Traitement des stabilisateurs passifs
Éléments capsuloligamentaires antérieurs
Ligament adipeux (figure 15.1)
Constitution
Les anciens anatomistes, comme Testut, décrivaient un ligament adipeux qui, stricto sensu, n’en est pas un. Cette formation graisseuse est cependant digne d’intérêt.
Fig. 15.1 Ligament adipeux du genou (D’après Atlas of Human Anatomy, 3e edition, p. 489, Frank H. Netter. Avec l’autorisation de l’éditeur).
La partie antérieure de la membrane synoviale du genou a des rapports très intimes avec celui-ci. Ce ligament, constituant une masse graisseuse appelée « corps adipeux infrapatellaire », la sépare et l’isole du tendon patellaire. De chaque côté de ce corps adipeux, on trouve des franges synoviales ou replis alaires, dont un pli synovial infrapatellaire.
Rôles
D’une manière générale, la graisse a de nombreux rôles physiologiques, à savoir :
Si le ligament adipeux n’a de ligament que le nom, il a néanmoins un rôle proprioceptif et amortisseur certain.
Amortisseur
La graisse infrapatellaire joue un rôle d’amortisseur et de répartiteur de contraintes mécaniques, en garantissant notamment « l’angle d’attaque » du tendon rotulien.
Mécanorécepteur
Il existe souvent un cordon grêle et . liforme prolongeant le paquet adipeux sous- rotulien jusqu’à la partie antérieure intercondylienne qui joue un rôle proprioceptif. Les paquets adipeux au voisinage des articulations sont très riches en mécanorécepteurs. Toute tension anormale, toute inégalité de répartition du paquet adipeux ou toute modi. cation de pression créent des in. ux nerveux anarchiques qui sont intégrés au niveau central et qui in. uencent les boucles motrices.
Rétinaculum médial (figure 15.4)
C’est le plus important : on se rend compte qu’en général, ce sont les formations médiales du genou qui jouent un rôle primordial dans la stabilité du genou, que ce soit le ligament collatéral tibial, le ménisque médial, le vaste médial ou les muscles de la patte-d’oie.
Ailerons patellaires (figure 15.5)
Ils reçoivent aussi des fibres :
Soulignons le fait que les fibres obliques du vaste médial contrôlent le déplacement latéral de la patella. Le traitement des ailerons relève du même principe et du même modus operandi que celui des rétinaculums.
Rappelons que le genou est une articulation de type neurologique. Sa stabilité dépend d’une parfaite coordination musculoligamentaire. Au niveau manipulatif, il demande une grande subtilité manuelle. À nous de savoir interpréter et exploiter les petites dysfonctions que l’on trouve manuellement. Ce ne sont pas les centimètres qui comptent, mais les millimètres !
Techniques
Retinaculum latéral en décubitus (figure 15.6)
Vous alternez une dizaine de mouvements en direction médiale et latérale, et vous finissez par une induction.
Ligament adipeux en décubitus
Vous êtes assis en bout de table, le patient est allongé avec le pied reposant sur votre épaule. Vous placez les index et les médius de vos deux mains de chaque côté du tendon patellaire.
Test
Par un mouvement de votre tronc, mobilisez doucement le genou vers l’extension. En procédant de la sorte, vous comprimez le ligament adipeux contre l’échancrure intercondylaire fémorale. Enregistrez le mouvement du paquet adipeux du genou de part et d’autre du tendon patellaire. Normalement, la déformation de cette poche graisseuse doit être équilibrée. Si ce n’est pas le cas, le déséquilibre est à corriger, car il est source de mauvaises informations proprioceptives et surtout il peut être à l’origine d’une surcharge du tendon patellaire, dont l’angle d’attaque vis-à-vis de l’os est changé.
Correction
Avec la même position que celle du test, mettez maintenant le ligament adipeux et le paquet adipeux en compression entre vos doigts. Imprimez un mouvement d’extension au genou et réalisez une induction. Répétez trois ou quatre fois la manœuvre avant de tester à nouveau. Si votre manœuvre a été efficace, le paquet adipeux doit avoir retrouvé une déformation symétrique de part et d’autre du tendon patellaire.
Ligament collatéral tibial (figure 15.10)
C’est le plus complexe des deux ligaments collatéraux : il est 20 fois plus souvent lésé que le collatéral fibulaire. Sa manipulation demande une grande précision et une grande finesse. Il est triangulaire et formé à partir de la capsule.
Origine
C’est l’épicondyle fémoral médial, juste en dessous du tubercule des adducteurs, qui est, rappelons-le, un point clé du fémur pour nos manipulations.
À ce niveau s’attachent des fibres du :
Ses différents plans (figure 15.11)
Plan superficiel
On trouve des fibres fémorotibiales. Les fibres longitudinales antérieures sont les plus longues, elles vont de l’épicondyle fémoral médial au bord médial du tibia.
Particularités
• Il adhère fortement au ménisque médial : c’est pour cette raison qu’une entorse du genou a quasi systématiquement un effet pernicieux sur le ménisque médial.
• Il est recouvert partiellement par la patte-d’oie supericielle : le traitement du collatéral tibial implique celui des tendons d’insertion caudale des muscles :
• Il surcroise le tendon réfléchi du semi-membraneux, ce qui sous-entend que le traitement du ligament collatéral médial doit aussi inclure les différentes insertions caudales du semi-membraneux.
• Le collatéral tibial s’incurve en passant par-dessus le tendon réfléchi du semi-membraneux, il maintient son tendon dans l’axe lors de l’extension du genou. Notons qu’il est rectiligne en flexion.
À ne pas oublier
Nous avons vu que sur le tubercule des adducteurs s’insèrent de nombreux muscles et fascias. Explorez bien ce tubercule, une tension anormale des fibres s’attachant sur le tubercule peut déstabiliser la proprioception du genou. C’est identique pour les insertions de la patte-d’oie, où l’on peut trouver des micro-déchirures ou des microadhérences sur les insertions musculaires osseuses et des tendinites particulièrement rebelles à traiter.
Techniques
Fibres fémorotibiales (figure 15.12)
Vous êtes placé devant le patient qui repose sur le côté du genou à traiter, la jambe légèrement fléchie. Placez un pouce sur l’épicondyle médial juste en dessous du tubercule des adducteurs. Placez l’autre pouce sur l’insertion tibiale.
1. Faites glisser les pouces à la recherche de microirrégularités que vous travaillez en ponçage-induction. Fouillez bien les fibres du ligament collatéral tibial, aussi bien longitudinalement que transversalement.
2. De vos deux pouces, fixez les parties crâniale et caudale du ligament et demandez au patient de réaliser des flexions-extensions du genou. En extension, vous sentez les fibres se tendre ; accentuez cette tension pour avoir un effet défibrosant sur les ligaments et sur les mécano-récepteurs particulièrement subtils à ce niveau.

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