Chapitre 15 Résistance et immunité
Mécanismes de défense non spécifiques
Ils protègent contre n’importe lequel de l’énorme quantité des dangers possibles.
Mécanismes de défense spécifiques
Ils sont regroupés sous l’appellation immunité. La résistance est dirigée contre seulement un envahisseur particulier. En outre, une mémoire immunologique se développe, conférant une immunité de longue durée contre des infections spécifiques. Un antigène est tout ce qui stimule une réponse immunitaire.
Mécanismes de défense non spécifiques
Il y a cinq principaux mécanismes de défense non spécifiques :
Défense au niveau des surfaces corporelles
Quand la peau et les muqueuses sont intactes et en bonne santé, elles constituent une barrière physique qui protège efficacement les surfaces corporelles exposées. Peu de pathogènes peuvent se fixer sur une peau saine. Le mucus sécrété par les muqueuses piège les microbes et les corps matériels étrangers sur leur surface gluante. Le sébum et la sueur sécrétés sur la peau contiennent des substances antibactériennes et antifongiques.
Phagocytose
La phagocytose (ingestion par des cellules) est un processus indiqué dans la figure 4.10, p. 67. Les cellules phagocytaires de défense, telles que les macrophages et les neutrophiles, sont attirées aux sites d’inflammation et d’infection par chimiotactisme, parce que des neutrophiles et des microbes invasifs libèrent des substances chimiques qui les attirent (chimioattractants). Les phagocytes piègent les particules en les entourant par de longs pseudopodes, puis en les incorporant (Fig. 15.1). Ces cellules n’ont pas de cibles sélectives ; elles lient, englobent et digèrent des corps étrangers ou des particules quelconques.
Les macrophages ont un rôle important comme lien entre les mécanismes de défense non spécifiques et ceux spécifiques. Après ingestion et digestion d’un antigène, ils agissent comme cellules présentant l’antigène, plaçant l’antigène sur leur propre surface cellulaire afin de stimuler des lymphocytes T et d’activer la réponse immunitaire (p. 394).
Substances antimicrobiennes naturelles
Acide chlorhydrique
L’acide chlorhydrique est présent à forte concentration dans le suc gastrique, et il tue la majorité des microbes ingérés.
Lysozyme
Il s’agit d’une petite protéine ayant des propriétés antibactériennes, présente dans les granulocytes, les larmes et d’autres sécrétions corporelles. Il n’est pas présent dans la sueur, l’urine ou le liquide cérébrospinal.
Anticorps
Les anticorps sont présents dans les sécrétions nasales et la salive ; ils inactivent les bactéries (p. 396).
Salive
Sécrétée dans la bouche, la salive enlève les débris alimentaires pouvant autrement servir de milieu de culture pour les microbes. Sa composition légèrement acide inhibe la croissance de certains microbes.
Interférons
Ce sont des substances chimiques produites par des lymphocytes T et par des cellules ayant été envahies par des virus. Ils empêchent la réplication virale dans les cellules infectées, et le passage de virus dans les cellules saines.
Complément
Le complément est un système d’environ 20 protéines, présent dans le sang et les tissus. Il est activé par des complexes immuns (faits d’antigène et d’anticorps liés ensemble) et par des sucres étrangers placés sur les parois des cellules bactériennes. Le complément :
Réponse inflammatoire
Il s’agit d’une réponse physiologique aux lésions tissulaires, faite d’une série de modifications locales caractéristiques (Fig. 15.2). Elle s’observe surtout quand les microbes ont surmonté les mécanismes de défense non spécifiques. Son effet est protecteur, visant à isoler, inactiver et éliminer à la fois l’agent causal et le tissu lésé, afin que la guérison puisse se produire. Les signes essentiels d’une inflammation sont la rougeur, la chaleur, la tuméfaction et la douleur.
Causes d’inflammation
Les nombreuses causes d’inflammation peuvent être classées de la façon suivante :
Inflammation aiguë
Une inflammation aiguë est, classiquement, de courte durée, par exemple de quelques jours à quelques semaines, et elle peut être de forme légère à très sévère.
Certaines des substances les plus importantes libérées par l’inflammation sont résumées dans le tableau 15.1.
Flux sanguin accru
Après une agression, les artérioles vascularisant la région endommagée et les capillaires locaux se dilatent, accroissant le flux sanguin dans le site.
Formation accrue de liquide tissulaire
Un des signes cardinaux de l’inflammation est la tuméfaction (œdème) des tissus concernés, due à du liquide quittant les vaisseaux sanguins locaux et pénétrant dans les espaces interstitiels.
Les protéines plasmatiques, retenues normalement dans le courant sanguin, s’échappent aussi des tissus à travers les parois capillaires qui fuient ; cela augmente la pression osmotique du sang, et plus d’eau encore passe du courant sanguin dans les tissus. Ces protéines incluent des anticorps, qui combattent l’infection, et du fibrinogène, une protéine de la coagulation. Dans les tissus, le fibrinogène est converti par la thromboplastine en fibrine, qui forme un réseau insoluble à l’intérieur de l’espace interstitiel, le séparant du site inflammatoire et permettant de limiter l’extension de toute infection. Certains agents pathogènes, comme Streptococcus pyogenes, qui entraîne des infections de la gorge et cutanées, sécrètent des toxines qui lysent ce réseau de fibrine, favorisant ainsi l’extension de l’infection dans le tissu sain adjacent.
Migration de leucocytes
La perte de liquide par le sang épaissit celui-ci, ralentissant son écoulement et permettant aux globules blancs dont le flux est normalement rapide (NdT : dans le centre du courant de sang) d’entrer en contact avec la paroi vasculaire (NdT : margination des leucocytes) et d’y adhérer. Au stade aigu de l’inflammation, le neutrophile est le leucocyte le plus important ; il adhère à l’endothélium vasculaire, passe entre les cellules endothéliales (NdT : diapédèse) et pénètre dans les tissus (voir Fig. 4.10, p. 67), où sa fonction principale est la phagocytose des antigènes.
Au bout d’environ 24 heures, les macrophages deviennent le type cellulaire prédominant au site inflammatoire, et ils demeurent dans les tissus si la situation persiste, conduisant à l’inflammation chronique. Les macrophages sont plus gros que les neutrophiles, et leur durée de vie est plus longue. Ils phagocytent des tissus morts ou mourants, des microbes et d’autres matériels antigéniques, ainsi que des neutrophiles morts ou mourants. Certains microbes résistent à la digestion et fournissent une possible source de future infection ; c’est le cas par exemple de Mycobacterium tuberculosis.
Chimiotactisme
Il s’agit de l’attraction chimique des leucocytes, dont les neutrophiles et les macrophages, vers le site de l’inflammation.
Les chimioattractants pourraient retenir des leucocytes passant dans le site inflammatoire plutôt que les attirer activement vers ce site depuis des aires corporelles distantes. Les chimioattractants connus comprennent des toxines microbiennes, des produits chimiques libérés par des leucocytes, des prostaglandines venant de cellules altérées, et des protéines du complément.
Température
La réponse inflammatoire peut s’accompagner d’une augmentation de la température corporelle (pyrexie), en particulier en cas d’infection importante. La température centrale s’élève quand un pyrogène endogène (interleukine 1) est libéré par des macrophages et des granulocytes en réponse à des toxines microbiennes ou à des complexes immuns. L’interleukine 1 est un médiateur chimique qui déplace le point d’équilibre du thermostat thermique hypothalamique à un niveau plus haut, entraînant une pyrexie et d’autres symptômes susceptibles d’accompagner l’inflammation, comme la fatigue et la perte de l’appétit. La pyrexie élève le niveau métabolique des cellules du territoire inflammatoire et, par conséquent, le besoin en oxygène et en nutriments augmente. La température accrue des tissus inflammatoires a le double effet bénéfique d’inhiber la croissance et la division des microbes, et de favoriser l’activité des phagocytes.
Douleur
La douleur apparaît quand le gonflement local comprime des terminaisons nerveuses sensitives. Elle est exacerbée par des médiateurs chimiques du processus inflammatoire, par exemple par la bradykinine, les prostaglandines, qui potentialisent la sensibilité des terminaisons nerveuses sensitives aux stimulus douloureux. Bien que la douleur soit une expérience désagréable, elle pourrait favoriser indirectement la guérison, car elle stimule la protection du site lésé.