Item 16. Grossesse normale Besoins nutritionnels d’une femme enceinte
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• Expliquer les particularités des besoins nutritionnels d’une femme enceinte.
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ITEM 17 Principales complications de la grossesse.
ITEM 20 Prévention des risques fœtaux : infection, médicaments, toxiques, irradiation.
ITEM 21 Prématurité et retard de croissance intra-utérin : facteurs de risque et
prévention.
ITEM 24 Allaitement et complications.
ITEM 73 Risques sanitaires liés à l’eau et à l’alimentation. Toxi-infections alimentaires.
ITEM 233 Diabète sucré de type 1 et 2 de l’enfant et de l’adulte. Complications.
ITEM 267 Obésité de l’enfant et de l’adulte.
• 1996 (nord, dossier 6) :
Mme X., primigeste de 30 ans, est enceinte de 32 semaines et se présente comme quelqu’un en parfaite santé. Elle mesure 170 cm, elle pèse 72 kg. Elle n’a pas d’œdèmes notés (le poids avant la grossesse était de 50 kg). La prise de poids a été progressive. La TA est à 16/10 cm Hg, la même valeur est retrouvée après 20 minutes de repos. Le Labstix est normal (pas de protéinurie). La hauteur utérine est égale à 25 cm. Le col n’est pas modifié.
1) Quel diagnostic cette élévation de la tension artérielle évoque-t-elle ?
2) Que pensez-vous de cette prise de poids ?
3) Quelle est votre conduite immédiate ?
• 1996 (sud, dossier 12) :
Madame V. consulte pour une polyarthrite distale. Elle a 33 ans et a accouché trois mois plus tôt à terme d’un garçon de 3,750 kg qu’elle continue d’allaiter. Dans ses antécédents, on note :
– deux grossesses normales. Les enfants ont respectivement 4 et 3 ans. La contraception après la deuxième grossesse était assurée par un stérilet. La dernière grossesse est survenue sous stérilet ;
– deux phlébites, l’une au décours d’un accouchement, l’autre sans facteur favorisant ;
– l’apparition depuis 3 ans d’une photosensibilité.
La TA est à 100/70 mmHg. Elle est apyrétique et présente une polyarthrite distale symétrique, prédominant sur les poignets, les métacarpophalangiennes et les interphalangiennes proximales. Le reste de l’examen clinique est normal en dehors d’une pâleur conjonctivale. Le bilan biologique indique : VS : 68 mm à la première heure ; glycémie : 5,2 mmol/l ; créatininémie : 88 μmol/l ; hypergammaglobulinémie à 28 g/l ; ferritine : 15 ng/ml (normale : 20 à 300) ; hémoglobine : 9 g/dl ; VGM : 70 fl (normale : 81-98) ; formule blanche : 3 500 leucocytes dont 70 % de neutrophiles et 30 % de lymphocytes.
La malade souhaite continuer d’allaiter. Son poids avant la grossesse était de 51 kg pour 1,60 m. Après l’accouchement, elle pesait 54 kg. Elle a perdu 2 kg dans le mois qui suivait l’accouchement. Depuis 2 mois, son poids est stable. Une enquête alimentaire est réalisée. Elle montre que son apport énergétique se situe entre 1 800 et 2 000 kcal ; l’apport de fer est estimé à 18 mg par jour et l’apport de calcium à 600 mg par jour.
1) Commentez cette enquête en vous référant aux apports conseillés.
2) Dans cette situation, quels conseils nutritionnels donnez-vous à cette patiente ?
• Aucune conférence de consensus n’existe à ce jour sur ce thème.
▪ La grossesse implique une adaptation de l’organisme maternel pour le développement optimal du fœtus et en vue de l’allaitement.
▪ Dépenses énergétiques pendant la grossesse :
– besoins du fœtus et de ses annexes (environ 40 kcal par jour) ;
– constitution d’une réserve de lipides dans l’organisme de la mère (130 kcal par jour) ;
– métabolisme de base de la mère, en augmentation progressive pour atteindre + 20 % en fin de grossesse.
▪ La croissance fœtale est peu dépendante des apports énergétiques maternels mais est compromise si l’apport est inférieur à 1 600 kcal par jour. Il y a donc contre-indication à un régime hypocalorique pendant la grossesse.
▪ Dans les pays développés, l’alimentation maternelle couvre très largement les besoins nécessaires à une croissance fœtale harmonieuse.
▪ L’alimentation doit être variée, fractionnée dans la journée (3-5 fois) et riche en calcium (fromages, laitages), en fruits et légumes (vitamines et oligoéléments) et en protéines.
▪ Objectifs des recommandations nutritionnelles pendant et après la grossesse :
– prévenir certaines déficiences ou carences (acide folique, vitamine D surtout et, plus rarement, fer ou iode), en favorisant la consommation de certains aliments ou en complétant l’apport alimentaire par un supplément médicamenteux ;
– limiter les risques sanitaires liés à certains aliments (prévention de la listériose et de la toxoplasmose) ;
– surveiller le poids ;
– proscrire certains comportements (alcool, tabagisme) à risque pour l’enfant ;
– prévenir l’allergie ;
– lutter contre les petits troubles digestifs de la grossesse.
I. BESOINS ÉNERGÉTIQUES PENDANT LA GROSSESSE
▪ Recommandations nutritionnelles chez la femme enceinte :
– couvrir les besoins propres de la grossesse ;
– assurer au fœtus une croissance normale ;
– couvrir les besoins propres de la mère.
▪ Première moitié de la grossesse : phase anabolique pour la mère avec croissance du fœtus faible et constitution des réserves énergétiques maternelles (lipide, glycogène).
▪ Seconde moitié de la grossesse : phase catabolique pour la mère ; le fœtus prélève une partie de l’énergie nécessaire à sa croissance sur les réserves maternelles.
▪ Le coût énergétique de la grossesse a été évalué entre 70 000 et 80 000 kcal, ce qui représente un apport théorique supplémentaire de 250 à 280 kcal par jour.
▪ Du fait de mécanismes d’adaptation métabolique au cours de la grossesse, le supplément calorique nécessaire à la grossesse est modéré :
– + 100 kcal par jour au cours des deux derniers trimestres de la grossesse sont suffisants pour mener à bien une grossesse normale ;
– en pratique, les recommandations habituelles sont plus importantes : + 100 à + 300 kcal par jour.
▪ Prise de poids pendant la grossesse :
– une prise de poids maîtrisée favorise une grossesse et un accouchement sans complication et un retour plus facile au poids antérieur au cours du post-partum, tout en constituant des réserves suffisantes pour assurer l’allaitement et prévenir l’apparition à long terme de certaines affections (obésité, diabète, complications cardiovasculaires) ITEMS 233, 267 ;
– il n’y a pas de prise de poids optimale valable pour toutes les femmes ;
– la prise de poids idéale dépend du poids d’avant la grossesse (tableau 16-I)
*+ 3–4 kg en cas de grossesse gémellaire. | |
IMC | Prise de poids* |
---|---|
< 20 | + 12,5 à 18 kg |
20 à 26 | + 11,5 à 16 kg |
26 à 29 | + 7 à 11,5 kg |
> 29 | + 6 à 10 kg |
▪ La prise de poids correspond pour moitié à l’augmentation et à la formation de tissus adipeux maternels, au développement fœtal, au placenta, au liquide amniotique, à l’hypertrophie utérine, au développement mammaire et, pour l’autre moitié, à l’augmentation du liquide intracellulaire, du volume plasmatique et, en particulier pendant le troisième trimestre, à une rétention d’eau.
▪ Pendant la grossesse, le poids doit être vérifié à chaque consultation.
▪ Une prise de poids insuffisante augmente le risque de fausse couche ; une réduction importante du poids de naissance n’est effective qu’en cas de dénutrition sévère au troisième trimestre de grossesse.
▪ La grossesse contre-indique les régimes hypocaloriques.
II. BESOINS EN MACRONUTRIMENTS
1. Protéines
▪ La femme enceinte est capable de mobiliser durant le dernier trimestre de gestation, au moment de la période de croissance la plus rapide du fœtus, les réserves protéiques accumulées au début de la grossesse.
▪ Une augmentation des apports protéiques de 10 g par jour est cependant recommandée au cours de la grossesse
▪ En pratique : privilégier les protéines animales, de qualité nutritionnelle supérieure à celles des végétaux, déficitaires en acides aminés indispensables.
▪ Recommandation : consommation de viande 2 fois par jour.
2. Lipides : privilégier les acides gras essentiels
▪ Les lipides contribuent à l’apport énergétique, assurent le transport des vitamines liposolubles et participent à la constitution des membranes nerveuses du fœtus.
▪ Compte tenu des faibles réserves en acides gras polyinsaturés en oméga-3 dans l’organisme, on recommande au cours de la grossesse un apport en acide α-linolénique un peu supérieur aux recommandations de l’adulte, soit 1 % à 1,2 % de l’énergie ingérée.
▪ De même, l’apport d’acide linoléique sera de 4,5 % de l’apport énergétique total durant ces périodes, contre 3 % en dehors de la grossesse et de la lactation.
▪ En pratique : préférer l’huile à toute autre matière grasse car elle apporte des acides gras essentiels et des vitamines. Varier la nature des huiles (olive, colza, tournesol, pépins de raisin…).
3. Glucides
▪ Les glucides sont la source d’énergie pour les tissus fœtaux.