Chapitre 14 Peau
Peau
Structure de la peau
La peau est le plus grand organe du corps et a une surface d’environ 1,5 à 2 m2 chez l’adulte. Elle contient des glandes, des poils et des ongles. Elle présente deux couches principales l’épiderme et le derme.
Épiderme
L’épiderme est la couche la plus superficielle de la peau ; il est fait d’un épithélium pavimenteux kératinisé stratifié (voir Fig. 3.13, p. 37), d’épaisseur variable selon la partie du corps. Il est le plus épais sur la paume des mains et la plante des pieds. Il n’y a pas dans l’épiderme de vaisseaux sanguins ni de terminaisons nerveuses, mais ses couches les plus profondes sont baignées dans le liquide interstitiel venu du derme, qui fournit de l’oxygène et des nutriments, et qui est drainé sous forme de lymphe.
L’épiderme comporte plusieurs couches (strates) de cellules, allant de la couche germinative (NdT : stratum basal, ou couche basale), la plus profonde, à la couche cornée (stratum corneum) épaisse, la plus superficielle (Fig. 14.1). Les cellules en surface sont plates, minces, non nucléées, mortes, appelées squames, dans lesquelles le cytoplasme a été remplacé par une protéine fibreuse, la kératine. Ces cellules desquament en permanence, remplacées par des cellules nées dans la couche germinative et qui ont présenté des modifications graduelles pendant qu’elles progressaient vers la surface. Le remplacement complet de l’épiderme prend environ un mois.
Le maintien d’un épiderme en bonne santé dépend des trois processus synchronisés suivants :
Les poils, les sécrétions des glandes sébacées et les canaux excréteurs des glandes sudoripares (ou sudorifères) traversent l’épiderme pour atteindre la surface (voir Fig. 14.4).
Figure 14.4 Microscopie à balayage électronique en couleur de tiges de poils croissant à travers la peau.
La surface de l’épiderme est hérissée de projections cellulaires dermiques appelées papilles (Fig. 14.2) L’aspect des projections sur la pulpe des doigts est spécifique à chaque individu, et leur impression est appelée empreinte digitale. Les projections de la couche germinative vers le bas, entre les papilles, sont destinées semble-t-il à contribuer à la nutrition des cellules de l’épiderme et à stabiliser les deux couches, empêchant la survenue de lésions dues à des forces de cisaillement. Des bulles se développent quand un traumatisme aigu sépare le derme de l’épiderme, et que du liquide séreux se collecte entre les deux couches.
La couleur de la peau dépend de plusieurs facteurs.
Derme (Fig. 14.2)
Le derme est résistant et élastique. Il dérive du tissu conjonctif, et la matrice contient des fibres de collagène (voir Fig. 3.16, p. 39) entremêlées avec des fibres élastiques. Des fibres élastiques se rompent quand la peau est étirée, rupture déterminant des vergetures permanentes ou marques d’étirement, pouvant s’observer lors de la grossesse et de l’obésité. Les fibres de collagène lient l’eau, et elles donnent à la peau sa force élastique ; mais, comme cette capacité décline avec l’âge, des rides se développent. Des fibroblastes (voir Fig. 3.5, p. 32), des macrophages et des mastocytes sont les principales cellules présentes dans le derme. Du tissu aréolaire et une quantité variable de tissu adipeux (gras) se situent sous la couche la plus profonde du derme. Le derme comporte :
Vaisseaux sanguins et lymphatiques
Des artérioles forment un fin réseau, avec des branches capillaires vascularisant les glandes sudoripares, les glandes sébacées, les follicules pileux et le derme. Les lymphatiques forment un réseau dans tout le derme.
Terminaisons nerveuses sensitives
Des récepteurs sensitifs (terminaisons nerveuses spécialisées) sensibles au toucher, à la température, à la pression et à la douleur, sont largement distribués dans le derme. Les stimulus entrants activent les différents types de récepteurs (Fig. 14.2 et Encadré 14.1). Le corpuscule lamelleux (de Pacini) est sensible à la pression marquée ; il est représenté à la figure 14.3. La peau est un organe sensitif important, par lequel l’individu est informé sur son environnement. Des impulsions nerveuses générées dans les récepteurs sensitifs du derme sont transmises à la moelle spinale par des nerfs sensitifs, et de là à l’aire sensitive du cerveau, où les sensations sont perçues (voir Fig. 7.23B, p. 162).
Encadré 14.1 Récepteurs sensitifs dans la peau
Récepteur sensitif | Stimulus |
---|---|
Corpuscule tactile non capsulé (de Meissner) | Pression légère |
Corpuscule lamelleux (de Pacini) | Pression marquée |
Terminaison nerveuse libre | Douleur |
Glandes sudoripares
Les glandes sudoripares (ou sudorifères) sont largement distribuées dans toute la peau, surtout nombreuses aux paumes des mains et aux plantes des pieds, aux aisselles et aux aines. Elles sont faites de cellules épithéliales. Le corps des glandes est enroulé sur lui-même, dans le tissu sous-cutané (NdT : il s’agit de glandes sudoripares eccrines, glandes dont le canal excréteur débouche directement à la surface de la peau par une minuscule ouverture, ou pore sudoripare). Il existe deux types de glandes sudoripares. Le type le plus courant s’ouvre à la surface cutanée à travers de minuscules pores ; la sueur produite à cet endroit est un liquide séreux transparent, important pour la régulation de la température corporelle. Le deuxième type s’ouvre dans un follicule pileux ; on le retrouve par exemple dans la région de l’aisselle. La décomposition bactérienne de ces sécrétions donne une odeur déplaisante. Un exemple spécialisé de ce type de glande est la glande cérumineuse de l’oreille externe, qui sécrète le cérumen (Ch. 8).
Poils
Les poils se développent à partir de cellules épidermiques recouvrant de profondes invaginations de l’épiderme dans le derme ou le tissu sous-cutané, appelées follicules pileux. Un amas de cellules à la base du follicule est appelé la papille pileuse ou le bulbe pileux. Le poil est formé par la multiplication de cellules du bulbe et, pendant qu’elles sont poussées vers l’extérieur, s’éloignant de leur source de nutrition, ces cellules meurent et deviennent kératinisées. La partie du poil au-dessus de la peau est la tige, le reste est la racine du poil (Fig. 14.2). La figure 14.4 montre la croissance d’un poil à travers la peau. La desquamation à la surface fournit un réservoir pour les micro-organismes.
La couleur du poil est génétiquement déterminée, et dépend de la quantité de mélanine présente. Le remplacement de la mélanine par de minuscules bulles d’air rend blanc le poil.
Muscle arrecteur du poil (Fig. 14.2)
Il est fait de petits faisceaux de fibres musculaires lisses attachés au follicule pileux. Sa contraction dresse le poil et élève la peau autour du poil, déterminant la chair de poule. Les muscles arrecteurs sont stimulés par des fibres nerveuses sympathiques en réponse à la peur et au froid. Les poils dressés captent de l’air, et ils agissent comme une couche isolante. Il s’agit là d’un mécanisme de réchauffement efficace, en particulier quand il s’accompagne de frissonnement, c’est-à-dire de contraction involontaire de muscles squelettiques.
Glandes sébacées (Fig. 14.2)
Elles sont faites de cellules épithéliales sécrétrices dérivées du même tissu que les follicules pileux. Elles sécrètent une substance huileuse, le sébum, dans le follicule pileux ; elles sont donc présentes dans toutes les parties du corps sauf la paume des mains et la plante des pieds. Elles sont les plus nombreuses dans la peau du cuir chevelu, du visage, des aisselles et des aines. Dans les régions de transition d’un type d’épithélium de surface à un autre type, telles que les lèvres, les paupières, les mamelons, les petites lèvres, le prépuce, il y a des glandes sébacées indépendantes de follicules pileux, sécrétant du sébum directement à la surface de la région.
Fonctions de la peau
Protection
La peau constitue une couche relativement imperméable à l’eau, principalement issue de son épithélium kératinisé, qui protège les structures plus profondes et plus délicates. En tant qu’important mécanisme de défense non spécifique, elle agit en barrière contre :