17: Chirurgie de l’épaule et du coude

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Chirurgie de l’épaule et du coude




Épaule



Examen clinique et tests




image Amplitudes glénohumérales : flexion 160°, abduction 160°, rotation externe 80°, rotation interne mesurée par le processus épineux atteint par la tête du 3e métacarpien.


image Amplitudes acromioclaviculaires : faible degré de mobilité.


image Amplitudes scapulothoraciques : articulation sollicitée dès que le bras atteint 90° de flexion ou d’abduction (ratio articulation gléno-humérale et scapulothoracique = 2 : 1).


image Les amplitudes minimales pour une bonne qualité de vie dépendent des possibilités d’effectuer les gestes de la vie quotidienne.


image Amplitudes passive et active : l’amplitude maximale est mesurée en flexion, abduction, rotation interne et rotation externe tant en actif qu’en passif.


image Jobe (figure 17.1) : spécifique du muscle supraépineux.



image Hawkins (figure 17.2) : spécifique d’un conflit latéral au niveau de l’acromion.



image Neer (figure 17.3) : spécifique d’un conflit antérieur au niveau de l’acromion.



image Palm-up (figure 17.4) : spécifique du tendon du long chef du biceps.



image Belly-press (figure 17.5) : spécifique du muscle subscapulaire.



image Lift-off test (figure 17.6) : spécifique du muscle subscapulaire.



image Patte (figure 17.7) : spécifique des muscles petit rond et infraépineux.



image O’Brien (figure 17.8) : spécifique d’une lésion SLAP.



image Body-cross (figure 17.9) : spécifique de l’articulation acromioclaviculaire.



image Laxité, appréhension (figure 17.10) : spécifique d’une laxité antérieure.





Lésion de la coiffe des rotateurs





Mécanisme, physiopathologie




image Trois théories probablement complémentaires s’affrontent :



image L’acromion crochu (type III selon Bigliani) serait plus souvent associé à un syndrome du conflit pouvant évoluer jusqu’à la rupture tendineuse par frottement continu du tendon du supraépineux contre le bec acromial.


image Trois stades du syndrome du conflit sont décrits par Neer :



 stade I : œdème et hémorragie tendineuse, douleur aiguë chez un adulte jeune après un effort violent. Examens paracliniques : négatifs. Traitement symptomatique : repos, stretching doux et restitution ad integrum ;


 stade II : fibrose et tendinite chronique, douleurs chroniques tant au repos qu’à l’effort, chez un adulte (25–40 ans), avec baisse de force, crépitations sous-acromiales dues à l’inflammation chronique de la bourse et du tendon. RX standards négatives. IRM et échographie : altérations tendineuses cicatricielles et dégénératives. Traitement conservateur : AINS, stretching, physiothérapie ;


 stade III : ostéophytes et déchirure tendineuse, douleurs chroniques diurnes et nocturnes chez un adulte de plus de 40 ans. Activité professionnelle moyenne ou lourde. Difficulté à l’élévation complète, faiblesse, atrophie musculaire. RX standards : sclérose du trochiter, diminution de l’espace acromiohuméral (< 7 mm), ostéophyte du bord antérieur de l’acromion. Arthrographie : opacification de la bourse sous-acromiale. IRM et échographie : rupture tendineuse.




Rupture traumatique




image Elle survient à l’occasion d’un traumatisme brutal et violent, comme une luxation de l’épaule, parfois favorisée par des lésions dégénératives préexistantes. La rupture peut intéresser le supraépineux ou l’ensemble de la coiffe.


image On observe un tableau d’épaule pseudo-paralytique avec douleur localisée sous l’acromion et impotence fonctionnelle : abduction active incomplète et abduction passive possible mais impossibilité de retenir le bras lors de l’abaissement.


image L’arthro-IRM montre la rupture du tendon du supraépineux et l’opacification de la bourse sous-acromiale.


image Le traitement des ruptures récentes consiste :




Conflit sous-acromial




image Témoin d’une bursite ou d’une tendinite, il précède les lésions dégénératives. La douleur est l’élément central, elle est :



image L’examen clinique s’attache à retrouver des signes de conflit entre le tubercule majeur de l’humérus et l’acromion d’une part, et entre le tubercule mineur de l’humérus et le processus coracoïde d’autre part. On recherche donc une douleur en avant de l’acromion à la palpation et lors des manœuvres en antépulsion et rotation interne.


image L’infiltration de lidocaïne et cortisone dans la bourse sous-acromiale est un test diagnostique du conflit sous-acromial.


image L’examen est complété par la recherche d’une atteinte en rotation externe et interne.


image Les RX standards ne montrent pas d’ascension de la tête humérale en l’absence de rupture.


image Les RX de face et Neer permettent de repérer d’éventuelles calcifications, d’apprécier la saillie inférieure de l’acromion qui prend parfois la forme d’un ostéophyte agressif.


image Le traitement du conflit sous-acromial récent, isolé et sans rupture tendineuse est médical en première intention ; il comporte :



image L’échec du traitement médical peut faire poser l’indication d’une acromioplastie (figures 17.12 à 17.14), qui peut être réalisée par chirurgie conventionnelle ou par arthroscopie. L’intervention consiste à exciser la bourse et à réséquer la partie antérieure et inférieure de l’acromion et d’éventuelles calcifications. Cette intervention permet ainsi un élargissement de l’espace sous-acromial.






Rupture sur coiffe dégénérée




image Les stades anatomopathologiques sont classés par étendue et ancienneté de la rupture :



image La rupture totale peut concerner le supraépineux isolément, en association à l’infraépineux et parfois s’étendre au subscapulaire. Le long chef du biceps peut également être atteint.


image L’examen clinique s’attache dès lors à déceler les lésions musculaires déficientes :



image Les RX standards montrent un pincement de l’espace sous-acromial et une ascension de la tête humérale. L’ascension de la tête humérale peut aller jusqu’à un contact avec l’acromion en cas de rupture très étendue de la coiffe des rotateurs.


image L’arthro-IRM permet de préciser l’étendue de la rupture de la coiffe et d’évaluer la dégénérescence tendineuse et musculaire (involution graisseuse selon Goutalier : figure 17.15).



image Le traitement conservateur consiste en des séances de physiothérapie : mobilisation, stretching, décoaptation et musculation. On y associe des médicaments : AINS et antalgiques. Jusqu’à 3 infiltrations avec corticostéroïdes intra-articulaires ou dans l’espace sous-acromial sont admises pour une période de 6 mois. La moitié des patients avec une rupture transfixiante tendent à s’améliorer dans les mois qui suivent le début du traitement.


image Le traitement chirurgical est envisagé en cas d’échec du traitement conservateur, de persistance des douleurs surtout nocturnes et de gêne fonctionnelle pour les activités de la vie quotidienne. Selon la gravité de l’atteinte sont proposés une acromioplastie simple ou une acromioplastie et réparation des tendons de la coiffe des rotateurs.


image Les réparations tendineuses sont dictées par l’étendue de la rupture, le degré de rétraction et la qualité musculaire (figures 17.16 et 17.17) :





image Le principe du traitement chirurgical consiste à transformer un acromion crochu de type 3 en acromion plat de type 1 afin de recréer un espace sous-acromial suffisant. On procède ensuite à la réparation des tendons déchirés en les suturant bord à bord et en les réinsérant sur le tubercule majeur de l’humérus préalablement avivé.


image Intervention pratiquée par arthroscopie ou par voie ouverte selon les préférences et l’expérience du chirurgien.


image Précautions opératoires pour l’acromioplastie : commencer par fraiser la partie latérale de l’acromion pour connaître la quantité osseuse ainsi fraisée puis compléter par la partie médiale de l’acromion afin de limiter les risques de fracture de l’acromion secondaire à un fraisage trop agressif.


image Pour la réparation tendineuse, il faut bien individualiser les tendons avec mise en évidence initiale de l’intervalle des rotateurs, bien libérer le tendon des adhérences afin de bien pouvoir le mobiliser et bien aviver le site de réinsertion osseuse sur la tête humérale.







Instabilité chronique antérieure de l’épaule





Mécanisme, physiopathologie




image Le premier épisode de luxation glénohumérale fait habituellement suite à un traumatisme important de la ceinture scapulo-humérale. Les luxations récidivantes sont la conséquence d’une instabilité glénohumérale résiduelle secondaire à la présence d’un Bankart osseux (figure 17.19) ou d’une non-guérison de la capsule articulaire. Les luxations récidivantes font suite à un traumatisme mineur ou à un mouvement en abduction-rotation externe (habillage/déshabillage, natation, se retourner dans son sommeil), parfois à la suite de crises comitiales. Souvent, il y a peu de douleurs avec une réduction facile voire spontanée.



image Pour luxer une épaule, il faut, au minimum, sectionner la partie antéro-inférieure de l’appareil capsuloligamentaire (de 3 à 6 heures). La coiffe des rotateurs joue un rôle de seconde ligne de défense dans la stabilisation de l’épaule.


image Causes d’instabilité : glène petite (congénitale ou diminuée dans sa taille par une lésion de Bankart), encoche postérosupérieure de Hill-Sachs (figure 17.20), coiffe des rotateurs distendue, lésion capsuloligamentaire.



image En cas de luxation récidivante typique et documentée (radiographies en position luxée), le problème est relativement simple sachant que le seul piège est de méconnaître une hyperlaxité associée.



Manifestations cliniques



Anamnèse



image Elle cherche à déterminer le mécanisme de luxation en précisant les circonstances de la première luxation : peu de douleurs, épisodes de luxations ou subluxations, réduction spontanée ou facile par un tiers ou le patient, appréhension.


image Le traumatisme inaugural est souvent spontanément rapporté par le patient. Parfois, le premier épisode de luxation semblait d’origine non traumatique mais l’interrogatoire peut retrouver dans les antécédents un traumatisme d’épaule relativement important qu’il faudra savoir prendre en compte. Il existe en effet des situations où un traumatisme peut créer l’essentiel des lésions nécessaires à la luxation sans que cette dernière ne survienne. Dans d’autres cas, la notion de pratique intensive de sports avec des mouvements d’abduction et rotation externe forcée est utile à rechercher.


image Le type de traumatisme est souvent difficile à caractériser avec précision. La seule notion importante est celle de traumatisme direct sur le moignon de l’épaule (d’arrière en avant) ou de traumatisme indirect (sur le coude ou l’avant-bras) qui est de loin le plus fréquent.


image La description des accidents d’instabilité est importante. Le nombre d’épisodes d’instabilité et la facilité de survenue devront être analysés.


image De nombreux épisodes d’instabilité survenant pour un traumatisme minime plaideront évidemment en faveur d’une intervention mais il est clair qu’une première récidive de luxation survenue chez un plongeur sous-marin pourra également faire discuter l’intervention compte tenu du risque spécifique encouru.



Status



image L’examen physique recherche :



• les signes de laxité :



– test effectué coudes au corps et fléchis à 90° avec une rotation externe maximale des deux avant-bras. Le test est positif si l’on dépasse 90° de rotation externe,


– test effectué poignet en flexion palmaire maximale. Le test est positif si l’on arrive à toucher l’avant-bras avec le pouce,


– test effectué en position assise avec le bras ballant le long du corps. Le test est positif si l’examinateur tire sur le bras vers le bas et si un sillon apparaît sous le bord latéral de l’acromion,


– test effectué en position assise avec l’examinateur positionné derrière le patient. L’examinateur tient la clavicule et la scapula d’une main et empoigne la tête humérale avec l’autre. Le test est positif s’il y a une trop grande mobilité antéropostérieure ;


• les signes d’appréhension : test effectué avec le patient assis et l’examinateur qui se tient debout derrière. Le coude est fléchi à 90° et le bras et en abduction à 90° et en rotation externe. L’examinateur effectue encore un peu plus de rotation externe. Le test est positif si le patient présente une réaction d’appréhension et s’il se contracte afin d’éviter la luxation glénohumérale.


image Les manœuvres d’appréhension ont pour objectif commun de mettre la tête humérale en situation d’instabilité, ce qui déclenche chez le patient une vive appréhension et la reconnaissance de la gêne fonctionnelle spontanée.


image Le test de l’armer du bras vise à reproduire la situation d’instabilité, c’est le test le plus classique. Il consiste à provoquer une abduction associée à une rotation externe maximale. Sa présence est très spécifique d’une instabilité.


image Le relocation test est une variante plus sensible du test précédent. Il se pratique sur un patient en décubitus dorsal. Dans un premier temps, on pratique le test conventionnel de l’armer en poussant la tête humérale vers l’avant ce qui déclenche l’appréhension. Dans un deuxième temps, on pratique ce test en appuyant sur la face antérieure de la tête humérale. Cet appui direct sur la tête va prévenir la subluxation antérieure de la tête et entraîner la négativation du test.


image Les tests de laxité globale ont pour objectif de mettre en évidence des mouvements anormaux de la tête humérale. Dans la mesure où aucun ligament articulaire n’est tendu dans la position où s’effectuent ces tests, ils ne doivent pas être interprétés comme des tests de laxité ligamentaire. Ils fournissent des informations globales difficiles à interpréter à propos de la laxité articulaire qui prennent en compte non seulement la laxité de l’ensemble de l’appareil capsuloligamentaire mais aussi le contrôle du tonus musculaire. Ils doivent être interprétés comme des tests d’hyperlaxité.


image Le sulcus test est réalisé sur un patient bien détendu, et consiste attirer doucement le membre inférieur vers le bas. Le test est positif lorsque la traction provoque une descente de la tête humérale qui est objectivée par l’apparition d’un sillon en dessous du bord externe de l’acromion.


image Les tests de tiroir sont réalisés sur un patient bien détendu. On lui demande de se pencher légèrement en avant et de laisser pendre les deux membres supérieurs. Une main de l’examinateur maintient la ceinture scapulaire tandis que l’autre saisit la tête humérale et essaye de provoquer un tiroir antérieur puis postérieur à la recherche d’une translation anormale de la tête humérale.




Traitement




image Le 1er épisode de luxation est pris en charge par un traitement conservateur avec immobilisation pendant 3 semaines dans un gilet orthopédique puis physiothérapie active-assistée afin de retrouver des amplitudes articulaires normales et de renforcer la musculature associé à un enseignement des gestes à éviter.


image La récidive est traitée chirurgicalement par réparation capsuloligamentaire (figure 17.21) si la surface de la glène est complète et par confection d’une butée osseuse selon Latarjet (figure 17.22) à l’aide du processus coracoïde si la glène présente une lésion de type Bankart osseux.











Capsulite rétractile







Traitement




image Traitement conservateur : AINS, physiothérapie douce en piscine à but antalgique, infiltration à but antalgique, manipulation sous narcose.


image Traitement chirurgical (figure 17.23) en cas de raideur de l’épaule résistante à plusieurs mois de traitement médical avec gonflement et libération des adhérences par injection intra-articulaire de liquide lors d’une arthroscopie sous anesthésie avec dilatation capsulaire, physiothérapie 3 fois/j, traitement antalgique et antirhumatismal.


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Jul 6, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 17: Chirurgie de l’épaule et du coude

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