Item 164 Lymphomes malins
Liens transversaux
ITEM 116 Pathologie auto-immune : aspects épidémiologiques, diagnostiques et principes de traitement.
ITEM 127 Transplantation d’organes : aspects épidémiologiques et immunologiques ; principes de traitement et surveillance ; complications et pronostic ; aspects éthiques et légaux.
Sujets tombés au concours de l’Internat : 1995, 1999, 2002 
• 1995 : Homme de 32 ans. Adénopathie sus-claviculaire gauche ; syndrome inflammatoire biologique ; cellules de Sternberg à la biopsie ganglionnaire.
2) Justifiez ce diagnostic en reprenant les arguments positifs présents dans le résumé d’observation.
4) En supposant qu’il n’y ait pas d’autres localisations que celles décrites dans l’observation, comment classerez-vous la maladie de ce patient en fonction de la classification anatomoclinique en usage ?
• 1999 : Homme de 19 ans. Adénopathies sus-claviculaires gauches et médiastinales ; syndrome inflammatoire biologique.
2) Une biopsie ganglionnaire est effectuée confirmant le diagnostic de maladie de Hodgkin. Quel est le type histologique le plus probable chez ce patient ?
4) En supposant que cet ou ces examens soient normaux, quel est le stade clinique d’extension de ce patient ?
5) Il est traité notamment par l’association MOPP comportant la méchlorétamine (alkylant), la vinblastine (alcaloïde de la pervenche), la procarbazine (proche des alkylants) et la prednisone. Quels sont les effets secondaires à craindre à court et moyen terme ?
• 2002 : Homme de 30 ans. Hospitalisé en urgence. Circulation veineuse collatérale, sueurs, amaigrissement, prurit. Anémie, syndrome inflammatoire biologique. Masse médiastinale à la radiographie thoracique.
2) Une étude histologique révèle un tissu tumoral contenant des cellules de Sternberg. Quels sont les examens réalisés pour compléter le bilan d’extension de cette maladie ?
3) Ce bilan révèle une atteinte pulmonaire de contiguïté et une atteinte ganglionnaire latérotrachéale et médiastinale antérieure. Le reste du bilan est normal. À quel stade classez-vous la maladie avec les éléments de l’observation ?
4) En dehors des éléments qui vous ont permis de classer la maladie, quels sont les éléments de valeur pronostique péjorative dans cette observation ?
Définition : Prolifération maligne monoclonale de cellules lymphoïdes ayant le plus souvent comme point de départ les organes lymphoïdes secondaires (rarement se développant dans des organes non lymphoïdes comme le cerveau) et envahissant secondairement les viscères, la moelle, le sang.
On distingue le lymphome de Hodgkin (ou maladie de Hodgkin) des lymphomes non hodgkiniens :– pour des raisons anatomopathologiques (le lymphome de Hodgkin se démarque par la présence de cellules de Reed-Sternberg par opposition aux autres lymphomes) ;
Architecture des organes lymphoïdes secondaires :– le ganglion lymphatique est composé d’une zone médullaire et d’une zone corticale. Dans la zone corticale, les lymphocytes B sont regroupés en structures arrondies dénommées follicules primaires. Les lymphocytes T siègent en zone interfolliculaire. Les lymphocytes B activés par la rencontre d’un antigène prolifèrent et transforment l’architecture du follicule : celui-ci prend le nom de follicule secondaire. On y distingue : (1) le centre germinatif, qui présente une zone sombre faite de centroblastes (lymphocytes B en prolifération), siège de mutations somatiques et de la commutation isotypique (switch) et une zone claire faite de centrocytes (lymphocytes B « switchés », sélectionnés) ; (2) la zone du manteau, composée de lymphocytes B naïfs semblables à ceux du follicule primaire et qui entourent le centre germinatif, comme repoussés en périphérie par la prolifération ; (3) lazone marginale, en périphérie du manteau, qui est une conception artificielle dans le ganglion, tandis que c’est une zone bien individualisée dans la rate, zone qui est le siège de l’immunité spécifique indépendante de l’antigène, notamment par les lymphocytes B mémoires (voir aussi fig. 2, en Introduction) ;
– la rate est composée de la pulpe rouge (sinus sanguins et cordons de Billroth) et de la pulpe blanche qui est un agrégat de tissu lymphoïde intimement associé aux artérioles issues de l’artère splénique. Ce manchon lymphatique péri-artériolaire est composé de lymphocytes T. Les follicules lymphoïdes faits de lymphocytes B présentent des centres germinatifs si une stimulation antigénique a eu lieu. Ils sont disposés à intervalles réguliers dans le manchon péri-artériolaire. La zone marginale est bien individualisée en périphérie du manchon péri-artériolaire et contient des cellules capables d’une réponse immunitaire spécifique indépendante de l’antigène (lymphocytes B, LB mémoire et macrophages) ;
La lymphopoïèse débute dans la moelle à partir de la cellule souche lymphoïde (voir aussi fig. 1, dans Introduction à l’oncohématologie) :– les lymphocytes T achèvent leur maturation dans le thymus où les lymphocytes T autoréactifs sont détruits. Les lymphocytes T matures expriment à leur surface un récepteur spécifique de l’antigène : le récepteur T (TCR). Ils colonisent les organes lymphoïdes, où ils participent à la réponse immunitaire spécifique dite cellulaire de deux façons : (1) deux tiers des lymphocytes T sont auxiliaires (ou « helper »), expriment la molécule CD4 à leur surface et coopèrent avec les lymphocytes B pour permettre la synthèse d’anticorps ; (2) un tiers sont des lymphocytes T cytotoxiques exprimant CD8, ils assurent des fonctions cytolytiques ;
– leslymphocytes B achèvent leur maturation dans la moelle. Les lymphocytes B matures expriment le CD20 et des immunoglobulines de surface IgM et IgD. Dans les organes lymphoïdes, leur maturation se poursuit, stimulée par la rencontre avec un antigène et par leur coopération avec les lymphocytes T. On distingue : (1) les lymphocytes B du précentre germinatif (naïfs, avant la rencontre avec l’antigène) ; (2) les lymphocytes B du centre germinatif (en cours de prolifération, siège de commutation de classe d’immunoglobuline) ; (3) les lymphocytes B post-centre germinatif (lymphocytes mémoires et plasmocytes — degré de différenciation ultime —, permettant la synthèse d’anticorps et la phase effectrice de l’immunité spécifique dite humorale) ;
Les lymphomes sont un groupe hétérogène de maladies, où les cellules malignes dérivent d’un lymphocyte (B, T, NK) à un certain stade de maturation, et débutent leur prolifération dans le site où réside le lymphocyte à cet instant (voir fig. 2, Introduction).
Les classifications des lymphomes (voir aussi Tableau II., dans l’Introduction à l’oncohématologie) permettent de regrouper des maladies en fonction :Pour plus de clarté, le lymphome de Hodgkin, ou maladie de Hodgkin (MDH), est traité ci-après séparément des autres lymphomes (dits lymphomes non hodgkiniens, LNH).
Lymphome de Hodgkin, ou maladie de Hodgkin
I Physiopathologie
A Développement tumoral
Dans la maladie de Hodgkin, les cellules malignes sont très peu nombreuses (environ 2 % de l’infiltrat tumoral). La majorité de la tumeur est constituée d’un infiltrat cellulaire réactionnel dont la configuration architecturale aboutit à différentes classifications anatomopathologiques.III Circonstances de découverte
A Présentation clinique*
Adénopathie périphérique révélatrice dans 80 % des cas ITEM 291 :– allure tumorale : indolore, non inflammatoire, ferme, non satellite d’anomalie du territoire de drainage ;
Fièvre au long cours associée ou non à des sueurs nocturnes et amaigrissement. Il existe des formes fébriles pures.IV Diagnostic* 
A Diagnostic positif
1 Étude anatomopathologique
L’étude anatomopathologique* (fig. 164-1) décrit :
classification OMS de 2001 (tableau 164-II ) :– les types 1 à prédominance lymphocytaire sont distingués en deux catégories :
• une forme d’architecture nodulaire, où les lymphocytes B sont organisés en nodules, classée à part (anciennement « paragranulome de Poppema et Lennert ») ;
Tableau 164-I Classification selon Lukes-Rye
| Type 1 | Prédominance lymphocytaire (nappe de lymphocytes, rares cellules de Sternberg) | 4 % cas |
| Type 2 | Scléronodulaire (nodules cellulaires entourés de sclérose) | 65 % cas |
| Type 3 | Cellularité mixte | 30 % cas |
| Type 4 | Déplétion lymphocytaire (surtout des cellules de Sternberg, peu de lymphocytes) | 1 % cas |
Tableau 164-II Lymphome de Hodgkin selon la classification OMS (2001)
| Lymphome de Hodgkin classique : | Lymphome de Hodgkin à prédominance lymphocytaire (LHNPL), anciennement appelé paragranulome de Poppema et Lennert |
V Bilan d’extension et d’évolutivité* 
L’objectif est de connaître le stade de la maladie pour :
A Bilan d’extension
1 Clinique
Palpation des aires ganglionnaires en précisant leur taille, leur siège : réalisation d’un schéma daté.2 Paraclinique 
L’extension par voie lymphatique sus- et sous-diaphragmatique est évaluée par :– radiographie thoracique de face et de profil, debout (fig. 164-2) : à la recherche d’un élargissement du médiastin ;
– scanner thoraco-abdomino-pelvien avec injection de produit de contraste (fig. 164-3) : inventaire et mesure des adénopathies profondes ;
L’extension par voie hématogène est recherchée :– certains examens sont systématiques :
• scanner thoraco-abdomino-pelvien et PET-scan à la recherche d’une atteinte d’organe (poumon, foie, rate…) ;
– les autres examens sont orientés par les anomalies de l’examen clinique et du bilan biologique :
• une hépatomégalie et/ou une perturbation du bilan hépatique (cholestase) en l’absence d’autre cause signifient le plus souvent une localisation hépatique du lymphome ; la ponction-biopsie hépatique est réalisée uniquement en cas de doute ;
• des douleurs osseuses et un bilan métabolique osseux perturbé (phosphorémie, calcémie, PAL) indiquent un envahissement osseux, objectivé par le PET-scan ; la scintigraphie osseuse n’a plus d’indication ;
NB : La lymphographie bipédieuse et la laparotomie exploratrice ne sont plus d’actualité.
C Classification selon l’extension et l’évolutivité
La classification utilisée est celle d’Ann Arbor (tableau 164-III). Elle décrit quatre stades d’extension.![]()
La rate est considérée comme une aire ganglionnaire. On rajoute la lettre « S » pour le préciser (par exemple : ganglion cervical et rate → Stade IIIS).
Dans les stades I, II, III, une atteinte viscérale par contiguïté du ganglion est précisée par la lettre « E » (on a donc des stades IE, IIE, IIIE) (par exemple : ganglion cervical et ganglion du hile hépatique avec extension au foie → Stade IIIE).
La lettre X (ou la dénomination « bulky ») définit une masse médiastinale supérieure à un tiers du plus grand diamètre thoracique mesuré en D5-D6 en inspiration profonde, le faisceau d’incidence étant postéro-antérieur (sur la radiographie standard).
À la classification d’Ann Arbor se rajoutent les lettres A/B, a/b selon les signes d’évolutivité (par exemple : atteinte ganglionnaire cervicale, inguinale et infiltration à la biopsie ostéomédullaire avec sueurs et VS élevée → Stade IVBb).Tableau 164-III Classification d’Ann Arbor
| Stade I | Une seule aire ganglionnaire atteinte |
| Stade II | Plus de deux aires ganglionnaires atteintes du même côté du diaphragme |
| Stade III | Atteinte ganglionnaire de part et d’autre du diaphragme |
| Stade IV | Atteinte viscérale par voie hématogène : poumon, os, foie, moelle osseuse |
VI Facteurs pronostiques* 
Le facteur pronostique principal est le stade de la maladie selon la classification d’Ann Arbor ; les stades III et IV sont de moins bon pronostic.VII Bilan préthérapeutique* 
A Clinique
– le statut de performance du patient par différentes échelles (ECOG, Karnofsky, OMS) (tableau 164-IV ).
Tableau 164-IV Statut de performance : échelle de l’OMS
| 0 | Absence de symptôme |
| 1 | Sujet symptomatique mais pouvant poursuivre une activité ambulatoire normale |
| 2 | Sujet alité moins de 50 % de la journée |
| 3 | Sujet alité plus de 50 % de la journée |
| 4 | Sujet alité en permanence, nécessitant une aide pour les gestes quotidiens |
B Biologie
LDH, acide urique, phosphorémie, calcémie : syndrome de lyse tumorale spontané en cas de forte masse tumorale (rare : ++).
Recherche de stigmates d’auto-immunité uniquement en cas de point d’appel clinique ou biologique : test de Coombs, anticorps antinucléaires, facteur rhumatoïde, cryoglobuline.C Imagerie
Échographie cardiaque par voie transthoracique : systématique avant un traitement par anthracyclines.VIII Traitement* 
La prise en charge est spécialisée : les décisions thérapeutiques doivent être prises par un comité de spécialistes au décours de la réunion de concertation pluridisciplinaire car les stratégies sont en évolution permanente.
Le traitement repose sur la chimiothérapie ± la radiothérapie. Il n’y a pas de place pour la chirurgie d’exérèse.
La réponse au traitement est définie selon les critères de Cheson :– réponse partielle : régression de plus de 50 % des masses initialement présentes et absence d’apparition de nouvelles localisations ;
A Radiothérapie
Les champs de radiothérapie dits « de référence » (en mantelet sus-diaphragmatique et en « Y » inversé sous-diaphragmatique) sont strictement abandonnés.Stay updated, free articles. Join our Telegram channel
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