Item 149 Tumeurs cutanées épithéliales et mélaniques
ITEM 141 Traitement des cancers : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie. La décision thérapeutique multidisciplinaire et l’information du malade.
• Prise en charge diagnostique et thérapeutique du carcinome basocellulaire de l’adulte. Recommandations pour la pratique clinique. ANAES, mars 2004.
http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/argumantaire.pdf
• Prise en charge diagnostique et thérapeutique du carcinome épidermoïde cutané et de ses précurseurs. Recommandations. SFD, 2009.
• Guide ALD n° 30 – Mélanome cutané. HAS, février 2008.
http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/guide_melanome_version_web.pdf
Les tumeurs épithéliales sont très fréquentes et de bon pronostic, car leur évolution est lente et les métastases exceptionnelles.
Au contraire, les tumeurs mélaniques ont un pronostic catastrophique car elles se compliquent rapidement de métastases et leur mortalité est élevée. Elles sont heureusement plus rares que les tumeurs épithéliales.
Les tumeurs cutanées sont toutes favorisées par l’exposition solaire et la notion de phototype est donc importante.
Le phototype se détermine à l’interrogatoire (capacité à bronzer) et à l’examen clinique de la carnation, qui est la couleur de la peau (blanche, claire, mate, noire) (tableau 149-I). Il permet de connaître la photosensibilité du patient.
I Carcinome basocellulaire
A Physiopathologie et épidémiologie
Comme leur nom l’indique, les carcinomes basocellulaires se développent à partir de la couche basale de l’épiderme.
B Facteurs favorisants
Ils prédominent chez le sujet âgé et siège donc sur les zones exposées au soleil : visage (++), dos des mains, avant bras, cuir chevelu alopécique.
C Clinique
Il existe plusieurs types de carcinomes basocellulaires, qui ont en commun un élément caractéristique : la perle épithéliomateuse.
1 Carcinome basocellulaire plan cicatriciel
Plaque érythémateuse bordée par un bourrelet perlé. Le centre de la plaque est rose pâle, cicatriciel, parsemé de petites ulcérations et de petites croûtes (fig. 149-2).
3 Ulcus rodens
Carcinome basocellulaire non perlé, qui se présente d’emblée sous forme d’une ulcération extensive. L’ulcus rodens est la seule forme de carcinome basocellulaire mutilante, sévère et d’évolution rapide.
D Diagnostic
Il repose sur l’examen anatomopathologique : toute lésion suspecte de carcinome basocellulaire doit être biopsiée pour confirmation du diagnostic.
Histologie : massifs monomorphes de cellules ressemblant aux cellules basales de l’épiderme (cellules basophiles, sans altérations nucléaires). La bordure des amas cellulaires est palissadique. Les massifs sont bien limités et siègent dans le derme.
E Traitement
Le traitement curatif du carcinome basocellulaire est le plus souvent chirurgical et repose sur l’exérèse complète de toute la lésion avec une marge de 3 à 5 mm, selon la taille du carcinome basocellulaire. La fermeture cutanée se fait par suture directe, plastie ou greffe.
On utilise depuis 2003 une crème immunomodulatrice, l’imiquimod (Aldara), initialement utilisée pour les condylomes vénériens ITEM 95, qui s’est avérée efficace sur les carcinomes basocellulaires superficiels. Elle s’applique le soir, en couche fine, sur la lésion. Elle est laissée en place toute la nuit, et enlevée le lendemain matin, à un rythme de 5 applications par semaine selon la tolérance (elle est irritante). Elle est encore à l’étude dans les autres formes de carcinome basocellulaire.
II Carcinome épidermoïde cutané
A Physiopathologie et épidémiologie
C’est une tumeur qui progresse plus rapidement que le carcinome basocellulaire et qui est infiltrante.
L’envahissement se fait en profondeur : la tumeur envahit le derme, puis les tissus sous-cutanés, les muscles et peut envahir l’os sous-jacent.
Les métastases sont le plus souvent ganglionnaires (ganglions de drainage), rarement viscérales, excepté le périoste et l’os, qui sont envahis par « contiguïté ».
Le carcinome épidermoïde cutané a de nombreux facteurs déclenchants, mais se développe le plus souvent à partir de lésions précancéreuses.
C Lésions précancéreuses
Les lésions précancéreuses ont les mêmes facteurs favorisants et se transforment souvent en carcinome épidermoïde cutané.
1 Kératose actinique
Tache érythémateuse ou grisâtre, rugueuse à la palpation, hyperkératosique (couverte de fines squames adhérentes).
Elle apparaît chez le sujet de plus de 50 ans, sur les parties découvertes : visage (++), cuir chevelu dégarni.
2 Maladie de Bowen
Plaque unique ou multiple, érythémateuse, à contours arciformes, recouverte de squames et de croûtes, infiltrée, bien limitée, qui ressemble à une plaque psoriasis.