15: Chirurgie du rachis

15 Chirurgie du rachis

HERNIES DISCALES

Le traitement des hernies discales constitue la principale indication de la neurochirurgie vétérinaire. Elles sont essentiellement décrites chez le chien, mais également diagnostiquée chez le chat. Contrairement à ce qui est constaté chez l’homme, de nombreuses hernies discales engendrent un déficit neurologique nécessitant un traitement chirurgical d’urgence. Cette différence s’explique essentiellement par la pathogénie de la dégénérescence discale chez l’animal et par des considérations anatomiques. Les principales techniques sont évoquées pour en déterminer l’intérêt et les limites respectives.

ANATOMIE DU DISQUE INTERVERTÉBRAL

Le disque intervertébral est constitué de trois parties dont deux sont essentielles. La troisième est une zone de transition aux caractéristiques intermédiaires (fig. 15.1).

DÉGÉNÉRESCENCE DISCALE

Pathogénie de la dégénérescence

La dégénérescence se produit suivant deux modalités différentes selon les races de chien dans une classification proposée par Hansen (fig. 15.2).

PHYSIOPATHOLOGIE DE LA HERNIE DISCALE ET DU TRAUMATISME MÉDULLAIRE

ÉTUDE CLINIQUE DE LA HERNIE DISCALE

Imagerie de la hernie discale

TRAITEMENT DE LA HERNIE DISCALE

Le choix thérapeutique dépend directement de la gravité de l’atteinte neurologique et se fonde en première intention sur la comparaison des résultats obtenus par chaque traitement (tableau 15.III).

Tableau 15.III Comparaison des résultats obtenus pour chaque traitement

  Médical Chirurgical
Stades 1 et 2 70-85 % 90-95 %
Stade 3 70 % 90-95 %
Stade 4 40 % 90 %

Le traitement médical est donc réservé aux animaux en stade 1 ou à ceux en stade 5B pour lesquels il n’existe plus de différence entre les traitements. Les contingences financières modifient cette appréciation.

Le traitement chirurgical est indiqué dans toutes les autres situations. Il devient une urgence lors d’atteinte de la fonction motrice. Ainsi, face à une perte de motricité et à technique chirurgicale identique par hémilaminectomie, la récupération intervient dans 56 % des cas si l’opération est pratiquée dans les 12 heures, dans 50 % des cas entre 12 et 24 heures, dans 31 % des cas entre 24 et 48 heures et dans 0 % des cas après 48 heures.

La perte de la nociception et celle de la continence aggrave encore ce pronostic. Il est donc essentiel de savoir avant l’intervention quand la hernie s’est produite, comment les symptômes se sont installés, à quelle vitesse le chien a perdu sa locomotion et depuis quand il a perdu sa nociception.

Traitement médical

En situation d’urgence

Le traitement médical des myélopathies traumatiques est systématiquement entrepris sur un animal montrant une paralysie, présenté moins de 6 heures après le traumatisme médullaire aigu. Son objectif est de limiter la lésion secondaire (prophylaxie) et non de traiter la lésion primaire qui est déjà en place.

Avant 6-8 heures : emploi de méthylprednisolone

Différents protocoles utilisant l’hémisuccinate de méthylprednisolone à la dose initiale de 30 mg/kg ont été décrits. Ce produit (réinjecté à la dose de 15 mg/kg à t + 6 h, puis 2,5 mg/kg les 4 jours suivants) prévient l’extension de la lésion médullaire initiale (apparition d’une lésion secondaire). Ce protocole n’a pas pour rôle de limiter l’œdème médullaire et devient inefficace après 6-8 heures. Il n’existe aucune étude scientifique montrant son efficacité en clinique, mais les données expérimentales, et l’absence d’autre solution thérapeutique en urgence militent dans le sens d’une utilisation pratique.

D’autres modalités ont été proposées, par exemple : 30 mg/kg puis 20 mg/kg à 2 heures, puis 10 mg/kg toutes les 6 heures pendant 24 heures (tableau 15.IV).

Tableau 15.IV Administration de la méthylprednisolone lors de traumatisme médullaire aigu

Temps (en h) Dose
Méthode 1  
0 (avant la 8e heure) 30 mg/kg IV bolus
2 15 mg/kg IV bolus
6 15 mg/kg Iv bolus suivi par une perfusion de 2,5 ou 5,4 mg/kg/h pendant 18 ou 42 heures
Méthode 2  
0 30 mg/kg IV bolus
1 5,4 mg/kg/h pendant 24-48 heures

Pour obtenir une solution de 1 mg/ml, diluer 1 g dans 1 litre et l’administrer au rythme de 66 ml/kg/j donne une dose de 2,5 mg/kg/h. Il suffit au même rythme de doubler la dose (2 g dans 1 l) pour obtenir un rythme de 5,4 mg/kg/h.

Les produits employés pour éviter les complications gastro-intestinales sont les suivants :

Traitement chirurgical

L’objectif de l’intervention est de retirer le matériel compressif et/ou d’éliminer le contre-appui. Ce seul deuxième point est insuffisant pour supprimer toute compression en regard du matériel ectopié qui demeure une source d’ischémie médullaire et de démyélinisation. De nombreuses voies d’abord chirurgicales ont été décrites pour accéder au canal médullaire. La comparaison des résultats obtenus entre ces techniques ne fait apparaître que peu de différences compte tenu du petit nombre de cas, par stade clinique opéré, ou par délai écoulé entre l’apparition de la hernie et l’intervention, facteurs pronostiques essentiels. Il est donc illusoire de fonder son choix sur ces études et préférable de respecter les objectifs que se fixe la chirurgie.

Technique chirurgicale

Il existe des ouvrages spécialisés traitant de technique chirurgicale, nous ne présentons ici que la terminologie (fig. 15.7) des interventions pratiquées pour en comprendre les résultats.

Avant ectopie discale ou en complément du traitement de la hernie, il est possible de retirer le noyau pulpeux dégénératif après excision d’une partie de l’anneau fibreux, c’est la fenestration discale. Cette intervention a été envisagée de manière prophylactique (sans démontrer une réelle efficacité) ou de manière curative (pour éviter une récidive précoce de la hernie par les restes de noyau laissés en place).

Une fois la hernie exclue, l’accès au canal vertébral peut s’effectuer via la résection de tout (retrait de la lame dorsale = laminectomie) ou de la moitié (hémilaminectomie) de l’arc vertébral. Le geste peut se limiter à une partie du pédicule vertébral en laissant en place les processus articulaires (mini-hémilaminectomie). Le seul foramen intervertébral peut être agrandi, on parle alors de foraminotomie. Le foramen restant intact, l’ouverture peut se réaliser sous le processus articulaire et il s’agit alors d’une pédiculectomie. L’accès peut également se faire par le corps de la vertèbre via le plancher du canal. Une partie du corps étant retirée, on parle de corpectomie ventrale (surtout réalisée en région cervicale) ou latérale (dont l’application est thoraco-lombaire).

Résultats

Ils sont à moduler en fonction des facteurs pronostiques évoqués précédemment.

INSTABILITÉ ATLANTO-AXIALE

L’instabilité (ou subluxation) atlanto-axiale est une affection peu fréquente chez le chien. La subluxation de l’articulation entre ces deux vertèbres engendre une myélopathie compressive dont l’évolution et l’intensité peuvent être variables.

Deux origines principales peuvent être distinguées pour expliquer l’instabilité : le traumatisme qui affecte tout type de chiens et l’origine congénitale qui se rencontre surtout chez les chiens de petits formats. La pathogénie et la physiopathologie de la compression médullaire sont bien connues, mais l’étiologie de la maladie ne l’est pas encore.

EMBRYOLOGIE ET ANATOMIE DE LA JONCTION ATLANTO-AXIALE EXPLIQUANT L’INSTABILITÉ

Le développement de l’axis s’effectue à partir de sept centres d’ossification dont seuls quatre sont présents à la naissance. L’apparition des trois autres centres d’ossification de l’axis se fait vers trois semaines d’âge. Le développement de l’axis ne se termine totalement que vers 7-9 mois avec la fin de l’ossification de la dent. Le système est donc fragile durant toute cette période, ce qui pourrait expliquer certaines causes d’instabilité atlanto-axiale. En outre l’agénésie de certaines portions de l’axis (agénésie de la dent) ou l’absence de fusion de la dent avec la vertèbre pourraient être en rapport avec l’instabilité de ces différents composants.

Parallèlement à l’édification squelettique, l’articulation atlanto-axiale se met également en place. L’atlas s’articule à l’axis par ses deux surfaces articulaires caudales planiformes et un système ligamentaire complexe réunit les deux vertèbres. Les ligaments périphériques sont des membranes fibreuses enveloppant dorsalement et ventralement l’articulation, au sein desquelles on distingue plusieurs ligaments. Le ligament atlanto-axial dorsal s’étend du tubercule dorsal de l’atlas à l’extrémité craniale du processus épineux de l’axis, au niveau duquel ils se mettent plus ou moins en continuité avec le ligament nucal. Ce ligament est assez grêle et peut facilement se rompre lorsqu’une instabilité de l’articulation atlanto-axiale est présente et ainsi l’aggraver. Ventralement, les ligaments de la dent de l’axis sont nombreux. On peut mettre en évidence trois systèmes : la membrane tectoria, le ligament transverse et ses formations associées, enfin les ligaments de l’apex de la dent. Ces derniers sont les plus importants sur le plan fonctionnel et pour expliquer l’apparition de la compression médullaire.

Le ligament transverse de l’atlas est un des deux ligaments qui vont permettre de fixer la dent à l’atlas. Cette forte bande fibreuse se positionne en travers, d’un côté à l’autre de l’arc ventral de l’atlas, sur lequel il s’attache. La dent de l’axis est logée ventralement à cette formation. Trois ligaments attachent la dent de l’axis à l’os occipital : le ligament apical et les deux ligaments alaires (fig. 15.8). Ces ligaments peuvent faire défaut, ce qui explique l’instabilité.

May 9, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 15: Chirurgie du rachis

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