Item 156 Tumeurs de la prostate
ITEM 140 Diagnostic des cancers : signes d’appel et investigations paracliniques ; stadification ; pronostic.
ITEM 141 Traitement des cancers : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie. La décision thérapeutique multidisciplinaire et l’information du malade.
• Recommandations 2007 de l’AFU, du GETUG et de la SFRO. http://www.urofrance.org/ fileadmin/documents/data/PU/2007/PU-2007-00171157-6/TEXF-PU-2007-00171157-6.PDF http://www.urofrance.org/fileadmin/documents/data/PU/2007/PU-2007-00171188-6/TEXF-PU-2007-00171188-6.PDF
• ADL n° 30. Cancer de la prostate. HAS, septembre 2008. http://www.has-sante.fr/portail/ upload/docs/application/pdf/2008-12/guide_kc_prostate_version_pour_web_validee_ 031208_cg.pdf
Elle est constituée d’une zone centrale (ZC), d’une zone de transition (ZT) et d’une zone périphérique (ZP) (fig. 156-1), d’un tissu péri-urétral et de stroma fibromusculaire antérieur.
L’examen histologique des biopsies prostatiques obtenues par une échographie endorectale affirme le diagnostic.
Une IRM (ou un scanner) abdomino-pelvienne et une scintigraphie osseuse sont les examens complémentaires à réaliser.
La stratégie thérapeutique pour les formes localisées prend en compte les groupes à risque de D’Amico.
I Épidémiologie ITEM 138
Incidence : 71 000 nouveaux cas estimés en France en 2009, 1er rang en fréquence. Le taux d’incidence standardisé est de 130 pour 100 000 habitants.
Son incidence augmente avec l’âge : un tiers des hommes à 70 ans et la moitié après 80 ans sont atteints.
Mortalité : plus de 9 000 décès estimés en France en 2009, 4e cause de décès par cancer, 2e chez l’homme. Le taux de mortalité standardisé est de 13 pour 100 000 habitants. La mortalité liée au cancer de la prostate diminue actuellement de 7 % par an.
II Dépistage ITEM 139
L’intérêt du dépistage généralisé du cancer de la prostate est actuellement débattu car il n’a pas fait la preuve de son efficacité sur la survie.
Les opposants au dépistage mettent en avant le risque de sur-diagnostic et lui associent le problème du sur-traitement. Les tumeurs peu agressives ne justifient pas de traitement, à la fois inutile sur le plan carcinologique et délétère sur le plan de la qualité de vie à cause des effets secondaires induits.
L’OMS et la Haute autorité de la Santé (HAS) ne recommande pas le dépistage de masse dans la population générale.
L’AFU recommande un dépistage individuel du cancer de la prostate entre 50 ans et 75 ans si l’espérance de vie est supérieure à 10 ans.
III Anatomopathologie
Il est le plus souvent multicentrique, c’est-à-dire qu’il existe plusieurs clones tumoraux dans une même prostate.
Il existe des lésions précancéreuses : les néoplasies intraprostatiques observées autour des foyers de carcinome.
Les cancers de la zone périphérique s’étendent rapidement vers la capsule et le tissu extraprostatique. Ils sont généralement moyennement ou peu différenciés.
Les cancers de la zone de transition sont en général bien différenciés. Ce sont des cancers d’évolution lente.
L’agressivité des cancers de la prostate peut être évaluée histologiquement par le score de Gleason (voir tableau 156-I et figure 156-2 dans le cahier couleur).
La gradation histologique de l’agressivité tumorale est basée sur deux critères qui sont :
– le degré de différenciation des cellules tumorales (c’est-à-dire le degré de ressemblance de la tumeur avec le tissu normal dont elle dérive) ;
La classification de Gleason comporte 5 grades de différenciation croissante allant du grade 1(carcinome bien différencié) au grade 5 (carcinome anaplasique) et prend en compte les deux territoires les plus représentés au sein de la tumeur.
Le score de Gleason correspond à la somme de deux grades (exemple : 4 + 3 = 7). Un score de Gleason élevé est de moins bon pronostic.
Il existe des formes histologiques particulières :
– le carcinome mucineux correspond à une forme résistante à la castration (score de Gleason = 4 + 4) ;
Les autres formes histologiques sont :
– les carcinomes non glandulaires : le carcinome épidermoïde et le carcinome urothélial primitif qui sont des formes rares ;
Grade | Épithélium | Aspects histologiques |
---|---|---|
1 | Prolifération monotone de glandes simples, arrondies, étroitement regroupées | Nodules arrondis aux bords bien dessinés |
2 | Glandes simples, arrondies, plus dispersées | Masses vaguement arrondies, aux bords mal définis |
3A | Glandes simples, de taille moyenne, de forme, de taille et d’espacement irréguliers | Masses irrégulières aux bords déchiquetés |
3B | Glandes simples, de très petite taille, de forme, de taille et d’espacement irréguliers | Masses irrégulières aux bords déchiquetés |
3C | Massifs épithéliaux cribriformes ou papillaires, à bords réguliers | Zones irrégulières constituées de cylindres et massifs arrondis |
4A | Massifs épithéliaux de glandes fusionnées | Massifs et cordons irréguliers de glandes fusionnées |
4B | Même aspect que 4A, avec présence de cellules claires | Massifs et cordons irréguliersAspects d’« hyper-néphrome » |
5A | Massifs arrondis, papillaires ou cribriformes avec nécrose centrale | Cylindres et massifs arrondis disposés de façon variable, avec nécrose (« comédocarcinome ») |
5B | Adénocarcinome anaplasique | Massifs très irréguliers |
Fig. 156-2 Score de Gleason.
Adapté de Gleason DF. The Veteran’s Administration Cooperative Urologic Research Group : histologic grading and clinical staging of prostatic carcinoma. In Tannenbaum M (ed.), Urologic Pathology : The Prostate. Lea and Febiger, Philadelphia, 1977; 171–198. (Voir aussi cahier couleur.)
IV Physiopathologie ITEM 138
Le cancer de la prostate est un cancer dépendant des androgènes : il n’y a pas de cancer de la prostate chez les eunuques.
Récemment, des gènes de fusion ont été impliqués dans la carcinogenèse du cancer de la prostate. Ces gènes de fusion sont retrouvés dans 30 % à 50 % des cancers de la prostate.
La testostérone est le principal androgène circulant chez l’homme : elle est sécrétée par les cellules de Leydig des testicules (95 %) et les surrénales (5 %).
La testostérone libre (3 %) est convertie en dihydrotestostérone (DHT) sous l’action de la 5-α-réductase située dans l’enveloppe nucléaire des cellules prostatiques.
La DHT se lie à un récepteur nucléaire pour former un complexe dimérique qui transloque dans le noyau pour se fixer sur des promoteurs de gènes (dont l’expression se trouve activée) impliquées dans la croissance des cellules prostatiques.
Il est possible de suivre l’évolution d’un cancer de la prostate par le dosage sérique du PSA dont le gène est contrôlé en partie par le récepteur aux androgènes (qui se fixe sur son promoteur).
Plusieurs formes de PSA sont retrouvées dans le sérum. Environ 60 % du PSA est complexé avec l’α1-antichymotrypsine et l’α2-macroglobuline, et 40 % du PSA est considéré comme libre (alors qu’il est pratiquement complètement sous forme libre dans le liquide séminal).
Le rapport PSA libre/PSA total est diminué de façon significative chez les hommes atteints de cancer de la prostate (tout le PSA est sous forme lié).
V Diagnostic ITEM 140
A Circonstances de découverte
Complications révélatrices :
– complications osseuses : fracture spontanée, douleurs osseuses, compressions radiculaires avec sciatalgies voire compression médullaire ITEM 231 ;
– complications urologiques : insuffisance rénale par envahissement des uretères ou compression extrinsèque par des adénopathies ;
– complication mécanique par compression ganglionnaire : œdème des membres inférieurs par un obstacle sur le retour veineux ou lymphatique ;
B Examen clinique
Le toucher rectal est le temps essentiel de l’examen clinique:
– il retrouve une lésion indurée, indolore, irrégulière, soit limitée à la prostate ou dépassant la capsule (prostate fixée) ;