Partie 13 Pédiatrie
Épilepsie de l’enfant et du nourrisson
Antiépileptiques-posologiques infantiles
Hypertension artérielle de l’enfant
Otites du nourrisson et de l’enfant
Solutés de réhydratation orale
Allergies alimentaires de l’enfant
Méningite purulente du nourrisson et de l’enfant
Développement psychomoteur du nourrisson et de l’enfant
Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH)
Troubles du sommeil de l’enfant
FIÈVRE CHEZ L’ENFANT
FICHE MALADIE
DÉFINITION
L’hyperthermie est définie par une température centrale supérieure ou égale à 38 °C. La fièvre est une hyperthermie liée au dérèglement du centre de contrôle de la température corporelle, par opposition aux hyperthermies où le système de contrôle fonctionne normalement mais est dépassé (coup de chaleur, par exemple).
DIAGNOSTIC
Le diagnostic de fièvre est effectué par mesure de la température corporelle (cf. Fiche technique p. 1178).
PRONOSTIC
Les complications de la fièvre sont :
• les convulsions hyperthermiques ;
• rarement, un syndrome d’hyperthermie majeure avec collapsus, atteinte multiviscérale (notamment cérébrale) chez un enfant en général trop couvert.
SURVEILLANCE DU TRAITEMENT
L’efficacité du traitement antipyrétique se juge quant à elle avant tout sur le confort de l’enfant.
FICHE PHARMACOLOGIE
Précautions d’emploi
Ne pas dépasser les doses maximales.
Espacer les prises de 8 h minimum en cas d’insuffisance rénale sévère.
Effets secondaires
Réactions allergiques (exceptionnelles) : rash cutané, urticaire.
Thrombopénies (exceptionnelles).
Indications
Traitement symptomatique des états fébriles et douloureux.
Maladies inflammatoires (fortes doses : maximum 100 mg/kg/j).
CONVULSIONS FÉBRILES
Fiche Maladie
CAUSES ET MÉCANISMES
• les convulsions fébriles liées à une infection intracérébrale (méningite bactérienne, encéphalite herpétique, neuropaludisme) ;
• les convulsions fébriles idiopathiques, beaucoup plus fréquentes, survenant entre 6 mois et 5 ans, où la fièvre est la seule cause de la convulsion. Dans 90 % des cas, cette fièvre est d’origine virale ;
• les convulsions favorisées par la fièvre chez des enfants ayant une épilepsie.
DIAGNOSTIC
Le diagnostic de la convulsion est clinique tout comme celui de la fièvre.
• Âge < 1 an ou antécédents neurologiques.
• Crise de durée > 15 min ou se répétant dans les 24 h.
• Anomalie neurologique post-critique : raideur de nuque, troubles de conscience, signes de localisation.
En cas de crise complexe et au moindre doute en cas de crise simple, l’examen clinique doit s’aider d’examens complémentaires : ponction lombaire, goutte épaisse, voire scanner cérébral, électroencéphalogramme. À ces examens s’ajoutent ceux prescrits dans le bilan étiologique de la fièvre (cf. Fièvre chez l’enfant p. 1177).
TRAITEMENT
Le traitement d’urgence comporte 3 volets :
• Traitement anticonvulsivant si l’enfant convulse encore : benzodiazépine, en général diazépam (VALIUM) par voie intrarectale en l’absence de voie d’abord veineuse.
• Prise en charge optimale de la fièvre (cf. Fièvre chez l’enfant p. 1177).
• Traitement étiologique le cas échéant : traitement antibiotique si la fièvre est présumée d’origine bactérienne, aciclovir (ZOVIRAX) en cas de suspicion d’encéphalite herpétique, quinine (QUINIMAX) en cas de suspicion de neuropaludisme (retour d’un pays d’endémie).
PRONOSTIC
EXAMENS
• Mesurer la température corporelle de l’enfant et réaliser de principe une glycémie capillaire devant toute convulsion.
• Réaliser de principe une bandelette urinaire chez le nourrisson, ainsi que les examens pour rechercher la cause de la fièvre et/ou une infection intracérébrale.
• Préparer le matériel pour la réalisation de la ponction lombaire (cf. Fiche technique, chapitre Méningite, spécialité Neurologie, page 843).
SURVEILLANCE DU TRAITEMENT
Dépister, pour prévenir le médecin, une récidive de convulsion : reprise de mouvements anormaux, parfois discrets (mouvements oculaires, mâchonnements). Surveiller le retour normal à la conscience en 20 à 30 min ; s’assurer qu’il n’apparaît pas de signes neurologiques focaux (réactivité motrice, pupilles). Surveiller la température corporelle.
ÉDUCATION ET CONSEILS
ÉPILEPSIE DE L’ENFANT ET DU NOURRISSON
FICHE MALADIE
DÉFINITION
L’épilepsie est une maladie chronique caractérisée par la répétition de crises convulsives.
TRAITEMENT
Le traitement fera appel en première intention à une monothérapie qui sera le plus souvent le valproate de sodium (MICROPAKINE) en cas de crises généralisées ou la carbamazépine (TEGRETOL) en cas de crises partielles. Des traitements plus lourds seront prescrits par le neurologue en cas d’échappement aux traitements usuels.
PRONOSTIC
EXAMENS
Bilan préthérapeutique (MICROPAKINE) : NFS ; transaminases.
Surveillance des constantes : pouls, TA, température, glycémie capillaire.
SURVEILLANCE DU TRAITEMENT
Mise en route du traitement antiépileptique à dose progressive.
Traitement d’une crise convulsive : cf. Fiche technique p. 1184.
PRISE EN CHARGE D’UNE CRISE CONVULSIVE
• mise en position latérale de sécurité ;
• assurer la liberté des voies aériennes, oxygène au masque ;
• surveillance des fonctions vitales (scope) ;
• diazépam (VALIUM) intrarectal (0,5 mg/kg) ;
• renouveler le diazépam (VALIUM) 1 fois si les crises persistent à 10 min;
• noter le type, la topographie et la durée de la crise ;
• interrogatoire de l’entourage et recherche d’une cause ;
2) Si la crise persiste à 20 min :
• mettre en place une voie veineuse ;
• prélèvements sanguins : pour ionogramme, glycémie, NFS, dosage des antiépileptiques si traitement au long cours ;
• assurer les fonctions vitales : liberté des voies aériennes, oxygène au masque, intubation si besoin ;
• corriger une hypoglycémie éventuelle ;
• traiter la cause (méningite, encéphalite) ;
• administrer une nouvelle dose de diazépam (VALIUM) 0,5 mg/kg IVL;
• administrer parallèlement phénobarbital (GARDÉNAL) 15-20 mg/kg IVL ou phénytoïne (DUANTIN) 10-15 mg/kg IVL, surtout en cas d’épilepsie connue ou dans la crainte d’une dépression respiratoire.
DOULEUR DE L’ENFANT
HYPERTENSION ARTÉRIELLE DE L’ENFANT
FICHE MALADIE
DÉFINITION
En pratique, points de repère pour HTA menaçante nécessitant un traitement immédiat :
CAUSES ET MÉCANISMES
• Causes rénales (40%): glomérulonéphrites, syndrome hémolytique et urémique, polykystose rénale, tumeur rénale, insuffisance rénale aiguë ou chronique, hypoplasies segmentaires, reins cicatriciels de pyélonéphrites et, surtout, sténose de l’artère rénale (15 % environ des HTA).
• Coarctation de l’aorte (30 %).
• Causes endocriniennes et métaboliques (syndrome de Cushing, hyperaldostéronisme, hyperthyroïdie, déficit en 11-hydroxylase, hypercalcémie).
• Causes toxiques et médicamenteuses (plomb, mercure, gouttes nasales vasoconstrictrices, corticothérapie, réglisse).
Penser aux HTA transitoires : douleur, hypercapnie, hypertension intracrânienne.
DIAGNOSTIC
Le bilan devant une HTA consiste à en trouver la cause :
• HTA limite : ionogramme sanguin, urée, créatinine, calcémie; recherche de protéinurie, hématurie, glycosurie ; échographie rénale.
• HTA confirmée (examens orientés selon le bilan initial) : catécholamines urinaires, écho-Doppler rénal, angio-scanner abdominal, échographie cardiaque, aldostérone, rénine, voire ponction-biopsie rénale en cas de doute sur une néphropathie.
TRAITEMENT
• Avant 6 mois ou en cas de mauvaise tolérance cardiaque ou neurologique : traitement par voie IV continue par inhibiteurs calciques (nicardipine, LOXEN) ± β-bloquants (labétalol, TRANDATE). La mise en route du traitement est urgente.
• En cas de poussée bien tolérée après 6 mois : traitement oral par inhibiteurs calciques (NIFÉDIPINE, Adalate).
PRONOSTIC
• Complications chroniques : rétinopathie hypertensive, néphropathie hypertensive, hypertrophie ventriculaire gauche.
• Complications aiguës : manifestations hémorragiques (épistaxis), insuffisance cardiaque aiguë, complications cérébrales (céphalées, vertiges, bourdonnements, paresthésie ou, plus grave : convulsions, hémiplégie, paralysie faciale, amaurose, coma).
EXAMENS
• Prise de pression artérielle : elle doit être effectuée au repos, en position allongée. Le brassard doit être de taille adaptée, c’est-à- dire recouvrant les deux tiers du bras ou, mieux, adapté à la mesure du périmètre brachial du patient. La mesure manuelle est avantageusement remplacée par la mesure automatisée. Trois mesures successives sont nécessaires pour affirmer l’HTA. Une HTA dans la zone menaçante nécessite l’appel immédiat du médecin.
• Réaliser de principe une bandelette urinaire.
ASTHME DE L’ENFANT
FICHE MALADIE
DÉFINITION
L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des voies aériennes qui se caractérise par la répétition d’épisodes de dyspnée expiratoire (sifflante) survenant de façon spontanée, plus souvent en fin de nuit, ou déclenchée par l’effort, par un épisode infectieux banal (rhume), par un contact avec un allergène.
PRONOSTIC
Chez le nourrisson, quand l’asthme est surtout lié aux infections ORL répétées, la maladie peut complètement disparaître en grandissant.
EXAMENS
Débitmètre de pointe (peak flow), à réaliser après chaque nébulisation, si l’enfant est en âge de le faire (après 8 ans) et surtout si la famille connaît la valeur de base : cf. Fiche technique p. 1192.
ÉDUCATION ET CONSEILS
La prise en charge des crises à l’école nécessite la mise en place d’un projet d’accueil individuel.
Allergène | Mesure d’éviction |
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Animaux de compagnie | Éviction des animaux de compagnie et nettoyage de la maison, notamment les tapis et les surfaces rembourrées. Encourager les écoles à interdire les animaux de compagnie. |
Acariens | Laver les vêtements et la literie à l’eau chaude (55-60 C) toutes les 1 à 2 semaine(s). Passer au congélateur les jouets en peluche 1 fois par semaine. Envelopper le matelas, les oreillers et les couettes dans des housses imperméables aux acariens. Utiliser des dispositifs de déshumidification. |
Cafards | Nettoyer la maison. Éradication professionnelle des cafards. Envelopper oreillers et matelas dans des housses imperméables aux cafards. |
Moisissures | Décontamination des surfaces moisies à l’eau de Javel faiblement concentrée. Utiliser des dispositifs de déshumidification. Réparation des fuites favorisant les moisissures. Éviction des tapis. Utilisation de systèmes de filtration des particules. |
OTITES DU NOURRISSON ET DE L’ENFANT
FICHE MALADIE
TRAITEMENT
• Antalgiques, antipyrétiques (paracétamol, aspirine).
• Gouttes auriculaires antalgiques (OTIPAX) : 3 instillations/j.
• Désinfection rhinopharyngée (sérum physiologique) si besoin.
OTITE DE DÉCOUVERTE RÉCENTE NON TRAITÉE
Si risque de pneumocoque de sensibilité diminuée à la penicilline (âge < 18 mois)
Amoxicilline-acide clavulanique (AUGMENTIN) : en 3 prises per os.
Cefpodoxime proxétil (ORELOX) : en 2 prises per os.
EN L’ABSENCE D’AMÉLIORATION CLINIQUE (FIÈVRE, ASPECT LOCAL DU TYMPAN) À 48–72 H DE TRAITEMENT
• Prélèvement bactériologique ++ (paracentèse).
• Amoxicilline (CLAMOXYL) en 3 prises per os puis adaptation (selon germe, sensibilité et CMI) :