Item 159 Tumeurs du sein
ITEM 140Diagnostic des cancers : signes d’appel et investigations paracliniques ; stadification ; pronostic.
ITEM 141Traitement des cancers : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie. La décision thérapeutique multidisciplinaire et l’information du malade.
Sujets tombés au concours de l’Internat et aux ECN : 1996, 1998, 2004, 2008
• 1996, zone Sud : Une femme de 55 ans, sans antécédent pathologique particulier, présente un cancer du quadrant inféro-interne du sein gauche, confirmé histologiquement, classé T2N1M0. Le traitement consiste dans un premier temps en une tumorectomie, un curage axillaire. Sur le plan histopathologique, il s’agit d’un adénocarcinome galactophorique invasif de grade histopronostique III avec des embolies vasculaires. La recherche de récepteurs d’œstradiol est positive, celle de récepteurs de progestérone négative. Sur les 18 ganglions prélevés, 3 sont positifs, l’un d’eux avec une rupture capsulaire. Le traitement est complété par une radiothérapie, une chimiothérapie associant épirubicine, cyclophosphamide, fluorouracile et une hormonothérapie par tamoxifène prévue pour une durée de 3 ans.
• 1998, zone Nord : Une femme de 40 ans, non ménopausée, présente une tuméfaction du sein gauche depuis plusieurs mois. Dans ses antécédents, on note que sa tante maternelle et sa grand-mère ont eu un cancer du sein. Elle a eu deux enfants qu’elle n’a jamais allaités. Elle n’a jamais suivi de contraception orale. Premières règles à l’âge de 9 ans et demi. À l’examen clinique cette tuméfaction mesure 4 cm de diamètre, n’adhère ni à la peau ni au plan profond. La palpation des aires ganglionnaires trouve deux ganglions axillaires gauches, mobiles, non inflammatoires, indolores, suspects. Le bilan paraclinique d’extension est négatif. Une drill-biopsie confirme qu’il s’agit d’un adénocarcinome.
4) L’analyse de la pièce opératoire dans le cas où vous avez décidé de l’opérer montre qu’il s’agit d’un adénocarcinome de grade III de Scarff et Bloom, qu’il existe 4 ganglions envahis sur 15, que les récepteurs hormonaux sont négatifs, que le mamelon et la peau ne sont pas envahis et que la tumeur est associée à un fibro-adénome. Quels sont les facteurs de mauvais pronostic ?
• 2004, dossier 3 : Femme de 48 ans consultant pour des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes depuis 6 mois. Elle n’a pas eu ses règles depuis 13 mois, après deux années de cycles irréguliers. Il s’agit d’une femme désireuse d’informations. Elle est inquiète du risque de cancer et en particulier du cancer du sein. Sa tante maternelle termine une chimiothérapie pour traiter cette maladie ; elle se demande pourquoi elle n’a pas été invitée à participer au dépistage du cancer du sein qui vient d’être récemment mis en œuvre dans le département. Elle s’interroge sur l’opportunité d’un traitement substitutif hormonal de ménopause. Les antécédents sont : père, fumeur, décédé d’un infarctus du myocarde à 68 ans, mère en bonne santé, grand-mère paternelle et un oncle paternel atteint d’un diabète de type II, tabagisme : 15 paquets-année (10 cigarettes par jour depuis l’âge de 18 ans). L’examen clinique est normal ; elle pèse 75 kg pour une taille de 1,62 m. La tension artérielle est à 136/78 mm Hg.
1) Quels sont les arguments cliniques en faveur du diagnostic de ménopause chez cette femme ? Quelle réponse apporter à son inquiétude du risque de grossesse ?
2) Est-il nécessaire ou utile de réaliser des tests ou examens complémentaires pour confirmer la ménopause ? Justifier votre réponse.
4) Expliquez à cette patiente ce qu’est une campagne de dépistage organisée du cancer du sein dans une population et ce qu’est un dépistage spontané individuel.
• 2008 : dossier 5 : Une femme de 76 ans adressée aux urgences en raison d’un syndrome fébrile avec antécédents de phlébite surale droite avec embolie pulmonaire et d’adénocarcinome mammaire droit traité par mastectomie partielle et radiothérapie complémentaire. Son traitement habituel : tamoxifène (Nolvadex) : 1 cp/j. La jambe droite est érythémateuse, chaude, douloureuse jusqu’au genou avec une traînée érythémateuse à la face interne de la cuisse droite avec une adénopathie inguinale droite et une fissure entre les 4e et 5e orteils des deux côtés. Elle signale aussi depuis 3 mois une douleur lombaire gauche irradiant à la face postérieure de la cuisse et du mollet gauche jusqu’au talon avec abolition du réflexe achilléen gauche.
4) Quel diagnostic pouvez-vous évoquer pour la douleur du membre inférieur gauche et sur quels arguments ?
5) Quels éléments allez-vous chercher à l’interrogatoire et à l’examen physique pour préciser l’origine de cette douleur ?
6) Étant donné ses antécédents et l’épisode actuel, quelles explorations allez-vous demander pour confirmer le diagnostic étiologique de cette douleur et que recherchez-vous ?
• Standards, Options et Recommandations :
– Cancer canalaire in situ du sein : http://www.sor-cancer.fr/index.php?tg=fileman&idx=get&inl=1&id=2&gr=Y&path=Sein%2Fcancer+du+sein+in+situ&file=APC_SEI_Sein-in-situ_plq.pdf
• Cancer du sein in situ. Recommandation de l’INCA, décembre 2009. http://www.e-cancer.fr/component/docman/doc_download/3925-cancer-du-sein-in-situ-plaquette
• Chirurgie prophylactique dans les cancers avec prédisposition génétique. Recommandation de l’INCA, août 2009. http://www.e-cancer.fr/component/docman/doc_download/5529-chirurgie-prophylactique-sein
• Indications de la radiothérapie : cancer du sein. Recommandation de l’INCA, novembre 2008. http://www.e-cancer.fr/component/docman/doc_download/4856-indications-radiotherapie-sein
Le sein est une glande d’origine ectodermique formée d’unités ductulo-lobulaires (constituées à la fois de canaux et de lobules) au sein d’un stroma adipeux.
Il est fréquemment découvert sur une mammographie de dépistage ou lors de la palpation d’une tuméfaction mammaire.
Seul un examen anatomopathologique obtenu par ponction cytologique ou biopsie mammaire permet d’affirmer le diagnostic.
Il existe un dépistage proposé aux femmes : mammographie tous les deux ans de 50 à 74 ans remboursée par la Sécurité sociale.
I Épidémiologie ITEM 138
50 000 nouveaux cas estimés en 2008 en France, 2e rang de tous les cancers pris dans leur globalité.
Un tiers de l’ensemble des nouveaux cas de cancers chez la femme, 1er en termes d’incidence chez la femme.
II Physiopathologie
A Facteurs de risque
Antécédent personnel ou familial de cancer du sein: le risque relatif est de 2 à 3 s’il existe un antécédent familial au premier degré (mère, sœur, fille).
Notion de cancers héréditaires: 5 % des cancers du sein sont liés à des mutations des gènes BRCA1 et BRCA2, gènes à pénétrance incomplète. À suspecter devant :
Hyperœstrogénie: le cancer du sein est un cancer œstrogéno-dépendant :
– endogènes : puberté précoce, cycles anovulatoires, nulliparité, première grossesse tardive (après 35 ans), absence d’allaitement, ménopause tardive ;
B Histoire naturelle
Le carcinome infiltrant peut avoir une extension lymphatique axillaire (30 % des cas au moment du diagnostic), puis sous- et sus-claviculaire.
L’atteinte de la chaîne mammaire interne (20 %) est présente surtout en cas de tumeur centrale ou interne et lorsqu’il existe un envahissement axillaire.
Les métastases à distance peuvent survenir dans environ 30 % à 50 % des cas après chirurgie seule de la tumeur primitive.
III Anatomopathologie ITEM 138
Le sein est une glande d’origine ectodermique formées d’unités ductulo-lobulaires (constituées à la fois de canaux et de lobules) au sein d’un stroma adipeux.
L’adénocarcinome résulte d’une atteinte diffuse de l’épithelium glandulaire avec passage de l’hyperplasie atypique au carcinome in situ puis au carcinome infiltrant lors de la rupture de la membrane basale.
Il existe deux grands types de cancer du sein :
– le cancer in situ : la prolifération épithéliale maligne est dans la lumière soit du canal galactophorique : carcinome intracanalaire (85 % à 90 % des carcinomes in situ ; soit des acini situés dans les lobules : carcinome intralobulaire (10 % à 15 %). Mais la membrane basale est toujours respectée. Il n’y a pas d’infiltration ;
Il existe plusieurs types histologiques :
– adénocarcinome canalaire infiltrant (75 %) : c’est le plus fréquent. Les cellules tumorales s’agencent en travées, en massif et en formation glandulaire (fig. 159-1) ;
– adénocarcinome lobulaire infiltrant (5–10 %) : les cellules carcinomateuses sont agencées en file indienne, avec un aspect en cible autour des canaux galactophoriques. Les noyaux sont réguliers. Le nombre de mitoses est faible. En immunohistochimie, il existe une perte d’expression de la E-cadhérine ;
– adénocarcinome tubuleux : les cellules carcinomateuses s’agencent uniquement en formations glandulaires. Les noyaux sont réguliers et le nombre de mitoses est faible. C’est un cancer de bon pronostic ;
– carcinome médullaire : le stroma est riche en lymphocytes. Il n’existe pas de glandes ou de lésions de carcinome intracanalaire. C’est un cancer de bon pronostic ;
– la maladie de Paget : présence de cellules carcinomateuses au sein du revêtement malpighien du mamelon. Les cellules sont de grande taille, polygonales, au noyau irrégulier et d’architecture lentigineuse. La maladie de Paget du sein témoigne d’un cancer infiltrant ou d’un carcinome intracanalaire du sein. Il s’agit d’une propagation de cellules carcinomateuses au mamelon.
Le grading du carcinome infiltrant selon le score de Scarff-Bloom-Richardson :
L’examen histologique doit mentionner l’expression ou l’absence des récepteurs hormonaux (fig. 159-2):
L’examen histologique doit également mentionner l’expression du récepteur HER2
– c’est un récepteur membranaire à activité tyrosine kinase impliquée dans l’oncogenèse de certains cancers du sein ;
L’examen histologique doit préciser également :
– la présence de carcinome intracanalaire (localisation, pourcentage par rapport au nodule, le grade nucléaire, la présence de nécrose au sein du carcinome intracanalaire) ;
Fig. 159-1 Aspect macroscopique et microscopique d’un adénocarcinome mammaire.
Source : Pathologie générale, par le Collège universitaire français des pathologistes, Emile J.-F. et al. Collection Campus illustré. Elsevier, Paris, 2007.
IV Diagnostic ITEM 140
L’examen clinique est bilatéral et comparatif :
– la palpation des aires ganglionnaires recherche un ganglion suspect(un ganglion axillaire palpable n’est pas toujours envahi et seule une minorité des ganglions envahis est palpable) ;
Examens complémentaires :
Fig. 159-3 Mammographie retrouvant une opacité suspecte.
Source : Radiodiagnostic, par J.-M. Tubiana et al. Collection Abrégés Connaissances et pratique, Masson, Paris, 2004.
L’échographie mammaire (fig. 159-4) :
– avec un grand axe oblique ou vertical ;
Fig. 159-4 Échographie mammaire.
Source : Radiodiagnostic, par J.-M. Tubiana et al. Collection Abrégés Connaissances et pratique, Masson, Paris, 2004.