Item 138 Épidémiologie, cancérogenèse, développement tumoral, classification
ITEM 139 Facteurs de risque, prévention et dépistage des cancers
Il s’agit d’une femme désireuse d’informations ; elle vous pose nombre de questions :
L’entretien permet de recueillir les antécédents suivants :
L’incidence, la prévalence et la mortalité sont les principaux outils d’étude de l’épidémiologie des cancers.
Les cancers agressifs sont caractérisés par un taux de mortalité proche du taux d’incidence, et les cancers de meilleurs pronostics par un taux de mortalité très inférieur au taux d’incidence.
Dans la population générale, les cinq cancers les plus fréquents sont les cancers mammaire, prostatique, colorectal, pulmonaire et des voies aérodigestives supérieures (VADS).
L’incidence des cancers dépend de l’âge, du sexe et de l’exposition à des facteurs de risque spécifiques.
Les principaux facteurs de risque de cancer restent les intoxications alcooliques, tabagiques et l’alimentation. L’impact des agents infectieux et des expositions professionnelles reste sous-estimé.
En France, les cancers du sein, du col de l’utérus et du côlon sont les seuls cancers à bénéficier d’un dépistage systématique dans la population générale.
Entre 1980 et 2000, l’incidence globale des cancers a augmenté de 63 % pour atteindre 280 000 nouveaux cas en 2000, dont près de 60 % d’homme.I Épidémiologie des cinq principaux cancers
A Outils
Plusieurs outils sont disponibles pour étudier l’épidémiologie du cancer :
Comme le rappelait le rapport sur l’épidémiologie des cancers publié par l’INSERM en 2000 : « L’examen de l’incidence et de la mortalité suggère d’emblée que ces deux indicateurs sont tous deux à prendre en compte si on veut appréhender correctement le poids des maladies cancéreuses en ce début de millénaire. »B Incidence
1 Incidence globale
Entre 1980 et 2000, l’incidence globale des cancers a augmenté (+ 63 %, tableau 138/139-I), pour atteindre 280 000 nouveaux cas en 2000, dont près de 60 % d’hommes.Tableau 138/139-I Nombre total de nouveaux cas de cancers, toutes histologies confondues, en France métropolitaine
| Année | Nombre de nouveaux cas de cancer |
|---|---|
| 1980 | 170 177 |
| 1985 | 187 837 |
| 1990 | 211 073 |
| 1995 | 241 989 |
| 2000 | 278 253 |
(source : www.ecosante.fr)
C Mortalité
1 Mortalité globale
Entre 1980 et 2000, le nombre absolu de décès liés au cancer a augmenté (tableau 138/139-III), mais les taux standardisés de mortalité ont diminué, témoignant des progrès réalisés dans le dépistage et le traitement des cancers.
En 2000, le cancer représentait la seconde cause de décès en France (27 % des décès) derrière les maladies cardiovasculaires (29 % des décès)Tableau 138/139-III Nombre total de décès par cancers, toutes histologies confondues, en France métropolitaine
| Année | Nombre de décès par cancer |
|---|---|
| 1980 | 125 144 |
| 1985 | 129 501 |
| 1990 | 135 696 |
| 1995 | 143 662 |
| 2000 | 150 045 |
(source : www.ecosante.fr)
2 Mortalité par localisation
Cependant, cette tendance globale doit être nuancée selon la localisation concernée. Les figures 138/139-1 et 138/139-2 rapprochent le taux d’incidence du taux de mortalité selon la localisation pour les deux sexes. On distingue clairement :
et les cancers dépistés plus tôt, mieux traités et/ou moins agressifs, dont la mortalité est très inférieure à l’incidence :
Fig. 138/139-1 Cas incidents et décès estimés chez l’homme, en France en 2000, classés par ordre d’incidence décroissante
(source : rapport Inserm 2000).
D Variations épidémiologiques
1 Variation selon l’âge
L’incidence du cancer augmente de façon exponentielle au cours de la vie. Moins de 1 % des cancers se rencontrent avant 15 ans. Le risque croît significativement à partir de 30 ans. Près de 3 cancers sur 4 sont diagnostiqués après 65 ans. Enfin, la courbe de l’incidence des cancers en fonction de l’âge ne s’infléchit qu’après 80 ans.
Chez l’homme, l’incidence augmente bien de façon régulière avec l’âge. Chez la femme, il existe une rupture de pente aux environs de 47 ans qui traduit l’importance des cancers liés au contexte hormonal (fig. 138/139-3).2 Variation selon le sexe
Le cancer est plus fréquent chez l’homme à tous les âges de la vie (tableau 138/139-II). Le pronostic des cancers de l’homme est toujours moins bon que celui des cancers de la femme, témoignant :
de l’importance des facteurs de risque exogène chez l’homme, associés à des cancers souvent agressifs (poumon, VADS, œsophage) ;3 Variations géographiques
En France, les cancers sont plus fréquents dans le nord et l’est que dans le sud du pays.
II Facteurs de cancérogenèse
A Physiopathologie
Le cancer est une maladie génétique se développant en plusieurs étapes. Plusieurs circonstances sont donc nécessaires au développement de la maladie :B Facteurs environnementaux
1 Tabac
Relation dose-effet : risque lié à l’importance de la consommation quotidienne (× 20 si plus de 1 paquet/jour), à la quantité totale de tabac fumé (estimée en paquets-années), et à l’âge de la première cigarette.
Mortalité : le tabac est responsable de 15 % de la mortalité annuelle globale et de 40 % de la mortalité par cancer.2 Alcool
Relation dose-effet : la consommation d’alcool est estimée en grammes d’alcool pur (un verre de vin = 11 g, un verre de bière = 13 g, un verre de liqueur = 15 g).
Mortalité : l’alcool est responsable de 12,5 % de la mortalité annuelle globale, de 80 % des cancers des VADS et de 60 % des cancers du foie.3 Alimentation
Généralités : effet protecteur des légumes et fruits frais, effet délétère des graisses animales et d’une alimentation hypercalorique.
Estomac : la consommation d’aliments salés ou fumés est un facteur de risque de cancer des VADS, de l’œsophage et de l’estomac. Le rôle d’une contamination microbienne de l’estomac à Helicobacter pylori est également démontré.
Foie : la contamination des aliments par des germes synthétisant de l’aflatoxine est un facteur de risque d’hépatocarcinome.
Côlon, rectum : le régime alimentaire occidental, riche en calories et en graisses animales, et pauvre en poissons, légumes frais et fibres végétales, est un facteur de risque de cancer colorectal.
Sein, endomètre : l’obésité est un facteur de risque important de cancer hormono-dépendants chez la femme.
Les évolutions alimentaires et les migrations de population permettent d’affirmer le rôle de l’alimentation en facteur de risque des cancers de l’œsophage, de l’estomac, du côlon et du rectum4 Cancers professionnels
Généralités : l’incidence des cancers professionnels est largement sous-estimée en France. La déclaration de ces cancers et les critères d’imputabilité du cancer à l’exposition sont régis par une réglementation très stricte.



