Item 142 Prise en charge et accompagnement d’un malade cancéreux*
ITEM 69 Soins palliatifs pluridisciplinaires chez un malade en fin de vie. Accompagnement d’un mourant et de son entourage
• Argumenter les principes de la prise en charge globale et pluridisciplinaire d’un malade en fin de vie et de son entourage.
ITEM 1 Relation médecin-malade. Annonce d’une maladie grave. La formation du patient atteint d’une maladie chronique. Personnalisation de la prise en charge médicale.
Sujets tombés au concours de l’Internat : 2003
• 2003, zone Sud : Un homme de 50 ans, militaire à la retraite, tabagique (50 paquets-année) et alcoolique (1 litre de vin par jour), veuf depuis 5 ans vit avec son fils adulte qui travaille. En 1991, une dysphonie a fait découvrir un cancer du larynx qui a été mis en rémission complète par chimiothérapie puis laryngectomie totale suivie d’irradiation. Un an plus tard, il souffre d’une dysphagie en rapport avec un cancer du bas œsophage, disséminé au foie et comportant des localisations osseuses multiples.
3) Vous avez décidé de débuter un traitement par du chlorhydrate de morphine per os. Rédigez précisément votre ordonnance en mentionnant les médicaments nécessairement associées.
4) Le patient veut rentrer chez lui. Rédigez l’ensemble des prescriptions paramédicales qui peuvent l’aider au domicile.
• Dispositif d’annonce, INCa. http://www.e-cancer.fr/soins/parcours-de-soins/dispositif-dannonce/un-temps-fort-du-parcours-de-soins
• Modalités de prise en charge de l’adulte nécessitant des soins palliatifs : recommandations de l’ANAES, décembre 2002. http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/ pdf/txt_soins_palliatifs_recommandations_finales_mise_en_ligne.pdf
• L’accompagnement des personnes en fin de vie et de leurs proches. Conférence de consensus 2004, ANAES, SFAP. http://www.sfap.org/pdf/VI-C7b-pdf.pdf
• Décret n° 2006-119 du 6 février 2006 relatif aux directives anticipées prévues par la loi n° 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie et modifiant le Code de la santé publique (dispositions réglementaires).
À chaque phase évolutive du cancer, il faut bien identifier les objectifs du traitement :
– phase curative : l’objectif est la guérison. Le patient et les soignants peuvent accepter un degré de toxicité iatrogène ;
– phase palliative : cette phase est rencontrée dans la majorité des phases métastatiques. L’objectif est la prolongation de la survie et l’amélioration des symptômes ;
Pour les deux premières phases, plusieurs types de traitements peuvent être utilisés : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, traitement antalgique, antidépresseurs, kinésithérapie…
Le cancer peut avoir des répercussions multiples et souvent associées entre elles : retentissement physique (asthénie, dénutrition, douleur, impotence fonctionnelle), psychologique (dépression) et social (perte d’emploi, isolement social).
La prise en charge doit donc être globale et multidisciplinaire : différents acteurs sont impliqués dans cette prise en charge (oncologue médical, radiothérapeute, chirurgie, infirmière, assistant social, kinésithérapeute…).
Les soins de support sont tous les traitements visant à améliorer les symptômes liés à la maladie ou aux différents traitements entrepris.
Les soins palliatifs sont les soins apportés à un patient atteint d’un cancer en phase palliative et/ou terminale. Ils ont pour vocation de soulager les symptômes physiques, psychologiques, sociaux du patient. Ils sont complémentaires des autres traitements.
Les symptômes les plus fréquents en phase palliative et/ou terminale sont la dénutrition, l’anorexie, la douleur et la dyspnée.
Un patient atteint de cancer peut mourir de syndrome tumoral, de syndrome cachectique, d’embolie pulmonaire ou d’infection.
La prise en charge du cancer a été orientée par un Plan Cancer 2003-2007 puis le second Plan Cancer 2009-2013 :
– les mesures importantes du Plan Cancer sont :
• réorganiser les mesures de dépistage (généralisation du dépistage organisé du cancer du sein, favoriser le dépistage individuel du cancer du col utérin et du colon, améliorer les conditions de détection précoce du mélanome et garantir l’accès aux tests de prédisposition génétique des formes familiales de cancer,
• améliorer la qualité des soins (généralisation de la réunion de concertation pluridisciplinaire, mise en place du dossier médical communicant, améliorer l’information donnée aux patients,
• améliorer la formation des personnels médicaux et paramédicaux prenant en charge les patients atteints de cancer,
I Prise en charge d’un patient atteint d’un cancer
B Bilan du patient
Évaluation des comorbidités influençant la prise en charge:
– en raison du caractère pronostique de cette comorbidité qui pourrait être plus grave que le cancer (insuffisance cardiaque avancée avec cancer de la prostate peu agressif) ;
– ou qui risquent de décompenser pendant le traitement (insuffisance rénale modérée et cisplatine, insuffisance cardiaque et anthracyclines) ;
Prise médicamenteuse : recherche de médicaments qui risquent d’interagir avec les agents de chimiothérapie (tableau 69/142-I ).
Examen clinique :
– conséquence sur l’état général :
• asthénie avec évaluation du performance status : score ECOG (tableau 69/142-II ) ou indice de Karnofsky ;
Cytotoxiques | Interaction médicamenteuse | Conséquence |
---|---|---|
Tous | Anticoagulants oraux | Difficultés d’équilibration |
Cisplatine, ifosfamide, interleukine 2, méthotrexate haute dose | Risque d’insuffisance rénale | |
Vinca-alcaloïdes | Itraconazole | Majoration de la neurotoxicité |
Vinca-alcaloïdes | Mitomycine | Majoration de la toxicité pulmonaire |
Méthotrexate | AINS, kétoprofène, pénicilline, sulfamides, bactrim | Augmentation de la toxicité hématologique et hépatique (réduction de l’élimination rénale et déplacement de ses liaisons aux protéines plasmatiques) |
Docetaxel | Inhibiteurs CYP3A4 (kétoconazole, itraconazole, erythromycine) | Augmentation des concentrations plasmatiques |
Fluorouracile, capecitabine | Metronidazole | Augmentation de la toxicité du 5-FU |
Irinotecan, imatinib | Millepertuis | Diminution de l’efficacité |
Grade | Description |
---|---|
0 | Pleinement actif. Le malade peut exercer son activité normale sans aucune restriction |
1 | Restreint dans les activités physiques fatigantes, mais en ambulatoire, pouvant exercer une activité sans contraintes physiques importantes. Activité domestique légère, bureau, etc. |
2 | Patient ambulatoire et capable de s’occuper de lui-même pour ses soins personnels, mais incapable d’activité professionnelle ou à la maison. Debout plus de 50 % de la journée |
3 | Ne pouvant faire que le minimum pour ses soins personnels. Confiné au lit ou à la chaise plus de 50 % de la journée |
4 | Complètement handicapé dans sa vie, confiné au lit ou à la chaise, nécessitant l’assistance pour sa toilette et ses soins quotidiens |
II Traitement symptomatique
A Traitement symptomatique des effets secondaires liés aux traitements antitumoraux
1 Neutropénie fébrile ITEM 143
Définition : la survenue d’un épisode fébrile (≥ 38,3 °C ou deux mesures ≥ 38 °C à 1 h d’intervalle) chez un patient d’onco-hématologie neutropénique (PNN < 500/mm3 ou < 1 000/mm3 avec baisse prévisible dans les heures à venir) est une urgence thérapeutique.
Bilan diagnostique : la recherche d’un foyer infectieux est systématique. Cette recherche doit comprendre : examen clinique (notamment orifice du cathéter, périnée et orifice buccal, examen abdominal et pulmonaire), radiographie du thorax, hémocultures sur cathéter et en périphérie, ECBU.
Prise en charge thérapeutique : l’antibiothérapie empirique comprend une β-lactamine à large spectre active sur les entérobactéries, les germes déjà documentés dans l’histoire du patient, et si possible le pyocyanique et les entérocoques, qui est aussi efficace et mieux tolérée que l’association d’une β-lactamine et un aminoside. L’adjonction de quinolones n’est pas recommandée sauf en cas d’insuffisance rénale ou en cas de myélome. En cas de foyer infectieux clinique, l’antibiothérapie sera orientée en fonction de la localisation de ce foyer.
2 Prise en charge des nausées et des vomissements ITEM 345
On distingue :
– les nausées et vomissement précoces survenant dans les 24 h suivant l’administration de la chimiothérapie ;
Plusieurs classes médicamenteuses peuvent être utilisées :
Risque émétogène | Agent de chimiothérapie |
---|---|
Haut risque (> 90 %) | |
Modéré (30 %–90 %) | |
Faible (10 %–30 %) | |
Très faible (< 10 %) |
3 Prise en charge des mucites ITEMS 319 et 343
Ce sont des inflammations ou des lésions ulcérées de la muqueuse buccale ou digestive induites par les traitements anticancéreux.
Le risque est variable selon le type de traitement antitumoral : les facteurs de risque sont les associations d’agents de chimiothérapie, les doses intensives de chimiothérapie et la radiothérapie.
La prise en charge repose essentiellement par la réalisation de bains de bouche à base de solution alcaline.
4 Toxidermie secondaire aux traitements anti-EGFR
Les traitements ciblant le récepteur à l’epidermal growth factor tels que l’erlotinib (Tarceva) et le cetuximab (Erbitux) induisent un rash cutané.
Celui-ci se caractérise par un érythème, des papules et des pustules sur le visage et le tronc apparaissant dans les 10 premiers jours et dont l’intensité est souvent corrélée à la dose.
B Traitement des symptômes induits par la tumeur
1 Insuffisance respiratoire aiguë
Étiologie :
– infection pulmonaire:
• la survenue d’une aspergillose et d’une pneumocystose sont des événements fréquents. Les patients cancéreux peuvent également présenter des infections virales (CMV, herpès…) et des légionelloses,
• la réalisation d’une fibroscopie bronchique associée à un lavage broncho-alvéolaire est nécessaire d’emblée en cas de mauvaise tolérance, d’immunosuppression sévère, de pneumopathie interstitielle diffuse ou en cas de persistance de signes infectieux avec une antibiothérapie adaptée lors d’une pneumopathie lobaire,