Item 150 Tumeurs de l’estomac
ITEM 140 Diagnostic des cancers : signes d’appel et investigations paracliniques ; stadification ; pronostic.
ITEM 141 Traitement des cancers : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie. La décision thérapeutique multidisciplinaire et l’information du malade.
• Il existe cependant des recommandations nationales résumées dans le thésaurus national de cancérologie digestive de la FFCD, 2007. http://www.snfge.asso.fr/01-bibliotheque/0g-thesaurus-cancerologie/publication5/sommaire-thesaurus.asp#1218
Les tumeurs gastriques peuvent être classées en fonction de leur siège anatomique et de leur type histologique.
L’adénocarcinome de l’estomac est une tumeur dont le centre est à plus de 2 cm en dessous de la jonction œsogastrique. On doit ainsi le distinguer des cancers du cardia.
Le diagnostic repose sur un examen histologique de biopsies obtenues lors d’une fibroscopie œsogastroduodénale.
I Adénocarcinome gastrique
A Épidémiologie ITEM 138
En France, le cancer de l’estomac se situe au 5e rang des cancers (deuxième rang des cancers digestifs après le cancer colorectal), avec environ 7 000 nouveaux cas et 5 000 décès par an en 2 000.
La classification histologique la plus utilisée est celle de Lauren qui distingue deux types d’adénocarcinome :
B Physiopathologie ITEM 139
L’infection à Helicobacter pylori :
– c’est un facteur de risque majeur pour le développement de l’adénocarcinome et des lymphomes gastriques ;
– près de 50 % des patients atteints d’un adénocarcinome gastrique ont une infection à H. pylori alors que sa prévalence dans la population générale est de 10 % ;
– pour qualifier un cancer gastrique associé à H. pylori, il faut le prouver histologiquement ou sérologiquement ;
Les lésions prédisposantes :
– la gastrectomie partielle favorisant le reflux bilio-gastrique : le risque est important surtout au-delà de 15 ans ;
– la maladie de Ménétrier (gastrite hypertrophique géante). Cette maladie est caractérisée par des plis hypertrophiques géants localisés le plus souvent au niveau du fundus, avec une hyperplasie fovéolaire, une atrophie glandulaire et un épaississement de la muqueuse à l’examen histologique. Les symptômes incluent également : douleur épigastrique, vomissements, œdème, anorexie et perte de poids. D’autres caractéristiques incluent un excès de sécrétion de mucus, une baisse de sécrétion acide avec gastrinémie normale ou légèrement élevée, ainsi qu’une hypoprotéinémie due à une perte sélective à travers la muqueuse gastrique ;
Formes génétiques : le risque de cancer gastrique est augmenté chez :
– les patients ayant un syndrome HNPCC (hereditary non polyposis colorectal cancer), ou syndrome de Lynch ;
– les cancers gastriques diffus héréditaires : ils sont dus à une mutation germinale du gène CDH1 à transmission autosomique dominante, responsable de la perte de fonction de la protéine E-cadhérine. Le diagnostic doit être évoqué quand, dans une même famille et sur au moins deux générations successives, il existe 2 cas, si l’un des cancers gastriques est découvert avant 50 ans, ou 3 cas indépendamment de l’âge de découverte.
C Pathogénie ITEM 139
La gastrite induite par H. pylori peut évoluer vers la gastrite chronique atrophique, la métaplasie puis la dysplasie et enfin l’adénocarcinome distal de type intestinal.
L’extension est d’abord locorégionale avec envahissement de la paroi gastrique puis des organes de voisinage, des ganglions locorégionaux et du péritoine avec carcinose péritonéale fréquente.
D Anatomopathologie
À l’examen macroscopique (lors de la fibroscopie), ils peuvent se présenter comme des tumeurs polypoïdes, ulcériformes, végétantes ou infiltrantes.
Les tumeurs précoces et superficielles apparaissent volontiers sous forme de lésion plane, excavée ou légèrement surélevée.
Ce sont essentiellement des adénocarcinomes : ils se développent surtout à partir d’une métaplasie intestinale secondaire à une gastrite chronique atrophique :
On distingue parmi les adénocarcinomes :
– les adénocarcinomes de type intestinal : associés à des lésions de métaplasie intestinale. Ils sont souvent bien ou moyennement différenciés ;
– les adénocarcinomes de type diffus : ils sont peu différenciés et non associés à des lésions de métaplasie intestinale dans le cadre d’une gastrite chronique atrophique. Ce sont essentiellement les carcinomes à cellules indépendantes parmi lesquels on inclut les linites gastriques. Ce sont des adénocarcinomes peu différenciés, faits de cellules isolées en « bague à chaton » avec réaction scléro- inflammatoire importante.
La linite gastrique est une forme rare (5–10 %) mais très agressive :
– elle se caractérise par un aspect rigide de la muqueuse gastrique avec des plis effacés et effacés à l’endoscopie ;
– l’examen histologique retrouve des cellules tumorales en « bague à chaton » indifférenciées envahissant toute l’épaisseur de la paroi gastrique et de façon diffuse ;
E Diagnostic
1 Circonstances de découverte
Signes généraux :
– une altération de l’état général avec amaigrissement et dénutrition sont fréquents au diagnostic ITEMS 186 et 295 ;
– une fièvre d’origine paranéoplasique, quotidienne sans signes d’appel infectieux est également fréquente ;
Signes fonctionnels :
– une douleur épigastrique ulcéreuse typique : sensation de faim douloureuse, calmée par la prise alimentaire et les médicaments antiacides, continues sans paroxysmes, sans position antalgique. Le plus souvent, il s’agit d’un syndrome ulcéreux atypique ;
2 Examen clinique
La palpation des aires ganglionnaires recherche des adénopathies dures, fixées, indolores et non inflammatoires.
3 Examens complémentaires
Examens biologiques :
– NFS : elle recherche une anémie microcytaire hypochrome par carence martiale ou anémie d’origine inflammatoire, une lymphopénie ;
– bilan hépatique : recherche une cholestase (élévation des γ-GT et des phosphatases alcalines et/ou de la bilirubine) et une élévation des transaminases (élévation des ASAT et/ou ALAT) suspecte de métastases hépatiques ;
Endoscopie œsogastrique avec biopsies multiples :
– chez un sujet à jeun (depuis 6 heures) et prémédiqué, informé, consentant et en l’absence de contre-indication et de troubles de l’hémostase ;
– elle précise :
• l’aspect macroscopique : tumeur bourgeonnante, saignant au contact ou ulcérée avec bords irréguliers et surélevés, dure sous la pince. Les formes précoces se présentent volontiers sous forme d’une zone déprimée ou légèrement surélevée (fig. 150-1),
– au moins dix biopsies doivent être réalisées sur les anomalies de relief muqueux et atteindre autant que possible la sous-muqueuse (elles doivent être profondes). Les biopsies doivent être réalisées sur l’ensemble des parois de l’estomac ;
Scanner thoraco-abdomino-pelvien avec injection de produit de contraste :