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Chirurgie de l’épaule et du coude
Épaule
Examen clinique et tests
Amplitudes glénohumérales : flexion 160°, abduction 160°, rotation externe 80°, rotation interne mesurée par le processus épineux atteint par la tête du 3e métacarpien.
Amplitudes acromioclaviculaires : faible degré de mobilité.
Amplitudes scapulothoraciques : articulation sollicitée dès que le bras atteint 90° de flexion ou d’abduction (ratio articulation gléno-humérale et scapulothoracique = 2 : 1).
Les amplitudes minimales pour une bonne qualité de vie dépendent des possibilités d’effectuer les gestes de la vie quotidienne.
Amplitudes passive et active : l’amplitude maximale est mesurée en flexion, abduction, rotation interne et rotation externe tant en actif qu’en passif.
Jobe (figure 17.1) : spécifique du muscle supraépineux.
Figure 17.1 Test de Jobe.
Test effectué bras à 80–90° d’abduction et 30° de flexion avec le patient qui essaie de résister à une pression verticale des mains de l’examinateur posées au niveau des avant-bras positionnés en pronation maximale. Le test est positif s’il y a déclenchement de douleurs et baisse de force.
Hawkins (figure 17.2) : spécifique d’un conflit latéral au niveau de l’acromion.
Figure 17.2 Signe de Hawkins.
Test effectué membre supérieur positionné horizontalement avec coude fléchi à 90° et bras à 90° de flexion et 90° d’abduction. L’examinateur effectue un mouvement de rotation interne tout en gardant le coude à la même hauteur jusqu’à ce que l’humérus proximal bute contre le bord latéral de l’acromion. Le test est positif s’il y a déclenchement de douleurs.
Neer (figure 17.3) : spécifique d’un conflit antérieur au niveau de l’acromion.
Figure 17.3 Signe de Neer.
Test effectué coude tendu et paume de la main face contre sol avec l’examinateur qui effectue un mouvement de flexion au niveau de l’épaule jusqu’à ce que l’humérus proximal bute contre le bord antérieur de l’acromion. Le test est positif s’il y a déclenchement de douleurs.
Palm-up (figure 17.4) : spécifique du tendon du long chef du biceps.
Figure 17.4 Palm-up test.
Test effectué coude tendu et paume de la main face contre plafond. Mouvement de flexion, toujours en gardant le bras tendu, contre résistance par l’examinateur. Le test est positif s’il y a déclenchement de douleurs.
Belly-press (figure 17.5) : spécifique du muscle subscapulaire.
Figure 17.5 Belly-press.
Test effectué paume de la main sur le nombril et coude vers l’avant. L’examinateur glisse une main entre la main et le ventre du patient et essaie de décoller la main du patient de son ventre. Le patient doit résister tout en gardant son coude vers l’avant. Le test est positif s’il n’arrive pas à garder son coude vers l’avant et si le coude se dirige vers son flanc.
Lift-off test (figure 17.6) : spécifique du muscle subscapulaire.
Figure 17.6 Lift-off test.
Test effectué dos de la main positionné au niveau des lombaires. Le patient essaie de décoller sa main de son dos. Le test est positif s’il n’arrive pas à décoller sa main du dos.
Patte (figure 17.7) : spécifique des muscles petit rond et infraépineux.
Figure 17.7 Manœuvre de Patte.
Test effectué coude fléchi à 90° et bras à 90° d’abduction avec la main en direction du plafond. Le patient doit resister à un mouvement de rotation interne imprimé par l’examinateur. Le test est positif s’il y a déclenchement de douleurs et baisse de force.
O’Brien (figure 17.8) : spécifique d’une lésion SLAP.
Figure 17.8 Test de O’Brien.
Test effectué bras tendu à 90° de flexion et 10° d’adduction. Le pouce est dirigé vers le plafond et l’examinateur essaie de baisser le bras du patient. La manœuvre est répétée avec le pouce vers le bas. Le test est positif si les douleurs sont plus prononcées avec le pouce vers le bas.
Body-cross (figure 17.9) : spécifique de l’articulation acromioclaviculaire.
Figure 17.9 Body-cross.
Test effectué main sur l’épaule controlatérale et coude à l’horizontale. L’examinateur pousse contre le coude du patient pour l’approcher de son épaule controlatérale. Le test est positif s’il y a des douleurs au niveau de l’acromioclaviculaire.
Laxité, appréhension (figure 17.10) : spécifique d’une laxité antérieure.
Figure 17.10 Test de laxité et d’appréhension.
Test effectué avec le patient assis et l’examinateur qui se tient derrière. Le coude est fléchi à 90° et le bras et en abduction à 90° et en rotation externe. L’examinateur effectue encore un peu plus de rotation externe. Le test est positif si le patient déclenche une réaction d’appréhension et s’il se contracte afin d’éviter la luxation glénohumérale.
Lésion de la coiffe des rotateurs
Épidémiologie
À l’IRM : présence de rupture partielle ou complète et asymptomatique chez 5 % des patients de moins de 40 ans et plus de 50 % des patients au-delà de 60 ans.
À l’échographie : présence d’une lésion de la coiffe des rotateurs chez 10 % des patients dans la cinquantaine, 20 % dans la soixantaine et 30 % dans la septantaine.
Yamaguchi a montré que plus de 50 % des lésions asymptomatiques deviennent symptomatiques dans les 3 ans, avec une progression de la taille des lésions.
Mécanisme, physiopathologie
Trois théories probablement complémentaires s’affrontent :
1. déchirure traumatique : une chute ou un geste contrarié peut être à l’origine d’une rupture tendineuse ;
2. zone critique : mauvaise vascularisation de l’insertion distale du supraépineux. Chaque mise sous tension du supraépineux provoque un phénomène d’essorage qui ischémie l’insertion tendineuse et aboutit progressivement à la rupture ;
3. conflit mécanique : un conflit ou impingement selon Neer peut être la cause de douleurs chroniques et invalidantes de l’épaule. II s’agit d’une pathologie de l’espace sous-acromial où un frottement répétitif entre le tendon du supraépineux et le bord inférieur de l’acromion provoque une inflammation chronique de la bourse sous-acromiale et du tendon du supraépineux.
L’acromion crochu (type III selon Bigliani) serait plus souvent associé à un syndrome du conflit pouvant évoluer jusqu’à la rupture tendineuse par frottement continu du tendon du supraépineux contre le bec acromial.
Trois stades du syndrome du conflit sont décrits par Neer :
• stade I : œdème et hémorragie tendineuse, douleur aiguë chez un adulte jeune après un effort violent. Examens paracliniques : négatifs. Traitement symptomatique : repos, stretching doux et restitution ad integrum ;
• stade II : fibrose et tendinite chronique, douleurs chroniques tant au repos qu’à l’effort, chez un adulte (25–40 ans), avec baisse de force, crépitations sous-acromiales dues à l’inflammation chronique de la bourse et du tendon. RX standards négatives. IRM et échographie : altérations tendineuses cicatricielles et dégénératives. Traitement conservateur : AINS, stretching, physiothérapie ;
• stade III : ostéophytes et déchirure tendineuse, douleurs chroniques diurnes et nocturnes chez un adulte de plus de 40 ans. Activité professionnelle moyenne ou lourde. Difficulté à l’élévation complète, faiblesse, atrophie musculaire. RX standards : sclérose du trochiter, diminution de l’espace acromiohuméral (< 7 mm), ostéophyte du bord antérieur de l’acromion. Arthrographie : opacification de la bourse sous-acromiale. IRM et échographie : rupture tendineuse.
Manifestations cliniques
L’inflammation de la bourse séreuse et la tendinite du tendon du supraépineux rendent compte du syndrome du conflit sous-acromial.
La rupture d’un ou de plusieurs tendons de la coiffe des rotateurs se traduit par un déficit de mobilité active de l’épaule.
Les lésions de la coiffe des rotateurs peuvent s’exprimer selon trois contextes différents :
Rupture traumatique
Elle survient à l’occasion d’un traumatisme brutal et violent, comme une luxation de l’épaule, parfois favorisée par des lésions dégénératives préexistantes. La rupture peut intéresser le supraépineux ou l’ensemble de la coiffe.
On observe un tableau d’épaule pseudo-paralytique avec douleur localisée sous l’acromion et impotence fonctionnelle : abduction active incomplète et abduction passive possible mais impossibilité de retenir le bras lors de l’abaissement.
L’arthro-IRM montre la rupture du tendon du supraépineux et l’opacification de la bourse sous-acromiale.
Le traitement des ruptures récentes consiste :
• soit en une réinsertion chirurgicale (figure 17.11), surtout chez les sujets jeunes ;
Figure 17.11 Ancres knotless munies de fils sertis en boucle, attrapés par l’extrémité de l’ancre après son passage à travers le tendon.
• soit par un traitement conservateur qui s’adresse aux patients âgés victimes d’une rupture limitée sur coiffe dégénérée.
Conflit sous-acromial
Témoin d’une bursite ou d’une tendinite, il précède les lésions dégénératives. La douleur est l’élément central, elle est :
L’examen clinique s’attache à retrouver des signes de conflit entre le tubercule majeur de l’humérus et l’acromion d’une part, et entre le tubercule mineur de l’humérus et le processus coracoïde d’autre part. On recherche donc une douleur en avant de l’acromion à la palpation et lors des manœuvres en antépulsion et rotation interne.
L’infiltration de lidocaïne et cortisone dans la bourse sous-acromiale est un test diagnostique du conflit sous-acromial.
L’examen est complété par la recherche d’une atteinte en rotation externe et interne.
Les RX standards ne montrent pas d’ascension de la tête humérale en l’absence de rupture.
Les RX de face et Neer permettent de repérer d’éventuelles calcifications, d’apprécier la saillie inférieure de l’acromion qui prend parfois la forme d’un ostéophyte agressif.
Le traitement du conflit sous-acromial récent, isolé et sans rupture tendineuse est médical en première intention ; il comporte :
• des antalgiques et des anti-inflammatoires per os ;
• une infiltration de corticoïdes dans la bourse sous-acromiale ;
• une physiothérapie basée sur le renforcement des muscles abaisseurs de la tête humérale (décoaptation glénohumérale).
L’échec du traitement médical peut faire poser l’indication d’une acromioplastie (figures 17.12 à 17.14), qui peut être réalisée par chirurgie conventionnelle ou par arthroscopie. L’intervention consiste à exciser la bourse et à réséquer la partie antérieure et inférieure de l’acromion et d’éventuelles calcifications. Cette intervention permet ainsi un élargissement de l’espace sous-acromial.
Figure 17.12 L’arthroscope, introduit par voie postérieure, est parallèle à la face inférieure de l’acromion.
La partie de l’acromion, triangulaire, visualisée devant l’optique correspond à la partie osseuse à réséquer. 1 : arthroscope parallèle à la face inférieure de l’acromion ; 2 : acromion ; 3 : acromioplastie : partie de l’acromion à réséquer ; 4 : ligament acromiocoracoïdien ; 5 : processus coracoïde.
Figure 17.13 Bursoscopie.
Le ligament acromiocoracoïdien a été sectionné. La face inférieure de l’acromion a été débarrassée du ligament acromiocoracoïdien. L’acromion osseux apparaît sous la forme d’un triangle correspondant au bec acromial.
Rupture sur coiffe dégénérée
Les stades anatomopathologiques sont classés par étendue et ancienneté de la rupture :
La rupture totale peut concerner le supraépineux isolément, en association à l’infraépineux et parfois s’étendre au subscapulaire. Le long chef du biceps peut également être atteint.
L’examen clinique s’attache dès lors à déceler les lésions musculaires déficientes :
• rotation externe coude au corps (infraépineux) ;
• rotation externe en abduction (petit rond) ;
• élévation du bras en antépulsion et rotation interne (supraépineux) ;
• absence de rotation externe en abduction (infraépineux et petit rond) ;
• rotation interne coude au corps (subscapulaire) ;
• rotation interne dans le dos (subscapulaire) ;
• existence d’une boule au tiers inférieur du bras lors d’une flexion contrariée (signe de Popeye) : rupture du long biceps.
Les RX standards montrent un pincement de l’espace sous-acromial et une ascension de la tête humérale. L’ascension de la tête humérale peut aller jusqu’à un contact avec l’acromion en cas de rupture très étendue de la coiffe des rotateurs.
L’arthro-IRM permet de préciser l’étendue de la rupture de la coiffe et d’évaluer la dégénérescence tendineuse et musculaire (involution graisseuse selon Goutalier : figure 17.15).
Figure 17.15 Involution graisseuse selon Goutalier à l’arthro-IRM.
A. Coiffe normale. B. Stade 1 : graisse < < muscle. C. Stade 2 : graisse < muscle. D. Stade 2–3. E. Stade 3 : graisse = muscle. F. Stade 4 : graisse > muscle.
Le traitement conservateur consiste en des séances de physiothérapie : mobilisation, stretching, décoaptation et musculation. On y associe des médicaments : AINS et antalgiques. Jusqu’à 3 infiltrations avec corticostéroïdes intra-articulaires ou dans l’espace sous-acromial sont admises pour une période de 6 mois. La moitié des patients avec une rupture transfixiante tendent à s’améliorer dans les mois qui suivent le début du traitement.
Le traitement chirurgical est envisagé en cas d’échec du traitement conservateur, de persistance des douleurs surtout nocturnes et de gêne fonctionnelle pour les activités de la vie quotidienne. Selon la gravité de l’atteinte sont proposés une acromioplastie simple ou une acromioplastie et réparation des tendons de la coiffe des rotateurs.
Les réparations tendineuses sont dictées par l’étendue de la rupture, le degré de rétraction et la qualité musculaire (figures 17.16 et 17.17) :
Figure 17.16 Lésions transfixiantes coronales distales (type 1), intermédiaires (type 2), et rétractées (type 3).
• une simple brèche peut être suturée ;
• une rupture complète avec une rétraction modérée peut être traitée par une réinsertion tendineuse dans une tranchée osseuse, facilitée actuellement par l’usage d’ancres de fixation (figure 17.18) ;
• une rupture complète d’un ou deux tendons avec rétraction importante doit faire discuter soit une réinsertion osseuse du tendon en désinsérant le muscle pour obtenir un effet d’avancement, soit un transfert musculaire destiné à pallier la fonction déficiente ;
• dans les ruptures étendues et anciennes se discute l’indication à une prothèse inversée dont la mobilité en abduction repose sur le muscle deltoïde.
Le principe du traitement chirurgical consiste à transformer un acromion crochu de type 3 en acromion plat de type 1 afin de recréer un espace sous-acromial suffisant. On procède ensuite à la réparation des tendons déchirés en les suturant bord à bord et en les réinsérant sur le tubercule majeur de l’humérus préalablement avivé.
Intervention pratiquée par arthroscopie ou par voie ouverte selon les préférences et l’expérience du chirurgien.
Précautions opératoires pour l’acromioplastie : commencer par fraiser la partie latérale de l’acromion pour connaître la quantité osseuse ainsi fraisée puis compléter par la partie médiale de l’acromion afin de limiter les risques de fracture de l’acromion secondaire à un fraisage trop agressif.
Pour la réparation tendineuse, il faut bien individualiser les tendons avec mise en évidence initiale de l’intervalle des rotateurs, bien libérer le tendon des adhérences afin de bien pouvoir le mobiliser et bien aviver le site de réinsertion osseuse sur la tête humérale.
Rééducation
Acromioplastie simple : mobilisation selon douleurs.
Réparation du supraépineux : 6 semaines de gilet orthopédique avec mobilisation passive puis en actif-assisté dès 6 semaines révolues.
Réparation du subscapulaire : 6 semaines de gilet orthopédique, pas de rotation interne contre résistance pendant 6 semaines, rotation externe limitée à 0° pendant 6 semaines.
Ténodèse du long chef du biceps : pas de flexion du coude contre résistance pendant 3 mois.
Complications
Fracture de l’acromion, re-rupture tendineuse, lâchage de la ténodèse du long chef du biceps.
Instabilité chronique antérieure de l’épaule
Définition
L’instabilité chronique antérieure de l’épaule est caractérisée par trois paramètres principaux :
• laxité ligamentaire constamment présente (acquise ou constitutionnelle) ;
• lésion du bourrelet qui s’aggrave à chaque « passage » de la tête humérale ;
Ces éléments suggèrent que l’instabilité antérieure d’épaule s’intègre dans le cadre général des instabilités articulaires par laxité ligamentaire. Le caractère spécifique que lui confère la luxation est lié uniquement à l’absence d’emboîtement réciproque de l’articulation scapulo-humérale et à l’intégrité du ligament responsable de la stabilisation.
Mécanisme, physiopathologie
Le premier épisode de luxation glénohumérale fait habituellement suite à un traumatisme important de la ceinture scapulo-humérale. Les luxations récidivantes sont la conséquence d’une instabilité glénohumérale résiduelle secondaire à la présence d’un Bankart osseux (figure 17.19) ou d’une non-guérison de la capsule articulaire. Les luxations récidivantes font suite à un traumatisme mineur ou à un mouvement en abduction-rotation externe (habillage/déshabillage, natation, se retourner dans son sommeil), parfois à la suite de crises comitiales. Souvent, il y a peu de douleurs avec une réduction facile voire spontanée.
Pour luxer une épaule, il faut, au minimum, sectionner la partie antéro-inférieure de l’appareil capsuloligamentaire (de 3 à 6 heures). La coiffe des rotateurs joue un rôle de seconde ligne de défense dans la stabilisation de l’épaule.
Causes d’instabilité : glène petite (congénitale ou diminuée dans sa taille par une lésion de Bankart), encoche postérosupérieure de Hill-Sachs (figure 17.20), coiffe des rotateurs distendue, lésion capsuloligamentaire.
En cas de luxation récidivante typique et documentée (radiographies en position luxée), le problème est relativement simple sachant que le seul piège est de méconnaître une hyperlaxité associée.
Manifestations cliniques
Anamnèse
Elle cherche à déterminer le mécanisme de luxation en précisant les circonstances de la première luxation : peu de douleurs, épisodes de luxations ou subluxations, réduction spontanée ou facile par un tiers ou le patient, appréhension.
Le traumatisme inaugural est souvent spontanément rapporté par le patient. Parfois, le premier épisode de luxation semblait d’origine non traumatique mais l’interrogatoire peut retrouver dans les antécédents un traumatisme d’épaule relativement important qu’il faudra savoir prendre en compte. Il existe en effet des situations où un traumatisme peut créer l’essentiel des lésions nécessaires à la luxation sans que cette dernière ne survienne. Dans d’autres cas, la notion de pratique intensive de sports avec des mouvements d’abduction et rotation externe forcée est utile à rechercher.
Le type de traumatisme est souvent difficile à caractériser avec précision. La seule notion importante est celle de traumatisme direct sur le moignon de l’épaule (d’arrière en avant) ou de traumatisme indirect (sur le coude ou l’avant-bras) qui est de loin le plus fréquent.
La description des accidents d’instabilité est importante. Le nombre d’épisodes d’instabilité et la facilité de survenue devront être analysés.
De nombreux épisodes d’instabilité survenant pour un traumatisme minime plaideront évidemment en faveur d’une intervention mais il est clair qu’une première récidive de luxation survenue chez un plongeur sous-marin pourra également faire discuter l’intervention compte tenu du risque spécifique encouru.
Status
– test effectué coudes au corps et fléchis à 90° avec une rotation externe maximale des deux avant-bras. Le test est positif si l’on dépasse 90° de rotation externe,
– test effectué poignet en flexion palmaire maximale. Le test est positif si l’on arrive à toucher l’avant-bras avec le pouce,
– test effectué en position assise avec le bras ballant le long du corps. Le test est positif si l’examinateur tire sur le bras vers le bas et si un sillon apparaît sous le bord latéral de l’acromion,
– test effectué en position assise avec l’examinateur positionné derrière le patient. L’examinateur tient la clavicule et la scapula d’une main et empoigne la tête humérale avec l’autre. Le test est positif s’il y a une trop grande mobilité antéropostérieure ;
• les signes d’appréhension : test effectué avec le patient assis et l’examinateur qui se tient debout derrière. Le coude est fléchi à 90° et le bras et en abduction à 90° et en rotation externe. L’examinateur effectue encore un peu plus de rotation externe. Le test est positif si le patient présente une réaction d’appréhension et s’il se contracte afin d’éviter la luxation glénohumérale.
Les manœuvres d’appréhension ont pour objectif commun de mettre la tête humérale en situation d’instabilité, ce qui déclenche chez le patient une vive appréhension et la reconnaissance de la gêne fonctionnelle spontanée.
Le test de l’armer du bras vise à reproduire la situation d’instabilité, c’est le test le plus classique. Il consiste à provoquer une abduction associée à une rotation externe maximale. Sa présence est très spécifique d’une instabilité.
Le relocation test est une variante plus sensible du test précédent. Il se pratique sur un patient en décubitus dorsal. Dans un premier temps, on pratique le test conventionnel de l’armer en poussant la tête humérale vers l’avant ce qui déclenche l’appréhension. Dans un deuxième temps, on pratique ce test en appuyant sur la face antérieure de la tête humérale. Cet appui direct sur la tête va prévenir la subluxation antérieure de la tête et entraîner la négativation du test.
Les tests de laxité globale ont pour objectif de mettre en évidence des mouvements anormaux de la tête humérale. Dans la mesure où aucun ligament articulaire n’est tendu dans la position où s’effectuent ces tests, ils ne doivent pas être interprétés comme des tests de laxité ligamentaire. Ils fournissent des informations globales difficiles à interpréter à propos de la laxité articulaire qui prennent en compte non seulement la laxité de l’ensemble de l’appareil capsuloligamentaire mais aussi le contrôle du tonus musculaire. Ils doivent être interprétés comme des tests d’hyperlaxité.
Le sulcus test est réalisé sur un patient bien détendu, et consiste attirer doucement le membre inférieur vers le bas. Le test est positif lorsque la traction provoque une descente de la tête humérale qui est objectivée par l’apparition d’un sillon en dessous du bord externe de l’acromion.
Les tests de tiroir sont réalisés sur un patient bien détendu. On lui demande de se pencher légèrement en avant et de laisser pendre les deux membres supérieurs. Une main de l’examinateur maintient la ceinture scapulaire tandis que l’autre saisit la tête humérale et essaye de provoquer un tiroir antérieur puis postérieur à la recherche d’une translation anormale de la tête humérale.
Traitement
Le 1er épisode de luxation est pris en charge par un traitement conservateur avec immobilisation pendant 3 semaines dans un gilet orthopédique puis physiothérapie active-assistée afin de retrouver des amplitudes articulaires normales et de renforcer la musculature associé à un enseignement des gestes à éviter.
La récidive est traitée chirurgicalement par réparation capsuloligamentaire (figure 17.21) si la surface de la glène est complète et par confection d’une butée osseuse selon Latarjet (figure 17.22) à l’aide du processus coracoïde si la glène présente une lésion de type Bankart osseux.
Figure 17.21 Technique de Bankart.
A. Préparation des orifices de passage des fils. B. Passage des points transosseux. C. Suture première du lambeau capsulaire externe, puis passage des points dans le lambeau capsulaire interne.
Précautions opératoires
Réparation capsuloligamentaire : identifier la gouttière bicipitale puis l’intervalle des rotateurs, désinsérer le subscapulaire à environ 1 cm de la gouttière, bien séparer le subscapulaire de la capsule, bien préparer le bord glénoïdien antéro-inférieur, placer les 3 ancres à la jonction chondro-osseuse entre 2 h et 5 h.
Butée osseuse : garder attachés les muscles coracobrachiaux pour l’effet de sangle et la vascularisation de la butée, faire attention au nerf musculocutané passant dans les coracobrachiaux, incision horizontale du subscapulaire à la jonction tiers moyen et tiers inférieur, bien préparer le bord glénoïdien, positionner la butée en continuité de la glène entre 3 h et 5 h.
Capsulite rétractile
Épidémiologie
Principale cause de diminution de la mobilité de l’épaule.
Maladie fréquente touchant jusqu’à 4 % de la population active.
Apparition parfois favorisée par un traumatisme ou un faux mouvement mais le plus fréquemment sans aucune cause apparente. On retrouve souvent un terrain propice au développement de cette pathologie : un choc psychologique (licenciement, deuil, divorce, etc.), un contexte anxieux ou dépressif ou bien encore l’existence d’un diabète ou de problèmes thyroïdiens.
Mécanisme, physiopathologie
Fibrose de l’enveloppe capsuloligamentaire de l’articulation glénohumérale.
Associations : traumatisme, fracture, diabète, infarctus, hémiplégie, barbituriques et isoniazide
Évolution sur 12 à 18 mois : « gel-raideur-dégel » :
• phase du gel : début insidieux, se manifestant par une gêne, devenant au fil des semaines une raideur douloureuse de jour comme de nuit ;
• phase de la raideur : atténuation de la douleur, l’épaule restant raide ;
• phase du dégel : retour de la mobilité et disparition de la douleur.
Manifestations cliniques
Anamnèse : recherche d’un élément déclenchant, caractérisation des douleurs.
Status : limitation en rotation externe (coude au corps) < 50°, élévation < 120° active et passive, douleurs à la palpation de la face antérieure de la capsule au niveau du tubercule majeur de l’humérus et de la gouttière bicipitale, peu de différence entre mobilité active et passive.
Radiologie : subluxation de l’humérus vers le haut.
Traitement
Traitement conservateur : AINS, physiothérapie douce en piscine à but antalgique, infiltration à but antalgique, manipulation sous narcose.
Traitement chirurgical (figure 17.23) en cas de raideur de l’épaule résistante à plusieurs mois de traitement médical avec gonflement et libération des adhérences par injection intra-articulaire de liquide lors d’une arthroscopie sous anesthésie avec dilatation capsulaire, physiothérapie 3 fois/j, traitement antalgique et antirhumatismal.
Figure 17.23 Libération arthroscopique avec libération de l’intervalle des rotateurs et de la capsule antérieure inférieure et antérieure.
Si nécessaire une libération postérieure est également pratiquée. 1 : glénoïde ; 2 : labrum ; 3 : infraépineux ; 4 : supraépineux ; 5 : palpateur crochu ; 6 : intervalle des rotateurs pour résection des tissus mous ; 7 : biceps ; 8 : muscle subscapulaire ; 9 : libération de la capsule ; 10 : trait pointillé indiquant l’endroit où la libération est poursuivie vers l’avant et quelquefois vers l’arrière.