17: Remarques sur la construction des phrases complexes

Chapitre 17 Remarques sur la construction des phrases complexes

L’ESSENTIEL

On rappellera qu’une phrase est dite « complexe » quand elle contient plusieurs propositions, c’est-à-dire au moins deux verbes. Ces propositions sont :

juxtaposées quand elles sont séparées par une virgule ;

coordonnées quand elles sont liées par une conjonction de coordination ;

subordonnées quand l’une d’elles se trouve sous la dépendance d’une autre proposition.

La coordination

Les conjonctions coordonnent seulement des éléments de même nature. Elles organisent une symétrie grammaticale entre les mots ou groupes de mots. Prenons une équation mathématique : pour que l’égalité reste valide, il est parfois nécessaire d’en équilibrer l’un des côtés. Les éléments qui gravitent autour de la conjonction fonctionnent sur le même principe de symétrie. Par exemple :

Ce ne sont pas les mineurs délinquants qu’il faut incriminer mais la justice ne tient pas assez compte du milieu dans lequel ils ont vécu.

Cette phrase est incorrecte puisqu’elle contient une asymétrie dans sa coordination. Les propositions qu’articule la conjonction « mais » ne sont pas placées sur le même niveau grammatical. Il aurait fallu écrire (en plaçant entre crochets les éléments de même nature sous-entendus qui équilibrent la phrase) :

Ce ne sont pas les mineurs délinquants qu’il faut incriminer mais [c’est] le milieu dans lequel ils ont vécu [qu’il faut incriminer], ce dont la justice ne tient pas assez compte.

Autre exemple :

Les hommes politiques ne savent faire que deux choses : entrer et sortir du jeu électoral.

Là encore, le déséquilibre autour de la conjonction « et » provient de la différence de statut entre les verbes « entrer » et « sortir » lorsqu’ils sont suivis d’un complément circonstanciel de lieu. On entre quelque part mais on sort de quelque part. À cause de cette préposition « de », il aurait fallu écrire :

Les hommes politiques ne savent faire que deux choses : entrer dans le jeu électoral et en sortir [sous entendu : du jeu électoral].

Troisième exemple :

La méfiance reste de mise avec les sectes : elles ont tout à vous prendre et rien à vous donner.

Cette fois, les propositions qui cernent la conjonction offrent une asymétrie fondée sur l’affirmation et la négation. Il aurait été plus correct d’énoncer le verbe avoir avec sa négation dans la dernière partie de la phrase :

La méfiance reste de mise avec les sectes : elles ont tout à vous prendre et n’ont rien à vous donner.

La subordination

Une proposition est dite « subordonnée » quand elle est placée sous la dépendance d’éléments grammaticaux qui appartiennent à une proposition dite principale.

Quelques remarques sur la proposition conjonctive

On écrit « de façon que », non « de façon à ce que ».

Il étudie de façon qu’il puisse réussir [et non « de façon à ce qu’il puisse réussir »].

On écrit « de manière que », non « de manière à ce que ». Pareillement, il faut écrire « aimer que », non « aimer à ce que ». Il en va de même pour « consentir que », « demander que », « prendre garde que », « s’attendre que », « informer que », « se rendre compte que », « se plaindre que »…

En revanche, on écrira « veiller à ce que », et non « veiller que ».

Veillez à ce que tout soit parfaitement en ordre dans la maison.

Évitez la locution conjonctive « surtout que », préférez-lui « d’autant (plus) que ».

Nous aurions dû finir plus tôt, d’autant que l’exercice ne posait pas de problème particulier.

Après que : normalement, on ne met jamais le subjonctif après « après que ». Le subjonctif est le mode du virtuel, du possible, des choses peu sûres ou non advenues. Comparez les deux phrases suivantes :

Paul est reparti avant que Jacques soit revenu [la venue de Jacques n’est pas advenue au moment où Paul repart].

Paul est reparti après que Jacques est revenu [le retour de Jacques est avéré, certain, déjà arrivé : il faut donc utiliser l’indicatif].

Tout… que : on doit normalement utiliser l’indicatif avec la locution « tout… que » puisque la conjonction n’introduit ni incertitude, ni approximation.

Tout intelligent qu’il est, Paul ne réussira pas sans travailler.

Cependant, on utilise le subjonctif pour les locutions « si… que » ou « quelque… que ».

Si intelligent qu’il soit ; quelque intelligent qu’il soit [on ne connaît pas son degré d’intelligence].

Malgré : il s’agit d’une préposition, non d’une conjonction. « Malgré que » ne se dit normalement pas. Il faut préférer « quoique » ou « bien que ».

Bien que Paul soit intelligent, il faudra qu’il travaille pour réussir le concours.

Malgré son intelligence, Paul devra travailler pour réussir le concours. On ne dit pas « j’espère qu’il sache » mais « j’espère qu’il sait ». Même chose pour « croire que ».

Je crois qu’il vient. (Et non « qu’il vienne ».)

En revanche, la négation oblige à utiliser le subjonctif.

Je ne crois pas qu’il vienne, je ne pense pas qu’il le sache.

De la même manière, « souhaiter que » entraîne le subjonctif.

Je souhaite qu’il revienne.

Après la conjonction de subordination « si », on ne met jamais le conditionnel. C’est la fameuse règle selon laquelle les « si » et les « -rait » font mauvais ménage…

Si j’avais du temps, je reprendrais mes études.

Tags: Entraînement Concours orthophoniste Grammaire

May 18, 2017 | Posted by admin in Uncategorized | Comments Off

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