14: Fractures subtrochantériennes : fixation par plaque

14 Fractures subtrochantériennes : fixation par plaque




Traduction : Élodie Payet



Vue d’ensemble épidémiologique, anatomique et biomécanique


La courbe de fréquence des fractures subtrochantériennes présente deux pics d’incidence liés à l’âge : le premier pic apparaît entre 30 et 50 ans, et le deuxième pic survient entre 70 et 90 ans. Le mécanisme traumatique varie entre ces deux groupes d’âge. Ces lésions surviennent chez les sujets jeunes dans les suites principalement d’un impact à haute énergie, comme un accident de la voie publique, un accident sportif comme le parapente, ou un accident de travail comme une chute d’un lieu élevé. À l’inverse, ces lésions surviennent chez les sujets âgés dans les suites d’un impact à faible énergie sur un os de mauvaise qualité, conséquence de l’augmentation de l’incidence de l’ostéoporose importante dans cette population sans cesse croissante de patients âgés à très âgés. Le nombre total des fractures subtrochantériennes est en constante augmentation, surtout celles consécutives à un traumatisme de faible énergie.


Le traitement de ces fractures subtrochantériennes reste un défi à cause de la configuration anatomique particulière de cette zone : la corticale médiale du fémur doit supporter des charges énormes alors que la corticale latérale est soumise à de fortes contraintes en traction. Ces contraintes anatomiques et physiologiques sont la conséquence (1) de la répartition du poids du corps dans le fémur à travers la hanche et (2) de l’insertion des trois principaux groupes musculaires de cette région. Ces groupes musculaires sont représentés à la figure 14-1. Le puissant groupe des abducteurs représenté par les muscles moyen et petit fessiers s’insère sur le grand trochanter et représente la principale source des forces de traction, le muscle iliopsoas et le groupe des adducteurs s’insérant sur le petit trochanter (piriforme, obturateur externe, pectiné, long, grand et court adducteurs).



Aux prémices de l’Arbeitsgemeinschaft für Osteosynthesefragen (AO), ces fractures étaient toutes prises en charge par réduction à foyer ouvert après un abord large comprenant des désinsertions de parties molles conséquentes et une ostéosynthèse par plaque. La plaque condylienne angulée à 95° était le meilleur système à l’époque pour cette approche. Toutefois, les conséquences biologiques des dommages aux parties molles entraînaient de nombreux cas d’infections postopératoires, de pseudarthroses et d’échec du matériel d’ostéosynthèse. Des progrès continus dans le dessin des implants intramédullaires ainsi que l’application chirurgicale du nouveau paradigme de la stabilité relative ont entraîné un changement fondamental dans la stratégie de prise en charge des fractures subtrochantériennes. Le principal avantage de l’utilisation de ces implants intramédullaires réside dans la mobilisation précoce qu’elle autorise, en raison de la possibilité d’obtenir presque toujours un appui complet après le geste chirurgical. Malgré ces avancées dans l’utilisation du matériel intramédullaire, deux tendances actuelles augmentent la demande d’utilisation des plaques comme matériel d’ostéosynthèse pour ces fractures subtrochantériennes.



Ce chapitre souligne la prise en charge des fractures subtrochantériennes à l’aide d’une plaque, qu’elle soit fixe ou à compression.



Classification et stabilité


Lundy2 a décrit les fractures subtrochantériennes comme des lésions de l’extrémité supérieure du fémur s’étendant entre la fossette piriforme et l’isthme du fémur. Dans les publications anciennes, cette fracture était plus volontiers considérée comme survenant plus distalement, entre le petit trochanter et 5 cm en dessous de celui-ci3,4. L’AO a concentré la zone atteinte en une plus petite zone encore, entre le petit trochanter et 3 cm sous lui5.


D’un point de vue biomécanique, la corticale latérale est soumise à de fortes contraintes en traction alors que la corticale médiale doit supporter des charges énormes6. Pour cette raison, quand ils développent des stratégies thérapeutiques, les auteurs doivent prendre en compte le fait qu’une fixation interne doit avoir une force mécanique substantielle pour supporter les importantes contraintes exercées sur le fémur.


Certains éléments contribuent principalement à la stabilité de la zone trochantérienne. Ces facteurs peuvent facilement être évalués en se posant les questions suivantes.



Plusieurs classifications des fractures subtrochantériennes ont été proposées3,7. La plupart permettent de distinguer les types stables des types instables. Le meilleur moyen de regrouper et de classifier ces lésions est donc d’étudier le nombre de fragments osseux et l’orientation des traits de fracture.



Classification de l’AO


Avec son système de classification de l’AO, Mueller8 a proposé de désigner le fémur proximal par le chiffre 31, et la région trochantérienne extra-articulaire par A3. Dans cette nomenclature, 31A3.1 représente les fractures obliques inverses, celles qui sont considérées comme instables. L’appellation 31A3.2 représente les fractures subtrochantériennes avec un trait transverse visible sur les clichés de face. L’appellation 31A3.3 représente les fractures subtrochantériennes comminutives multifragmentées avec une séparation du petit trochanter (fig. 14-2).




Classification de Russell-Taylor


Dans la littérature internationale, la classification de Russell-Taylor est plus largement utilisée que celle de l’AO9. Ce système de classification est principalement fondé sur deux critères : stabilité et extension de la fracture. Les fractures de type I sont sans extension du trait de fracture dans le plan antéropostérieur jusque dans la fossette piriforme ; les autres représentent le type II. Dans les deux types, les fractures pour lesquelles le petit trochanter n’est pas atteint sont appelées A, alors que celles dont le petit trochanter est comminutif sont appelées B (fig. 14-3).


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Jul 2, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 14: Fractures subtrochantériennes : fixation par plaque

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