Item 147 Cancer du col de l’utérus, tumeur du corps utérin
ITEM 140Diagnostic des cancers : signes d’appel et investigations paracliniques ; stadification ; pronostic.
ITEM 141Traitement des cancers : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie. La décision thérapeutique multidisciplinaire et l’information du malade.
Sujets tombés aux concours de l’internat : 2001
• 2001, zone Nord : Une femme de 55 ans consulte en vue d’obtenir un traitement hormonal substitutif de la ménopause. Elle est asymptomatique et en bon état général, sans surpoids. Elle est nullipare. L’examen gynécologique est normal. Les frottis cervico-vaginaux sont normaux, la mammographie normale. Une échographie utérine est demandée. L’épaisseur endométriale est de 13 millimètres
1) Compte tenu de l’épaisseur endométriale, envisagez-vous d’emblée un traitement hormonal substitutif ? Justifiez votre réponse.
3) Le diagnostic final est celui d’adénoacanthome de l’endomètre. Que signifie ce terme ? Le pronostic attaché à cette forme histologique est-il favorable ou défavorable ?
4) En dehors du type histologique, quel est le principal facteur pronostique recherché au niveau du corps utérin, et quels sont les moyens de le déterminer ?
• 2001, zone Sud : Une patiente de 63 ans consulte pour métrorragies peu abondantes depuis 3 jours. Elle mesure 154 cm et pèse 71 kg, sa tension artérielle est de 160/90 mm Hg. Elle a eu ses premières règles à 12 ans, a été ménopausée à 55 ans. Elle n’a pas de traitement hormonal substitutif. Sur le plan obstétrical, elle a eu un enfant et trois grossesses non menées à terme. La ménopause avait été précédée de troubles du cycle avec des métrorragies suffisamment abondantes pour nécessiter la pratique de deux curetages biopsiques et hémostatiques. L’examen histologique avait conclu à une hyperplasie adénomateuse de l’endomètre avec atypies cellulaires. L’examen clinique révèle au spéculum un col inflammatoire, hyperhémié, un utérus dont le volume est difficile à préciser cliniquement et une masse latéro-utérine gauche.
6) La biopsie d’endomètre montre un adénocarcinome bien différencié. Quels examens complémentaires demandez-vous avant de décider du traitement ? (Citez)
• Conduite à tenir devant une patiente ayant un frottis cervico-utérin anormal. Recommandations pour la pratique clinique. ANAES, actualisation 2002 http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/frottis_final_-_fiche_de_synth_350se_2006_11_20__ 19_46_10_585.pdf.
• Quelle place pour le vaccin Papillomavirus humain (Gardasil) dans la prévention du cancer du col ? HAS, août 2007 http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/fiche_bum_gardasil.pdf
• Recommandation de la société européenne d’oncologie médicale sur le cancer du col de l’utérus. Haie-Meder C., Morice P., Castiglione M. ESMO Guidelines Working Group. Cervical cancer: ESMO clinical recommendations for diagnosis, treatment and follow-up. Ann Oncol, 2010 ; 20 : 37-40.
• Recommandation de la société européenne d’oncologie médicale sur le cancer de l’endomètre. Plataniotis G., Castiglione M. Ann Oncol, 2010 ; 20 : 27-8.
• Recommandation de la Société française d’oncologie gynécologique :
– Référentiel « Carcinome du col utérin » : http://www.asfog.free.fr/images/stories/PDF/ referentiels/ReferentielSFOGcoluterin-final.pdf
– Référentiel « Sarcome de l’utérus » : http://asfog.free.fr/images/stories/PDF/referentiels/ ReferentielSFOGsarcome-uterus.pdf
Le corps et le fond sont constitués d’une paroi musculaire (myomètre) et d’une tunique muqueuse hormono-dépendante (endomètre).
Le col de l’utérus est constitué de l’exocol pourvu d’une muqueuse malpighienne et d’un endocol à bordure glandulaire.
La jonction entre ces deux portions constitue une zone de transformation dont la situation varie au cours de la vie (exocervical après la puberté, endocervical après la ménopause).
Le cancer du col de l’utérus est lié aux virus oncogènes HPV et est le plus souvent révélé par des métrorragies post-ménopausiques.
L’examen histologique de biopsies du col (pour le cancer du col) réalisées au mieux sous colposcopie ou de l’endomètre sous hystéroscopie affirme le diagnostic.
Les cancers du col de stade ≤ IB1 peuvent être traités par radiothérapie, chirurgie ou une association de ces deux modalités, tandis que les cancers du col ≥ IB2 sont traités par l’association radiochimiothérapie concomitante.
Les cancers de l’endomètre sont traités par chirurgie et éventuellement chimiothérapie adjuvante et/ou radiothérapie adjuvante.
I Cancer du col de l’utérus
A Épidémiologie ITEM 138
Avec 3 068 nouveaux cas estimés en 2008 en France, ils représentent 1,0 % de l’ensemble des cancers incidents, 11e rang des cancers chez la femme.
Avec 1 067 décès, ce cancer se situe au 21e rang des décès par cancer, situé au 15e rang des décès par cancer chez la femme.
Il représente 0,7 % de l’ensemble des décès par cancer, tous sexes confondus. Le taux de mortalité standardisé est de 1,9 dans les pays occidentaux.
Ces évolutions de l’incidence et de la mortalité pourraient être en grande partie expliquées par une amélioration des conditions d’hygiène pour les cohortes les plus anciennes et par le dépistage individuel par frottis qui s’est développé dans les années 1960, pour les plus jeunes.
L’amélioration de la prise en charge thérapeutique pourrait contribuer à la diminution de la mortalité.
B Physiopathologie
1 Facteurs de risque ITEM 139
Human Papilloma Virus:
– infections sexuellement transmissibles associées : virus HPV (Human Papilloma Virus essentiellement dont le 16, 18 et 31) et virus HSV (Herpes Simplex Virus) ;
– existence d’environ 60 sous-types d’HPV classés en trois catégories en fonction des lésions qu’ils induisent :
C Anatomopathologie
Les condylomes :
– il existe plusieurs manifestations cervicales de l’HPV en fonction du type viral :
• les condylomes exophytiques, que l’on retrouve sur la vulve et le reste du périnée, conséquence de l’HPV également,
– la cellule caractéristique du condylome viral se retrouve sur le frottis cervical et sur l’histologie : c’est le koïlocyte ;
Les dysplasies :
– elles associent des altérations cellulaires et des altérations architecturales plus ou moins marquées ;
Les tumeurs épithéliales sont les plus fréquentes et très nettement majoritaires :
– elles peuvent être épidermoïdes (carcinome in situ, carcinome micro-invasif et carcinome invasif) : 80 % à 90 % des cancers du col utérin ;
– elles peuvent être adénocarcinomateuses (adénocarcinome in situ, micro-invasif ou invasif) développées à partir de l’épithélium cylindrique qui recouvre le canal endocervical ou endocol : 10 % à 20 % des cancers du col utérin ;
– les lésions malpighiennes précancéreuses sont les dysplasies qui peuvent être légères, modérées ou sévères ;
D Diagnostic ITEM 140
1 Circonstances de découverte
Il est également révélé par des signes fonctionnels gynécologiques :
– saignements génitaux : métrorragies irrégulières, provoquées, indolores, d’abondance variable et souvent récidivantes ;
3 Examen clinique sur un schéma daté et signé
Examen au spéculum : aspect, taille, topographie et extension vaginale :
– l’examen au spéculum peut être normal ou retrouver seulement une augmentation de volume du col, en barillet ;
La colposcopie est une étude du col à la loupe binoculaire avec une étude sans préparation permettant de mettre en évidence des zones blanches (leucoplasies) :
– une étude après application d’acide acétique permettant de visualiser la zone de jonction et les dysplasies (zones blanches) ;
– une étude après application de solution de Lugol (test de Schiller) permettant de colorer en brun l’épithélium malpighien mature ;
4 Bilan d’extension
Les touchers pelviens sont refaits au mieux sous anesthésie générale par le chirurgien et/ou le radiothérapeute car les deux praticiens seront impliqués dans la prise en charge ITEM 342 :
L’examen clinique recherche une ascite, des douleurs osseuses provoquées, une hépatomégalie et des adénopathies périphériques.
IRM abdomino-pelvienne en cas de stade ≥ IB2 (ou scanner si IRM non disponible) :
– on utilise les séquences T2, T1 avec et sans injection de gadolinium avec des séquences transversales et sagittales ;
– elle permet d’analyser l’extension vers le corps de l’utérus, vers le vagin et les organes de voisinage (vessie, rectum, paramètres) ;
TEP-TDM : essentiellement pour rechercher une atteinte ganglionnaire ou en cas de rechute douteuse sur l’IRM et/ou le TDM.
Fig. 147-2 Cancer du col de l’utérus sur une coupe sagittale d’une IRM.
Source : Guide d’imagerie abdominopelvienne, par L. Arrivé et J.-M. Tubiana. Masson, Paris, 2004.
Fig. 147-3 IRM axiale en séquence T2. Adénopathies iliaques externes gauches.
Source : Radiodiagnostic, par J.-M. Tubiana et al. Collection Abrégés Connaissances et pratique, Masson, Paris, 2004.
Classification FIGO
Les cancers invasifs du col utérin sont classés selon la classification FIGO (fig. 147-4) (classification clinique) :
stade I : cancer invasif limité à l’utérus :
stade II : cancer étendu au-delà de l’utérus sans extension aux parois pelviennes ni au tiers inférieur du vagin :
E Pronostic
Les facteurs pronostiques des carcinomes micro-invasifs sont :
La survie globale est proche de 100 % en cas de CIS et de 98 % en cas de carcinome micro-invasif (tableau 147-I ).
F Traitement ITEM 141
Objectifs de la prise en charge :
Déterminer le stade de la maladie pour guider la prise en charge et le choix de la stratégie thérapeutique.