Chapitre 16 Maladies des organes des sens
De nombreuses affections des yeux, des oreilles, du nez et de la gorge relèvent de services spécialisés. Aussi, le présent chapitre ne décrira que les maladies les plus fréquentes ou celles qui requièrent l’intervention urgente d’un spécialiste.
Oreille
La figure 16.1 illustre l’anatomie et résume la physiologie de l’audition.
Figure. 16.1 Anatomie et physiologie de l’oreille.
Les ondes sonores parviennent à la cochlée, remplie de liquide, en passant par le conduit auditif externe, le tympan et les osselets (stapès, incus, malléus). Les cellules ciliées de la membrane basilaire de la cochlée détectent les vibrations et les transforment en impulsions nerveuses ; celles-ci sont transmises par le nerf cochléaire (partie du 8e nerf crânien, vestibulocochléaire) dans le noyau cochléaire présent dans le tronc cérébral et, de là, vers les noyaux olivaires supérieurs. Les canaux semi-circulaires sont sensibles aux diverses positions corporelles et transmettent leurs informations par le nerf vestibulaire. L’oreille moyenne, normalement remplie d’air, communique avec les cellules mastoïdiennes situées au-dessus d’elle, et avec le nasopharynx par la trompe d’Eustache. Celle-ci fonctionne comme une valve qui égalise les pressions des deux côtés du tympan ; elle s’ouvre durant une fraction de seconde à la déglutition ou au bâillement. Tout ce qui interfère avec cette ouverture et cette fermeture périodiques ou qui obstrue la trompe d’Eustache peut entraîner une déficience auditive ou d’autres symptômes auditifs.
Surdité
La perte auditive touche beaucoup de personnes, au moins de manière temporaire. Elle peut survenir, par exemple, au cours d’un voyage en avion ou d’une infection de l’oreille, et dès lors être brève. En revanche, elle sera permanente lorsqu’elle relève d’un processus neurosensoriel, comme c’est souvent le cas au cours du vieillissement. La surdité peut être causée par un trouble soit de la conduction, soit d’ordre neurosensoriel. Les tests de Rinne et de Weber permettent la différenciation de ces deux mécanismes (voir ci-dessous). La surdité de transmission est due à une anomalie de l’oreille externe ou moyenne, dont la cause peut être identifiée au moyen d’un otoscope ; il montrera, par exemple, un bouchon de cérumen ou un corps étranger dans le conduit auditif externe, ou des anomalies du tympan comme une perforation ou une perte du reflet lumineux. La surdité de perception est due à un trouble de l’oreille interne, de la cochlée ou du nerf cochléaire (tableau 16.1).
Conduction de perceptionRinne négatifWeber – son entendu plus fort du côté affecté | Neurosensoriel Rinne positif Weber – son entendu plus fort dans l’oreille normale |
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Atrésie congénitale | Oreille interne |
Âge avancé | |
Conduit auditif externe | Traumatisme acoustique professionnel |
Bouchon de cérumen | Maladie de Ménière |
Corps étranger | Médicaments (gentamycine, furosémide) |
Otite externe | Lésions du 8e nerf crânien |
Suppuration chronique | Neurinome acoustique |
Tympan | Traumatisme crânien |
Perforation ou traumatisme | Lésions inflammatoires : |
Oreille moyenne | |
Otosclérose | |
Lésions des osselets | |
Otite moyenne | |
Lésions du tronc cérébral (rare) | |
Sclérose en plaques | |
Infarcissement |
Une oreille qui entend normalement devrait être plus sensible à la conduction aérienne qu’à la conduction osseuse. Le test de Rinne permet cette comparaison ; un diapason de 512 Hz est placé sur l’os mastoïde, derrière l’oreille, (conduction osseuse) ou est maintenu à côté de l’oreille (conduction aérienne). Le test est normal (positif) lorsque le son est mieux perçu par transmission aérienne que par transmission osseuse ; dans le cas contraire, le résultat est dit négatif. Dans le test de Weber, la poignée du diapason est placée sur l’arête du nez et le patient doit dire si le son est plus fort dans une oreille ou l’autre. Chez les patients avec une audition normale, le son aura la même intensité des deux côtés, mais ce sera également le cas lors d’une perte auditive symétrique.
Vertige
L’appareil vestibulaire de l’oreille interne comprend deux composants : les canaux semi-circulaires, qui détectent les mouvements de rotation, et les otolithes (utricule et saccule), qui détectent les accélérations linéaires. Ces organes transmettent, par la partie vestibulaire du 8e nerf crânien, des informations au tronc cérébral et au cervelet sur la position statique et la rotation de la tête. Le vertige est une illusion qui donne l’impression que les objets environnants sont pris d’un mouvement linéaire ou rotatoire. La cause peut être une lésion périphérique, de l’appareil vestibulaire ou du nerf correspondant, ou une lésion centrale, du tronc cérébral ou du cervelet.
• Le vertige positionnel paroxystique bénin représente environ la moitié des cas de dysfonction vestibulaire périphérique. Des débris calciques dans l’un des canaux semi-circulaires provoquent des épisodes récurrents de vertiges qui durent de quelques secondes à quelques minutes. Les épisodes sont déclenchés par des mouvements particuliers de la tête, par exemple se retourner dans le lit ou redresser le buste. Les causes sous-jacentes sont bénignes et le trouble peut disparaître spontanément (par certains mouvements de la tête, il est possible de déplacer les particules minérales et de rétablir la circulation liquidienne dans le canal semi-circulaire bloqué [NdT]).
• Névrite vestibulaire. On présume qu’elle est causée par une infection virale du labyrinthe. Des vertiges et du nystagmus se manifestent soudainement et si fort qu’ils peuvent entraîner des vomissements, mais l’audition reste intacte. L’attaque dure plusieurs jours ou semaines. Le traitement est symptomatique et à base de sédatifs vestibulaires (par exemple prochlorpérazine).
• La maladie de Ménière est due à une accumulation de liquide endolymphatique dans l’oreille interne. Elle est caractérisée par des épisodes récurrents de vertige pouvant durer de 30 minutes à quelques heures. Elle est associée à une sensation de plénitude de l’oreille, à une perte auditive neurosensorielle, à des acouphènes et à des vomissements. Le traitement consiste en sédatifs vestibulaires, par exemple cinnarizine au cours de la phase aiguë, en un régime pauvre en sel, en la prise de bétahistine et en l’abstention de caféine.
• Les causes centrales des vertiges sont souvent vasculaires. La sclérose en plaques peut également en provoquer ainsi que certains médicaments, par exemple des anticonvulsivants et des hypnotiques, ou l’alcool.