compresse. Les fragments de calculs doivent être récupérés et adressés en totalité pour examen spectrophotométrique.
FICHE PHARMACOLOGIE
Contre-indications
pH urinaire 7 (et lithiase infectieuse).
Surcharge hydrosodée (sauf pour le trométamol qui ne contient pas de sel).
Précautions d’emploi
Risque d’alcalose métabolique en cas de fortes doses et d’insuffisance rénale avancée.
CANCER DE LA PROSTATE
FICHE MALADIE
DIAGNOSTIC
Au stade local, le cancer de prostate n’entraîne aucun signe fonctionnel.
STADE ÉVOLUÉ (ATTEINTE GANGLIONNAIRE, MÉTASTASES)
La symptomatologie est liée aux différentes atteintes :
• Extension locorégionale : dysurie, rétention, envahissement urétéral avec hydronéphrose puis insuffisance rénale, atteinte du sphincter avec incontinence, envahissement de la paroi avec douleurs, envahissement du rectum avec rectorragies.
• Extension ganglionnaire : lymphœdème pelvien et des membres inférieurs, compression urétérale.
• Extension métastatique : douleur en rapport avec une dissémination osseuse.
TRAITEMENT
Hormonoradiothérapie comportant une radiothérapie externe associée à une hormonothérapie temporaire.
L’attitude actuelle tend à réaliser des associations de traitements (dont un traitement local).
STADE MÉTASTATIQUE : HORMONOTHÉRAPIE
• Œstrogénothérapie (DISTILBÈNE) et/ou chimiothérapie, corticothérapie.
• Traitement des douleurs osseuses par diphosphonates, morphiniques, irradiation métabolique (strontium).
Pour le traitement chirurgical
• Vérifier la stérilité des urines avant chirurgie et l’arrêt de tout traitement anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire.
• Vérifier la perméabilité de la sonde en postopératoire, qui est laissée environ une semaine.
• Une incontinence urinaire est classique en postopératoire. Celle-ci pourra relever d’une rééducation.
• Le port de bas de contention et la prescription d’une isocoagulation préventive (LOVENOX 20 mg ou 40, FRAXIPARINE 0,3 mL, FRAGMINE 2 500–5 000 UI une injection SC quotidienne) sont recommandés.