Chapitre 14. Responsabilités
Généralités
ResponsabilitéLe concept de responsabilité ne se limite pas à sa dimension juridique, mais est beaucoup plus vaste. C. Mille et O. Phan soulignent l’importance de cette notion de «responsabilité dans l’espace thérapeutique» et rappelle que «l’exercice de la responsabilité occupe […] une place capitale dans l’éthique professionnelle […]» (Mille & Phan, 2000).
La diversité et le nombre des soignants intervenant à l’hôpital pédiatrique – pédiatre, infirmière, puéricultrice, auxiliaire de puériculture, kinésithérapeute, psychologue, pédopsychiatre, art-thérapeute, diététicienne, éducatrice spécialisée – rendent complexe la question de la référence des soins. Il en est de même en maternité. La prise en charge institutionnelle au sein de ces différents services et l’intervention plus transversale d’intervenants tels que pédopsychiatre et psychologue de liaison élargissent et complexifient considérablement les responsabilités des soignants.
Généralement, en pratique de psychiatrie de liaison, le pédopsychiatre intervient à la demande d’un somaticien, auprès d’un enfant, dans un service dont il n’est pas le responsable. Le pédopsychiatre de liaison donne ensuite un avis au pédiatre demandeur. En termes de responsabilité médicale, c’est donc a priori le pédiatre qui est référent de l’enfant et garant du cadre de soins. Mais cette situation est loin d’être aussi claire. Comment les professionnels s’articulent-ils entre eux, dans l’intérêt de l’enfant et avec l’accord des parents, autour de la prise en charge? Quelle est la nature de la collaboration entre le pédiatre et le pédopsychiatre? Et avec le psychologue? Qui prend les décisions? Qui est responsable? Qui est référent? Qui est garant du soin?
Implications en clinique
Afin d’illustrer la complexité des responsabilités, donnons deux exemples cliniques.
• Jessica, quinze ans, est admise aux urgences pédiatriques pour une intoxication volontaire médicamenteuse aux benzodiazépines. Le pédiatre des urgences qui l’accueille demande une consultation au pédopsychiatre de liaison, tout en précisant que Jessica est «sortante sur le plan somatique». Après son entretien avec la patiente, le pédopsychiatre préconise une hospitalisation de quelques jours en pédiatrie. Qui décide de la conduite à tenir concernant cette patiente?
• Une demande de consultation de pédopsychiatrie de liaison est formulée par un pédiatre pour Solenne, treize ans, qui est hospitalisée en pédiatrie pour surveillance de douleurs abdominales, sans étiologie clairement retrouvée, et qui «paraît triste». Lors de l’entretien, Solenne révèle de façon assez explicite au pédopsychiatre de liaison une situation d’abus sexuel de la part d’un oncle. Dès lors que des maltraitances concernant un mineur sont révélées, la protection du mineur prime et le niveau de responsabilité est d’un autre ordre. Néanmoins, qui va être à l’origine du signalement? Qui décide de la suite de la prise en charge pour cette patiente?
Deux écueils peuvent se retrouver en pratique clinique :
• le premier écueil consiste en la décharge de responsabilités du pédiatre demandeur sur le pédopsychiatre de liaison consultant, sous le prétexte parfois entendu : «C’est psy!»;
• le deuxième écueil consiste dans un non-partage de responsabilités, ce qui revient à considérer la consultation pédopsychiatrique comme un examen complémentaire, au même titre qu’une radiographie ou une glycémie. Il ne faut pas en effet que le pédopsychiatre se contente de donner un avis et que le pédiatre décide de suivre ou non cet avis, sans réelle concertation avec le pédopsychiatre.

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