Item 149 Tumeurs cutanées épithéliales et mélaniques
ITEM 140 Diagnostic des cancers : signes d’appel et investigations paracliniques ; stadification ; pronostic.
ITEM 141 Traitement des cancers : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie. La décision thérapeutique multidisciplinaire et l’information du malade.
• Suivi des patients opérés d’un mélanome de stade I : conférence de consensus du 30 mars 1995 par l’ANDEM. http : //www.upml.fr/andem/mlanomet.htm
• Prise en charge diagnostique et thérapeutique du carcinome basocellulaire de l’adulte : recommandations pour la pratique clinique. ANAES, mars 2004. http : //www.has-sante. fr/portail/upload/docs/application/pdf/fiche_de_synth_350se_2006_10_27__19_23_54_ 957.pdf
• Standards, Options et Recommandations 2005 pour la prise en charge des patients adultes atteints d’un mélanome cutané M0. SFD et ANAES, octobre 2005. http : //www. sor-cancer.fr/index.php?tg=fileman&idx=get&inl=1&id=2&gr=Y&path=Peau+et+tissu+de+soutien%2Fmelanome%2Fm%E9lanome+cutan%E9&file=Annales+de+dermatologie+et+de+v%E9n%E9rologie.pdf
Les tumeurs épithéliales cutanées sont fréquentes : il en existe deux types, les carcinomes basocellulaires et les carcinomes épidermoïdes.
Les mélanomes sont moins fréquents mais sont beaucoup plus graves en raison de leur diffusion métastatique précoce : un mélanome de quelques millimètres de diamètre est capable de se compliquer de métastases viscérales diffuses témoignant d’une biologie tumorale très agressive.
Ils se développent également sur un terrain génétique prédisposé que l’on peut estimer cliniquement par le phototype (tableau 149-I ).
I Tumeurs cutanées épithéliales
A Carcinome basocellulaire
1 Facteurs de risque ITEM 139
Il existe parfois des maladies génétiques, telles que le xeroderma pigmentosum :
– c’est une maladie génétique héréditaire qui se traduit par une sensibilité extrême à la lumière du soleil, et plus particulièrement aux rayons ultraviolets (UV) ;
– cette sensibilité aux UV est liée à un dysfonctionnement d’un mécanisme de la réparation de l’ADN appelé réparation par excision de nucléotide suite à des mutations des gènes XP ;
3 Diagnostic ITEM 140
L’aspect est variable mais associe toujours la perle épithéliomateuse : il s’agit d’une papule rosée, translucide de quelques millimètres de diamètre et parcourues de télangiectasies.
Forme clinique | Description |
---|---|
Nodulaire | Lésion nodulaire blanchâtre avec perle unique volumineuse |
Plan cicatriciel | Lésion formée d’une zone centrale atrophique cicatricielle avec une bordure perlée périphérique souvent rencontrée au niveau des joues |
Ulcus rodens | Lésion agressive d’évolution rapide d’aspect ulcérée sans perle |
Tatoué | Les perles sont pigmentées |
Sclérodermiforme | Lésion infiltrante mal limitée |
Pagétoïde | Lésion érythématosquameuse bien limitée avec bordure perlée (inconstant). |
4 Diagnostic positif
Le diagnostic du carcinome basocellulaire est histologique et nécessite donc une biopsie de la lésion suspecte .
À l’histologie, on met en évidence des cellules ressemblant aux cellules basales de l’épiderme organisées en travées (fig. 149-1).
5 Traitement ITEM 141
Le traitement repose sur l’exérèse chirurgicale de l’ensemble de la lésion avec marge de 3 mm à 5 mm, selon la taille du carcinome basocellulaire nécessitant une suture directe, une plastie ou une greffe.
B Carcinome épidermoïde
1 Épidémiologie ITEM 138
C’est un cancer dont l’incidence augmente régulièrement en raison du vieillissement et des habitudes d’exposition solaire.
2 Facteurs de risque ITEM 139
a) Facteurs environnementaux
Exposition solaire :
– l’apparition d’un carcinome épidermoïde est liée à la dose totale cumulée d’UV reçus au cours de la vie ;
b) Facteurs constitutionnels
Le phototype clair est le principal facteur : le phototype clair se caractérise par une faible capacité à bronzer.
3 Physiopathologie ITEM 138
Le carcinome épidermoïde peut infiltrer les tissus en profondeur et se compliquer des métastases essentiellement ganglionnaires régionales ou osseuses mais d’apparition tardive.
4 Lésions précancéreuses
a) Kératoses actiniques
Elles apparaissent comme des lésions planes et rugueuses de moins d’un centimètre généralement brunâtre, hyperkératosique.
Au niveau histologique, il existe des anomalies kératinocytaires (atypies cytonucléaires, acantholyse) mais n’intéressant pas l’ensemble de la couche épidermique.
Leur évolution est très variable : persistance, régression spontanée ou évolution vers un carcinome épidermoïde (5 % à 20 %).
b) Maladie de Bowen
C’est un véritable carcinome épidermoïde intra-épithélial qu’on trouve essentiellement chez la femme de plus de 70 ans.
C’est une lésion ovoïde, bien limitée, de surface rugueuse, érythématosquameuse d’évolution lente, le plus souvent au niveau des membres inférieurs.
Au niveau histologique, on trouve des anomalies cytologiques des kératinocytes sur toute l’épaisseur de l’épiderme. Ces kératinocytes atypiques ne sont pas observés au-delà de la membrane basale.
5 Diagnostic ITEM 140
Le carcinome épidermoïde apparaît souvent sur une peau anormale compliquant une kératose actinique, une maladie de Bowen, une ulcération chronique ou une cicatrice.
La forme la plus commune est une forme ulcéro-végétante (fig. 149-2) avec une infiltration dépassant les limites de la partie bourgeonnante, à bordures surélevées et saignant facilement au contact.
Fig. 149-2 Carcinome épidermoïde typique.
Source : Dermatologie, par M. Bergis. Collection Cahiers des ECN. Masson, Paris, 2006.
L’examen histologique montre :
6 Prise en charge ITEM 141
Le traitement repose sur l’exérèse chirurgicale large de toute la lésion avec une marge de sécurité de 5 à 10 mm nécessitant le plus souvent une plastie ou une greffe.
7 Prévention et dépistage
a) Prévention primaire
Recommandations 2010 de la Société française de dermatologie
Les programmes de prévention s’adressant aux scolaires et aux adolescents doivent insister davantage sur les dommages causes à la peau que sur le risque de cancer.
L’information et les conseils de prudence vis-à-vis du soleil doivent être renouvelés pendant toute la vie, en particulier chez des sujets à risque (phototype clair, exposition solaire professionnelle ou récréative) :
– prudence vis-à-vis du soleil en milieu de journée (60 % de la dose d’ultraviolets (UV) est reçue entre 12 et 16 heures) ;
– utiliser les produits de protection solaire comme dernière ligne de protection (indice UVB supérieur à 15, étendu le plus possible dans le spectre des UVA) et surtout pas comme un prétexte pour augmenter la durée d’exposition ;
b) Prévention secondaire
Les patients qui ont eu un carcinome épidermoïde forment un groupe à haut risque d’avoir un autre carcinome épidermoïde.
c) Dépistage ITEM 139
Recommandations 2010 de la Société française de dermatologie
Le dépistage du carcinome épidemoïde cutané (CEC) ou de ses précurseurs est recommandé après 50 ans, chez les sujets à risque définis par les critères suivants : phototype clair, exposition solaire ou photothérapie cumulée importante, exposition aux autres carcinogènes cutanés, héliodermie, radiothérapie, ulcération ou inflammation cutanée chronique, transplantation d’organe, antécédent personnel de cancer cutané.