15 Chirurgie du rachis
HERNIES DISCALES
ANATOMIE DU DISQUE INTERVERTÉBRAL
Le disque intervertébral est constitué de trois parties dont deux sont essentielles. La troisième est une zone de transition aux caractéristiques intermédiaires (fig. 15.1).
DÉGÉNÉRESCENCE DISCALE
PHYSIOPATHOLOGIE DE LA HERNIE DISCALE ET DU TRAUMATISME MÉDULLAIRE
Hernie discale
On parle de hernie extrusive (hernie exclue) lorsque le noyau pulpeux est expulsé de son enveloppe fibreuse. Les hernies du noyau pulpeux dégénératif par rupture de l’anneau fibreux observées dans les dégénérescences Hansen 1 (mais aussi Hansen 2) entrent dans ce cadre. La hernie est qualifiée de protrusive quand le matériel n’est pas libéré de son environnement discal. Les déformations de l’anneau fibreux dans le cas des dégénérescences Hansen 2 entrent dans ce cadre, comme les déplacements du noyau pulpeux des dégénérescences Hansen 1. Le tableau 15.I résume la répartition des modalités d’apparition des hernies discales aiguës ou chroniques chez les chiens de petites et de grandes races.
Tableau 15.I Répartition des modalités d’apparition d’une hernie
Modalités d’apparition | Grands chien | Petits chiens |
---|---|---|
Aiguë | 43 % | 46 % |
Chronique | 57 % | 54 % |
ÉTUDE CLINIQUE DE LA HERNIE DISCALE
Épidémiologie
Les sites préférentiels de hernie sont répertoriés dans le tableau 15.II.
Tableau 15.II Localisation des hernies discales
Cervicale : 14 % | Thoracique : 55 % | Lombaire : 31 % |
C2-C3 : 6 % | T1-T9 : 0,2 % | L1-L2 : 11 % |
C3-C4 : 3 % | T10-T11 : 0,8 % | L2-L3 : 7 % |
Autres : 5 % | T11-T12 : 10 % | Autres : 13 % |
T12-T13 : 22 % | ||
T13-L1 : 22 % |
La région thoraco-lombaire représente à elle seule 85 % des hernies discales chez le chien.
Imagerie de la hernie discale
Radiographie sans préparation
La présence de matériel calcifié (hernies Hansen 1) peut parfois être objectivée sur des clichés standards (visibles dans le canal vertébral) mais dans la plupart des cas, on y recherche les signes indirects attestant de la disparition d’une partie du disque que sont le collapsus intervertébral, le collapsus facettaire (fig. 15.3).
Myélographie
La myélographie met en évidence une compression médullaire d’origine extra-durale à point de départ ventral en regard d’un espace intervertébral. Mais d’autres images plus atypiques sont également possibles (latéralisation, présence d’un œdème signant une compression intramédullaire…). L’extension de l’œdème est un élément pronostic péjoratif, qu’il faut prendre en compte. La myélographie, après avoir exploré ces principales affections peut, par exclusion, conduire au diagnostic supposé d’embolisation fibrocartilagineuse (confirmé exclusivement par anatomopathologie médullaire). Cet examen permet une exploration étendue, notamment sur la région T2L2. La recherche de la latéralisation impose la réalisation de vues obliques (fig. 15.4).
Tomodensitométrie
Le scanner est envisageable après les clichés standard si une forte suspicion existe pour une région de faible longueur. Le scanner précise la latéralisation après myélographie et explore plus aisément la compression en présence d’œdème. Le scanner permet également la visualisation des hernies extra-canalaires foraminales (fig. 15.5).
IRM
À l’IRM la dégénérescence discale est visible avant ectopie. La perte de l’hypersignal observé en T2 pour le noyau pulpeux atteste de sa déshydratation. La présence du liquide céphalorachidien fournit un contraste naturel qui évite d’avoir recours à la myélographie sur de grandes distances. Les coupes longitudinales autorisent une exploration sur de grandes distances (fig. 15.6).
TRAITEMENT DE LA HERNIE DISCALE
Le choix thérapeutique dépend directement de la gravité de l’atteinte neurologique et se fonde en première intention sur la comparaison des résultats obtenus par chaque traitement (tableau 15.III).
Tableau 15.III Comparaison des résultats obtenus pour chaque traitement
Médical | Chirurgical | |
---|---|---|
Stades 1 et 2 | 70-85 % | 90-95 % |
Stade 3 | 70 % | 90-95 % |
Stade 4 | 40 % | 90 % |
Traitement médical
En situation d’urgence
Avant 6-8 heures : emploi de méthylprednisolone
D’autres modalités ont été proposées, par exemple : 30 mg/kg puis 20 mg/kg à 2 heures, puis 10 mg/kg toutes les 6 heures pendant 24 heures (tableau 15.IV).
Tableau 15.IV Administration de la méthylprednisolone lors de traumatisme médullaire aigu
Temps (en h) | Dose |
---|---|
Méthode 1 | |
0 (avant la 8e heure) | 30 mg/kg IV bolus |
2 | 15 mg/kg IV bolus |
6 | 15 mg/kg Iv bolus suivi par une perfusion de 2,5 ou 5,4 mg/kg/h pendant 18 ou 42 heures |
Méthode 2 | |
0 | 30 mg/kg IV bolus |
1 | 5,4 mg/kg/h pendant 24-48 heures |
Les produits employés pour éviter les complications gastro-intestinales sont les suivants :
Lutte contre l’œdème
Après 6-8 heures, l’usage de la dexaméthasone est préféré : 0,2 à 0,4 mg/kg deux fois par jour.
Lutte contre la douleur
Les AINS et les opioïdes sont les plus souvent employés, impérativement sous couvert d’un repos strict (mise en cage). Les AINS sont contre-indiqués après de fortes doses de MPSS. On doit donc privilégier les opioïdes. On peut aussi employer la buprénorphine, le butorphanol, la morphine et l’oxymorphone (tableau 15.V).
Tableau 15.V Principaux médicaments employés en cas de hernie discale chez le chien
Famille | Produit | Dose |
---|---|---|
Corticostéroïdes | Dexaméthasone | 0,2-0,4 mg/kg BID |
AINS | Aspirine Flunixine méglumine | 10 mg/kg/j 0,5 mg/kg BID |
Relaxants musculaires | Diazépam Méthocarbamol | 1,1 mg/kg BID 15-20 mg/kg TID |
Analgésiques | Morphine Oxymorphone | 0,25-1 mg/kg IM ou SC toutes les 8 heures 0.05-0,1 mg/kg IM ou IV |
Traitement chirurgical
Technique chirurgicale
Il existe des ouvrages spécialisés traitant de technique chirurgicale, nous ne présentons ici que la terminologie (fig. 15.7) des interventions pratiquées pour en comprendre les résultats.
Soins postopératoires
On se référera pour cela au chapitre consacré aux soins pratiqués en neurochirurgie.
Résultats
Ils sont à moduler en fonction des facteurs pronostiques évoqués précédemment.
INSTABILITÉ ATLANTO-AXIALE
EMBRYOLOGIE ET ANATOMIE DE LA JONCTION ATLANTO-AXIALE EXPLIQUANT L’INSTABILITÉ
Le ligament transverse de l’atlas est un des deux ligaments qui vont permettre de fixer la dent à l’atlas. Cette forte bande fibreuse se positionne en travers, d’un côté à l’autre de l’arc ventral de l’atlas, sur lequel il s’attache. La dent de l’axis est logée ventralement à cette formation. Trois ligaments attachent la dent de l’axis à l’os occipital : le ligament apical et les deux ligaments alaires (fig. 15.8). Ces ligaments peuvent faire défaut, ce qui explique l’instabilité.