17: Neurologie

Chapitre 17 Neurologie



Symptômes neurologiques fréquents



Maux de tête


Le mal de tête est une plainte fréquente, mais en général il n’est pas un signe de maladie grave. Chez la plupart des patients se plaignant de céphalée, aucun signe physique anormal n’est décelable et le diagnostic repose sur une anamnèse précise. Les causes peuvent être réparties en fonction de leur début et de leur évolution (tableau 17.1). Celles responsables d’une céphalée aiguë ou subaiguë sont toutes potentiellement graves et nécessitent des investigations et une évaluation urgentes. Une hémorragie méningée se manifeste par des maux de tête qui atteignent une intensité maximale en quelques secondes et sont décrits comme « pires que jamais » (voir plus loin). La raideur de nuque et le signe de Kernig indiquent une irritation méningée, déclenchée généralement par une méningite bactérienne ou virale, ou une hémorragie méningée, affections qui peuvent également s’accompagner de fièvre.


Tableau 17.1 Causes de céphalée















Aiguë et forte (début en quelques minutes ou heures)
Hémorragie intracrânienne
Thrombose veineuse cérébrale
Dissection d’une artère carotide ou vertébrobasilaire
Méningite
Blessure à la tête
Migraine
Médicaments, par exemple trinitrine
Alcool
Infections, par exemple le paludisme
Subaiguë (début prenant des jours à plusieurs semaines)
Masse intracrânienne
Encéphalite
Méningite
Artérite à cellules géantes
Sinusite
Glaucome aigu
Hypertension maligne
Récurrente/chronique
Migraine
Céphalée de tension
Sinusite
Céphalée de Horton ou céphalée en grappe
Hémicrânie paroxystique
Consommation excessive de médicament
Masse intracrânienne

Chez les patients souffrant de céphalées chroniques ou récurrentes, les antécédents et l’examen physique constituent les moyens principaux permettant de distinguer les causes graves ou bénignes des maux de tête, la plupart étant des céphalées de tension (abordées plus loin) et ne nécessitant pas d’investigations approfondies. En revanche, si les symptômes s’aggravent progressivement ou deviennent chroniques tout en changeant de caractère, il faut envisager la possibilité d’une hypertension intracrânienne, par exemple en raison d’une lésion compressive, ce qui nécessite alors une imagerie cérébrale par TDM ou IRM. Le tableau 17.2 énumère les autres caractéristiques suggestives d’un risque plus élevé de pathologie grave, constituant ainsi des indications pour l’imagerie. Un mal de tête avec des douleurs généralisées chez une personne âgée suggère une artérite à cellules géantes, qui nécessite un traitement urgent par des corticoïdes afin de prévenir la cécité.


Tableau 17.2 Indications d’imagerie cérébrale chez les patients souffrant de céphalée





Apparition soudaine
Céphalée nouvelle chez un patient de plus de 50 ans
Signes neurologiques anormaux
Céphalée changeant avec la posture (peut indiquer une augmentation de la PIC)
Céphalée aggravée par la toux, les éternuements, la flexion du tronc, l’effort (peut indiquer une augmentation de la PIC)
Fièvre
Antécédents d’infection par le VIH
Antécédents de cancer

PIC : pression intracrânienne.



Étourdissements, évanouissements et tendances syncopales


Des épisodes de perturbation transitoire de la conscience sont fréquents (tableau 17.3). Souvent, les antécédents médicaux suffisent à différencier une crise d’épilepsie des autres troubles. Le récit d’un témoin oculaire est particulièrement utile. Il faut pouvoir reconnaître une éventuelle narcolepsie, une maladie rare caractérisée par un besoin de sommeil irrésistible dans des circonstances inappropriées, et la cataplexie, une affection du même type, mais dans laquelle les membres inférieurs perdent soudainement leur tonus et se dérobent, la conscience étant préservée. Les crises sont déclenchées par une forte émotion ou un événement survenant par surprise.


Tableau 17.3 Causes courantes de perte de conscience et de chute chez l’adulte





Syncope – causes cardiopulmonaires


Syncope – causes vasculaires
Réflexe : vasovagal (simple évanouissement)




Épilepsie
Hypoglycémie
Psychogène



EP : embolie pulmonaire.




Étourdissements et syncopes


Une syncope est une perte de conscience de courte durée (généralement 20 à 30 secondes) provoquée par une réduction globale du débit sanguin cérébral. Habituellement, la récupération est rapide et complète. La syncope est un symptôme plutôt qu’une maladie. Elle peut être causée par plusieurs affections sous-jacentes (tableau 17.3) et est souvent confondue avec l’épilepsie.


Un étourdissement précède la syncope, et représente une forme incomplète dans laquelle la perfusion cérébrale n’a pas diminué suffisamment pour provoquer une perte de conscience. L’étourdissement doit être différencié du vertige (voir chap. 16), qui est une illusion de déplacement, souvent rotatif, des objets environnants par rapport au corps ou inversement. Il résulte d’une maladie de l’oreille interne, du 8e nerf crânien ou de ses connexions centrales.


La cause la plus fréquente d’étourdissement est une syncope vasovagale (simple évanouissement), qui survient à la suite d’une bradycardie réflexe et d’une vasodilatation périphérique et splanchnique. La peur, la douleur et une station debout prolongée en sont les principales causes. Un évanouissement ne survient presque jamais en position couchée. Il est généralement précédé de pâleur, nausées, sensations ébrieuses et transpiration. Une récupération rapide et l’absence de mouvements saccadés suggèrent qu’il s’agit d’un évanouissement et non de convulsions. Une syncope peut s’accompagner d’incontinence urinaire. Une perte de conscience due à une arythmie survient sans avertissement et même en position couchée. Une syncope peut survenir après la miction chez les hommes (en particulier la nuit), et quand une apnée ou une forte quinte de toux empêche le retour veineux dans le cœur. Les patients atteints de sténose aortique et de cardiomyopathie hypertrophique peuvent tomber en syncope au cours d’un exercice. La syncope vagale réflexe serait liée à une sensibilité excessive du sinus carotidien à une pression extérieure. Elle survient chez des patients âgés qui perdent conscience, par exemple lorsqu’ils tournent la tête, ce qui comprime légèrement le sinus. L’hypotension orthostatique se définit comme une chute de la pression artérielle (PA) systolique ≥ 20 mmHg dans les 3 minutes qui suivent le passage de la position couchée à la position debout. Elle peut être due à une altération des réflexes autonomes, comme cela se produit parfois chez une personne âgée, mais aussi en cas de neuropathie autonome et lors de la prise de certains médicaments (phénothiazines, antidépresseurs tricycliques).



Examens


Les antécédents et l’examen physique avec prise de la PA en décubitus et debout ainsi qu’un ECG à 12 dérivations fourniront un diagnostic dans la plupart des cas de perte transitoire de conscience. L’échocardiographie sert à l’identification des maladies cardiaques structurelles sous-jacentes. À moins que les symptômes ne soient fréquents, l’apport diagnostique de l’électrocardiographie ambulatoire (voir chap. 10) est faible. Chez les patients présentant des syncopes inexpliquées pour lesquelles des causes cardiaques ou épileptiques ont été exclues, le test de la table basculante (voir chap. 10) est indiqué. La pression artérielle, la fréquence cardiaque, les symptômes et l’ECG sont enregistrés durant 10 à 60 minutes après le redressement. Le test est considéré comme positif lorsqu’il reproduit les symptômes et provoque une hypotension.



Faiblesse


Les contractions des muscles squelettiques sont contrôlées par l’axe moteur du système nerveux central (fig. 17.1). La faiblesse musculaire se produit en raison d’un défaut ou d’une lésion à un ou plusieurs niveaux : cortex moteur, faisceaux corticospinaux (pyramidaux), cellules de la corne antérieure, racines nerveuses rachidiennes, nerfs périphériques, jonction neuromusculaire et fibres musculaires. Il est nécessaire de distinguer une faiblesse réelle de la « fatigue » ou de la « lenteur », comme dans la maladie de Parkinson. Le site de la lésion entraînant une faiblesse musculaire vraie est souvent identifiable par un examen neurologique approfondi. La répartition de la faiblesse, la présence ou l’absence de réflexes ostéotendineux, le réflexe cutané plantaire (tableau 17.4) et les déficits sensoriels sont tous utiles à la localisation de la lésion dans le système nerveux. Souvent, les lésions qui affectent des neurones moteurs supérieurs et des nerfs périphériques impliquent également le système sensoriel en raison de la proximité des nerfs sensoriels et moteurs dans ces structures.



Tableau 17.4 Comparaison des manifestations cliniques des lésions des motoneurones supérieurs et inférieurs






























Lésion des motoneurones supérieurs* Lésion des motoneurones inférieurs
Les signes sont du côté opposé à la lésion Les signes sont du même côté que la lésion
Fasciculation absente Fasciculation présente
Pas d’atrophie musculaire Atrophie
Spasticité ± clonus Hypotonie
Faiblesse principalement des extenseurs dans les bras et des fléchisseurs dans les jambes  
Réflexes tendineux exagérés Perte des réflexes tendineux
Signe de Babinski  
Déviation de la main tendue (vers le bas, en dedans avec tendance à la pronation)  

Fasciculation : contractions visibles d’unités motrices isolées survenant par saccades.


* Une lésion aiguë de MNS se manifeste cependant par une faiblesse passagère flasque et une hyporéflexie.




Voies corticospinales (pyramidales)




Motoneurone supérieur

Les voies corticospinales proviennent de neurones du cortex moteur et se terminent dans les noyaux moteurs des nerfs crâniens et les cellules de la corne antérieure médullaire. Les voies se croisent dans la moelle et passent dans les moitiés controlatérales de la moelle épinière, constituant ainsi le faisceau pyramidal croisé (fig. 17.1), qui se connectent par synapse aux cellules de la corne antérieure. C’est ce que l’on appelle le système pyramidal, dont le fonctionnement est perturbé en cas de lésions des motoneurones supérieurs (MNS), ce qui se traduit par des signes cliniques caractéristiques (tableau 17.4). Pour l’identification de la maladie primaire, l’imagerie du système nerveux central et de la colonne vertébrale par IRM ou TDM sera nécessaire.


Deux tableaux cliniques caractéristiques font suite aux lésions touchant les MNS : l’hémiparésie et la paraparésie.





Engourdissement



Système sensoriel


Les nerfs périphériques transportent tous les types de sensations à partir des terminaisons nerveuses vers les ganglions de la racine dorsale et, de là, dans la moelle. Ensuite, les signaux montent vers le thalamus et le cortex cérébral par deux voies principales (fig. 17.2) :




Les paresthésies (fourmillements), l’engourdissement et la douleur sont les principaux symptômes de lésions des voies sensorielles en dessous du niveau du thalamus. La nature et la répartition des symptômes peuvent suggérer le site de la lésion.



Lésions des nerfs périphériques. Les symptômes se font sentir dans le territoire du nerf périphérique touché, par exemple le nerf cubital ou médian. Une polyneuropathie est un sous-ensemble de troubles des nerfs périphériques caractérisés par une perte sensorielle et une sensation de brûlure distale, symétrique et bilatérale.


Lésions des racines nerveuses. Les symptômes sont perçus dans le dermatome innervé à partir de cette racine, souvent avec le désagrément de picotements dans ce dermatome (fig. 17.3). Cela contraste avec les conséquences de lésions de voies sensorielles du système nerveux central, qui se manifestent de manière typique par des déficits généraux dans une extrémité, plutôt que dans un dermatome précis.


Lésions de la moelle épinière. Les symptômes (perte de sensation) sont habituellement évidents en dessous du niveau de la lésion. Une lésion de la voie de la douleur et de la température (voies spinothalamiques), dans le tronc cérébral ou dans la moelle épinière, se traduira par une perte de la sensation de douleur et de température controlatérale, en dessous du niveau de la lésion. Une lésion au niveau rachidien de la voie de la proprioception se traduira par la perte de ce sens ipsilatéralement en dessous du niveau de la lésion. Une perte sensorielle dissociée suggère une lésion de la moelle épinière, par exemple une perte de sensation de la douleur et de la température dans la jambe droite et la perte de proprioception dans la jambe gauche.


Lésions pontiques. Le pont se trouve au-dessus de l’entrecroisement (décussation) des cordons postérieurs. Comme le lemniscus médian et les voies spinothalamique sont proches, des lésions pontiques entraînent la perte de toutes les formes de sensation venant du côté opposé à la lésion.


Lésions thalamiques. Une lésion du thalamus est une cause rare de perte sensorielle controlatérale complète. Une douleur spontanée peut également se manifester, le plus souvent comme conséquence d’un infarctus thalamique.


Lésions corticales. Des lésions du cortex pariétal peuvent causer une perte sensorielle, une négligence hémispatiale (hémiagnosie) et des troubles subtils de la sensibilité. La douleur n’est pas une caractéristique des lésions corticales.





Coordination des mouvements


Le système extrapyramidal et le cervelet coordonnent les mouvements. Leurs perturbations n’atténuent pas la force musculaire, mais produisent une incoordination.





Cervelet


Chaque lobe latéral du cervelet est chargé de coordonner le mouvement des membres homolatéraux. Le vermis médian assure l’équilibre axial (médian) et la posture. Le tableau 17.5 énumère les causes des lésions du cervelet.


Tableau 17.5 Quelques causes de lésions cérébelleuses







Une lésion dans un lobe du cervelet provoque un ou l’ensemble des troubles suivants :



Les lésions du vermis cérébelleux provoquent une ataxie caractéristique du tronc, de sorte que le patient a des difficultés à se lever ou se tenir debout.



Nerfs crâniens


Les 12 nerfs crâniens et leurs noyaux sont distribués de manière à peu près égale dans les trois segments du tronc cérébral (fig. 17.4). Les premiers et deuxièmes nerfs crâniens (nerfs I et II) font cependant exception ; leurs neurones se projettent sur le cortex cérébral. En outre, le noyau sensitif du nerf V s’étend du mésencéphale à la moelle épinière, et les noyaux des nerfs VII et VIII se situent à la fois dans le pont et dans le bulbe rachidien.





Nerf optique (2e nerf crânien) et système visuel


Les nerfs optiques entrent dans la cavité crânienne par le foramen optique et s’unissent pour former le chiasma optique, au-delà duquel ils forment les tractus optiques. Les fibres des tractus optiques se projettent sur le cortex visuel en passant par les corps géniculés latéraux et sur le noyau du 3e nerf pour les réflexes pupillaires à la lumière (fig. 17.5 et 17.6).




L’évaluation de la fonction du nerf optique comprend la mesure de l’acuité visuelle (tableau de test de Snellen), de la vision des couleurs (plaques de couleurs Ishihara) et du champ visuel (par la campimétrie et la périmétrie), ainsi que l’examen du fond d’œil avec l’ophtalmoscope. En outre, les réactions pupillaires, qui passent par les nerfs optiques et oculomoteurs (3e nerf crânien), doivent être testées.




Anomalies du champ visuel


Il y a trois principaux types de défauts du champ visuel (fig. 17.5) :



monoculaire, causé par des dommages oculaires ou nerveux ;


bitemporal, résultant de lésions au niveau du chiasma ;


hémianopsie homonyme, causée par des lésions dans le tractus, une radiation ou le cortex visuel.


Lésions du nerf optique. Une perte visuelle unilatérale, commençant comme un scotome central ou paracentral (une zone de vision plus faible dans le champ visuel), est caractéristique des lésions du nerf optique. Une destruction complète de l’un des nerfs optiques cause la cécité de l’œil correspondant et la perte du réflexe pupillaire à la lumière (directe et consensuelle). Des lésions du nerf optique sont dues à une démyélinisation (par exemple sclérose en plaques), une compression du nerf et l’occlusion de l’artère rétinienne (par exemple dans l’artérite à cellules géantes). D’autres causes sont notamment : un traumatisme, un œdème papillaire, une anémie sévère et des agents toxiques, par exemple l’éthambutol, la quinine, le tabac et l’alcool méthylique.


Lésions du chiasma optique. La cause la plus commune de l’hémianopsie bitemporale (cécité dans la moitié extérieure de chaque champ visuel) est un adénome hypophysaire, qui comprime les fibres provenant de la moitié nasale de chaque œil et qui croisent la ligne médiane à hauteur du chiasma. D’autres causes sont un craniopharyngiome ou une néoplasie secondaire.


Lésions des tractus et radiations optiques. Les tractus ou les radiations sont, le plus souvent, lésés par une tumeur ou un accident vasculaire, ce qui produit une hémianopsie homonyme (cécité affectant la moitié droite ou gauche de chaque champ visuel) dans une moitié du champ visuel controlatéral à la lésion.


Lésions du cortex occipital. Les hémianopsies homonymes sont causées par une obstruction unilatérale d’une artère cérébrale postérieure. La région maculaire peut être épargnée dans les lésions ischémiques en raison du double apport sanguin dans cette région irriguée non seulement par l’artère cérébrale postérieure, mais aussi par l’artère cérébrale moyenne. En revanche, les lésions du pôle occipital entraînent un déficit du champ maculaire (central) bilatéral.




Pupilles


Les pupilles se contractent en réaction à la lumière vive et lors de la convergence, c’est-à-dire lorsque le regard passe d’un objet lointain à un plus proche. Les signaux efférents parasympathiques qui contrôlent le muscle constricteur de la pupille sont émis par le noyau d’Edinger-Westphal dans le mésencéphale, et gagnent l’œil par le nerf oculomoteur (troisième). Le noyau d’Edinger-Westphal reçoit des signaux afférents du nerf optique (pour la lumière réflexe) et du centre de convergence dans le mésencéphale (fig. 17.6).


Les fibres sympathiques qui partent de l’hypothalamus suscitent une dilatation pupillaire (mydriase). Elles passent par le tronc cérébral et la moelle cervicale et émergent de la moelle épinière en T1. Elles remontent ensuite dans le cou en formant la chaîne sympathique cervicale, qui suit l’artère carotide jusque dans la tête.


Les principales causes de mydriase persistante sont les suivantes :



Les principales causes de constriction pupillaire (myosis) persistante sont les suivantes :




Nerfs crâniens III à XII


Les nerfs crâniens III à XII peuvent être endommagés par des lésions dans le tronc cérébral ou au cours de leur trajet intracrânien et extracrânien. Le site affecté peut être identifié si l’examen clinique montre l’implication d’autres nerfs crâniens dans ce site.





Les nerfs crâniens (3e, 4e et 6e) responsables des mouvements oculaires


Ces trois nerfs crâniens commandent les six muscles oculaires externes qui déplacent l’œil dans l’orbite (fig. 17.7). Le nerf abducens (6e nerf crânien) innerve le muscle droit latéral, et le trochléaire (4e nerf crânien), le muscle oblique supérieur. Tous les autres muscles extraoculaires, le sphincter de la pupille (fibres parasympathiques) et le releveur de la paupière supérieure sont sous le contrôle du nerf oculomoteur (3e nerf crânien). Normalement, le tronc cérébral (sous l’influence de signaux provenant du cortex, du cervelet et des noyaux vestibulaires) coordonne les fonctions de ces trois nerfs crâniens, afin que le mouvement des yeux soit symétrique (regard conjugué). Ainsi, des lésions infranucléaires (motoneurone inférieur) des 3e, 4e et 6e nerfs crâniens conduisent à une paralysie des muscles individuels ou de groupes musculaires. Des lésions supranucléaires (motoneurones supérieurs), par exemple l’implication du tronc cérébral par la sclérose en plaques, conduisent à la paralysie des mouvements conjugués des yeux.




Des mouvements oculaires désordonnés peuvent aussi résulter d’une maladie des muscles oculaires (par exemple une dystrophie musculaire, une dystrophie myotonique) ou de la jonction neuromusculaire (par exemple en cas de myasthénie). Dans ces affections, tous les muscles ont tendance à être affectés de manière égale, et c’est l’ensemble des mouvements oculaires qui est affecté.



Nerf trijumeau (5e nerf crânien)


Le nerf trijumeau exerce des fonctions à la fois motrices et sensorielles, et pénètre dans le tronc cérébral au niveau du pont. Les neurones de la douleur et de la température descendent jusqu’à la partie supérieure de la moelle cervicale avant qu’ils ne se connectent avec les neurones des voies descendantes de la 5e paire. Des neurones de second ordre se croisent alors et montent vers le thalamus. Par ses trois divisions, la partie sensorielle de ce nerf transmet les sensations provenant du visage et du cuir chevelu jusqu’au sommet crânien (fig. 17.8). Elle innerve également les muqueuses des sinus, du nez, de la bouche, de la langue et des dents. La racine motrice se déplace vers la division mandibulaire et contrôle les muscles de la mastication.



Une diminution du réflexe cornéen est souvent le premier signe d’une lésion du 5e nerf. Une lésion complète d’un côté cause une perte sensorielle unilatérale du visage, de la langue et de la muqueuse buccale. Lorsque la bouche est ouverte, la mâchoire dévie vers le côté de la lésion. Un réflexe mandibulaire rapide est observé en cas de lésion du motoneurone supérieur, c’est-à-dire au-dessus du motoneurone du pont.


Une lésion du 5e nerf est due à une pathologie dans le tronc cérébral (tumeur, sclérose en plaques, infarctus, syringobulbie), à l’angle pontocérébelleux (neurinome de l’acoustique, autre tumeur), au sein de la partie pétreuse de l’os temporal (propagation d’une infection de l’oreille moyenne) ou dans le sinus caverneux (anévrisme de la carotide interne, tumeur, thrombose du sinus caverneux).




Nerf facial (7e nerf crânien)


Le nerf facial exerce surtout une fonction motrice, en particulier sur les muscles de l’expression faciale. Il comporte, en outre, deux branches importantes : la corde du tympan, qui transporte la sensation de goût à partir des deux tiers antérieurs de la langue, et le nerf du muscle stapédien, qui protège l’oreille en amortissant les sons trop bruyants. Ces deux branches proviennent du nerf facial au cours de son passage intracrânien à travers le canal facial de la partie pétreuse de l’os temporal. Par conséquent, les dommages au nerf facial dans l’os temporal (par exemple paralysie de Bell, traumatisme, zona, infection de l’oreille moyenne) peuvent être associés à une sensibilité excessive aux bruits (hyperacousie) et à une perte de goût dans les deux tiers antérieurs de la langue.



Lésions des motoneurones inférieurs (MNI)


Une lésion unilatérale des MNI entraîne une faiblesse de tous les muscles de l’expression faciale (voir MNS ci-dessous) du même côté que celui de la lésion. Le visage, surtout l’angle buccal, s’affaisse et des gouttes de salive s’échappent au coin des lèvres. Le muscle frontal est faible, l’œil ne se ferme pas et la cornée, qui n’est plus protégée, risque de s’ulcérer. Une paralysie faciale dépendant des MNI est causée par une lésion qui implique les noyaux des nerfs crâniens VII à la jonction du pont et de la moelle allongée (bulbe rachidien), ou par une lésion sur le trajet du nerf facial en dehors du tronc cérébral : fosse postérieure, canal facial dans l’os temporal, oreille moyenne, glande parotide. Le nerf peut également être affecté en cas de polynévrite, par exemple dans le syndrome de Guillain-Barré ou dans la maladie de Lyme ; l’atteinte peut alors être bilatérale. La cause la plus fréquente des paralysies faciales dépendant des MNI est la paralysie de Bell.









Nerf vestibulocochléaire (8e nerf crânien)


Le 8e nerf crânien a deux composantes : cochléaire et vestibulaire, qui transmettent respectivement les signaux de l’ouïe et de l’équilibre (voir fig. 16.1). Les signes cliniques d’une lésion du nerf cochléaire sont la surdité et les acouphènes. Le nerf cochléaire peut être lésé au sein du tronc cérébral par une tumeur, la sclérose en plaques ou un infarcissement ; dans l’angle pontocérébelleux par un neurinome de l’acoustique ou d’autres tumeurs ; dans la partie pétreuse de l’os temporal par un traumatisme, une infection de l’oreille moyenne ou une tumeur. Une surdité neurale peut aussi être la conséquence d’une affection de la cochlée elle-même, comme la maladie de Ménière (voir chap. 16), l’effet de médicaments (par exemple la gentamicine) ou la presbyacousie (surdité de la vieillesse).


Le principal symptôme d’une lésion du nerf vestibulaire est le vertige, qui peut entraîner des vomissements. Le nystagmus est le principal signe physique, souvent avec ataxie (perte d’équilibre).



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Aug 1, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 17: Neurologie

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