16: Appareil musculosquelettique

Chapitre 16 Appareil musculosquelettique












L’appareil musculosquelettique est constitué des os du squelette, de leurs articulations et des muscles squelettiques (volontaires) qui mobilisent le corps. Les caractéristiques et les propriétés des articulations ainsi que du tissu osseux et musculaire sont abordées dans ce chapitre.



Os




Bien que les os soient souvent considérés comme statiques ou immuables, ils constituent des structures vivantes hautement vascularisées, en remodelage permanent.






Structure de l’os



Structure générale d’un os long


Un os long a une diaphyse, ou corps de l’os, et deux épiphyses, ou extrémités de l’os (Fig. 16.1). La diaphyse est faite d’os compact, ménageant une cavité médullaire centrale contenant la moelle osseuse jaune, graisseuse. Les épiphyses comportent une couche externe d’os compact recouvrant de l’os spongieux, La diaphyse est séparée de chaque épiphyse par un cartilage épiphysaire, qui est ossifié quand la croissance est terminée. Un os s’épaissit par le dépôt d’os nouveau sous le périoste.



Les os longs sont presque entièrement recouverts par une membrane vasculaire, le périoste, qui a deux couches. La couche externe du périoste est dure et fibreuse, et protège l’os sous-jacent. La couche interne contient des ostéoblastes (cellules formant de l’os) et des ostéoclastes (cellules détruisant l’os), impliqués dans le maintien et le remodelage des os (voir ci-après). Le périoste recouvre l’ensemble de l’os, sauf à l’intérieur des cavités articulaires, et permet de donner attache à des tendons ; il est en continuité avec la capsule articulaire. Du cartilage hyalin remplace le périoste sur les surfaces articulaires des os formant des articulations synoviales.





Structure microscopique de l’os


L’os est un type de tissu conjonctif résistant et durable. Son composant majeur (65 %) est un mélange de sels de calcium, principalement du phosphate de calcium. La matrice inorganique procure sa grande dureté à l’os, mais en lui-même il serait fragile et susceptible de se casser. Un tiers des composants des os est un matériel organique appelé ostéoïde, principalement constitué de collagène. Le collagène est très solide et procure une légère flexibilité à l’os. Le composant cellulaire de l’os représente moins de 2 % de la masse osseuse.



Cellules osseuses


Les cellules responsables de la formation de l’os sont les ostéoblastes (qui maturent ensuite en ostéocytes). Les ostéoblastes et les chondrocytes (cellules formant le cartilage) se développent à partir des mêmes cellules parentales du tissu fibreux. Les ostéoclastes détruisent l’os. Ce sont de grandes cellules multinucléées issues de la fusion de jusqu’à 20 monocytes (p. 68).


Un équilibre fragile entre l’activité ostéoblastique et l’activité ostéoclastique permet de maintenir normales la structure et les fonctions de l’os.






Os compact (cortical)


L’os compact représente jusqu’à 80 % de la masse corporelle osseuse. Il s’agit d’un grand nombre d’unités en forme de tubes parallèles appelés ostéons (systèmes haversiens). Ceux-ci comportent un canal central (canal de Havers), entouré par des anneaux concentriques ou plaques d’os, ressemblant aux anneaux d’un arbre (Fig. 16.3). Les ostéons tendent à être alignés en suivant la force qui est appliquée à l’os ; ainsi, par exemple, dans le fémur (os de la cuisse), ils vont d’une épiphyse à l’autre. Cela donne une grande résistance à l’os.



Le canal central contient des nerfs, des vaisseaux lymphatiques et des vaisseaux sanguins, et chaque canal central est relié avec des canaux environnants par des tunnels à angle droit entre eux, appelés canaux perforants. Les séries de lames osseuses cylindriques disposées autour de chaque canal central sont appelées lamelles. Entre les lamelles osseuses adjacentes aux ostéons se trouvent de petites cavités appelées lacunes, chacune contenant un ostéocyte. Les lacunes communiquent entre elles à travers une série de minuscules canaux appelés canalicules, qui permettent la circulation de liquide interstitiel à travers l’os, et le contact direct entre les ostéocytes (Fig. 16.4).



Entre les ostéons se trouvent des lamelles interstitielles, qui sont des reliquats d’anciens systèmes ayant été partiellement détruits pendant le remodelage ou la croissance de l’os.




Développement du tissu osseux


Aussi appelé ostéogenèse ou ossification, le développement du tissu osseux débute avant la naissance, et ne se termine pas avant la 21e année de la vie environ (Fig. 16.6). Les os longs, courts et irréguliers, se développent dans le fœtus à partir de bâtons de cartilage, les ébauches cartilagineuses. Les os plats se développent à partir d’ébauches membranaires, et les os sésamoïdes à partir d’ébauches tendineuses.



Durant le processus de développement osseux, les ostéoblastes sécrètent de l’os ostéoïde qui remplace progressivement l’ébauche initiale ; puis cet os ostéoïde se calcifie progressivement, également par l’action ostéoblastique. Avec la croissance de l’os, les ostéoblastes sont pris dans la matrice qu’ils fabriquent eux-mêmes, et deviennent des ostéocytes.




Développement des os longs

Dans les os longs, les points où l’ossification débute sont de petites régions faites de cellules ostéogéniques, ou centres d’ossification, situées dans l’ébauche cartilagineuse. Cela s’accompagne du développement d’un collier osseux vers 8 semaines de gestation. Plus tard, l’apport sanguin se développe, et du tissu osseux remplace le cartilage tandis que des ostéoblastes sécrètent des composants ostéoïdes dans la diaphyse. L’os s’allonge tandis que l’ossification se poursuit et s’étend aux épiphyses. Vers la naissance, des centres d’ossification se développent dans les épiphyses, et le canal médullaire se forme quand des ostéoclastes détruisent le tissu osseux central, au milieu de la diaphyse. Durant l’enfance, les os longs continuent de s’allonger car la lame épiphysaire à chaque extrémité de l’os, constituée de cartilage, continue de produire du nouveau cartilage sur sa surface diaphysaire (la surface en face de la diaphyse de l’os, Fig. 16.6). Puis le cartilage se tourne contre l’os. Tant que la production de cartilage correspond au rythme de l’ossification, l’os continue de s’allonger. Au moment de la puberté, sous l’influence des hormones sexuelles, la croissance de la lame épiphysaire se ralentit, et elle est dépassée par le dépôt osseux. Une fois que l’ensemble de la lame épiphysaire est tournée contre l’os, la poursuite de l’allongement de l’os n’est plus possible.



Régulation hormonale de la croissance osseuse

Les hormones (voir Ch. 9) contrôlant la croissance osseuse ainsi que la persistance de la taille et de la forme des os sont les suivantes.



La testostérone et les estrogènes influencent les modifications physiques apparues à la puberté et permettent de maintenir la structure osseuse tout au long de la vie. L’augmentation de taux de ces hormones est responsable de la poussée de croissance intervenant à la puberté ; plus tard, elle stimule la fermeture des lames des épyphyses (Fig. 16.7), de telle sorte que la croissance en longueur des os s’arrête (les os peuvent gagner en épaisseur tout au long de la vie). La taille moyenne de l’homme adulte est habituellement plus grande que celle de la femme car la puberté masculine tend à survenir plus tard que la féminine, les os des garçons disposant ainsi de plus de temps pour poursuivre leur croissance. Les estrogènes sont responsables de la plus grande largeur du pelvis féminin, lequel se développe durant la puberté, et du maintien de la masse osseuse chez la femme adulte. La chute du taux d’estrogène au moment de la ménopause peut davantage exposer la femme postménopausée au risque de fracture (ostéoporose, p. 446).



Bien que la longueur et la forme des os normalement ne changent plus après la fin de l’ossification, du tissu osseux est continuellement remodelé, et remplacé quand il est endommagé. Les ostéoblastes continuent à déposer du tissu ostéoïde, et les ostéoclastes à le résorber. La rapidité de ces processus varie avec l’os ; par exemple, la partie distale du fémur est progressivement remplacée en 5 à 6 mois.





Marques osseuses


La plupart des os ont des surfaces irrégulières, des protubérances et des crêtes donnant attache aux tendons des muscles et aux ligaments. Elles ne sont pas comprises dans les descriptions des os qui suivent, sauf cas particulier, mais beaucoup sont indiquées sur les figures. Les marques osseuses et la terminologie en rapport sont définies dans le tableau 16.1.


Tableau 16.1 Terminologie en rapport avec le squelette



















































Terme Signification
Articulation Jonction entre deux os ou plus
Bordure Crête osseuse séparant deux surfaces
Condyle Projection osseuse arrondie et lisse qui forme une partie de l’articulation
Épine, processus épineux ou crête épineuse Crête osseuse pointue ou aiguë
Facette Petite surface articulaire, généralement plutôt plate
Fissure ou fente Fente étroite
Foramen(s) Trou dans une structure
Fosse Trou ou dépression
Méat Cavité en forme de tube à l’intérieur d’un os
Processus styloïde Projection osseuse descendante pointue qui donne attache aux muscles et aux ligaments
Septum Cloison séparant deux cavités
Sinus osseux Cavité creuse dans un os
Surface articulaire Partie de l’os qui entre dans la formation d’une articulation
Suture Articulation inamovible, par exemple entre les os du crâne
Trochanter, tubérosité ou tubercule Projections osseuses rugueuses, habituellement pour l’attache de muscles ou de ligaments. Les différents noms sont utilisés en fonction de la taille de la projection. Les trochanters sont les plus grosses, et les tubercules les plus petites.


Guérison des os


Les fractures osseuses sont classées en :





Après une fracture, les extrémités osseuses de l’os sont réunies par le dépôt d’os nouveau. Cela se produit en plusieurs stades (Fig. 16.8).











Squelette axial




Les os du squelette sont répartis en deux groupes : ceux du squelette axial, et ceux du squelette des membres (Fig. 16.9).



Le squelette axial est composé de la tête, de la colonne vertébrale, des côtes et du sternum. Les os formant ensemble ces structures constituent l’axe osseux central du corps.




Tête (Fig. 16.10 et 16.11)


La tête repose sur l’extrémité supérieure de la colonne vertébrale ; sa structure osseuse est divisée en deux parties : le crâne et la face.





Crâne


Le crâne est constitué par un certain nombre d’os plats et d’os irréguliers, protégeant le cerveau. Il a une base sur laquelle le cerveau repose, et une voûte, qui entoure et protège ce dernier. Le périoste à l’intérieur des os du crâne est formé par la couche superficielle de la dure-mère. Dans le crâne mature, les articulations (sutures) entre les os ne sont pas mobilisables (fibreuses). Les os présentent de nombreuses perforations (par exemple foramens, fissures, trous) par lesquelles passent des nerfs, des vaisseaux sanguins et des vaisseaux lymphatiques. Les os du crâne sont :











Os temporaux (Fig. 16.12)

Ces os siègent de chaque côté de la tête, et ils forment des articulations non mobilisables avec l’os occipital, et de chaque côté avec les os pariétal, sphénoïde et zygomatique. Chaque os temporal a plusieurs caractéristiques importantes.



La partie squameuse de l’os temporal est une partie mince en forme d’éventail, s’articulant avec l’os pariétal homolatéral. Le processus zygomatique s’articule avec l’os zygomatique pour former l’arcade zygomatique (os de la joue).


La partie mastoïdienne comporte le processus mastoïde, saillie osseuse aisément palpable derrière l’oreille ; ce dernier contient un grand nombre de très petites cavités (sinus) communiquant avec l’oreille moyenne (NdT : caisse du tympan), bordées par un épithélium pavimenteux.


La partie pétreuse forme une partie de la base du crâne ; elle contient les organes de l’audition (organe spiral) et de l’équilibre.


L’os temporal s’articule de chaque côté avec la mandibule au niveau de l’articulation temporo-mandibulaire, la seule articulation mobilisable du crâne. Immédiatement derrière cette articulation se trouve le méat (canal, conduit) acoustique externe, qui se dirige en dedans vers la partie pétreuse de l’os.


Le processus styloïde se projette à partir du processus inférieur de l’os temporal, et soutient l’os hyoïde ainsi que les muscles associés à la langue et au pharynx.






Face


Le squelette de la face est formée de 13 os, s’ajoutant à l’os frontal, déjà décrit. La figure 16.16 montre les relations entre les os :




















Os hyoïde

C’est un os isolé en forme de sabot de cheval, situé dans les tissus mous du cou juste au-dessus du larynx et au-dessous de la mandibule (voir Fig. 10.4, p. 252). Il ne s’articule avec aucun autre os, mais il est relié au processus styloïde de l’os temporal par des ligaments. Il donne attache à la base de la langue.






Colonne vertébrale (Fig. 16.19)


La colonne vertébrale est faite de 26 os ; 24 sont des vertèbres séparées, qui se dirigent vers le bas, depuis l’os occipital de la tête ; puis il y a le sacrum, formé à partir de cinq vertèbres fusionnées ; et, enfin, le coccyx, formé à partir de trois à quatre petites vertèbres fusionnées. La colonne vertébrale est divisée en différentes parties. Les 7 premières vertèbres, dans le cou, forment la colonne cervicale ; les 12 vertèbres suivantes représentent la colonne thoracique ; les 5 suivantes, la colonne lombale, les vertèbres les plus basses s’articulant avec le sacrum. Chaque vertèbre est identifiée par la première lettre de la partie où elle se trouve dans la colonne, suivie d’un nombre qui indique sa position. Par exemple, la vertèbre située le plus haut est appelée C1, et la troisième vertèbre lombale est appelée L3.



Les vertèbres mobilisables ont en commun de nombreuses caractéristiques, mais certains groupes ont des caractéristiques particulières.



Caractéristiques d’une vertèbre typique (Fig. 16.20)






Caractéristiques particulières des vertèbres dans les différentes parties de la colonne vertébrale



Vertèbres cervicales (Fig. 16.21)

Ce sont les plus petites vertèbres. Les processus transverses délimitent un foramen par lequel passe l’artère vertébrale montant vers le cerveau. Les deux premières vertèbres cervicales, l’atlas et l’axis, sont atypiques.



La première vertèbre cervicale, l’atlas, est l’os sur lequel la tête repose. Sous l’atlas se trouve l’axis, la deuxième vertèbre cervicale (C2).


L’atlas (Fig. 16.22A) est essentiellement un anneau osseux, sans corps distinct ni processus épineux, bien qu’il ait deux courts processus transverses. Il possède deux facettes aplaties qui s’articulent avec l’os occipital ; ce sont les articulations condyloïdes (p. 427), lesquelles permettent l’inclination de la tête.



L’axis (Fig. 16.22B) est situé sous l’atlas. Il a un petit corps, avec une petite projection vers le haut appelée apophyse odontoïde ou dent de l’axis. Il occupe une partie du foramen postérieur de l’atlas, situé au-dessus, et il y est fermement attaché par le ligament transverse (Fig. 16.22C). Le mouvement de rotation de la tête d’un côté à l’autre se situe dans cette articulation.


La septième vertèbre cervicale, C7, est aussi connue sous le nom de vertèbre proéminente. Elle possède une longue proéminence épineuse qui se termine en tubercule renflé, lequel peut facilement être senti à la base du cou.







Caractéristiques de la colonne vertébrale



Disques intervertébraux

Deux vertèbres adjacentes ont leur corps séparé l’un de l’autre par un disque intervertébral, fait d’une bordure externe de fibrocartilage (anneau fibreux) et d’une partie centrale de matériel gélatineux (nucleus pulposus) (Fig. 16.25). Les disques sont les plus minces dans la région cervicale, et ils deviennent progressivement plus épais en allant vers la région lombale. Le ligament longitudinal postérieur, dans le canal vertébral, contribue à les maintenir en place. Ils ont une fonction d’absorption des chocs, et l’articulation cartilagineuse qu’ils forment contribue à la flexibilité de la colonne vertébrale dans son ensemble.








May 7, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 16: Appareil musculosquelettique

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