13: Vulnérabilité psychologique

Chapitre 13 Vulnérabilité psychologique



Parmi les facteurs propres à l’individu, la vulnérabilité psychologique peut être également considérée comme un facteur de risque, de maintien et d’aggravation du jeu problématique.


Nous aborderons successivement les principaux facteurs psychologiques favorisant le jeu pathologique, à savoir les événements de vie et les traumatismes, les stratégies de coping négatives et enfin la vulnérabilité émotionnelle.



Les événements de vie et traumatismes


Il a été démontré que les événements de vie traumatisants étaient associés à une augmentation du risque de développer une pratique pathologique des jeux de hasard et d’argent (JHA) (Lobo et Kennedy, 2009). Une étude menée sur un échantillon de vétérans de la guerre du Vietnam a ainsi précisé que plus le nombre d’événements de vie traumatisants était important, plus le nombre de symptômes du jeu pathologique augmentait (Scherrer et al., 2007). Parmi les événements de vie traumatisants de l’enfance, la négligence était celui qui était le plus associé au jeu pathologique, suivi par les abus. Concernant les événements traumatisants se déroulant à l’âge adulte, il s’agissait du viol. Hormis pour le fait d’être témoin d’une agression ou d’un meurtre, l’association entre événements traumatisants et symptômes de jeu pathologique était influencée par des facteurs familiaux (génétiques ou environnementaux partagés). Les résultats de cette étude peuvent être critiqués en raison du type de sujets évalués non représentatifs de la population générale. Ils confirment cependant ceux de travaux antérieurs, indiquant par exemple que la sévérité des maltraitances subies dans l’enfance était liée à une sévérité accrue des problèmes de jeu, de façon indépendante (Petry et Steinberg, 2005).


L’étude menée par Felsher et ses collaborateurs auprès de 1 324 adolescents et jeunes adultes âgés de 17 à 22 ans va également dans ce sens, en montrant une corrélation entre différents types de violence subis durant l’enfance et la sévérité du problème de jeu (Felsher et al., 2009).


Plus récemment, une étude longitudinale canadienne, menée pendant cinq ans, auprès de 1 372 joueurs de la population générale, confirme la sévérité des maltraitances comme facteur de risque du jeu problématique. Les auteurs de cette recherche insistaient particulièrement sur l’évaluation systématique des antécédents traumatiques physiques, émotionnels ou sexuels dans la prise en charge du joueur pathologique (Hodgins et al. 2010).


Dans ce cadre, la pratique de jeu problématique pourrait être considérée comme une stratégie d’adaptation et de fuite des affects négatifs liés aux événements stressants de l’enfance ou de l’adolescence.



Les stratégies de coping négatives


Les stratégies de coping désignent les processus cognitifs et comportementaux mis en place par l’individu pour faire face à une situation problématique. On distingue principalement les stratégies d’adaptation centrées sur la résolution de problème, d’adaptation centrées sur la régulation des émotions et d’adaptation par évitement et fuite. Le jeu pathologique peut être compris comme une stratégie d’adaptation dont les différentes modalités ont été étudiées chez des joueurs pathologiques. Ces sujets présentent des difficultés dans la gestion du stress, et font montre de peu de capacités d’adaptation (Expertise collective Inserm, 2008).


Un certain nombre d’auteurs ont suggéré que le jeu permettrait d’échapper à un niveau de dépression particulièrement élevé chez les joueurs pathologiques, parmi lesquels on retrouve également des stratégies de coping inadaptées indépendamment des affects négatifs (Getty et al., 2000).


Il semble que les joueurs problématiques adoptent principalement des stratégies d’adaptation par évitement ou fuite, notamment vers d’autres conduites addictives, ainsi que des stratégies de coping orientées sur la régulation des émotions tandis que les non joueurs et les joueurs récréatifs présentent des stratégies de coping centrées sur la résolution du problème (Gupta et Derevensky, 2001).


En 2007, Wood et Griffiths ont mis en évidence, à l’aide d’entretiens semi-directifs passés auprès de 50 joueurs problématiques, la prise de conscience de cette fonction échappatoire du jeu chez ces sujets, leur permettant d’anesthésier leur état émotionnel vulnérable, de « remplir un vide » et de maintenir une socialisation. Ces bénéfices de la pratique de jeu participent, entre autres, au renforcement du processus addictif.


Enfin, une étude canadienne, plus récente, a exploré les stratégies de coping négatives auprès d’un échantillon de 18 913 sujets issus de la population générale, âgés de 15 à 70 ans et ayant joué à un JHA lors de l’année écoulée. Leurs résultats indiquaient un lien significatif entre les stratégies de coping négatives (par exemple, se réfugier dans le sommeil, éviter la compagnie des autres, manger pour se réconforter), chez les hommes comme chez les femmes (Afifi et al., 2010).

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May 23, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 13: Vulnérabilité psychologique

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