15: Méthodes d’intervention en entreprise

15 Méthodes d’intervention en entreprise


Il existe de nombreuses méthodes d’intervention dans le champ de l’entreprise, qui s’appuient plus ou moins explicitement sur des propositions théoriques issues de la sociologie, de l’ergonomie, de la psychologie clinique, de la psychologie sociale, des théories du management, de l’organisation, etc. La plupart des dispositifs d’intervention « psychosociologique » sont héritiers des travaux sur les groupes en psychologie sociale (K. Lewin, J. Moreno) et sur la dynamique des groupes (W.R. Bion) et visent à résoudre des dysfonctionnements institutionnels (G. Mendel, J.L. Prades, 2002).


Nous n’aborderons ici que des méthodologies qui répondent à des demandes en psychopathologie du travail. On distingue schématiquement deux types d’intervention : individuelle ou collective qui sont organisées par des référentiels théoriques et des méthodes spécifiques.




Victimologie et psychotraumatologie


L’intervention d’urgence médico-psychologique est une démarche qui vise à prendre en charge de manière spécifique les personnes victimes d’événements exceptionnels. En France les CUMP (cellules d’urgence médico-psychologiques) sont constituées de réseaux de psychiatres, psychologues, infirmiers, formés aux techniques de l’urgence et de psychotraumatologie, qui ont pour mission de dépister et traiter les troubles psychiques consécutifs à des « catastrophes et accidents ». La première cellule a été mise en place à la demande du gouvernement en juillet 1995 à Paris à la suite de l’attentat à la station RER Saint-Michel. Le principe de l’intervention médico-psychologique est d’aller au-devant de la demande, la victime n’étant pas en mesure de la formuler expressément.


L’approche théorique du psychotraumatisme met l’accent sur l’effraction traumatique et l’effondrement narcissique qui l’accompagne : il faut avoir été « exposé à un événement potentiellement psychotraumatisant (c’est-à-dire un événement exceptionnel violent et menaçant pour la vie ou bien l’intégrité physique ou psychique de l’individu, tel qu’agression, accident, catastrophe ou événement de guerre), mais aussi de l’avoir vécu sur le mode du trauma, dans l’effroi, l’horreur et le sentiment d’impuissance et d’absence de secours » (L. Crocq et al., 2007). Le dispositif consiste en une prise en charge précoce facilitant l’abréaction du vécu douloureux et traumatique après l’événement, en vue de diminuer le risque de déclencher des troubles post-traumatiques (debriefing, groupes de parole) (J.J. Chavagnat, 2007). L’approche cathartique (L. Crocq, 2003) sous-tend toutes les prises en charge du « trauma », en vue d’attribuer une signification singulière à l’événement.


Si ce type de dispositif tend à se généraliser en direction des personnes confrontées à des événements extraordinaires sous la forme d’agressions et de violences perpétrées sur leur lieu de travail, il présente néanmoins l’inconvénient de ne pas prendre en compte la situation spécifique du travail. La symptomatologie post-traumatique peut en effet être analysée à la lumière des vulnérabilités de la structure individuelle sous-jacente, mais cette interprétation risque de manquer ce qui, dans la symptomatologie, revient en propre aux avatars des défenses liées au travail (cf. Partie II). L’approche victimologique peut aussi, dans certains cas, représenter un obstacle à la mise en débat sur l’organisation du travail et ses contradictions (A. Loubet-Devaux, 2002). Par ailleurs, les répercussions psychopathologiques de la confrontation à la violence « ordinaire » et coutumière en situation de travail ne sont pas envisagées par ce type d’approche (M.P. Guiho-Bailly, 2003).


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Jun 2, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 15: Méthodes d’intervention en entreprise

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