Item 140 Diagnostic des cancers
signes d’appel et investigations cliniques, stadification, pronostic
ITEM 1La relation médecin-malade. L’annonce d’une maladie grave. La formation du patient atteint de maladie chronique. La personnalisation de la prise en charge médicale
ITEM 4Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : prescriptions utiles et inutiles
Sujets tombés au concours de l’Internat : 2000
• 2000, Nord : Un patient de 50 ans vous est adressé par son médecin traitant pour lésion ulcérée du bord latéral droit de la langue. L’état dentaire est déplorable avec une parodontopathie importante, de nombreuses caries. L’interrogatoire met en évidence un alcoolo-tabagisme ancien.
1) Quels éléments de votre examen de l’ulcération linguale devront faire considérer cette lésion comme un cancer a priori ?
2) L’anatomopathologie confirme qu’il s’agit d’un carcinome épidermoïde. Au terme du bilan, la lésion est classée T3 N2b M0. Sur quels critères repose cette classification ?
3) Le patient a beaucoup maigri car la douleur linguale ne lui permet pas de se nourrir. Après prescription de 2 grammes d’aspirine par jour pendant 15 jours sans effet, son médecin lui a prescrit du dextropropoxyphène (Antalvic), 4 comprimés par jour, sans effet notable. Comment allez-vous calmer sa douleur ?
4) Une radiothérapie est prévue dans le programme thérapeutique. a) Quelle complication majeure à long terme devez-vous redouter ? b) Comment la prévenir ?
Le diagnostic de cancer doit donc être suspecté devant des arguments épidémiologiques, cliniques et radiologiques concordants.
Un cancer est défini histologiquement : le diagnostic d’un cancer ne peut donc être affirmé que par un examen histologique d’un prélèvement d’un tissu.
I Signes d’appel
Les circonstances de découverte d’un cancer sont multiples, du dépistage à la métastase symptomatique.
A Signes généraux possibles
3 Syndromes paranéoplasiques
Ils sont parfois au premier plan :
définition : ce sont des manifestations indirectes de la tumeur se produisant à distance de la tumeur ;
ils sont souvent révélateurs du cancer, régressent avec le cancer et réapparaissent avec la rechute.
a) Troubles endocriniens
Syndrome de sécrétion inappropriée de l’ADH (SIADH) :
– ce syndrome est lié à une hypersécrétion d’arginine vasopressine, l’hormone antidiurétique de l’homme ;
– les signes cliniques sont ceux d’une hyponatrémie (nausées, vomissements, confusion voire convulsion) ;
Syndrome de Cushing paranéoplasique avec sécrétion d’ACTH-like :
– il se manifeste surtout par des une hypertension artérielle, une amyotrophie, une hyperpigmentation cutanée et une excitabilité ;
– le diagnostic est porté sur une élévation de cortisol libre urinaire sur 24 heures, du cortisol sanguin et salivaire à minuit ; sur les tests de freinage et sur l’élévation de l’ACTH plasmatique ;
Hypocalcémie : elle peut être liée à des métastases ostéoblastiques (cancer du sein, de la prostate ou du poumon), à un déficit en vitamine D, à une hypomagnésémie sévère par perte rénale, à une hypoparathyroïdie ou à une sécrétion de calcitonine (carcinome médullaire de la thyroïde).
Ostéomalacie : avec hypophosphatémie, hyperphosphaturie, vitamine D3 indosable et phosphatases alcaline élevées (cancer de la prostate, cancer du poumon et myélome).
b) Troubles hématologiques
Polyglobulie par sécrétion d’érythropoïétine (cancer du rein, hépatocarcinome, hémangioblastome du cervelet, sarcomes).
c) Troubles neurologiques
Un syndrome paranéoplasique neurologique est retrouvé chez près de 5 % des patients atteints de cancer.
Syndrome myasthénique :
– il se manifeste par une diplopie, un ptosis, une dysphonie associés à une faiblesse musculaire s’aggravant à l’effort ;
– un traitement d’épreuve d’inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (Tensilon, edrophonium chlorure) permet d’améliorer les troubles neurologiques ;
– on peut retrouver dans le sérum des anticorps bloquant fortement les récepteurs d’acétylcholine post-synaptiques ;
Syndrome de Lambert-Eaton :
– le mécanisme physiopathologique repose sur l’inhibition pré-synaptique par des anticorps de la libération d’acétylcholine contrôlée par les canaux calciques ;
– il se manifeste par une asthénie importante liée à une fatigabilité musculaire associée à des myalgies et des troubles neurovégétatifs tels que la sécheresse buccale ;
– on peut mettre en évidence des anticorps anti-VGCC (anti-voltage-gated calcium channel) chez 85 % des patients, comme occasionnellement des anticorps anti-Hu ;
Neuropathies périphériques :
– neuropathie sensitive subaiguë de Denny-Brown : installation progressive sur plusieurs semaines de paresthésies principalement distales, de douleurs, de sensibilité profonde diminuée et de dysfonctions autonomes précoces chez un patient porteur de carcinomes à petites cellules du poumon. Des anticorps anti-Hu peuvent être retrouvés.
d) Troubles cutanés (dermatomyosite et polymyosite, acanthosis nigricans)
Acanthosis nigricans :
– il se caractérise par un épaississement velouté de la peau hyperpigmenté atteignant en prédilection les régions du cou, des aisselles et inguinales mais aussi les zones de flexion des doigts et des orteils, la plante des pieds et les paumes des mains ;
B Signes en lien avec une extension tumorale directe locale ou métastatique
Perception d’une masse ou d’une adénopathie : en général, les masses tumorales sont dures, insensibles et fixées.
Des douleurs peuvent être à l’origine des symptômes inauguraux :
– ces douleurs sont liées à l’inflammation du tissu envahi (douleur osseuse, compression nerveuse, envahissement pleural) ou à des complications (fractures pathologiques, perforation) ;
Symptômes fonctionnels :
– dysphagie, trouble du transit, ictère, hémorragie digestive en cas d’atteinte hépato-gastro-intestinale ;