14: La colposcopie du troisième millénaire

Chapitre 14 La colposcopie du troisième millénaire



Depuis sa description par Hinselmann en 1925, la colposcopie a évolué progressivement pour arriver à la situation que nous connaissons aujourd’hui. C’est un examen pratiqué par la majorité des gynécologues, qui utilisent des colposcopes à lumière froide, le plus souvent à multi-grossissements, pouvant être couplés à un appareil photo.


L’évolution dans le troisième millénaire va être influencée par quatre facteurs :



Le troisième millénaire est celui de l’explosion de l’informatique et des images numériques. Pour toutes les raisons que nous venons de voir, la colposcopie n’échappera pas à cet engouement. Cela suppose une évolution radicale des matériels : colposcope associé à un appareil photo numérique ou une caméra vidéo, couplé à un ordinateur pour permettre l’archivage des images.


Depuis 1988, sont apparus les premiers systèmes de traitement informatique des images : Pasquinucci et Contini [1] décrivent l’utilisation de l’informatique pour obtenir des images colposcopiques numérisées pouvant servir de document de stockage, mais aussi d’outils de recherche.


C’est en 1993 qu’a été commercialisé le premier colposcope couplé à un ordinateur : c’est le système Denvu® présenté au congrès de l’IFCPC à Chicago.



Évolution des matériels





Systèmes de stockage d’images


C’est l’ordinateur qui sera couplé aux matériels décrits précédemment. Denvu® a été le premier système global apparu dans le commerce mais il n’a pas d’importateur en France. Depuis de nombreux systèmes ont été proposés. Actuellement, le plus performant à notre connaissance est le Polartechnics® de Mediscan (figure 14.1) : il utilise une caméra Tri-CCD et permet des images de grande qualité. Il comporte un logiciel qui permet la gestion complète des dossiers de pathologie cervicale, depuis la prise de rendez-vous jusqu’à l’archivage des résultats de la colposcopie, des examens complémentaires (cytologie et anatomopathologie), des traitements, du suivi post-thérapeutique et bien entendu des images et des séquences vidéo. Mais il est possible de monter son propre système avec un budget réduit en branchant sur un colposcope une caméra vidéo reliée à un ordinateur de bureau ce que nous avions réalisé dès 1993 (figure 14.2). Nous utilisions le signal vidéo RVB qui donne une qualité d’image supérieure comparée à une acquisition à partir d’un signal composite en Y/C et une carte avec une résolution de 24-bits pour permettre l’affichage des images en 16 millions de couleurs. Hopman [2] conseille les mêmes choix de matériels. L’archivage des images était effectué à partir d’un logiciel d’archivage multimédia. Plusieurs auteurs avaient déjà tenté d’informatiser les données de la colposcopie, mais sans archivage des images.





Avantages de ces innovations technologiques


Les avantages de cette technologie sont évidents.


Pour le dossier médical : c’est la façon la plus simple de réaliser un compte rendu d’examen colposcopique de qualité. Les schémas sont toujours subjectifs. L’image est un compte rendu fidèle visible de suite, contrairement à la diapositive où la qualité des images n’était connue que lorsque le film était développé. De plus l’étiquetage est immédiat et il n’y a donc pas de problème de rangement. Archivée dans l’ordinateur, l’image numérique pourra être intégrée au dossier, imprimée, éventuellement adressée aux correspondants. Mais son intérêt primordial est de pouvoir être visionnée instantanément lors de consultations itératives pour juger avec une parfaite objectivité de l’évolution.


Pour des échanges éventuels : les images numérisées peuvent être facilement transmises par les moyens modernes de communication. Il est envisageable d’utiliser cette technologie pour transmettre des images à un centre de référence, afin d’obtenir l’avis d’un expert dans des cas difficiles comme cela se fait déjà dans d’autres disciplines (anatomopathologie, radiologie, etc.).


Roy [3] en 2002 a démontré la validité de cette expertise. Ferris [4] a utilisé cette technique pour transmettre des images colposcopiques venant de centres ruraux vers des experts. La qualité des images transmises permettait une évaluation correcte de la pathologie cervicovaginale, et une bonne corrélation avec l’histologie. Il concluait que la « télécolposcopie » permet de diminuer les limites de l’accès à des centres spécialisés pour les femmes vivant dans des zones rurales.


Pour l’enseignement : l’apprentissage de la colposcopie bénéficie également de ces techniques. Un élève en formation peut suivre la dynamique de l’examen colposcopique sur le moniteur vidéo. En France, de nombreuses collections d’images sont disponibles sur CD-Rom en particulier celles des principaux cours dispensés sous l’égide de la Société française de colposcopie et pathologie cervico–vaginale. Aux États-Unis, d’importantes collections peuvent être consultées en ligne sur le site Internet de la National Library of medicine [5].


Pour la patiente : enfin, il peut être intéressant de montrer aux patientes leurs lésions pour, par exemple, leur expliquer les modalités d’un traitement ce qui aurait en plus l’avantage d’augmenter la compliance au suivi selon Takacs (80 % versus 50 %) [6].




Recherche en colposcopie


En 1990, Pasquinucci [8] et Crisp [9] décrivaient déjà de nombreuses opérations pouvant être effectuées sur ces images colposcopiques : réductions, agrandissements, retouches, analyses multiples… Depuis les publications sont très nombreuses. On peut les classer selon les critères étudiés.


Jul 9, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 14: La colposcopie du troisième millénaire

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access