13: La fonction de protection et de défense

Chapitre 13


La fonction de protection et de défense15





SAVOIRS



Notions épidémiologiques



image Définition de l’infection associée aux soins


Une infection est dite associée aux soins (IAS) si elle survient au cours ou au décours d’une prise en charge (diagnostique, thérapeutique, palliative, préventive ou éducative) d’un patient, et si elle n’était ni présente ni en incubation au début de la prise en charge.


Lorsque l’état infectieux au début de la prise en charge n’est pas connu précisément, un délai d’au moins 48 heures ou supérieur à la période d’incubation est couramment accepté pour définir une IAS.


Pour les infections du site opératoire, on considère habituellement comme associées aux soins les infections survenant dans les 30 jours suivant l’intervention ou, s’il y a mise en place d’un implant, d’une prothèse ou d’un matériel prothétique, dans l’année qui suit l’intervention.


Les IAS concernent les patients, malades ou non, mais également les professionnels de santé et les visiteurs.



image Agents mis en cause


On distingue plusieurs sortes de micro-organismes responsables : les bactéries, les virus, les champignons et levures, les spores et les parasites.


Dans les deux tiers des cas, ce sont des bactéries qui sont mises en cause dans les infections associées aux soins ; les virus, les organes fongiques et les parasites sont plus rarement responsables.


Ces bactéries sont représentées le plus souvent par les escherichia coli, les staphylococcus aureus, les pseudomonas aeruginosa et les staphylocoques à coagulase négative.






image Principales infections associées aux soins







image Modes de transmission et facteurs favorisants



image Modes de transmission

La transmission des infections associées aux soins se produit par contact direct de personne à personne dans 90 % des cas. Les micro-organismes sont transportés par les mains des soignants, par les instruments utilisés pour réaliser les soins ou par les dispositifs médicaux.


On distingue deux origines de transmission des germes :




image Facteurs favorisants

Les infections associées aux soins sont favorisées par :




Moyens de prévention


La prévention de la contamination hospitalière passe par le respect des règles d’hygiène. L’hygiène hospitalière est avant tout une politique visant à prévenir, lutter contre et contrôler l’infection hospitalière.


Elle repose sur la création d’organismes chargés de mettre en place les moyens de lutter contre les infections associées aux soins, d’élaborer des recommandations de bonnes pratiques en matière d’hygiène, de participer à la formation des personnels hospitaliers et à l’évaluation des pratiques grâce au suivi et au contrôle des établissements (cf. chapitre 14 « La sécurité et les vigilances sanitaires »).



image Actions sur l’environnement



image Nettoyage des surfaces et des équipements

Un lavage quotidien des surfaces, des mobiliers, des équipements et installations sanitaires est préconisé. Le nettoyage consiste en une action décontaminante et utilise eau, savon, détergents.


Le détergent est un produit nettoyant ne contenant pas de substance antimicrobienne qui a pour effet d’exercer une action efficace de nettoyage avant la désinfection.


La détergence est le processus selon lequel des salissures (souillures), sont enlevées et mises en solution ou en dispersion. La détergence a pour effet de nettoyer les surfaces.


Ce nettoyage est suivi d’une action de désinfection visant à écarter ou à détruire les germes dangereux (pouvoir bactéricide) :




image Désinfection des surfaces et des équipements

La désinfection est un terme générique désignant toute action à visée antimicrobienne, quel que soit le niveau de résultat, utilisant un désinfectant ou un antiseptique. Elle se fait avec un désinfectant.


L’Association française de normalisation (Afnor), qui a pour mission de coordonner les programmes de normalisation en France et de favoriser l’application des normes, définit le désinfectant comme un « produit capable d’éliminer ou de tuer par action directe les micro-organismes indésirables ou d’inactiver les virus lorsqu’ils sont portés par des milieux ou des surfaces inertes » ; un désinfectant est un produit contenant au moins un principe actif doué de propriétés antimicrobiennes et dont l’activité est déterminée par un système normatif reconnu. S’il s’agit d’une solution détergente-désinfectante, le facteur détergent est déterminé par la proportion utilisée.


Ce produit doit satisfaire aux normes Afnor de bactéricidie et peut en outre présenter les caractéristiques suivantes :



Il est utilisé pour désinfecter les surfaces, les sols, les matériels et l’air ambiant ; son action est de courte durée.



Exemples de désinfectants



Le choix d’un désinfectant se fait selon la nature des surfaces à désinfecter, l’écologie microbienne de l’hôpital et la qualité des produits qui doivent être testés ; on préfèrera un produit non allergisant, rapide d’action, soluble dans l’eau, non corrosif, ininflammable et biodégradable. La rémanence du produit, un large pouvoir antimicrobien et un bon rapport qualité-prix sont encore des critères de choix des produits.


Un désinfectant est rémanent lorsque son activité se prolonge plusieurs heures après son application.




image Décontamination et stérilisation du matériel


Dès que possible, il faut favoriser l’utilisation de matériel à usage unique. Elle permet d’accroître la sécurité des utilisateurs et de diminuer le coût relatif à l’entretien du matériel (coût lié aux produits et coût humain nécessaire aux étapes de décontamination et de stérilisation du matériel réutilisable).



image Décontamination du matériel

C’est une opération au résultat momentané permettant d’éliminer, de tuer, ou d’inhiber les micro-organismes indésirables en fonction des objectifs souhaités. Le résultat de cette opération est limité aux micro-organismes présents au moment de l’opération.


Cette phase permet d’éliminer les germes pathogènes et d’éviter leur transmission.


Les décontaminants sont bactéricides, fongicides, virucides et sporicides.


Le matériel doit être mis dans un bac de décontamination le plus rapidement possible après son utilisation pour éviter le risque de fixation des matières organiques par séchage, de contamination de l’environnement et du personnel.


Le matériel doit ensuite être vérifié, sec et propre et en bon état avant d’être stérilisé ; « on ne stérilise bien que ce qui est propre ».



image Stérilisation du matériel

L’Afnor définit la stérilisation comme « la mise en œuvre d’un ensemble de méthodes et de moyens visant à éliminer tous les micro-organismes vivants de quelque nature que ce soit et sous quelque forme que ce soit, portés par un objet parfaitement nettoyé ».


Le résultat de cette opération est durable et la durée est fonction de l’emballage ; un objet « stérile » est un objet préemballé.


Le matériel thermosensible qui ne peut être stérilisé doit être désinfecté (cas des endoscopes) ; désinfection par trempage dans une solution de glutaraldéhyde à 2 % allant de 10 minutes pour les bactéries à 3 heures pour les virus.



Modes de stérilisation

L’autoclave


C’est le principe d’une vapeur d’eau saturée sous pression.


La destruction des micro-organismes a lieu par coagulation de leurs protéines à l’aide de la vapeur et de la chaleur conjuguées. On peut stériliser le matériel en acier inoxydable, le linge, le caoutchouc.


Le matériel est emballé dans des boites spéciales munies de filtres ou valves, ou dans des gaines ou sachets. Un témoin colorimétrique de passage avec l’agent stérilisant ou un témoin vireur est apposé sur le sachet.


Les boîtes doivent être rangées dans un placard propre et fermé ; elles restent stériles une semaine ; les sachets soudés et stockés sont stériles deux mois.


L’oxyde d’éthylène


Il s’agit d’un puissant bactéricide et virucide qui est irritant pour les muqueuses pulmonaires et oculaires. Seul le matériel ne pouvant être stérilisé par un autre moyen le sera par l’oxyde d’éthylène (matière plastique ne supportant pas la chaleur de l’autoclave, matériaux fragiles). Ce mode de stérilisation nécessite un temps de désorption variable de quelques heures à quelques semaines.


La radio stérilisation


Le matériel placé dans un emballage définitif et étanche passe devant la source de radiation.


Le gaz plasma


Il est produit à partir d’un gaz activé ; il permet de stériliser tout matériel thermosensible ou sensible à l’humidité, tels que les caméras optiques, les endoscopes, les moteurs, l’électronique, les plastiques ; il est sans danger.



image Traitement des déchets hospitaliers


Les déchets hospitaliers proviennent des activités médicales et paramédicales : l’élimination de ces déchets est du ressort de l’hôpital. On entend par élimination l’ensemble des étapes de tri, conditionnement, collecte, transport, stockage et traitement. Les objets coupants et piquants sont les plus dangereux et doivent faire l’objet d’un traitement spécifique.


Les déchets d’activités de soins peuvent présenter divers risques (infectieux, chimique et toxique, radioactif, mécanique) qu’il convient de réduire pour protéger les patients hospitalisés, le personnel de soins, les agents chargés de l’élimination des déchets et l’environnement.


Pourquoi trier ?




image Tri des déchets


Les déchets d’activités de soins à risque infectieux (DASRI)

Les déchets à éliminer systématiquement dans la filière DASRI :



image les matériels et matériaux piquants et coupants (PCT) (aiguilles, scalpels, etc.), qu’ils aient été ou non en contact avec un produit biologique ;


image les articles de soins et objets souillés par du sang ou autre liquide biologique (pansements, cotons, compresses, etc.) ;


image les flacons de produits sanguins à usage thérapeutique incomplètement utilisés ou arrivés à péremption, les tubes de prélèvement de sang, les dispositifs de drainage ;


image les déchets issus des activités de thanatopraxie ;


image les déchets anatomiques humains, correspondant à des fragments humains non aisément identifiables par un non spécialiste (grains de beauté, kyste, peau, etc.) ;


image certains déchets de laboratoire (milieux de culture, prélèvements, etc.) ;


image indépendamment de la notion de risques infectieux, tout petit matériel de soins fortement évocateur d’une acticité de soins et pouvant avoir un impact psycho-émotionnel (seringue, tubulure, sonde, canule, drain, gant, etc.).

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May 12, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 13: La fonction de protection et de défense

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