Pneumologie
ASTHME (1) – CHRONIQUE DE L’ADULTE (1)
Recommandations GINA (Global Initiative for Asthma Revised) 2011 [1]
Les recommandations GINA antérieures ont individualisé quatre niveaux de sévérité de l’asthme (intermittent, persistant léger, persistant modéré et persistant sévère) en fonction de l’importance des symptômes diurnes et nocturnes, la fonction respiratoire, et la consommation de β2-mimétiques de courte durée d’action (CDA).
ASTHME (2) – CHRONIQUE DE L’ADULTE (2)
Prise en charge [1]
• Les traitements de fond sont pris quotidiennement et au long cours afin d’obtenir le contrôle de l’asthme principalement grâce à leurs effets anti-inflammatoires.
• Les traitements bronchodilatateurs d’action rapide sont utilisés à la demande afin de soulager rapidement les symptômes en entraînant une réversibilité de la bronchoconstriction.
CORTICOÏDES INHALÉS (2) – PHARMACOLOGIE
PROPRIÉTÉS
Corticoïdes associant une action locale puissante (sur l’inflammation bronchique) à une très faible activité systémique (métabolisation hépatique en dérivés inactifs) pour des doses < 2 000 μg/j.
EFFETS INDÉSIRABLES
Rare : réaction paradoxale (toux, bronchospasme) liée aux excipients (gaz propulseur).
Mode d’emploi des aérosols-doseurs
• Retirer le capuchon, agiter l’aérosol-doseur.
• Puis inspirer lentement (4 s) et profondément en déclenchant la pulvérisation (au début de l’inspiration).
• Retenir la respiration pendant 5 à 10 s (poumons « remplis »), puis reprendre sa respiration normale.
• Attendre 30 à 60 s avant la bouffée suivante.
– aérosol-doseur à autodéclenchement, type Autohaler (nécessité d’un débit inspiratoire minimal);
– système d’inhalation de poudre, type Turbuhaler, Diskus ou Clickhaler;
– utilisation du spray avec une chambre d’inhalation, type Nebuhaler, Aéroscopic, Volumatic, Aérochambre. Dans ce cas, la bouffée est pulvérisée dedans, et l’inspiration profonde doit être faite dans les 5 s suivant le déclenchement.
ASTHME (3) – CHRONIQUE DE L’ADULTE (3)
ASTHME (4) – CHRONIQUE DE L’ADULTE (4)
Traitement de la crise d’asthme
(patient à éduquer pour la conduite à tenir)
• En cas de gêne respiratoire :
• Si non amélioré après ces 6 bouffées :
contacter en urgence un médecin :
• Si évolution favorable et pas de signe de gravité initiale : cure courte de corticoïdes oraux, prednisolone (SOLUPRED) : 0,5 à 1 mg/kg/j pendant 3 à 10 j (arrêt brutal en fin de traitement).
• Sinon (cf. Asthme aigu grave). Appeler le Samu pour transfert dans un service d’urgences ou de soins intensifs.
ANTILEUCOTRIÈNE
ASTHME (5) – CHRONIQUE DE L’ADULTE (5)
Prise en charge pratique [1]
L’adaptation du traitement dépend du contrôle de l’asthme évalué par 6 items (cf. tableau supra) permettant de déterminer 3 situations : contrôle satisfaisant, contrôle insuffisant et asthme non contrôlé.
Les recommandations GINA 2011 proposent un choix thérapeutique présenté dans le tableau ci-dessous.
Il est nécessaire d’évaluer la sévérité de l’asthme selon la classification (cf. encadré
Antileucotriènes : montélukast (SINGULAIR) 1 cp. de 10 mg/j.
Adaptation du traitement de fond en fonction du contrôle de l’asthme [1]
ASTHME (6) – CHRONIQUE DE L’ADULTE (6)
Principes de la réduction de palier en cas de parfait contrôle de l’asthme [1]
L’objectif est de trouver le traitement minimal permettant le contrôle de l’asthme.
Patients contrôlés par une corticothérapie inhalée à dose élevée : réduire les doses de 50 %/3 mois.
Patient contrôlé avec une association d’une corticothérapie inhalée et d’un β2 de LDA :
– réduire la dose de corticothérapie inhalée de 50 % et maintenir le β2 de LDA;
– une fois atteinte une faible dose de corticothérapie inhalée : arrêt du β2 de LDA ou association d’une corticothérapie inhalée et d’un β2 de LDA en une prise par jour.
1). Il n’y a pas lieu de répéter des tests d’hyperréactivité bronchique non spécifique dans l’asthme, hormis le cas particulier des asthmes professionnels.
2). Il n’y a pas lieu de pratiquer un bilan allergologique initial systématique dans l’asthme, sauf chez l’enfant.
3). Il n’y a pas lieu de pratiquer des tests microbiens ou utilisant des extraits non standardisés dans l’exploration de l’asthme à composante allergique.
4). Il n’y a pas lieu de pratiquer des tests cutanés à lecture semi-retardée ou retardée dans l’exploration de l’asthme à composante allergique.
5). Il n’y a pas lieu de pratiquer de manière systématique, devant des tests allergologiques positifs, une immunothérapie spécifique de désensibilisation dans l’asthme.
6). Il n’y a pas lieu d’utiliser l’immunothérapie spécifique, sauf chez une minorité de patients soigneusement sélectionnés, quand les conditions suivantes sont réunies :
7). Il n’y a pas lieu de pratiquer des tests allergologiques pour suivre l’efficacité d’une immunothérapie spécifique dans l’asthme.
8). Il n’y a pas lieu d’instituer une corticothérapie orale au long cours chez un asthmatique, sauf en cas d’échec de l’association de la corticothérapie inhalée à fortes doses et des β2-mimétiques de longue durée d’action et à condition de l’associer à ceux-ci.
ASTHME (7) – AIGU GRAVE
Il est responsable de 1 500 à 2 000 décès par an en France.
Toute crise d’asthme doit jusqu’à preuve du contraire être considérée comme potentiellement grave.
Se méfier particulièrement en cas :
Reconnaissance des signes cliniques de gravité (un seul suffit à alerter)
• DEP (peak-flow) < 150 L/min ++++.
• Dyspnée majeure avec parole impossible.
• Fréquence respiratoire > 30/min.
Prise en charge thérapeutique
Hospitalisation systématique en unité de soins intensifs (surveillance rapprochée)
• Oxygène nasal : 3 à 4 L/min, quelle que soit la PaCO2 !
• Nébulisation (par masque nasal avec 6 à 8 L/min d’O2) de β2-stimulants, terbutaline (BRICANYL 5 mg/2 mL) : 2 dosettes (soit 10 mg), ou salbutamol (VENTOLINE 5 mg/mL) : 1 mL (soit 5 mg) à diluer dans 4 mL de sérum physiologique. A répéter « autant que nécessaire » au cours de la première heure, puis toutes les 4 h après amélioration.
• ± Mélangé avec atropinique, ipratropium bromure (ATROVENT adulte solution pour inhalation) : 1 dosette (soit 0,5 mg), toutes les 8 h.
• Corticoïdessystématiques, méthylprednisolone (SOLUMÉDROL) : 60 mg IV × 2 à 4/j (puis en fonction de l’évolution, avec relais per os après 1 à 3 j, généralement).
• Hydratation intraveineuse : 3 à 4 L de G5 %/j, avec adjonction de potassium,2 à 3 g/L.
• En cas de signes infectieux, antibiothérapie : bêta lactamine, type amoxicilline (en l’absence d’allergie) : 1 g × 2/j ou macrolide, érythromycine : 1 g × 2/j.
BRONCHOPATHIE CHRONIQUE OBSTRUCTIVE (1)
Définition
La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie respiratoire chronique définie par une obstruction permanente et progressive des voies aériennes. Cette obstruction est causée par l’association, variable selon les patients, d’une diminution du calibre des bronchioles du fait de modifications anatomiques (remodelage) et d’une destruction des alvéoles pulmonaires (emphysème). Sauf précision contraire, le terme de BPCO admet implicitement son origine tabagique.
Épidémiologie en France
En France, la prévalence est estimée entre 4 et 5 % (2 à 4 millions de sujets atteints de BPCO).
Augmentation importante du nombre de BPCO chez la femme ces dernières années (tabagisme).
Le nombre de décès par BPCO est estimé à 15 000 à 20 000 par an.
Facteurs de risque
Facteur de risque principal = TABAC (90 % des cas de BPCO).
Facteurs exogènes : tabac ++ (20 % des fumeurs vont développer une BPCO), polluants professionnels.
Facteurs endogènes : déficit en α1-antitrypsine, hyperréactivité bronchique, sexe féminin.
Évaluation minimale initiale
• Interrogatoire et examen clinique : symptômes de bronchite chronique (toux et expectoration chronique au moins 3 mois/an et depuis au moins 2 années consécutives, sans autre cause identifiée), quantification de la dyspnée, mesure du DEP +++.
• Épreuves fonctionnelles respiratoires avec test de réversibilité aux bronchodilatateurs (si positif : évoque un asthme).
Le diagnostic de BPCO repose sur :
• Radiographie de thorax ± TDM thoracique.
• Devant toute manifestation respiratoire d’apparition récente chez un patient fumeur, il est nécessaire de réaliser une fibroscopie bronchique (recherche de cancer).
Stade | Caractéristiques | |
---|---|---|
I : léger | VEMS/CVF 70 % | VEMS ≥ 80 % de la valeur prédite |
II : modéré | 50 % ≤ VEMS < 80 % de la valeur prédite | |
III : sévère | 30 % ≤ VEMS | |
IV : très sévère | VEMS < 30 % de la valeur prédite ou VEMS < 50 % de la valeur prédite AVEC insuffisance respiratoire chronique grave |
BRONCHOPATHIE CHRONIQUE OBSTRUCTIVE (2)
Facteurs pronostiques de mortalité
• Clinique : sévérité de la dyspnée, toux et expectoration, sédentarité.
• Poursuite de l’intoxication tabagique.
• Fréquence et sévérité des exacerbations.
• Fonction respiratoire : VEMS.
• Performance à l’exercice : test de marche de 6 min.
• Comorbidités : cardiovasculaires, cancer bronchique, anémie, dépression.
• Thérapeutique : indication OLD, corticoïdes oraux au long cours.
Prise en charge thérapeutique [1]
Prévention et réduction des facteurs de risque
Limitation du tabagisme passif.
Mesures de protection individuelle et collective contre les polluants professionnels.
BPCO = Stades l, Il, III
Bronchodilatateurs
• Anticholinergiques inhalés :
• Association des deux (BRONCHODUAL) β2CDA + anticholinergique CDA : 2 bouffées × 3 à 4 /j.
BRONCHODILATATEURS (2) – THÉOPHYLLINE ET DÉRIVÉS (2) – PHARMACOLOGIE
PROPRIÉTÉS
Bronchodilatateur (par relaxation du muscle lisse bronchique) inhibiteur de la phosphodiestérase; la bronchodilatation est inférieure à celle des β2-stimulants (en partie en raison de la limitation des doses).
Action anti-inflammatoire à des doses inférieures aux doses « bronchodilatatrices ».
Action stimulante centrale (et analeptique respiratoire), sauf pour la bamifylline.
EFFETS INDÉSIRABLES
Variables, aux doses thérapeutiques : nervosité, excitabilité, pesanteur gastrique, céphalées.
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
Associations contre-indiquées : énoxacine et troléandomycine (risque de surdosage en théophylline).
Associations déconseillées : érythromycine et viloxazine (risque de surdosage en théophylline).
Le tabagisme et l’alcool diminuent la demi-vie d’élimination de la théophylline.
BRONCHOPATHIE CHRONIQUE OBSTRUCTIVE (3)
Corticothérapie inhalée : non systématique Aucun corticostéroïde inhalé (CSI) pris isolément n’a obtenu l’AMM dans le traitement de la BPCO. Seules les associations fixes avec un bronchodilatateur ont obtenu l’AMM.
Les indications des CSI en association avec un β2 LDA reconnues sont :
– les patients atteints de BPCO sévère = stade III et IV;
– les patients présentant des exacerbations répétées malgré une prise en charge optimale.
Autres
• Éradication des foyers infectieux susceptibles de favoriser les infections pulmonaires : recherche et traitement des foyers infectieux ORL et des foyers stomatologiques.
• Prise en charge psychosociale et nutritionnelle.
• Vaccination antigrippale tous les ans, et antipneumococcique (PNEUMO 23) tous les 5 ans.
• Les antitussifs sont contre-indiqués car ils peuvent majorer l’encombrement.
• Les β-bloquants cardioseléctifs peuvent être utilisés dans la BPCO.
• Éviter les psychotropes, surtout benzodiazépines et barbituriques.